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dimanche 13 octobre 2024

Un modèle de vie : La passion de Rocky et autres contes de fées modernes

Un modèle de vie : La passion de Rocky et autres contes de fées modernes, Karim Bellil

Un boxeur en couverture et une paire de gants de boxe, voilà comment « Un modèle de vie : La passion de Rocky et autres contes de fées modernes » de Karim Bellil nous accueil.

Sur ce blog, nous avions découvert cet auteur dès 2009 avec « Ailleurs et si près » dans lequel il partageait de jolis vers sur le thème de l’amour. À cet ouvrage avait suivi « Prête-moi ta rime », là aussi, un recueil de poésies condensé en trois thèmes écrits avec une grande sensibilité.

Puis, nous avions eu le plaisir de parcourir « Bureau des rimes » qui nous faisait découvrir une plume un peu différente et, qui plus est, plus terre à terre, explorant le bien et le mal, l’amour et l’humour, mais aussi la colère et autres incompréhension, toujours en vers.

Il nous revient...

La poésie est si bien ancrée en Karim Bellil qu’il nous offre à présent ce nouvel ouvrage un peu décalé par rapport aux précédents. Les plus de 300 pages de poésies de ce nouvel ouvrage raviront forcément tous les lecteurs adeptes du genre.

La préface est rédigée par Arielle Adda et s’achève par ces mots « Par ses poèmes, Karim Bellil entrouvre une porte qui débouche sur un infini comme, seule, l’imagination peut en concevoir ». Le ton est donc donné !

Parfois, s’adressant au lecteur, l’auteur nous gratifie de quelques mots comme des clins d’œil au cours d’une poésie : « Trop tard, vous êtes mon lecteur à présent. Vous ne partirez pas vide de tout sentiment ».

Dès les premières pages, on retient l’attachement (profond) de l’auteur pour le célèbre personnage de Rocky auquel il voue une certaine, mais véritable admiration. Pas seulement pour l’image physique que renvoie le personnage, plus en ce que l’auteur perçoit sur le plan mental, et dans le même temps, il loue les qualités qu’il lui concède. On le constate notamment dans le titre « Laissé-pour-compte » où il déclare : 

« Rocky : le modèle de ma vie, 

Je me battrai jusqu’au bout »

Ou dans le poème suivant : « Pas de revanche » ou l’auteur déclare :

« Moi aussi, j’ai perdu mon Adrienne,

Et je me moque complètement de gagner,

Je cherche seulement une raison d’exister,

Plus forte que le souvenir de mes peines. »

À la réflexion, ne sommes-nous pas tous à la recherche d’une raison d’exister ? Qui n’a pas un jour, à un moment donné, effleuré cette interrogation ? D’ailleurs, cette raison d’exister peut différer d’un instant à un autre au fil des expériences vécues.

Un moment de réflexion...

Qu’on apprécie ou un peu moins la référence au personnage, force est de constater que certains passages (nombreux) pousse le lecteur à la réflexion. Selon chacun, il est fort à parier que tous trouveront un ou des passages qui les interpelleront en leur donnant matière à cogiter, qui les marqueront, les mèneront sur le chemin de la pensée sur leur propre condition. Et pourquoi pas ! Certains de ces passages permettront sûrement de : « Considérer les larmes des plus malheureux. Ce n’est pas un drame, de l’eau dans les yeux » (page 35).

Peut-être que vous, lecteur, vous vous surprendrez « à rêver au-delà des bornes définies » (page 39). Peut-être aussi comprendrez-vous qu’« il faut « juste » oublier la peur. Revenir à son identité intérieure » (page 41).

À travers cet ouvrage qui laissera assurément une trace dans votre esprit qu’« il est possible de rêver grâce à l’art ou les sonnets, de se retrouver, même après s’être perdu. Écoutez ceux qui souhaitent votre bonheur [...] et surtout cette flamme que vous avez à l’intérieur ». Peut-être que cet ouvrage vous permettra d’oser vous affronter vous-même !

Après cette escapade à la rencontre des pensées « intimes » de Karim Bellil, l’auteur nous invite à parcourir ses poèmes dans « Les bienfaiteurs : fées, anges, lutins et autres cœurs sur la main ». Il n’y a pas de discours qui soit nécessaire pour comprendre la teneur de cette deuxième partie de l’ouvrage tout aussi prenante.

Quelques phrases relevées au cours de ma lecture :

C’est un art de transformer un drame en poésie, aérienne, douce à l’oreille.

— Peu importe que j’aie une famille,

Des copains ou même des amis.

Grâce à vous aujourd’hui,

J’ai redécouvert le mot « gentil ».

— Quand on apporte aux autres,

On ajoute d’abord à soi.

— Elle ramasse les chagrins,

Oubliant qu’elle en a un.

Qu’il soit pauvre ou orphelin,

Peu importe d’où il vient

— une belle personne partage et donne.

On l’abandonne, mais elle pardonne.

Elle refuse les honneurs, et les couronnes.

Souvent, elle gomme ce que son cœur crayonne.


Titre : Un modèle de vie : La passion de Rocky et autres contes de fées modernes

Auteur : Karim Bellil

Éditeur : Verte Plume éditions

ISBN : 978-2492413063

Prix : 18 €

Disponible sur Amazon : Un modèle de vie : La passion de Rochy...


mardi 9 avril 2024

Vivre et renaître chaque jour

Vivre et renaître chaque jour, Patrick Sébastien

Ce livre marquant et saisissant est un partage personnel de l'auteur sur sa vision de la vie, de sa vie. Écrit à la première personne, il met en évidence sa résilience pour parvenir à transmettre ses émotions, ses expériences et finalement ses réflexions.

Dans cet ouvrage intense, Patrick Sébastien déroule avec une extrême honnêteté son chemin de vie brutalisé sans faire l'impasse sur les instants les plus tortueux et les plus gais qui ont entravé la route de son existence. Malgré tout, il demeure optimiste tout étant admirablement déterminé.

À travers les mots de « Vivre et renaître chaque jour », on capte des leçons de vie véritablement instructives entre force intérieure, résilience et joie malgré une certaine tristesse que l'on peut comprendre.

Si un message était à retenir de cet ouvrage, il serait à mon sens que, quoi qu'il advienne, il faut rester positif tout en gardant espoir face à l'adversité ou aux défis variés que la vie met sur notre chemin. En cela, je retrouve ce dont je parle dans mes romans.

Le style s'avère fluide et accessible, ce qui offre une belle aisance de lecture captant l'attention du lecteur pour le mener vers une réflexion. Sensibilité et empathie sont également perceptibles. Il aborde sans complexe, sans fard ni sans tabou ses vérités, la notoriété, la politique, la sexualité, l'amour, les médias, propres à la société, notamment actuelle.

En définitive, « Vivre et renaître chaque jour » est un livre à mettre entre toutes les mains, car il provoque sagesse et inspiration. L'homme de télévision montre un autre visage que celui répandu et reconnu qu'on lui connaît. On découvre donc un homme qui se confie sans filtre avec une sensibilité touchante loin de la fête, des confettis et des paillettes. Parce que le malheur touche également les célébrités qui ne sont pas préservées par les aléas incontournables de la vie.

Et malgré toutes les turpitudes liées à notre société, Patrick Sébastien demeure un homme de grande sensibilité qui continue à avancer, parce que ça ne peut pas être autrement. Un homme qui s'adapte clairement aux situations qu'il est amené à vivre, aux personnes connues ou non qu'il rencontre, aux vicissitudes de diverses couleurs que son destin place devant lui.

Je recommande ce livre sans la moindre hésitation ! Surtout qu'un extrait sur Amazon permet de découvrir un peu la plume de l'auteur.

Marie BARRILLON


Titre : Vivre et renaître chaque jour

Auteur : Patrick Sébastien

Format papier : 19,90 €

Format Kindle : 12,99 €

lundi 8 avril 2024

Lettre au père

Lettre au père, Franz Kafka

Franz Kafka né à Prague en 1883 et mort en 1924 à Kierling est considéré comme l'un des écrivains majeurs du XXᵉ siècle. « Lettre au père » écrit en 1919 à l’âge de 36 ans et destiné à son père Hermann Kafka. Bien que publié tardivement, « Lettre au père » est perçue comme une clé essentielle à la compréhension de l'œuvre de l'écrivain, selon Wikipédia qui dévoile l’âme tourmentée de son auteur.

On y découvre une traversée particulièrement émouvante issue des Relations familiales.

"Lettre au père" est un ouvrage fortement introspectif qui emmène le lecteur dans les sinuosités complexes émergeant dans les relations familiales alliées à la psyché humaine. 

Ce qui s’avère particulièrement frappant dans cette œuvre, c’est la franchise farouche et brusque qu’à l’auteur résultant de sa relation avec son père.

Il exprime sans entraves et sans limites l'appréhension et l'inadéquation ainsi que les perceptions de peur qui l’ont envahi tout au long de son existence résultant de l'autorité étouffante de son père. Cette sincérité franche et authentique donne à l'écrit une force affective et émotionnelle qui bruisse fortement dans le cœur du lecteur.

Franz Kafka partage une écriture aussi bouleversante que concise sans le moindre embellissement qui serait pour le moins superflu. On sent que les mots n’ont pas chapitre au hasard, ils sont choisis avec une grande attention pour dévoiler de manière précise la confusion d’une part, et l’angoisse d’autre part qui inonde son auteur.

Bien qu’écrite à l’écorché, le style de « Lettre au père » montre la fragilité accompagnée de la consternation et la désespérance qui en ressort. Elle met d’ailleurs en exergue les difficultés de communication, quand il y en avait entre l’auteur et son père. Même si des efforts quant à l’expression de ses sentiments autant que ses frustrations, l’auteur se retrouve percuté par un mutisme cerné d’incompréhension. Cette impuissance à rester uni de manière émotionnelle avec son père amène à entretenir l’impression de solitude comme celui d’isolement de Franz Kafka. Comme un serpent qui se mort la queue dans un cycle infernal menant à une détresse psychologique.

En considérant les complexités familiales et les conflits générationnels, l’auteur offre un regard sur l’essence de l’expérience humaine. Cet ouvrage transpose une situation spécifique, mais néanmoins courante, pour en faire un dessein collectif ou unanime s’agissant des lignées entre elles. « Lettre au père » va au-delà d’un contexte spécifique pour se transformer en une méditation universelle sur les liens familiaux que nous avons tous, la place que nous avons en termes d’identité et la considération des perspectives sociales espérées.

La perception n’est que limitée dans la relation de l’un et de l’autre, ce qui n’ouvre pas nécessairement sur une compréhension totale des rapports familiaux. Chacun pourra y voir une perception personnelle en interprétant l’ensemble de manière partiale, ou pas.

« Lettre au père » est un ouvrage à découvrir, voire à relire, qui incite à avoir un regard sur certaines relations familiales compliquées générant des contrariétés et des souffrances, de la douleur et du désespoir au cœur de l’âme. Kafka dans une écriture vigoureuse, mais néanmoins bouleversante et perçante conduit le lecteur à explorer sa condition personnelle avec ses proches.

Cet ouvrage pourra être vu comme une participation ou un tribut inappréciable, voire inestimable pour chacun.

Marie BARRILLON



Auteur : Franz Kafka
Littérature : allemande
Éditions : Folio 
Format relié : 12,72 € 
Format poche occasion : 3,00 €  
Format Kindle : 0,99 €
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2070422067

jeudi 3 mars 2022

Le silence de la terre

 Le silencede la terre de Emmanuel de Scorraille chez M+ Éditions

Au détour d’un réseau social, j’ai fait connaissance avec Emmanuel de Scorraille, dont je parcours la biographie sur le net, et je découvre que nous sommes de la même génération. « Le silence de la terre » est son troisième roman publié chez M+ Éditions. Le premier étant « M, l’aube de la vie », publié en octobre 2018, aux Éditions Sydney Laurent, et le second « Grégoire » également publié en 2018 aux Éditions Sydney Laurent. Au passage, je remercie M+ Éditions, l’éditeur, pour l’envoi de cet ouvrage dont j’ai plaisir à parler.

S’agissant de ce roman « Le silence de la terre », on appréciera le style, mais surtout la maîtrise de l’écriture qui n’a rien à envier aux autres ni à personne, et qui est au demeurant bien captivant.

Le titre de cet ouvrage m’a immédiatement intéressée quand je l’ai vu circuler sur Twitter, Le silence de la terre ! Car oui, la terre est bien silencieuse malgré ses souffrances, malgré ce que nous lui faisons subir avec ce que nous lui infligeons quotidiennement sans l’ombre d’un regret ! Les deux premières phrases ont également trouvé un écho dans mon esprit « Une fois révélés, il y a des secrets qui asphyxient ! » et « Tant qu’ils ne sont pas révélés, il est des secrets qui asphyxient ! » Une évidence !

Ce roman s’égraine en s’inspirant de l’actualité tout en ayant malgré tout un fond historique qui lui est parfaitement « indétachable ». Le personnage principal, Éric, est historien. Rien de surprenant lorsque l’on sait que l’auteur est diplômé lui-même de l'enseignement supérieur, et qu’il est un romancier passionné d'histoire, de culture et de littérature.

Nous entrons donc dans cette lecture sur les pas d’Éric qui va éveiller notre esprit, mais aussi faire resurgir des souvenirs pour certains ensevelis profondément. Dès le début de cette lecture, des questions s’immiscent poussant à la réflexion « Combien de fois l’Histoire a-t-elle dû s’adapter aux exigences de l’homme ? » Des interrogations que l’on pourraient qualifier d’existentielles, mais qui demeurent en tout temps. Qui ne s’est pas posé un jour ce genre de questions sans même jamais, ou pour autant, trouver de réponses ?

Éric est un homme célibataire et, après plus de quinze années d’absence, se rend pour une rapide visite dans la maison de vacances de la famille située au « Conssé ». Dans cette bâtisse réside la tante Clémentine de Boisin, un joli nom de fruit frais pour cette dame âgée de 98 ans. Le pied encore alerte, l’esprit bouillonnant et la vue toujours affinée, tante Clem a conservé un certain caractère tout en étant l'âme de cette maison dans laquelle elle y accueille sa famille l’été, mais où le reste de l’année elle y vit seule. Cette visite d’Éric qui se voulait initialement rapide va prendre une tout autre allure. En cause, une découverte surprenante !

Mais avant cela, l’échange verbal avec tante Clem donne le ton, et le narrateur constate : « À mes côtés, j’ai pour passager le doute. Il ne cesse d’opposer la réflexion de la tante Clémentine à la mienne. » Éric l’assure : « À cet instant-là, nul ne peut deviner qu’au bout de la table se tient un hôte silencieux. Il a pour nom l’histoire. Il va s’inviter à pleine voix ! »

À bien y regarder, ou plutôt à bien y réfléchir, cet hôte silencieux est présent quasiment partout, dans toutes les familles. Je ne connais personne qui pourrait avérer le contraire, car en cherchant bien toute famille a une histoire, certaines merveilleuses avec des secrets avouables ou non, d’autres moins jolies qui n’ont pour leur part plus aucun secret à cacher.

En découvrant une photo dans le grenier alors qu’il y était monté à contre cœur pour y trouver un vélo pour le jeune cousin Édouard, et bien qu’elle paraisse insignifiante, celle-ci va emmener Éric sur les traces d’un meurtre au cœur de la Première Guerre mondiale. Sur cette photo se trouve un soldat Allemand souriant remontant à la Seconde Guerre mondiale. Cette photo date donc de cette seconde période de l'histoire des guerres de notre pays. Notre narrateur va enquêter, ce qui va le mener sur les questions environnementales et les problématiques qui en découlent comme le dérèglement climatique, les gaz à effet de serre, les perturbations des écosystèmes, etc. Autant de complexités néfastes qui font souffrir la terre. La terre souffre, mais les peuples aussi, de la crise économique à celle des gilets jaunes, les peuples ont de plus en plus de difficultés à joindre les débuts aux fins de mois.

Éric va interroger tante Clémentine sur ladite photo qui ressemble à un secret qui devrait peut-être rester ce qu’il est, ce qui va quelque peu la mettre en difficulté dans ses réponses. Mais Éric ne peut en rester là. Il est curieux et, rappelons-le, historien ! Il veut enquêter pour en savoir plus. La photo d’un Allemand durant la première guerre mondiale dans le grenier ne peut pas être là par hasard ! Nous voilà partis dans une quête de la vérité, même si tout n’est pas toujours bon à savoir ou, comme le disait ma mère, toute vérité n’est pas toujours bonne à dire.

De cette enquête à la crise des gilets jaunes et leurs revendications, bien qu’il y ait une grande distance en termes d’années, les évènements trouvent un chemin dans notre présent par le biais de la plume de l’auteur qui fait de son personnage un obstiné voulant découvrir ce qui se cache à travers ce cliché en noir et blanc à une époque lointaine, et pas forcément des meilleures.

Le vocabulaire est d’une belle richesse que l’on abordera avec plaisir, sans pour autant être trop complexe non plus. De ce fait, la compréhension est assez aisée, la lecture très agréable et sans la moindre lassitude, nous emporte au gré des pages et des évènements.

Une belle histoire de famille qu’on a plaisir à découvrir avec ses secrets et tous les autres éléments savamment orchestré par le style d’Emmanuel de Scorraille. Mon seul bémol : je trouve dommage que le titre soit déjà utilisé pour d’autres ouvrages qui n’ont rien à voir avec celui-ci, ce qui pourraient être dérangeant pour les lecteurs. J’indique donc les liens permettant d’accéder à l’ouvrage concerné par cette chronique sous différents formats pour que vous, lecteurs, ne soyez pas en recherche.

Un roman à découvrir ! Et la bonne idée, « Le silence de la terre » est également disponible en livre audio.


Quelques phrases relevées au cours de ma lecture :

- « Un historien [...] c'est un rat qui œuvre dans la poussière de vieux bouquins. »

« Ces demeures-là, conservent dans leurs murs de pierre la mémoire de l'intime des gens passés à la postérité » (dit pour les vieilles maisons de famille)

« Et ces mêmes pierres se préparent à recueillir l'esprit de ceux qui y vivent encore. »

« Autrefois, dans ces maisons bien établies, on y naissait, on y vivait, on y mourait. En conclusion, on y veillait du premier au  dernier souffle de vie. Ça, c'était autrefois. De nos jours, il en va autrement. »

« En voulant trop aménager par procuration, on finit par tuer les paysages et ses hommes. On veut notre meilleur, mais contre notre bien, et de très loin ! »

« Tôt ou tard, la maison aurait accouché de sa mémoire. Autant le faire dans de bonnes conditions, plutôt que par la douleur du scandale. »

« Le souhait féminin est un ordre de réquisition. »

« La première rencontre avec un document historique est un moment de vérité. »

« Le rien de conversation tombe au fond des assiettes. »

« Rien n'est pire que l'amnésie délibérée. »

Marie BARRILLON

Titre : Le silence de la terre

Auteur : Emmanuel de Scorraille

Éditions : M+Edition 

Format papier : Le silence de la terre  

Format Kindle : Le silence de la terre 

Format Livre audio : Le silence de la terre


vendredi 17 décembre 2021

Les coups, Jean Meckert

 Les coups, Jean Meckert 

Jean Meckert de son nom de naissance, publiait également des romans populaires sous différents pseudonymes jusqu’en 1946 comme l’indique Wikipédia : « John Amila » devenu « Jean Amila », car dira l’auteur : « je ne suis pas américain », « Édouard Duret », « Edmond Duret », « Guy Duret » (Duret étant le nom de jeune fille de sa mère), « Albert Duvivier », mais aussi « Marcel Pivert » et « Mariodile ».

En parcourant la Fiche Wiki qui le concerne, je viens à comprendre la teneur qui émane de l’ouvrage « Les coups », son premier roman. Ne dit-on pas qu’il y a une part de l’auteur dans les ouvrages qu’il écrit. Oui, cela me semble évident, même si part des effets de contour on cherche à se dévoiler le moins possible, il en reste tout même souvent des parcelles, des bribes et autres fragments. Jean Meckert est auteur de nombreux ouvrages de genre divers dont la plus grande partie n’est plus rééditée. Il est néanmoins à découvrir.

« Les coups » est un roman essentiellement axé sur la condition sociale en général et celle du narrateur et de son entourage en particulier à son époque. On y découvre des relations assez conflictuelles aussi bien dans le milieu professionnel que personnel, mais aussi le manque d’ambition du narrateur qui l’empêche d’accéder à une certaine ascension sociale et qui par effet d’un certain nombre d’éléments n’offre que des petits bonheurs éphémères. Des petits bonheurs qui parfois dérapent dans la laideur.

On a plaisir à découvrir la forme de langage populaire des années 30 avec l’argot de l’époque qui, pour certains, ne sera peut-être pas aisé à comprendre. Certaines expressions peuvent porter à sourire : « C'était bien beau, tout ça, très reposant. Tout le reste c'était du montage de cafetière », tandis que d’autres peuvent paraître biscornues, voire insolites, mais dans l’ensemble la lecture y est plaisante.

Félix est un ouvrier manœuvre parisien qui se sent incompris, quoi qu’il fasse et quoi qu’il dise. Sa rencontre avec Paulette, qui vit une difficile histoire qui se solde par une rupture, les mènera à un amour qu’ils vont croire indéfectible au premier abord et à une vie commune « Je la consolais, elle me racontait ses gros chagrins. C'était un point tellement culminant pour moi, j'avais des sentiments tellement jouisseurs que je me suis toujours demandé si c'était un sommet de volupté, de consoler une petite bonne femme comme ça ». Le futur en sera autrement.

Seulement, chez Félix la souffrance est latente, savamment dissimulée, et petit à petit elle fait son chemin pour anéantir le beau de cette petite vie commune d’amoureux tranquilles : « J'ai peur de la rendre banale ma belle histoire dont je ne suis pas très fier. Les mots ont tellement besoin de logique que vingt fois déjà j'ai eu le dégoût de la continuer, mon histoire », et il ne lutte pas pour contrer ce dont il a peur ni pour effacer ces souffrances au profit du bonheur que cette histoire nouvelle avec Paulette promettait.

La décomposition du couple est inévitable, lente et presque invisible au départ pour finalement s’achever dans la brusquerie, et même la brutalité, tant verbalement que physiquement : « Il fallait presque un peu de vacherie dans nos amours pour les rendre potables ». Le bouillon de rancœur se peaufine intérieurement rendant les silences difficiles avant d’éclater en termes crus et violents jusqu’à atteindre les summums de la folie par des volées de coups et d’insultes acerbes.

Les rencontres entre amis ou les repas de famille ne font pas exception et ne font qu’amplifier certains malaises tout en faisant naître des rancœurs supplémentaires à celles déjà présentes : « On parlait, bouche pleine ou vide, avec des sourires et des faux coups de gueule bien réglés. C'était cordial, familial, et toujours à un doigt pourtant de la fâcherie solennelle ».

Félix et Paulette qui auraient pu être des amoureux heureux se trouvent être aussi fissurés et incompris l’un que l’autre : « On se comprenait bien mieux par le silence, sans ce besoin de délayer chaque sauce avant de la servir ». L’une est passive dans un premier temps avant de se rebeller ensuite, l’autre rumine avant de devenir un bourreau brutal et molestant sans retenue.

Et même si Félix admet que dans leur histoire : « On a eu de vrais bons moments, à seulement vivre. Toutes ces petites secondes indécorticables qui s'appellent le bonheur, on les a repérées, par-ci, par-là, faites de petits égoïsmes, d'immenses oublis, bardées d'obscénité à force d'être heureuses, irracontables comme des injures à la face du monde », cela ne suffira pas à la sauver, à les sauver.

Finalement, je ressors de cette lecture avec une émotion difficilement qualifiable, tristement secouée et avec le cœur un peu lourd tant l’histoire se termine dans la noirceur. J’ai apprécié la lecture, les mots, les tournures de phrases, les sous-entendus, mais beaucoup moins apprécié le contexte, l’évolution, les situations et la sinistre finalité. Une chose est sûre, bien que ce roman date du siècle dernier, de nos jours ce sujet reste cruellement d’actualité !

Phrases relevées au cours de ma lecture :

- « C'est inouï ce qu'on peut se dire de choses, comme ça, pour ne rien dire. »

- « Je me trompe peut-être, mais je n'aime pas les gens qui causent. Tout comme la mode est faite pour les gens qui n'ont pas de goût, la causette c'est le paravent de ceux qui n'ont rien dans le ventre, c'est la grande recherche de l'impasse qu'on baptise infini, c'est la grande tromperie civilisée, ce qu'on aperçoit du dehors, du monté à graines, du loupé. »

- « Moi j'étais tout drôle, j'avais bien envie d'elle et je l'analysais pourtant, je décortiquais ses petites phrases sans fond, son panier à chagrin. »

- « Elle était pleinement amoureuse ma petite Paulette. Un peu tendre, elle agrandissait ses yeux à me regarder, elle avait une humidité de belle madone sous les paupières, elle était jolie. »

- « On embarquait dans des histoires grand siècle, on se fignolait le langage tout comme des cabots de province qui susurrent du classique. On se collait des tartines reluisantes de famille. On ne rigolait plus. On se versait des pleins radeaux de jabots et de crinolines et vertugadins. »

- « Ce qui sortait d'elle, ce qui poussait d'elle… je ne sais pas dire. Peut-être que je l'aimais au-delà de toute la basse vulgarité de sa coquille. Peut-être que la plastique n'est qu'un simple passe-temps d'intellectuel. »

- « On m'avait bien raconté son histoire, qu'elle était un peu putin et femme entretenue… si elle avait loupé le coche il n'y aurait pas eu assez de silences pour reprouver sa honteuse conduite. Mais étant donné le magot, on renversait alors des petits carrés de morale pour lui trouver des excuses. »

- « Elle s'est mise à me chercher des raisons sur ce que je n'avais pas le respect de moi-même. Elle pleurait sur elles, derrière le paravent des locutions et des proverbes qui découlaient de la situation. »

Marie BARRILLON

Détails du livre :

Titre : Les coups

Auteur : Jean Meckert

Éditions : Folio

ISBN : 978 2070 421688

Format poche : Les coups - Poche

Format Kindle : Les coups - Kindle

Plus d'ouvrages de Jean Meckert sur la librairie Galimard : Jean Meckert 




mardi 14 décembre 2021

 Elles : le chemin des révélations, Marie BARRILLON, TheBookEdition

Parmi les incontournables sorties de livres, il faut compter avec le roman « Elles : le chemin des révélations ». Oui, oui, je sais, les chevilles qui gonflent… les cheveux qui se tortillent… mais toujours avec une immense humilité. N’ai-je pas le droit d’y croire ?

Quel est l’auteur qui ne croit pas en ce qu’il a écrit, ce qu’il a créé, ce qu’il a imaginé, et pour lequel il a passé des heures à plancher pour vous offrir une belle histoire. Nombre d’heures qu’il ne compte jamais à rédiger d’une part, mais aussi lire, relire et relire encore.

Alors, quel est ce nouveau roman que j’ai écrit pour vous ? « Elles : le chemin des révélations » est un roman d’émotions, comme à mon habitude, dirons-nous. Mais, il n’a rien de similaire aux précédents. Ils sont chaque fois différents, leurs seules ressemblances ? La catégorie dans lesquels je les place « roman d’émotions », puis le fait que le personnage principal est toujours une femme.

Ici, il s’agit donc d’un roman d’émotions sous couvert de conflit familial où amour et désamour s’entrechoquent.

Le résumé :

Jayny, qui se retrouve seule après une sale histoire d’amour avortée, apprend par un notaire le décès tragique de ses parents avec lesquels elle n’avait plus de contact depuis sept ans. Que s’est-il passé ?

Quelles sont les causes de l’accident ?

Elle découvre la fortune dont elle est l’unique héritière. Pourquoi lui ont-ils tout légué, alors qu’ils auraient pu prendre des dispositions pour ne lui laisser que le minimum légal ? Qui étaient-ils vraiment ?

Dans le même temps, elle fait la connaissance de Jessy, une petite provinciale orpheline depuis l’enfance, qui vient d’arriver dans la capitale depuis sa province, et sortant tout droit de l’orphelinat où elle a été élevée par des sœurs. Qui est-elle ? Un ciment va les lier, mais lequel et pourquoi ?

À l’aube d’une nouvelle direction dans sa vie, elle va rencontrer Gaby, la meilleure amie de sa mère, qui va lui faire des révélations dont, pour la plus grande partie, elle est directement concernée. Des révélations chocs qui vont lui ouvrir les portes de la compréhension quant à ces relations compliquées et difficiles qu’elle avait entretenues avec ses parents. Toute famille ayant ses secrets, avouables ou non, Jayny ne fait pas exception à la règle, et l’apprendra dans un choc émotionnel qu’elle devra relever en gardant la tête haute.

Alors, tenté ?

N’hésitez pas à laisser un commentaire si le cœur vous en dit.


Titre : Elles : le chemin des révélations

Auteur : Marie BARRILLON

Editions : TheBookEdition

ISBN : 978 2954 145068




dimanche 7 novembre 2021

Ruse

 Ruse d’Éric NAULLEAU aux Éditions Albin Michel

Éric NAULLEAU est un critique littéraire français, chroniqueur sportif, animateur de radio et de télévision, mais aussi éditeur, traducteur, essayiste, entre autres… Multi casquettes en quelque sorte.

Alors qu'Éric NALLEAU est régulièrement attaqué ou malmené sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, et loin d’être du genre à me faire un avis sur ces dires, parfois abjectes, j'ai souhaité lire son roman « Ruse ».

Je tiens à préciser avant toute chose que je ne parlerai ici que de ce roman, et que les relations personnelles, même si elles font débats et indisposent nombre de personnes, ne me regardent pas. Et qui plus est, elles ne sont pas l’objet de cette chronique que je souhaite la plus objective possible quant au contenu de l’ouvrage.

Éric NALLEAU ayant  lui-même été chroniqueur à la base, en l’occurrence dans « On n’est pas couché », l’émission de Laurent RUQUIER, il se positionne ici en « chroniqué ». Chacun son tour, dirons-nous !


Après quelques recherches sur l’auteur, comme je le fais en général, je lis que Europe 1 révèle que ce roman « semble avoir été plutôt apprécié de la critique », c’est déjà un bon point avant de commencer ma lecture. Et Éric NAULLEAU reconnaît, avec une petite pointe de surprise  que « le livre a été très bien reçu » selon ses dires, second bon point pour moi.

J’entre dans le vif avec la première question que je me pose : pourquoi « Ruse » ? D’une part, cela colle à l’histoire, et d’autre part, je découvre que Ruse est une des cinq plus importantes villes de Bulgarie, appelée également Roussé, et précédemment Roustchouk jusqu’en 1878, date à laquelle la Bulgarie a acquis son indépendance. Wikipédia nous informe à ce propos, entre autres choses, que cette « ville a émergé comme un site néolithique du troisième au deuxième millénaire avant notre ère », c’est dire qu’elle n’a rien de nouveau, mais qu’elle n’est pour ainsi dire pas (particulièrement) connue du public.

L’auteur nous fait de bien belles descriptions, dans de jolies tournures comme « des montagnes parlaient d’ailleurs et de pureté dans une langue secrète », de cette région du monde. Ou encore « La montagne avait pris ses distances, elle viendrait bientôt resserrer son étreinte minérale autour des humains ».

Dans ce roman, on y rencontre Deliana qui préfère jouer les stripteaseuses après avoir cessé ses études. Plus par rentabilité financière, visiblement. Malgré une scolarité des plus excellentes où elle « ne demeurait dans une classe que le temps de s’ennuyer avant de bondir sur l’échelon supérieur » et en parallèle « faisant un sort à tous les livres qui lui tombaient sous l’œil », elle coupe court à ses études où elle excellait pourtant. Deliana est instruite et intelligente, maniant et maîtrisant autant le bulgare que le français grâce à l’apprentissage prodigué par « une vieille voisine », mais aussi pour l’avoir largement pratiqué au cours de son union avec son ex-mari français.

Après dix années au club de striptease, elle est mise au rebut, à la retraite parce que les clients n’en pincent que pour les jeunettes de vingt ans. Deliana n’en est plus là, elle est donc remerciée, mais elle n’en reste pas là. Elle quitte Sofia pour Ruse… après avoir dérobé quelque chose qu’elle n’aurait jamais dû détenir.

Je découvre Serge, je ne peux m’empêcher de penser à (mon) Serge dans mon roman « La vie est parfois une surprise », bien que tous deux n’aient semble-t-il rien de commun. Le Serge de Ruse était écrivain fantôme, ou comme le dit l’auteur « nègre de Narcisse » avant de devenir correspondant pour les Balkans pour un hebdomadaire français et pigiste pour une publication locale. Et, il est l’ex-mari de Deliana. Alors qu’il croyait ne plus avoir de sentiments pour son ex-femme, il la suit tout de même dans une fuite éperdue plus par obligation que par choix pour échapper aux sbires qui les poursuivent. Il réalise qu’il est autant en danger que peut l’être Deliana : « Avant, notre problème, c’était de vivre ensemble. Maintenant, c’est de ne pas mourir ensemble » !

Dans le style et le vocabulaire, je crains que ce roman ne s’ouvre pas à tous, non qu’il ne soit pas agréable à lire, bien au contraire, mais plus parce qu’il ne peut être à la portée de tous pour en saisir et apprécier le style véritablement particulier. Il peut donc déranger certains lecteurs qui de fait pourraient avoir un ressenti négatif, plus par manque de compréhension tant en termes de mots que de tournures de phrases.

Donc, comme je le disais, la lecture étant moins aisée qu’avec un roman de Christian SIGNOL, mon auteur préféré pour qui me connaît, ou de Marc LEVY plus ancré lecture détente, entrer dans Ruse est un petit défi, mais en la matière, rien ne me fait peur.

Mon ressenti final :

Sans dévoiler ou spoiler la teneur de l’histoire, ce qui vous empêcherait de vous jeter à corps perdu dans les pages, j’ai trouvé que dès le début je me sentais à l’aise dans la lecture. Oui, parfois j’ai dû faire preuve de réflexion, mais si peu finalement, toujours en ce qui concerne le style particulier dont je parlais plus haut, mais rien de rébarbatif, c’est une évidence. Les neurones travaillent un peu plus que la normale, ce qui n’est pas pour me déplaire.

J’ai beaucoup apprécié les descriptions des paysages et des environnements. Là aussi, pour ceux qui me connaissent, c’est une des qualités que j’aime chez Christian SIGNOL qui excelle sur ce point. Je ne pouvais donc pas ne pas l’apprécier dans ce roman d’Éric NAULLEAU.

J’ai trouvé dans Ruse un roman passionnant, si, si, n’en déplaise à certains, même si parfois il faut réfléchir un peu. Après tout, nous avons un cerveau autant qu’il serve à quelque chose, dixit feu ma maman. J’ai apprécié cette ambiance parfois glaçante et cette atmosphère particulière, même si je suis moins adepte de l’environnement que représentent les boîtes de striptease. 

J’ai également ressenti de l’affection pour les deux personnages, Serge et Deliana. J’émettrais juste un petit bémol quant à l’intrigue qui aurait peut-être mérité un peu plus d'énergie et de force à mon goût, mais cela ne dévalorise pas l’ouvrage pour autant et ce n’est qu’un ressenti personnel qui ne cadrera peut-être pas avec ceux des autres lecteurs. J’ai en tout cas passé un excellent moment de lecture avec ce roman.

Je vous souhaite une bonne lecture à toutes et à tous pour vous faire votre propre avis !

N’hésitez pas à partager votre ressenti, votre opinion ou votre sentiment en commentaire, si le cœur vous en dit.


Quatrième de couverture :

« En retrait de la route surgit un motel, seule bâtisse visible à des kilomètres à la ronde. Des tubes au néon d'un rouge vibrant soulignaient en plein jour le contour de ses fenêtres, comme une femme qui trainerait encore dans sa robe de soirée un lendemain de fête. Tout disparut avec le reste du paysage. Le soleil cognait toujours plus fort à la vire. Deliana tira le rideau comme une dérisoire protection contre la chaleur et les complots ourdis au plus hait des cieux vierges de tout nuage ».


Quelques phrases relevées au cours de ma lecture :

- « La dureté de son regard s’atténuait parfois d’une fugitive expression de bienveillance… »

- « À la manière d’un homme qui s’éclaircit la gorge avant de prendre la parole et décide pour finir de retourner au silence, une enseigne clignota brièvement, puis s’éteignit de nouveau. »

- « Rien de plus simple pour rompre le charme que d’emprunter un autre chemin… »

- « Je me demande toujours si elles croient un peu à ce qu’elles racontent, toutes ces chanteuses dont le prénom finit en « a ». Ou si c’est comme dire bonjour et bonsoir pour le reste de l’humanité. »

- « Le cri d’amour se fit chuchotement, le chuchotement expira dans un murmure… »

- « Kornelia répétait souvent qu’il en allait des romances comme des œufs à la coque, passées trois minutes de cuisson dans l’eau de rose, elles perdaient leur saveur. »

- « Il s’en fallait d’une légère inclinaison du buste pour que les unes contemplent leur passé et les autres leur avenir. »

- « Un peu de magie perdue ne se retrouvait que dans certains livres, surtout des recueils de poésie. »

- « Renoncer à parler et choisir de se taire chaque fois que possible contribuait du moins selon lui à ralentir l’usure des mots, à retarder l’échéance. »

Marie BARRILLON


Titre : Ruse

Auteur : Éric NAULLEAU

Éditions Albin Michel : https://www.albin-michel.fr/ruse-9782226449320

Amazon format Kindle, 12,99 € : Ruse Format Kindle

Amazon format broché, 208 pages, 18,00 € : Ruse Format papier

 


lundi 19 août 2019

On ne voyait que le bonheur

"On ne voyait que le bonheur" de Grégoire Delacourt 


C'est avec ce titre que j'ai découvert Grégoire Delacourt, et je ne le regrette pas. Dans cet ouvrage, nous allons à la rencontre de l'improbable, de l'inimaginable, mais surtout de l'inacceptable. 

Après un début qui me semblait se traîner un peu en longueur, j'ai tenu grâce au style de l'auteur, mais aussi parce qu'il est rare que j’abandonne un livre. Le fait est, qu'après plus de 35 ans de lecture, je n'en ai abandonné qu'un seul, que j'ai retenté de lire plusieurs fois avec toujours le même résultat. 

Je disais donc que ce qui m'a fait tenir, c'est le style de l'auteur qui a su m'engloutir dans les mots, les phrases pleines de sens qui parfois vous pousse à la réflexion : « La douleur, c'est comme un corps étranger. On finit par fabriquer une coque, pour ne plus la sentir. », « On n’échappe pas à la souffrance des autres, elle vous saute au visage. Elle a besoin de vous. Malgré vous. » 

Antoine porte les stigmates et les souffrances de son enfance, de son passé, celui dont on n'imagine pas à quel point les douleurs sourdes subies demeurent indélébiles pour un jour, souvent de manière inattendue, faire éclater leur trop-plein. 

L'enfance laisse des traces à perpétuité. C'est par elle que nous sommes tous amenés à nous construire, tout au moins au début de notre existence. C'est elle qui nous donne les premières bases, pas toujours les meilleures, de notre vie. Ce vécu s'incruste sur nos murs intérieurs, que l'on aura beau tenter de recouvrir, mais qui, même avec le temps ne sera jamais vraiment effacé pour un jour refaire surface.


Une petite sœur disparue, la jumelle d'Anna, une mère en désertion, un père qui ne sait pas aimer ou n'a pas appris à le montrer, puis la descente après un bonheur qu’il croyait acquis, sa femme qui le quitte, un licenciement pour couronner le tout. 

Jusqu'où peut- on accepter les « brutalités » de l'existence sans éclater, sans perdre pied, sans « péter les plombs » ? Est-on capable, ne serait-ce que de percevoir le moment où les limites sont atteintes ? De nous imaginer dans la possibilité de commettre un acte irréparable ? À quel moment en arrive-t-on à faire le constat de notre existence ? 

Antoine fait ce constat, triste, amer, douloureux, trop souvent en retrait, à ne jamais oser, à n'avoir jamais souhaité ni voulu ressembler à ce père effacé, presque lâche, plus homme à l'extérieur dans sa vie professionnelle que père pour ses enfants, époux, au sein de son foyer. Antoine n'a jamais désiré être absent pour ses enfants, pour ne surtout pas reproduire l'abandon inguérissable de sa mère. 

Et puis toute la suite, tout le reste, tout intérioriser, « Le grand mot […] l'intériorisation, le refus de laisser jaillir ses émotions, la peur de perdre le contrôle. » L'amour et le besoin d'être aimé, mais aussi le cruel manque d'amour dès l'enfance, tragique, amertume, drame, silence et non-dit. 

Entre passages forts et phrases puissantes, d'autres passages un peu longs (à mon goût), mais rédigés de manière à vous emballer malgré tout, malgré vous. 

Outre l'aspect tragique, ce roman poussé, ou du moins incite, à la réflexion, à l'introspection, à s'interroger sur ce que l'avenir peut nous réserver et comment nous serons en mesure de l'aborder sans perdre pied en cas d’aléas difficiles, parce que personne, non, personne n'est à l'abri des caprices du destin. 

Ce roman m'a beaucoup touchée, surtout sur la troisième partie, en faisant passer mes émotions par toutes les couleurs aussi bien dans la gaîté que dans la peine, dans la colère ou la tristesse. 

Quelques phrases relevées au cours de ma lecture : 

- « Il ne reste de ceux qui nous manquent que le manque justement que nous avons d'eux. » 
- « Il faut être deux blessés pour se rencontrer […] être deux errances, deux âmes perdues. Si l'une est forte, elle écrase l'autre, elle finit par l'achever. » 
- « Il n'y a pas d'amour là où il y a la colère. » 
- « Les mots, il faut qu’ils sortent. Il faut les dégueuler si on veut guérir. » 
- « Le bonheur, on ne le sait qu'après ; on ne sait jamais qu'on est en train de le vivre, contrairement à la douleur. » 
- « La connerie, ça ne se soigne pas d'une réplique. D'ailleurs, ça ne se soigne pas. » 
- « Le voyage compte plus que la destination. » 

Marie BARRILLON

Titre : On ne voyait que le bonheur

Auteur : Grégoire Delacourt

Éditions : Le livre de poche

ISBN : 9782253182863

jeudi 1 août 2019

Les vieilles

Les vieilles de Pascale Gautier

J’ai été particulièrement séduite par la couverture, le titre et la quatrième de couverture qui promettaient fraîcheur et humour, moi qui voue en général une véritable tendresse pour les personnes âgées. 

Je pensais alors trouver dans cet ouvrage, un bon moment de lecture. Ce ne fut le cas que concernant la première partie. 

J’ai trouvé l’aspect trop caricatural des personnages mettant à mal l’humour voulu, la fraîcheur annoncée, l’impertinence attendue. 

L’empathie y est au début, puis s'étiole au fil des pages. Ces mamies qui promettaient un roman frais sont si caricaturées qu’elles en perdent toute crédibilité. C'est dommage, car question drôleries, « les vieux » ne sont souvent pas en reste. Nombreux sont ceux qui loin d'être grabataires souvent savent vous embarquer dans des situations vraiment cocasses, presque à mourir de rire. Si, si, je vous l'assure, j'en connais d'ailleurs quelques un(e)s !


L’astéroïde qui annoncerait la fin du monde est quelque peu tiré par les cheveux, drôle d’idée pour créer la panique. Et puis, il y a également toutes ces mamies qui se suicident en se jetant dans le vide du haut d'un immeuble et qui restent sur le trottoir parce qu'à cause de l'astéroïde « l'apocalypse est pour demain et ramasser les vieilles n'intéresse plus personne », difficile d'acter une telle éventualité, même au second degré. 

Au final, je n’ai pas été emballée plus que cela ! Ravie au début, puis la déception prenant place doucement n'a fait que se confirmer pour ensuite me laisser un goût amer parce que je n'ai pas du tout cette image des personnes âgées. J'en connais des drôles, des caustiques, des impertinentes, des râleuses, des agaçantes, des sages discrètes et des moins sages affrontées, des timides qui n'osent pas et des frivoles qui osent tout. 

À lire tout de même parce que chacun perçoit les choses à sa manière avec son ressenti propre et que ce qui déplaît aux uns peut plaire aux autres, et inversement. 

Titre : les vieilles

Auteur : Pascale Gautier

Éditions : Folio

ISBN : 9782070443338