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vendredi 18 décembre 2009

Pour un jour de plus

« Elle m’a lancé un regard. " Souviens-toi d’une chose, Charley. Parfois, les enfants veulent que tu aies mal parce que eux ont mal de leur côté. " Faire mal parce qu’on a mal de son côté ? Etait-ce là ce que j’avais fait ? Avais-je voulu voir s’inscrire sur le visage maternel le rejet paternel dont je souffrais ? Et est-ce que ma fille avait fait pareil avec moi ? »
Extrait du livre

UN JOUR DE PLUS COMME UN CADEAU DE LA VIE…

Charley, surnommé Chick est joueur de base-ball, marié et heureux jusqu’au jour où sa mère décède. Il se sent coupable de ne pas avoir été à ses côtés dans les derniers moments. Il se met à boire, perd son travail puis sa femme. Il se noie dans le chaos qu’est devenue sa vie. Il ne se remet pas de l’absence de sa mère, « et c’est ça qui est terrible quand vos parents meurent, on sent qu’au lieu d’aller au combat avec du renfort, on y va tout seul. »

Lorsque sa fille unique se marie sans même l’avoir invité, c’est le coup fatal pour Chick. Il retourne dans sa ville natale pour se suicider. Achever sa vie à l’endroit même où elle avait commencé.

Après avoir échoué par deux fois à sa tentative de suicide, il aperçoit, une première fois, sa mère morte depuis huit ans. Il le prend tout d’abord comme s’agissant « d’une hallucination, d’une élucubration, d’un rêve d’alcoolique, d’un cerveau confus produisant des pensées confuses » puisqu’il avait bu à outrance.

Arrivé à la maison de son enfance, il découvre les placards et le réfrigérateur rempli de victuailles. Il ne comprend pas puisque la maison est inhabitée depuis des lustres et que la clé se trouvait toujours à l’endroit même où il l’avait laissé, sous une fausse pierre. C’est alors qu’il entend du bruit à l’étage. Des pas dans l’escalier. Il pense à un squatter jusqu’au moment où il entend la voix de sa mère prononçant son prénom.

ELLE EST LA !

Comment est-ce possible ? Elle est morte depuis huit ans, mais elle est là et bien là. Elle lui parle, soigne ses blessures suite à un accident de voiture, lui concocte un repas. Il se revoit enfant avec elle mais aussi avec son père et sa sœur. Se souvient de moments particuliers, heureux ou non, gais ou tristes. Il les passe en revue pendant qu’il ingurgite ce que sa mère lui a servi. Ce repas qui ressemble à ceux de son enfance, « aussi délicieux que familier » en pensant : « Je ne sais pas ce qu’il y a dans la nourriture qu’une mère vous prépare, surtout lorsqu’il s’agit de quelque chose de très ordinaire […], mais un certain goût de souvenir y est résolument attaché. » 

LE BONHEUR RETROUVE…

Chick suit sa mère au fil de cette journée. Il repense à tout ce qu’ils ont traversé, les moments où elle a pris sa défense mais aussi ceux où lui n’a pas pris la sienne. La laissant se dépêtrer. Il en comprend le mot culpabilité avec tout ce que cela comporte de remords et de douleur, parfois même une profonde lourdeur dans le cœur. Mais, enfant, il était trop jeune pour comprendre certaines situations. Si dans la jeunesse nous savions autant de choses que lorsque nous devenons adultes, il y a bien des erreurs que nous esquiverions, bien des actes que nous ferions autrement, bien des chemins que nous éviterions et des choix que nous analyserions un peu mieux ou en tout cas différemment.

Il regarde sa mère qui, morte huit ans auparavant, se trouve là, avec lui, à traverser les heures et marchant dans la rue bras dessus, bras dessous. Elle est belle comme elle l’a toujours été. Sa gorge se serre. Il l’aimait tant et même aujourd’hui qu’il traverse cette journée avec elle, malgré improbabilité de la situation, il l’aime toujours aussi profondément. Il plonge son regard dans celui de sa mère, il en a besoin, cela lui a tant manqué. A cet instant magique et tragique à la fois, il réalise que « quand on regarde sa mère, on regarde l’amour le plus pur qu’il y ait au monde. »

Nous voici en possession d’un livre plein de tendresse malgré le côté étrange de la situation. En même temps, on ne peut s’empêcher de penser qu’il serait si bon de pouvoir, nous aussi, bénéficier d’un jour de plus car trop souvent ce n’est qu’après la perte des êtres chers que bon nombre de personnes se rendent compte de leurs comportements parfois abusifs ou déplacés ou encore désagréables envers ceux qu’ils aiment. Mais, ce que l’on réalise surtout c’est que nous n’avons pas su leur dire la profondeur de nos sentiments, il en découle alors une infinie culpabilité dosée d’un immense remords. Pour prononcer c’est mots magiques, il nous faut du courage car il n’est ni simple, ni facile de dire « je t’aime » lorsque c’est avec toute la sincérité du cœur.


Un roman de qualité qui vaut bien la dépense.
Un format agréable à manipuler et une qualité de papier sans reproche.
L’auteur nous emporte dans un contexte irréel mais que nous traversons avec plaisir.
On se prend de tendresse pour ces deux personnages sans aucune difficulté.
Parfois, au fil des pages, on oublierait presque que la maman de Chick n’est plus de ce monde.
« Pour un jour de plus » existe en version gros caractères pour les déficients visuels.
Traduit de l’anglais (Etat Unis) par Edith Soonckindt

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Pour un jour de plus
Auteur : Mitch Albom
Editions : Oh ! Editions
ISBN 13 : 9782915056471
Prix : 18,90 euros

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