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lundi 6 décembre 2010

Vies d'Andy

"Les deux femmes se retrouvèrent le lendemain aux Tuileries, et encore d’autres jours. Comme un rituel annonçant cette nouvelle amitié, elles avaient convenu de se retrouver près du grand bassin, en fin d’après-midi. Ces rendez-vous approximatifs continuaient de nouer une relation confiante et fragile à la fois, dont elles sentaient confusément qu’il ne fallait surtout pas briser le fil par des questions trop indiscrètes."
Extrait du livre

LA FIN D’UNE VIE…

Qui n’a pas un jour imaginé changer de vie ? De cette personne que nous sommes pour en être une autre, différente. En changeant radicalement de mode de vie au passage. C’est le pari d’Andy.

Un type plutôt étrange monte dans un taxi. La circulation est difficile à Manhattan, le taxi demeure bloqué à un carrefour. Mais, le client étrange reste impassible même lorsqu’un rouquin frappe au carreau arrière de la voiture, croyant reconnaître la personne assise sur le siège malgré son accoutrement : "Un homme mince vêtu d’un col roulé noir et d’une veste en cuir […] épaules d’adolescent, jambes maigres, bottines et pantalon noir […] sa chevelure, une énorme perruque argentée aux épis ébouriffés en plumeaux ; près de l’oreille dépassait une mèche de cheveux blond foncé." Le rouquin n’en démord pas, persuadé de voir dans le client du taxi la personne d’Andy Warhol. Comme tout droit sorti d’un autre monde.

Le taxi fini par se dégager de cette impasse, regrettant de n’avoir pas pu empêcher l’opportun de déranger son client bien silencieux. Le rouquin ne s’était pas trompé. Dans le taxi c’était bien Andy Warhol, mais plus pour très longtemps. Quelque temps plus tard, la nouvelle de la mort d’Andy se répand comme une trainée de poudre.

POUR LE DEBUT D’UNE AUTRE…

Andy avait décidé de changer d’apparence, et de vie, par la chirurgie esthétique. Sans aucune demi-mesure. De la vaginoplastie à la mammoplastie, du lifting du cou à celle du front en passant par la liposuccion de la taille et de l’abdomen ainsi qu’une diminution du nez ou encore une épilation définitive du visage et des bras. Durant les différentes interventions chirurgicales, "on entrevit un instant les cicatrices boursouflées zébrant son corps, anciennes séquelles d’une agression par arme à feu."  Un passeport transformé lui aussi complétait le tout.

Andy Warhol devenait ainsi Sandy Vazhoda. Suite à toute cette métamorphose, la convalescence se déroulait correctement, sans problème majeur et "lentement mais sûrement, Sandy Vazhora faisait le deuil d’Andy Warhol."

Tout avait été prémédité, calculé et minutieusement élaboré jusqu’à la fortune même d’Andy, "avec la complicité d’avocats d’affaires discrets, des meilleurs psychiatres et des meilleurs chirurgiens aussi,  pour la partie la plus délicate de l’entreprise. Changement d’identité et tour de passe-passe financier : un authentique coup de maitre."

Julian ami de longue date d’Andy était donc devenu celui de Sandy tout en étant une sorte de bras droit indispensable. Il s’occupait de tout pour que l’anonymat de Sandy soit des plus préservé. Sandy avait confiance en lui certes, mais ne pouvait s’empêcher de lui dire : "Ne me trahis pas." Car la confiance s’étiole parfois.
Sandy avait décidé de partir en exile. Julian comme à l’accoutumé s’était occupé de tout : passeport, carte de crédit, billets d’avion, hôtel, etc.

DESAGREABLE SURPRISE…

Contre toute attente, Julian va faire la connaissance de Valérie, de manière tout à fait inattendue mais pour le moins désagréable. Car la responsable des fameuses cicatrices sur le corps d’Andy, séquelles provenant d’une agression par arme à feu, c’était elle. Valérie n’en avait visiblement pas terminé et cherchait activement Andy. Croire en la mort de ce dernier lui était totalement impossible.

Julian avait-il gardé le secret ? En avait-il été capable ? Ou au contraire avait-il trahit Sandy ? Sous une menace trop forte ou trop violente, peut-on tenir sa parole ? L’amitié est-elle assez solide pour garder au fond de soi une promesse de la plus grande importance ?

Toujours est-il que Valérie se retrouve à Paris. Elle cherche, fouine, observe… Des cauchemars la hantent depuis de nombreuses années. Cauchemars dans lesquels immanquablement Andy est présent. Lorsque la vengeance tenaille un être, elle pousse parfois à des actes d’une extrême violence, mais également à des agissements totalement incohérents. Elle devient l’élément le plus important à régler, quel que soit le temps que cela prendra. Plus rien n’a d’intérêt, seule la vengeance règne.

Mais les choses ne se passent pas toujours comme nous l’espérons, constamment tributaires des aléas qui jalonnent nos vies. Et parfois, il arrive que la vengeance se lasse d’attendre que son heure sonne son glas. Elle s’exile, se disperse, s’apaise aussi. C’est ce que Valérie constate, mais cet état est-il définitif ou seulement passager ? Nous le découvrirons au fil de la lecture.

UNE AMITIE INATTENDUE…

Toujours à la recherche d’Andy, Valérie croise Sandy : "Sandy continuait de voyager. […] Valérie continua de surveiller les allées et venues devant l’hôtel. Mais le cœur et la rage n’y étaient plus. La présence de la femme et son absence tout aussi régulière l’intriguaient. La silhouette flottante, le visage étrange entraperçu l’obsédaient. Sans même se l’avouer, elle négligeait sa mission initiale." Pourquoi cette obsession soudaine ?

De fil en aiguille, de filature en observation, Sandy et Valérie se retrouve à faire connaissance. Aussi discrète l’une que l’autre. Cette "amitié" naissante se construisait sur un équilibre fragile. Chacune ayant tant de secrets enfouis à conserver à cette place.
Arrivé à ce stade de la lecture, on ne peut que désirer connaitre la suite de l’histoire, tout en nous demandant où vont les mener leurs pérégrinations. Car pérégrinations il y aura et pas des moindres.

Est-ce sur des routes "fleuries" ou sur des chemins au travers dangereux ? L’auteur nous emporte aussi agréablement que lors de son ouvrage précédent "Etranger au paradis". L’idée même de ce roman est pour le moins osée mais tellement réussie qu’on se laisse happer volontiers pour vivre un véritable plaisir de lecture.

Un prix usuellement rencontré pour ce roman qui nous fait passer un excellent moment.
L’auteur parvient à nous emmener dans cette vie pas comme les autres avec une plume qu’on lui connaît déjà. Un style chez cet auteur qu’on ne peut pas oublier lorsqu’on y a goûté.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Vies d’Andy
Auteur : Philippe Lafitte
Collection : Serpent à plumes
Editions : Editions du Rocher
ISBN 13 : 9782268069791
Prix : 17,50 euros



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