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jeudi 10 septembre 2009

L'amande

« C’est le dos qui délire et invente des sons et des frissons pour dire « Je t’aime ». C’est la jambe qui se lève, consentante, la culotte qui tombe comme une feuille, inutile et gênante. C’est une main qui pénètre la forêt des cheveux, réveille les racines de la tête et les arrose, sans compter, de sa tendresse. C’est la terreur de devoir s’ouvrir et l’incroyable force de s’offrir, quand tout dans le monde est prétexte à pleurer. »
Extrait du livre

L’AUTEUR...


Une femme, qu’elle soit de France, d’Afrique ou du Maghreb ? est une femme. Qu’elle soit catholique, juive, musulmane ou Athée, elle a le droit le plus légitime de vivre et de vivre avec son temps, son siècle, son évolution et surtout ses propres valeurs. Elle a le droit de revendiquer sa féminité et de choisir de ne pas se cacher. Ne plus se cacher. D’être libre et de ne plus être simplement au travers des hommes.

Féministe, oui, je le suis assurément mais sans exagération, estimant que chaque être s’appartient à lui-même sans que quiconque n’est un droit de regard sur ses choix, ses actes sans pour autant être ou avoir un fond malsain.

Nedjma, au travers de ce récit qui bouscule les mentalités, les cultures, les jugements, ose crier cette revendication d’être femme avant toutes choses. Elle ose dire ce qui ne se dit pas dans son pays. Elle ose faire ce qui s’y fait encore moins.
Elle a publié ce récit sous un pseudonyme et pour cause, Nedjma vit dans un pays du Maghreb, on comprendra alors aisément ce choix après cette lecture.

L’HISTOIRE...


Elle se nomme Brada Bent Salah Ben Hassan El Fergani. Brada est née à Imchouk, petit village du Maroc.
Elle y a toujours vécue, y a été mariée sans avoir eu le droit au choix de sa destinée. Pour nous européen c’est une situation difficile à concevoir face à l’évolution de notre temps. Pourtant, aujourd’hui encore, cela se fait dans bon nombre de pays.

Un triste mardi, Brada prend son courage non seulement à deux main mais aussi plein le cœur. Elle en enveloppe même son âme de ce courage-là. Parce que ce qu’elle va faire, là-bas, ça ne se fait pas.
Ce fameux mardi, elle quitte son mari, sans cri, sans bruit : « D’avoir osé prendre le train pour fuir mon mari réduisait toutes les autres audaces à des enfantillages. » Elle arrive à Tanger après un long trajet de huit heures, « ce n’était pas un coup de tête ». elle se rend chez sa tante Selma et pour cette dernière c’est une grosse surprise.

Brada a été mariée à dix-sept ans à un homme de quarante ans qui aurait pu largement être son père. Mariée sans son consentement parce que, comme nous l’avons déjà dit, là-bas comme dans certains autres pays encore, la femme n’a pas son consentement à donner. Seul son silence est autorisé. La nuit de noce est loin de ressembler à ce que nous connaissons et même difficile de l’imaginer telle que décrite dans les pages, pourtant c’est une réalité. Une défloration dramatique : « Il m’a rompue en deux d’un coup sec. »

Mariage d’arrangement avec un mari important. Ce mari notaire avait donc un titre, « le titre qui conférait un pouvoir exorbitant aux yeux des villageois : celui de les faire exister sur les registres d’état. »
Brada raconte à sa tante les raisons de sa présence mais surtout celles de sa fuite. Tante Selma « écoutait, le front barré d’un pli soucieux. Les mots étaient explicites. » Brada, au sein de sa famille et du village d’Imchouk, ne devait rien montrer, ni dégoût, ni plaisir. L’acte conjugal n’était qu’une formalité et un supplice, écarter les jambes pour un bouc quadragénaire qui voulait des enfants et ne pouvait en avoir. » Selma partage cette tristesse mais l’encourage : « A ton âge, les peines durent le temps d’une larme et les joies, comme ton âme, sont éternelles. »

L’INFERTILE SEMENCE...


Avant Brada, Hmed, avait déjà convolé par deux fois sans toute fois parvenir à procréer. Il en avait répudié ses deux femmes parce que dans son esprit et celui de son entourage, l’infertilité ne pouvait venir que d’elles. Seulement, avec Brada le problème était le même, « toute précieuse qu’elle était, la semence de Hmed ne donnait aucun fruit. »

Brada respire enfin à Tanger, découvrant une ville « moitié arabe, moitié européenne. » elle sort avec sa tante, découvre des lieux, toujours avec la « khama à l’algérienne, par coquetterie. »
La Khama est un morceau de tissu, nous explique l’auteur, qui couvre la partie inférieure du visage.

L’évolution à Tanger est loin de ce que Brada à connu à Imchouk. Elle s’enivre de tant de différence. Elle veut vivre et avoue : « La ville m’avait inoculé un délicieux poison et je buvais goulûment son air, sa blancheur, ses minarets en pierre de taille et ses auvents […] Dans cette ville, chaque geste avait son élégance, chaque détail son importance. »

Mais son frère, Ali, compte bien ne pas la laisser en paix. Il n’admet pas sa fuite qui est ressenti comme un affront, un déshonneur pour la famille et tout le village. Brada ne prend pas peur pour autant, même lorsqu Selma la met en garde : « Ne te réjouis pas trop vite […] Ali, ton frère, ne décolère pas. Il a juré de laver l’honneur de la famille en répendant le tien sur les pavés de Tanger. » Mais rien n’y fait, Brada a bien décidé de vivre pour elle.

Le temps passant, Driss fait son apparition. Il est cardiologue et riche. Brada en tombe amoureuse très vite. Il vient régulièrement déjeuner chez Selma. Il veut Brada, « pas un mot de travers ou un geste déplacé. » Mais Brada fini par cerner ce qui se trame : « Plus tard, j’ai compris que c’était la dans des serpents. Ni Driss, ni tante Selma ne se regardaient dans les yeux mais l’un et l’autre savaient qu’il y aurait mise à mort. »

LA DECOUVERTE DE L’AMOUR...


Brada amoureuse jusqu’à en fondre de plaisir sans retenue cède aux avances discrète de Driss, qui plus est il sait bien y faire, il « est plein d’astuces. »
Brada envoie balader les qu’en dira-t-on et autres rumeurs. « Le plaisir est contagieux […] Le bonheur c’est de faire l’amour par amour. C’est le cœur qui menace d’éclater à force de battre, quand un regard unique se pose sur votre bouche… »

Driss lui fait découvrir les plaisirs de l’amour mais pas seulement. Il devient son amant, certes, mais aussi son bourreau. Il lui fait découvrir ce que son corps cache de désirs, de fantasmes. Elle en apprend tous les « jeux » érotiques parfois extrêmes. Ces « jeux » qu’elle aime pour certains, déteste pour d’autres. Driss l’emmène au bout d’elle-même et même bien plus loin. Tout ce que Brada découvre est à l’opposé de ce qui lui a été inculqué durant ses tendres années à Imchouk, même si entre petites filles, avec ses copines et cousines, elle avait déjà fait quelques découvertes.

Nedjma nous fait don d’un excellent ouvrage avec courage quand on sait qu’une femme qui aime le sexe par amour et assume ce fait signe elle-même sa perte, plus encore lorsqu’elle s’offre à plusieurs amants comme le fait,, ici, Brada.


Un livre bien écrit et qui recèle de sensualité et d’érotisme très prononcé.
Parfois assez cru aussi, âme sensible s’abstenir.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : L’amande
Auteur : Nedjma
Editions : Plon
ISBN 13 : 9782259199988
Prix : 18,00 euros

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