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vendredi 30 octobre 2009

La fille dévastée

« Elle est ma plaie. Elle est ma blessure de vie. Mais on ne peut forcer une mère à prendre soin de son enfant à avoir un instinct maternel. Puis j’ai pris peur parce que l’école avait signalé au service social que cette enfant avait des bleus et des cicatrices en permanence. J’ai eu peur qu’on m’accuse de maltraitance. Même si c’était vrai, c’était plus compliqué que cela. Je ne la frappais pas. C’était plus sournois et particulier. Comme si elle avait intégré ma haine. »
Extrait du livre

NAISSANCE INDESIREE…


Au début de la vie, un bébé abandonné dans un buisson par une mère déboussolée, « elle a accouché toute seule. […] Elle est partie dans la nuit avec son fardeau. […] Elle m’a enroulée dans un drap ensanglanté et m’a emmenée. »
Dès les premières lignes le ton est donné, froid, douloureux, perçant. On craint le pire, mais on n’imagine pas ce qu’il peut être. Pourtant, on est encore loin sur les traces de « La fille dévastée ».

« La fille dévastée » c’est une vie complètement secouée, déstabilisée, torturée avant même la naissance. Si, si c’est possible ! Le tragique est déjà présent dans le ventre et « même quand elle sautait enceinte, même quand elle mettait ses mains et frappait son ventre et buvait du whisky pour dégager tout ça. » Comment imaginer que cela puisse exister et pourtant…

La narratrice nous percute de son cri de douleur et de haine. Comment aimer une mère qui blesse de manière indélébile mais pas n’importe comment non plus, et malgré tout l’aimer tout de même. Cette mère qui fait mal en prenant tant de plaisir parfois. Sans frapper, sans porter de coups, c’est plus insidieux et malsain, « pas trace sur le corps. Je vous parle d’autres blessures. Mère était professionnelle en autres blessures […] Blessures de l’intérieur que rien ne soigne. » Des blessures qui ne se voient pas à l’œil nu, ni au microscope, qui ne se décèlent pas ou alors bien trop tard lorsqu’elles ont atteint l’équilibre mental en mettant le tout en péril. Une véritable torture morale et psychologique pour cette enfant mal née.

POUR UNE VIE MALTRAITEE…


Dès son premier jour, la fillette subit l’inacceptable, endure l’inconcevable jusqu’au moment où plus rien ne passe. La coupe est pleine : Aujourd’hui ton regard fait déborder un vase de trente ans d’existence. » Malgré tout aimer, malgré la haine s’accrocher à ces sentiments-là, aimer cette mère dévastatrice, tortionnaire, bourreau. L’aimer à s’en détruire soi-même « et vous êtes attachée comme un petit koala à celle qui vous maltraite. […] Plus l’autre vous rejette plus vous vous agrippez. Plus vous hait plus vous aimez. Et la force se multiplie par deux : l’autre dans la rage vous dans l’adoration. Elle vous tue tous les jours mais vous ne mourez pas. Et vous lui pardonnez. » C’est désolant à dire et impossible à comprendre mais une grande majorité des enfants maltraités ont tendance à pardonner leurs parents de tous mauvais traitements. Ils cachent, camouflent leur souffrance. Ils culpabilisent en pensant être responsable de ce qu’ils subissent, injustement pourtant.

La mère est sur le point de partir, vivant ses dernières heures. La fille est présente et reste là malgré tout. Tout à une fin mais ne veut pas dire qu’il y aura libération de la prisonnière de cette tragique existence. La fille est là mais se refuse à aider sa mère. Une force l’en empêche : l’indescriptible emprunte de la souffrance accumulée au fil des années. C’est purement compréhensible : « Maintenant qu’elle va mourir je ne veux pas lui tenir la main […] J’aurai peur de la frapper encore et encore […} Ca serait si peu en comparaison de ce qu’elle m’a fait et de son pouvoir. Dans son combat pour me vaincre c’est elle qui est ruinée. Alors non je ne lui tiendrai pas la main ni la tête pour ne pas les lui arracher dans ma rage. »

Peut-on pardonner ? Est-ce que notre côté humain est en mesure de nous accorder cette possibilité ? Doit-on accorder cette faveur au bourreau sous prétexte que sa vie s’en va ? Alors qu’il n’a eu aucune pitié, aucune raison qu’il en reçoive.
Après tant de brutalités, l’être psychologiquement en grande souffrance le restera et devra composer sa vie avec cet état et les traces indélébiles.

Un roman très brutal. Le titre lui-même annonce la couleur. Nous sommes en présence d’un énorme cri de douleur tout au long des pages.


Une lecture pour tous ceux qui aiment les sujets dramatiques.
Tout au long de l’ouvrage, le récit compte trop d’énumérations dépourvues de virgules, de points, alors que cela s’avère nécessaire, ce qui rend la lecture difficile. Exemple : « Toute vie toute mort et comment quand et où. » « Tout ce que vous vivez c’est du rab vous avez bien de la chance oui une chance inouïe. »

Il y a également des points qui laissent à penser que la phrase est terminée mais ne l’est pas en réalité. Ce qui rend, là aussi la lecture mal aisée et chaotique. Exemple : « Peut-être a-t-il choisi. De disparaître et vivre autre chose ailleurs. »

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : La fille dévastée
Auteur : Rozenn Guilcher
Editions : Sulliver
ISBN 13 : 9782351220597
Prix : 15,00 euros

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