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dimanche 4 avril 2010

Céanothes et Potentilles

"À la question de la santé, tant qu’on l’a, tout va, mais elle vous piègerait sur ce terrain glissant : elle est toute relative. Eh bien oui, quand on fait des constats de sa vie, sur un paillasson marqué "Bienvenue", qu’on a la tête orientée vers une porte close, autrement dit qu’on n’a vue sur rien et qu’on persiste à imaginer que dans ce lieu désert, il pourrait se passer des choses, on peut laisser entendre que la santé n’est pas si bonne. La beauté physique est une notion très discutable, surtout quand on fait partie de ceux qui certifient qu’elle est essentiellement intérieure, et saurez-vous trouver des témoignages certifiés par des personnes frappées de laideur ?" Extrait du livre

BLANCHE…

Il est difficile de voir et de subir le regard des autres lorsqu’on se trouve en dehors de toutes normes. Mais difficile plus encore d’être confronté à l’indifférence jusqu’à paraître presque invisible aux regards d’autrui. Alors, quand l’amour s’en mêle et que de surcroit il est à sens unique, il y a de quoi perdre les pédales et la raison avec.

Blanche est une passionnée des fleurs, "elle les a toutes sous la main : les rosiers, les pétunias, les bégonias nains." Il est donc presque logique de découvrir qu’elle est vendeuse…de fleurs, bien entendu. Mais parmi toutes ces fleurs, "son cœur se tourne spontanément vers les Céanothes et les Potentilles."

Blanche aime utiliser les expressions d’un autre temps, "elle raffole de ces expressions désuètes et les emploie à tour de bras.[…] Elle dit aussi "papier alu et tricot de peau, chandail et paletot". Elle dit "tantôt" tous les jours."

Elle vit seule dans son studio. Sa vie c’est plus souvent la pépinière que son propre intérieur. Elle part tôt et ne rentre jamais de bonne heure donc, "sa vie est réduite au minimum syndical de réjouissance", et embaume le parfum des fleurs.

LA BEAUTÉ NE SE MANGE PAS EN SALADE !

Blanche n’a pas d’ami et encore moins d’amies, seulement des voisins qui se plaignent lorsqu’elle fait trop de bruit et qu’elle met la musique à fond pour attirer le seul qui l’intéresse. Mais celui-ci ne se plaint jamais, le comble.

Elle n’est pas très jolie mais n’est pas laide pour autant. Les rondeurs de la gourmandise ont certes pris possession de son corps car "elle descend sans retenue un pot de pâte au chocolat, celle qui, d’ordinaire, sert à tartiner. […] Tant pis si sa balance accuse un kilo supplémentaire, il sera noyé dans la bouée qui lui sert de taille." Ce qui l’ennui le plus ce n’est pas son poids, c’est plutôt qu’elle a l’impression d’être tout simplement invisible aux yeux de tous, y compris à ceux de son fameux voisin Anthony.

Pourtant, elle aimerait bien attirer son attention mais il est des situations où quoi qu’on fasse, rien ne se fait comme on le voudrait. Malgré son déchainement musical, elle ne s’attire que les foudres de tous les autres voisins. Anthony, lui, reste silencieux, étrangement silencieux, impassible.

Blanche va jusqu’à observer les fenêtres de cet homme sur lequel elle a jeté son dévolu, en faisant des contorsions sur son balcon, juste dans l’espoir de l’apercevoir. Et pourquoi pas ! Même si ce n’est pas très correct, elle passe outre. Ce qu’elle ressent est bien plus important à ses yeux qu’une présumée bonne tenue. Alors, elle observe !

QUAND LA DÉCEPTION PREND SES AISES, TOUT PEUT BASCULER !

Blanche décide de prendre le taureau par les cornes, se met volontairement devant la porte d’Anthony et sonne. Mais c’est peine perdue, il ne répond pas, n’ouvre pas. Pourtant, il est présent elle le sait. Alors, c’est la déception : "Anthony serait un envoyé du diable […] Une créature, le démon fait homme. Il n’a plus de carrure, il n’est plus le bel homme."

La déception entraîne Blanche dans des idées noires, comme tout le monde. Elle blesse, la déception, sans autre formalité. Elle vous vrille le cœur et dépose dans l’esprit le rebut des idées, parfois mal placées. Elle altère les pensées. Blanche n’y échappe pas.

Cependant, Blanche est comme tout le monde, "elle a besoin de tendresse comme pas deux", parce que le chocolat malgré ses vertus et ses prétentions n’a un effet que limité, voir très limité, n’est-ce pas ? Même si cela n’a pas vraiment d’importance pour elle, elle reconnait que "l’avantage d’être mince, c’est qu’on peut se faufiler dans l’embrasure d’une porte et forcer les barrages."

Mais, Blanche est tenace et remet le couvert avec la musique, à fond les manivelles. Et rebelote, les plaintes des voisins affluent encore et encore : "Sept d’un coup, c’est le nombre de post-it qui décore sa porte." Et dans tout cela, toujours pas d’Anthony, "Blanche subodore une consommation systématique de boules Quies." S’il était sourd, cela résoudrait l’énigme, mais Blanche ne l’imagine pas une seconde.

L’AMOUR, TOUJOURS L’AMOUR ! LE MOTEUR D’UNE VIE !

Elle a emprunté la pente du vacarme absolu et n’en changera point. Elle est bien déterminée à se faire remarquer. Il se trame bien des choses dans nos esprits lorsqu’on n’accepte, ni ne comprend l’indifférence de quelqu’un, qu’on apprécie de surcroit.

Mais, Blanche va au-delà du raisonnable. Si raisonnable on peut dire, dépassant les bornes du respectable. Où peut bien nous emporter l’amour lorsqu’il est incompris de tous, mais surtout du personnage principal ? Loin, jusque dans la bassesse, l’incorrection, la folie ou la dépression. Nous avons tous connu ces effets à des degrés plus ou moins élevés. Nous nous en sommes remis, d’autres pas.

Blanche s’en remettra-t-elle ? Finira-t-elle par voir son souhait exaucé et être aimée ? Peut-être ni l’un, ni l’autre ! Pour le savoir, il suffit d’ouvrir "Céanothes et Potentilles", de plonger dans l’univers de Blanche et de se laisser happer par ce roman qui vaut bien le détour.

On aurait peut-être souhaité plus de suspens.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Auteur : Martine Pagès
Editions : Volpilière
ISBN 13 : 9782917898192
Format broché : 9,78 €
Format Kindle : 2,99 €


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