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jeudi 10 juin 2010

Les mémoires d'une carpe

"Pour beaucoup je sais ce livre n’a aucun sens, j’ai aujourd’hui vingt-trois ans, et voilà que ma plume a décidé d’entraîner ma main dans un voyage intérieur, peuplé de peurs, d’angoisses, et d’amour. Je ne suis pas ici pour vous faire voyager, en romançant la vie de l’aventurier que vous auriez aimé être ou encore vous raconter la jolie histoire d’amour que vous ne connaîtrez peut-être jamais. […] Mais il faut tout d’abord que chacun de ces mots viennent lentement effacer les maux qui noircissent le grand livre de ma jeune existence."
Extrait du livre

UN PASSE DIFFICILE…

Antony Hablantes est demandé par le docteur Martinot. Il ne connaît pas cet homme et s’interroge sur l’objet de cette "invitation".

Antony est écrivain, mais ne l’a pas toujours été. Il a d’ailleurs publié un ouvrage sur son passé difficile lorsqu’il était bègue. Dans ce livre, il raconte ce qu’il a vécu, y compris psychologiquement. Car, il n’est pas évident de vivre sereinement avec un handicap.

Le docteur Martinot fait appel à lui pour aider sa fille, Sandrine, qu’il n’a plus vue depuis trois ans. Elle avait disparue un jour sans prévenir. Il l’avait retrouvée dans un hôpital, confinée dans une sorte d’amnésie et ne parlant plus du tout. Que s’était-il passé dans sa vie durant ces trois années ? Toute la question est là !

Le docteur Martinot est persuadé qu’Antony Hablantes est en mesure de pouvoir aider Sandrine. Mais, ce dernier ne parvient pas à comprendre de quelle manière il pourrait le faire, dans la mesure où son passé personnel n’a rien à voir avec celui de la jeune fille.

En discutant avec le docteur Martinot, Antony découvre que les problèmes d’élocution de Sandrine sont beaucoup plus anciens que sa seule disparition. Depuis toute jeune, elle était bègue. Son père avait fermé les yeux sur son handicap : "Je n’ai jamais voulu penser que ses mauvais résultats scolaires étaient liés à son bégaiement. […] Comme un imbécile je la traitais de fainéante, de bonne à rien. Je n’ai fait que projeter sur elle durant toutes ces années les rêves d’un père plein d’orgueil."

UN RETOUR VERS LE PASSE BIEN DIFFICILE A APPREHENDER…

Sans bien comprendre ce qu’il allait pouvoir faire, Antony accepte, après réflexion, de rendre une première visite à Sandrine. Une visite qui en amènera beaucoup d’autres.
Arrivé à l’hôpital, stationné derrière la porte entrebâillée de la chambre de la jeune fille, "nul ne peut dire lequel […] souffrait le plus en cet instant précis. Elle représentait pour lui un retour vers le passé bien difficile à appréhender."

L’entrevue est de courte durée. Sur un petit carnet, Sandrine lui fait comprendre qu’elle ne comprend pas sa présence, ni ce qu’il pourrait bien faire pour elle, puisque même les spécialiste ne parvenaient à aucun résultat au vu de son état. Antony était reparti, non sans avoir tenté quelques explications qui n’avaient eu aucun effet. Sauf celui de le renvoyer à son propre passé qui, finalement, n’était pas si lointain.

Que faire, lorsque les personnes que l’on souhaite aider, de quelle que manière que ce soit, restent fermées à tous vos arguments ? Pire encore, quand la sensibilité et l’émotivité régissent l’univers de la personne en question : "Chaque jour qui passe est alors un jour de plus qui vient renforcer le pouvoir de cette méchante sorcière qui a décidé un jour de nous faire payer très cher notre grande émotivité."

En définitive, comme on dit, "il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre", et cet adage est bien plus qu’une évidence. Et dans la même logique, il n’y a pas d’être plus fermé que celui qui ne veut rien laisser transparaître.

L’ELEMENT NECESSAIRE…

Sandrine avait repoussé toute présence de cet homme qu’elle ne connaissait pas et qui était "envoyé" par son père. Son père, à priori, la source de tous ses problèmes. Mais Antony, "notre homme ne pouvait maintenant se résoudre à l’oublier. Il fallait qu’il renoue contact avec elle". C’est se qui se produit lorsque le médecin s’occupant de la jeune fille, fait appel à lui.

Décidément, tout le monde semblait persuadé qu’Antony était l’élément nécessaire à la "guérison" de Sandrine. Antony se prend effectivement d’amitié pour cette jeune femme et finalement va tenter de se rendre utile. Il venait de prendre conscience que Sandrine avait un place importante à présent pour lui : "Je ne sais pas si je peux lui être d’un grand secours, mais, elle est pour moi comme un miroir dans lequel mon visage se reflète".

Comment aider quelqu’un qui ne parle pas ? Qui semble bien décidé à ne plus émettre aucun son ? Et comment percer le mystère qui jalonne son esprit et l’empêche ainsi d’avancer vers ce qui pourrait le libérer ?

Chacun d’entre nous pouvons, à un moment donné et pour quelle que raison que se soit, être prisonnier de nous-mêmes, de notre propre esprit qui pose des barrières qui nous semble insurmontables et dont aucune porte de sortie pourrait nous paraître accessible.

LES CHOSES NE SE PASSENT PAS TOUJOURS COMME ON LE SOUHAITE !

Antony est bien décidé à ne pas baisser les bras. Il sent que Sandrine, du fin fond de ses faiblesses, a pris une place importante pour lui. Il souhaite tant l’aider, lui être utile, ne pas se sentir impuissant face à elle et le mal qui la ronge et cela sans la brusquer.

Seulement, l’état de la jeune fille ne se résume pas seulement à ce silence. Elle est également amnésique semble-t-il. Un accident, puis un coma pourraient en être la cause mais les médecins se refusent à cette hypothèse : "Nous avons la certitude que son problème est purement psychologique. C’est comme si elle refusait au plus profond d’elle de ne plus se souvenir et par cela même de ne plus parler".

Antony se torture pour Sandrine, déplorant de ne pas parvenir à lui venir en aide. Il s’est pris d’une profonde estime pour elle. Rien n’est évident ni pour lui, ni pour les médecins.
Dans le même temps, il doit partir en Colombie avec son collègue Pito pour une enquête des plus étranges. Des faits troublants vont s’y produire. Ils vont en revenir blessés après avoir été passé à tabac, car visiblement leur présence sur le sol colombien n’est pas appréciée. Rapatriés, dans un sale état, ils n’auront pu résoudre leur enquête de journaliste qu’ils sont.

Pourtant, entre cette enquête et Sandrine, Antony ne lâche rien, bien décidé à résoudre les deux. Et s’il y avait un lien entre-elles ?

De l’émotion, une belle enquête, une histoire pas si surréaliste, ce sont les ingrédients pour ce roman qui offre tout son intérêt.
Bien tournée, l’histoire ne laisse pas supposer au début qu’elle va nous emmener dans un suspense.
Un prix courant pour un roman.
Un très bon ouvrage tant par son contenu que pour sa qualité générale.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Les mémoires d’une carpe
Auteur : Robert Aveillan
Editions : Praélégo
ISBN 13 : 9782813100481
Prix : 16,00 euros



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