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jeudi 3 mars 2022

Le silence de la terre

 Le silencede la terre de Emmanuel de Scorraille chez M+ Éditions

Au détour d’un réseau social, j’ai fait connaissance avec Emmanuel de Scorraille, dont je parcours la biographie sur le net, et je découvre que nous sommes de la même génération. « Le silence de la terre » est son troisième roman publié chez M+ Éditions. Le premier étant « M, l’aube de la vie », publié en octobre 2018, aux Éditions Sydney Laurent, et le second « Grégoire » également publié en 2018 aux Éditions Sydney Laurent. Au passage, je remercie M+ Éditions, l’éditeur, pour l’envoi de cet ouvrage dont j’ai plaisir à parler.

S’agissant de ce roman « Le silence de la terre », on appréciera le style, mais surtout la maîtrise de l’écriture qui n’a rien à envier aux autres ni à personne, et qui est au demeurant bien captivant.

Le titre de cet ouvrage m’a immédiatement intéressée quand je l’ai vu circuler sur Twitter, Le silence de la terre ! Car oui, la terre est bien silencieuse malgré ses souffrances, malgré ce que nous lui faisons subir avec ce que nous lui infligeons quotidiennement sans l’ombre d’un regret ! Les deux premières phrases ont également trouvé un écho dans mon esprit « Une fois révélés, il y a des secrets qui asphyxient ! » et « Tant qu’ils ne sont pas révélés, il est des secrets qui asphyxient ! » Une évidence !

Ce roman s’égraine en s’inspirant de l’actualité tout en ayant malgré tout un fond historique qui lui est parfaitement « indétachable ». Le personnage principal, Éric, est historien. Rien de surprenant lorsque l’on sait que l’auteur est diplômé lui-même de l'enseignement supérieur, et qu’il est un romancier passionné d'histoire, de culture et de littérature.

Nous entrons donc dans cette lecture sur les pas d’Éric qui va éveiller notre esprit, mais aussi faire resurgir des souvenirs pour certains ensevelis profondément. Dès le début de cette lecture, des questions s’immiscent poussant à la réflexion « Combien de fois l’Histoire a-t-elle dû s’adapter aux exigences de l’homme ? » Des interrogations que l’on pourraient qualifier d’existentielles, mais qui demeurent en tout temps. Qui ne s’est pas posé un jour ce genre de questions sans même jamais, ou pour autant, trouver de réponses ?

Éric est un homme célibataire et, après plus de quinze années d’absence, se rend pour une rapide visite dans la maison de vacances de la famille située au « Conssé ». Dans cette bâtisse réside la tante Clémentine de Boisin, un joli nom de fruit frais pour cette dame âgée de 98 ans. Le pied encore alerte, l’esprit bouillonnant et la vue toujours affinée, tante Clem a conservé un certain caractère tout en étant l'âme de cette maison dans laquelle elle y accueille sa famille l’été, mais où le reste de l’année elle y vit seule. Cette visite d’Éric qui se voulait initialement rapide va prendre une tout autre allure. En cause, une découverte surprenante !

Mais avant cela, l’échange verbal avec tante Clem donne le ton, et le narrateur constate : « À mes côtés, j’ai pour passager le doute. Il ne cesse d’opposer la réflexion de la tante Clémentine à la mienne. » Éric l’assure : « À cet instant-là, nul ne peut deviner qu’au bout de la table se tient un hôte silencieux. Il a pour nom l’histoire. Il va s’inviter à pleine voix ! »

À bien y regarder, ou plutôt à bien y réfléchir, cet hôte silencieux est présent quasiment partout, dans toutes les familles. Je ne connais personne qui pourrait avérer le contraire, car en cherchant bien toute famille a une histoire, certaines merveilleuses avec des secrets avouables ou non, d’autres moins jolies qui n’ont pour leur part plus aucun secret à cacher.

En découvrant une photo dans le grenier alors qu’il y était monté à contre cœur pour y trouver un vélo pour le jeune cousin Édouard, et bien qu’elle paraisse insignifiante, celle-ci va emmener Éric sur les traces d’un meurtre au cœur de la Première Guerre mondiale. Sur cette photo se trouve un soldat Allemand souriant remontant à la Seconde Guerre mondiale. Cette photo date donc de cette seconde période de l'histoire des guerres de notre pays. Notre narrateur va enquêter, ce qui va le mener sur les questions environnementales et les problématiques qui en découlent comme le dérèglement climatique, les gaz à effet de serre, les perturbations des écosystèmes, etc. Autant de complexités néfastes qui font souffrir la terre. La terre souffre, mais les peuples aussi, de la crise économique à celle des gilets jaunes, les peuples ont de plus en plus de difficultés à joindre les débuts aux fins de mois.

Éric va interroger tante Clémentine sur ladite photo qui ressemble à un secret qui devrait peut-être rester ce qu’il est, ce qui va quelque peu la mettre en difficulté dans ses réponses. Mais Éric ne peut en rester là. Il est curieux et, rappelons-le, historien ! Il veut enquêter pour en savoir plus. La photo d’un Allemand durant la première guerre mondiale dans le grenier ne peut pas être là par hasard ! Nous voilà partis dans une quête de la vérité, même si tout n’est pas toujours bon à savoir ou, comme le disait ma mère, toute vérité n’est pas toujours bonne à dire.

De cette enquête à la crise des gilets jaunes et leurs revendications, bien qu’il y ait une grande distance en termes d’années, les évènements trouvent un chemin dans notre présent par le biais de la plume de l’auteur qui fait de son personnage un obstiné voulant découvrir ce qui se cache à travers ce cliché en noir et blanc à une époque lointaine, et pas forcément des meilleures.

Le vocabulaire est d’une belle richesse que l’on abordera avec plaisir, sans pour autant être trop complexe non plus. De ce fait, la compréhension est assez aisée, la lecture très agréable et sans la moindre lassitude, nous emporte au gré des pages et des évènements.

Une belle histoire de famille qu’on a plaisir à découvrir avec ses secrets et tous les autres éléments savamment orchestré par le style d’Emmanuel de Scorraille. Mon seul bémol : je trouve dommage que le titre soit déjà utilisé pour d’autres ouvrages qui n’ont rien à voir avec celui-ci, ce qui pourraient être dérangeant pour les lecteurs. J’indique donc les liens permettant d’accéder à l’ouvrage concerné par cette chronique sous différents formats pour que vous, lecteurs, ne soyez pas en recherche.

Un roman à découvrir ! Et la bonne idée, « Le silence de la terre » est également disponible en livre audio.


Quelques phrases relevées au cours de ma lecture :

- « Un historien [...] c'est un rat qui œuvre dans la poussière de vieux bouquins. »

« Ces demeures-là, conservent dans leurs murs de pierre la mémoire de l'intime des gens passés à la postérité » (dit pour les vieilles maisons de famille)

« Et ces mêmes pierres se préparent à recueillir l'esprit de ceux qui y vivent encore. »

« Autrefois, dans ces maisons bien établies, on y naissait, on y vivait, on y mourait. En conclusion, on y veillait du premier au  dernier souffle de vie. Ça, c'était autrefois. De nos jours, il en va autrement. »

« En voulant trop aménager par procuration, on finit par tuer les paysages et ses hommes. On veut notre meilleur, mais contre notre bien, et de très loin ! »

« Tôt ou tard, la maison aurait accouché de sa mémoire. Autant le faire dans de bonnes conditions, plutôt que par la douleur du scandale. »

« Le souhait féminin est un ordre de réquisition. »

« La première rencontre avec un document historique est un moment de vérité. »

« Le rien de conversation tombe au fond des assiettes. »

« Rien n'est pire que l'amnésie délibérée. »




Titre : Le silence de la terre

Auteur : Emmanuel de Scorraille

Éditions : M+Edition 

Format papier : Le silence de la terre  

Format Kindle : Le silence de la terre 

Format Livre audio : Le silence de la terre