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mercredi 10 décembre 2008

La traversée de l'été

"Il lui glissa dans les mains un petit bouquet de violettes. Elle n’eut pas besoin de les regarder pour savoir qu’il les avait volées, comme si elle avait assisté à la scène. Les fleurs contenaient l’été tout entier, avec ses ombres et ses lumières gravées dans les feuilles, et elle en pressa toute la fraîcheur contre sa joue.
Grady n’avait qu’une connaissance limitée de ce genre de naufrage citadin."
Extrait du livre

Grady…

Alors que Mr et Mrs McNeil sont sur le point de partir en Europe pour passer l’été, Mrs McNeil s’angoisse de laisser leur fille, Grady, seule à New York.

Grady, n’a certes que dix-sept ans mais elle n’est plus une petite fille non plus. Et elle ne s’angoisse pas le moins du monde de se retrouver seule. Ce serait plutôt le contraire. Elle « sentit un rire irrépressible monter en elle, une joyeuse agitation qui semblait envahir la blancheur du ciel d’été étendu devant elle comme une toile vierge sur laquelle elle pouvait dessiner les premiers élans imparables de la liberté. »

Pourtant aucune sympathie unissait la mère et la fille. Mrs McNeil inspirait même du mépris à Grady. Ce qui n’empêchait pas cette angoisse de monter dans le cœur de Mrs McNeil, elle ne s’en cachait pas d’ailleurs.

A l’heure du départ, le mouchoir blanc déployé, la main battant l’air. Mrs McNeil ne cessait de culpabiliser, pensant et s’interrogeant sur le sort de Grady durant leur absence. « Ne commettait-elle pas une faute inexcusable en la laissant ainsi ? On n’abandonne pas une enfant inaboutie, incomplète. »
Mais son mari l’apaisa en la serrant dans ses bras. Le bateau largua les amarres et s’éloigna.

L’INNOCENCE DE LA JEUNESSE IGNORE LES PIEGES DE LA VIE...


Grady, libérée du regard de sa mère n’eut qu’une pensée qu’elle s’empressa d’exécuter : retrouver Clyde Manzer. Il travaillait dans le parking où Grady garait souvent sa voiture. Parfois, Clyde piquait un somme à l’arrière de l’un des véhicules présents dans le parking.
Grady le trouva effectivement endormi sur la banquette arrière de sa propre voiture.

En le voyant ainsi au pays des songes, elle ne put s’empêcher de penser : « Il y a une sorte de magie à observer l’être aimé sans qu’il en ait conscience, comme si sans le toucher on lui prenait la main et qu’on lise dans son cœur. »
Grady était amoureuse de Clyde, bien que ce ne fut pas son premier amour.

Peter Bell, son meilleur ami et ami d’enfance de surcroît, ne voyait pas d’un bon œil cet amour naissant dans le cœur de Grady. Surtout depuis qu’il avait compris qu’il était, lui, profondément épris d’elle.
Les narrations de Grady sur son nouvel amour et leurs ébats exaspéraient Peter à l’extrême. Mais ils étaient amis, alors il gardait pour lui son ressentiment. « Il était possible qu’il ne parvînt jamais à lui faire l’amour et, s’il y réussissait, leurs ébats s’achèveraient sans doute par une crise de fou rire ou de larmes, comme lors de leurs jeux d’enfants. »

Mais pour l’heure, Peter occupait la seconde place dans le cœur de Grady, devancé par Clyde, qu’il n’appréciait pas beaucoup.
Grady était ailleurs, trop occupée par ses sentiments qu’elle en oubliait bonne manière et bonne éducation. Clyde l’emportait dans un tourbillon qu’elle ne cherchait pas à éviter. Elle ne ressentait pas le désir de s’en évader.
Etait-elle consciente que ces jeux la conduisaient vers des lisières sombres que la vie est capable de mettre sur notre chemin s’il y a une brèche dans notre garde ?

Et quand le piège se referme qu’advient-il de nous ?

Grady se laissait aller sans réflexion à ce bien-être de liberté et sans aucune prudence, même si parfois quelques questions venaient subrepticement lui effleurer l’esprit. Mais tout juste l’effleurer, rien de plus ! Cela ne lui permettait pas de réagir.

De bêtises en bêtises, rien n’allait plus dans le bon sens. Grady ne voyait plus que Clyde dans son univers. Clyde et toutes les petites choses, honnêtes ou non, qu’il faisait. Il les faisait pour elle, « Il m’a apporté un papillon, confia-t-elle à un miroir tacheté. Oui, dans un sac de pastilles de menthe… Du moins, je croyais qu’ils étaient à la menthe, l’odeur avait ce délicieux parfum. » « Cela lui faisait du bien de sentir une main qui lui tenait la tête, cela atténuait le vertige, les vibrations intérieures. » « Parfois, j’ai l’impression que ma tête s’envole, que mon cœur me traverse la gorge. »

La jeunesse a cela de beau : l’innocence. Mais de dangereux aussi, parfois même jusqu’au geste fatal face à l’inconscience, entraînant tout un monde dans sa chute.

Texte sans difficulté, et agréable de fluidité.
Une postface rédigée avec beaucoup d’élégance et d’affection par Alan U.Schwartz.
Une préface de quelques pages rédigées par Charles Dantzig nous apprend également comment est apparu le désir d’écriture chez l’auteur.
Ces deux sections relatent la vie d’auteur de Truman Capote. Beaucoup de détails nous apprennent qui était l’auteur et ce qu’il a vécu dans l’écriture.

Marie BARRILLON


Informations sur le livre :

Titre : La traversée de l’été
Traduit de l’Anglais par Gabrielle ROLIN
Auteur : Truman Capote
Editions : Grasset et Fasquelle
ISBN 13 : 9782246703013
Prix : 12,90 euros

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