Entretien avec Philippe Lafitte
(« Etranger au paradis », Editions Buchet Chastel)
1001-livres : « Etranger au paradis » n’est pas le seul roman, semble-t-il, à avoir été publié. Quels sont tes autres publications ? Est-ce dans le même genre ?
Philippe LAFITTE : « Etranger au paradis » est mon troisième roman, publié chez Buchet-Chastel. J’ai publié deux autres romans chez le même éditeur : « Mille amertumes » en 2003 et « Un monde parfait » en 2005. J’ai également publié des nouvelles dans la revue Décapage, de manière épisodique, de 2004 à aujourd’hui. Mais mon tout premier texte a été publié dans la revue « Le Matricule des Anges », il y a près de…quinze ans (1995). C’était en quelque sorte un ballon d’essai, une « nouvelle de guerre » qui se situait pendant 14-18 et faisait parler un soldat sur le front, au moment de l’assaut. L’adhésion de la revue pour ce texte m’a poussé à continuer, puis à commencer de développer des textes plus longs, jusqu’à l’écriture du premier roman, au début des années 2000/2001, pour parution en 2003. Comme tu le vois, tout ça a pris un peu de temps pour mûrir et même si j’aime écrire dans un sentiment d’urgence, j’ai quand même besoin, paradoxalement, de temps pour achever un projet.
Je ne sais pas si on peut situer tous ces textes dans le même « genre ». J’aurais plutôt tendance à parler d’un regard sur le monde qui évolue, dans des situations et des enjeux différents ; j’aime l’idée d’éclectisme littéraire, même si la plupart de mes projets se situent dans un temps contemporain. Pour « Mille amertumes », l’itinéraire et la chute, en quelques années, d’un écrivain devenu clochard ; pour « Un monde parfait », la violence quotidienne subie par un cadre ordinaire dans l’entreprise et sa rencontre, assez étrange, avec une femme de ménage croisée sur son lieu de travail ; les souvenirs rétrospectifs d’un vieil homme sur son lit de mort pour « Etranger au paradis » et sa rencontre avec, là aussi, une inconnue… Il y a donc peut-être des correspondances entre les livres, mais c’est assez souterrain, sûrement pas conscient.
Je ne sais pas si on peut situer tous ces textes dans le même « genre ». J’aurais plutôt tendance à parler d’un regard sur le monde qui évolue, dans des situations et des enjeux différents ; j’aime l’idée d’éclectisme littéraire, même si la plupart de mes projets se situent dans un temps contemporain. Pour « Mille amertumes », l’itinéraire et la chute, en quelques années, d’un écrivain devenu clochard ; pour « Un monde parfait », la violence quotidienne subie par un cadre ordinaire dans l’entreprise et sa rencontre, assez étrange, avec une femme de ménage croisée sur son lieu de travail ; les souvenirs rétrospectifs d’un vieil homme sur son lit de mort pour « Etranger au paradis » et sa rencontre avec, là aussi, une inconnue… Il y a donc peut-être des correspondances entre les livres, mais c’est assez souterrain, sûrement pas conscient.
Disons que, de manière générale, j’aime installer des situations, des décors dans des lieux plutôt contemporains de notre époque. Ce qui n’empêche pas, au contraire même, de laisser aux personnages toute latitude à s’exprimer, ou à évoquer des souvenirs lointains, des réflexions qui peuvent se situer dans le passé, voire dans l’enfance. Ou de projeter le personnage dans un avenir relativement lointain. C’est le cas par exemple pour « Etranger au paradis » puisque le vieillard en question repose dans une sorte de chambre d’hôtel/pension, en 2032 dans un pays asiatique. Je me rends compte, in fine, que j’aime jouer avec le temps qui enveloppe les personnages, modifie leurs interrelations, transforme les projets et les destinées…
Même si ce n’est pas directement apparent ou prémédité, je constate, après coup, que j’ai besoin d’enrichir les itinéraires et les personnages inventés de réflexions directement liées à l’état du monde : le regard social des autres dans « Mille amertumes » : comment regarde-t-on un homme qui bénéficiait d’un statut symbolique fort (écrivain) et qui s’est dépossédé de tout rang social (clochard) ; jusqu’à quel degré accepter la violence des rapports humains dans le monde du travail pour « Un monde parfait »; ou rendre un hommage au sentiment de nostalgie à travers le récit d’événements antérieurs dans « Etranger au paradis ». De manière générale, et pour reprendre une réflexion de Georges Perec, j’aime l’idée de cultiver plusieurs champs littéraires plutôt que de creuser le même sillon.
1001-livres : Nous comprenons que l’écriture tient une place importante, est-ce de manière quotidienne ?
Philippe LAFITTE : L’écriture tenait une place importante, bien avant d’être publié… Ca remonte à loin, sûrement à la fin de l’adolescence, mais c’était plus épisodique, régulier mais épisodique…Il y avait bien des tentatives, des expérimentations au fil de mes lectures (les cut-up après avoir lu Burroughs, les nuits blanches à parler et à écrire à plusieurs, après la découverte de Kerouac…) Mais il fallait d’abord se colleter à d’autres relations, d’autres événements, la musique et les amis, les voyages et les rencontres, d’autres formes d’expression artistique comme les arts graphiques, la photo, le cinéma…Il fallait faire l’expérience de la vie avant d’écrire.
En vieillissant, la place de l’écriture s’est agrandie, elle est devenue quelque chose de quotidien, dans l’envie et la réflexion, peu à peu comme un rituel ou une obsession que j’espère à chaque fois fertile. Un exutoire aussi et un refuge contre les hostilités du quotidien, ce qu’Henri Laborit définissait comme l’éloge de la fuite dans l’imaginaire, un monde « où l’on risque peu d’être poursuivi », tout à sa recherche d’un « vaste territoire gratifiant ». Un mélange d’exaltation, de colère et de plaisir, suivant les moments que nous réserve la vie. ET surtout un immense sentiment de liberté. Ecrire, c’est échapper à sa propre banalité, une manière très personnelle de se sauver soi-même.
Quoiqu’il en soit, j’essaie d’écrire tous les jours, même une phrase, un début de projet, une idée, une observation, dans des carnets ou sur des Post-it (je suis un gros consommateur de Post-it !). Ecrire demande du temps. Et aussi de la légèreté. La difficulté est de maîtriser la lourdeur du quotidien.
En vieillissant, la place de l’écriture s’est agrandie, elle est devenue quelque chose de quotidien, dans l’envie et la réflexion, peu à peu comme un rituel ou une obsession que j’espère à chaque fois fertile. Un exutoire aussi et un refuge contre les hostilités du quotidien, ce qu’Henri Laborit définissait comme l’éloge de la fuite dans l’imaginaire, un monde « où l’on risque peu d’être poursuivi », tout à sa recherche d’un « vaste territoire gratifiant ». Un mélange d’exaltation, de colère et de plaisir, suivant les moments que nous réserve la vie. ET surtout un immense sentiment de liberté. Ecrire, c’est échapper à sa propre banalité, une manière très personnelle de se sauver soi-même.
Quoiqu’il en soit, j’essaie d’écrire tous les jours, même une phrase, un début de projet, une idée, une observation, dans des carnets ou sur des Post-it (je suis un gros consommateur de Post-it !). Ecrire demande du temps. Et aussi de la légèreté. La difficulté est de maîtriser la lourdeur du quotidien.
1001-livres : Il n’y a pas que l’écriture, cependant. Tu fais d’autres choses, même si cela reste dans le même univers ou proche en tout cas, peux-tu nous en dire plus ?
Philippe LAFITTE : Comme je le disais plus haut, d’autres domaines d’expression m’intéressent, même si je les place souvent à l’aune de l’écriture, ou en relation avec des projets romanesques. Le cinéma, par exemple, qui est pour moi une forme très élaborée de narration, quelque chose de complet qui englobe des décors, des atmosphères, de la musique et bien sûr, des personnages, parfois bien plus complexes ou incarnés que dans l’écriture.
Je suis un grand fan des séries télévisées aussi : on y trouve, quand elles sont réussies, un formidable terreau de développement des relations humaines. « Six feet under », par exemple, la série de Allan Ball (par ailleurs scénariste de « American beauty », ce film très ironique et amer sur l’état des relations humaines aux Etats-Unis), met en scène les relations chaotiques d’une famille gérant tant bien que mal une entreprise funéraire, sur près de 40 heures ! On n’est pas loin d’une véritable somme romanesque, transposée sur de la pellicule.
Je suis un grand fan des séries télévisées aussi : on y trouve, quand elles sont réussies, un formidable terreau de développement des relations humaines. « Six feet under », par exemple, la série de Allan Ball (par ailleurs scénariste de « American beauty », ce film très ironique et amer sur l’état des relations humaines aux Etats-Unis), met en scène les relations chaotiques d’une famille gérant tant bien que mal une entreprise funéraire, sur près de 40 heures ! On n’est pas loin d’une véritable somme romanesque, transposée sur de la pellicule.
La peinture et la photographie contemporaines m’intéressent beaucoup aussi. De manière générale, je trouve que les arts visuels sont très complémentaires de l’écriture.
Sinon, j’anime aussi des ateliers d’écriture, et là, je me confronte à l’écriture des autres, ce qui est très intéressant pour s’extraire de son propre univers. Il y a un échange implicite : je fais découvrir des auteurs, je propose des points de vue et des jeux d’écriture, et en retour les participants me font découvrir leurs textes, leurs auteurs préférés. C’est très enrichissant. Même si je ne vis pas de l’écriture, une bonne part de ma vie tourne autour de l’écriture, quand même.
Sinon, j’anime aussi des ateliers d’écriture, et là, je me confronte à l’écriture des autres, ce qui est très intéressant pour s’extraire de son propre univers. Il y a un échange implicite : je fais découvrir des auteurs, je propose des points de vue et des jeux d’écriture, et en retour les participants me font découvrir leurs textes, leurs auteurs préférés. C’est très enrichissant. Même si je ne vis pas de l’écriture, une bonne part de ma vie tourne autour de l’écriture, quand même.
1001-livres : Y a-t-il un autre roman à venir ?
Philippe LAFITTE : J’ai achevé un autre roman, en attente de publication, et je commence à prendre des notes sur un autre projet. Comme je te le disais plus haut, j’aime l’idée de cultiver plusieurs choses en même temps, même si parfois ça met plus de temps à germer.
1001-livres : Concernant « Etranger au paradis », comment est venue cette idée ?
Philippe LAFITTE : C’est toujours un faisceau d’idées, de notes et de spéculations que j’accumule, avant de me lancer dans l’écriture proprement dite. J’avais cette vague idée d’un homme très vieux, allongé sur un lit, et qui se retourne sur sa vie avant qu’elle se termine. Une manière de parler du passé, de l’histoire de ces trente dernières années. Le fait que la situation du vieil homme m’apparaisse dans le futur est peut-être lié à des interrogations quotidiennes, banales et en même temps universelles : que serons-nous dans vingt, dans trente ans ? Comment sera le monde à ce moment-là ? Comment verrons-nous ce qu’a été notre vie, aurons-nous de regrets, des joies rétrospectives ? La forme que prend l’écriture est très importante, à cette étape, pour déclencher un « flot » régulier, un rythme approprié. En littérature, la forme est indissociable du fond. Par exemple, j’ai bloqué longtemps sur le fait d’écrire cette histoire d’un point de vue extérieur, un point de vue classique à la troisième personne du singulier (mes deux premiers romans étaient au « je »). Quelque chose ne passait pas, n’arrivait pas à s’installer. Comme si le point de vue était trop neutre, ne m’impliquait pas assez.
Un peu par hasard, à force de recherches, d’essais, j’ai trouvé ce mode hybride, ce « vous » qui s’adresse au personnage, mais aussi au lecteur, et qui est aussi la voix du narrateur, donc indirectement ma propre voix…Je ne me suis pas posé la question de savoir si ça pouvait tenir sur 200 pages : ça semblait « couler » plus facilement, comme une évidence. Alors j’ai continué. Cette relative aisance m’a permis d’installer des contrepoints (le regard de la femme, sorte d’hôtesse indéfinie et en même temps contrepoint sensuel à la vie fanée du vieil homme), des souvenirs personnels, bien entendus retransposés…Il y a toujours de l’autobiographique dans tout projet romanesque. Ce « vous » m’a permis de me concentrer plus facilement sur le style, la forme, le rythme parce que tout paraissait en adéquation. Pour moi ce troisième roman est bien plus équilibré, rythmique et « musical » que les deux premiers.
Un peu par hasard, à force de recherches, d’essais, j’ai trouvé ce mode hybride, ce « vous » qui s’adresse au personnage, mais aussi au lecteur, et qui est aussi la voix du narrateur, donc indirectement ma propre voix…Je ne me suis pas posé la question de savoir si ça pouvait tenir sur 200 pages : ça semblait « couler » plus facilement, comme une évidence. Alors j’ai continué. Cette relative aisance m’a permis d’installer des contrepoints (le regard de la femme, sorte d’hôtesse indéfinie et en même temps contrepoint sensuel à la vie fanée du vieil homme), des souvenirs personnels, bien entendus retransposés…Il y a toujours de l’autobiographique dans tout projet romanesque. Ce « vous » m’a permis de me concentrer plus facilement sur le style, la forme, le rythme parce que tout paraissait en adéquation. Pour moi ce troisième roman est bien plus équilibré, rythmique et « musical » que les deux premiers.
1001-livres : Lorsque tu commences l’écriture d’un roman, adoptes-tu un plan de travail en quelque sorte ou au contraire t’accordes-tu une totale liberté ?
Philippe LAFITTE : Comme je le disais plus haut, c’est plutôt un entre-deux. J’ai besoin de mes propres contraintes pour pouvoir rebondir, jouer avec les hypothèses, les situations, les personnages. Je prends énormément de notes, sur tout, et de ces notes souvent émergent d’autres éléments, d’autres développements pour la suite de l’histoire. Je fais parfois des schémas, des motifs délirants…qu’évidemment je ne suis pas, en tout cas pas à la lettre. Impossible pour moi de « préprogrammer » une histoire de manière à m’y tenir.
En revanche, j’aime l’idée qu’une hypothèse rejetée va déboucher sur une autre hypothèse qui, elle, sera suivie en partie, ou bifurquera vers encore autre chose. Les moments alternent entre des pulsions d’écriture pure, des moments de « gamberge » plus liés à la narration proprement dite, des recherches non prévues au départ mais qui finissent par s’imposer (pour mon dernier roman, je suis allé en Slovaquie, alors que j’aurai aussi bien pu rester à ma table de travail…et le résultat en est forcément différent). C’est donc plutôt un état de liberté surveillée que je « m’inflige », mais aussi un défi (aller jusqu’au bout) et un jeu dont je suis le maître mais aussi le serviteur.
En revanche, j’aime l’idée qu’une hypothèse rejetée va déboucher sur une autre hypothèse qui, elle, sera suivie en partie, ou bifurquera vers encore autre chose. Les moments alternent entre des pulsions d’écriture pure, des moments de « gamberge » plus liés à la narration proprement dite, des recherches non prévues au départ mais qui finissent par s’imposer (pour mon dernier roman, je suis allé en Slovaquie, alors que j’aurai aussi bien pu rester à ma table de travail…et le résultat en est forcément différent). C’est donc plutôt un état de liberté surveillée que je « m’inflige », mais aussi un défi (aller jusqu’au bout) et un jeu dont je suis le maître mais aussi le serviteur.
1001-livres : Quels sont pour toi les moments les plus propices à l’écriture ?
Philippe LAFITTE : Cela dépend des circonstances. Pour les deux premiers romans, obligations professionnelles obligent, j’ai écrit la nuit et les week-end…Expérience éprouvante mais nécessaire…et l’écriture doit s’en ressentir forcément : peut-être plus hachée, plus agressive que pour le troisième, où j’ai travaillé de manière plus régulière, plus sereine, tous les matins pendant un an et demi, ce qui m’a donné un rythme régulier, un écriture plus coulée, peut-être. Je crois profondément que la vie interfère sur votre manière d’écrire. Regardez Raymond Carver qui se réfugiait dans sa voiture, le soir, pour écrire après de pénibles journées de travail, seul moment de calme volé à la vie quotidienne et familiale. Comment imaginer qu’il puisse écrire « long » dans des circonstances pareilles ?
1001-livres : Cette passion pour l’écriture, peux-tu nous dire comment elle a commencé ?
Philippe LAFITTE : Je crois avoir répondu plus haut et de manière générale à ça. J’ai du mal à cerner comment ça a commencé, mais j’ai su assez vite que, une fois enclenché, ce serait pour la vie. C’est un sentiment complexe mais durable, fait de pulsions, de phantasmes et d’émotions, une sorte de drogue nécessaire à mon équilibre avec, finalement, assez peu d’effets secondaires néfastes.
1001-livres : Les lectures de Philippe Lafitte, quelles sont-elles en général ?
Philippe LAFITTE : Très éclectiques, je navigue au grès des hasards et des curiosités. J’ai des lacunes en littérature ancienne que je comble lentement, peu à peu. Sinon, je découvre des auteurs par le bouche à oreille, certains papiers convaincants, des recommandations d’amis. J’ai par exemple découvert Ravalec dans les années 90 sur la foi d’une couverture des éditions Le Dilettante, sans rien connaître de l’auteur. J’ai lu le premier Houellebecq, attiré par son titre…Sinon, je lis et je relis des auteurs dont je découvre un écho particulier (d’où l’importance de relire) : par exemple Kundera dont j’ai redécouvert une bonne partie de l’œuvre récemment, fasciné par la profondeur des propos et la fluidité du style : un énorme travail d’écriture, pour arriver à ça, je pense. Même chose pour le « Voyage au bout de la nuit », relu il y a quelques années, j’ai découvert cette fois l’intensité que j’avais ignorée en le lisant à la fin de l’adolescence.
En plus contemporain, j’aime beaucoup ce que fait Emmanuel Carrère, sa manière de s’éloigner du roman classique tout en restant profondément romanesque. Marc Dugain aussi, sa grande force d’évocation, sa capacité à raconter des histoires aux destinées fortes. Dans un autre registre, j’admire ce qu’a fait Edouard Levé (mort récemment) : en très peu de livres, il a su développer un ton personnel, très singulier. J’aime son approche conceptuelle plus que véritablement romanesque. Régis Jauffret, je l’apprécie plutôt dans le registre court (encore que « Clémence Picot » soit un de mes préférés). J’apprécie la singularité de Jean-Philippe Toussaint, la poésie délirante de Novarina, la force désespérée de Gary. De manière générale, je cherche à être bouleversé par un livre, plus qu’attiré par un auteur. J’aime les sensations ou les idées fortes. J’ai découvert à ses débuts Pavel Hak et son fantastique « Sniper », suivi de « Trans ». Agota Kristof et son « Grand cahier »… En général, je finis par lire à peu près tout de l’auteur découvert, le bon et le moins bon, ce qui me montre aussi son parcours, ses doutes, sa progression, ses évolutions artistiques, et qui fait écho à mes propres interrogations.
J’ai également un faible pour pas mal d’auteurs anglo-saxons, leur capacité à exprimer à la fois la sauvagerie et la soif de liberté inhérente à l’homme : Carver, John Fante, Philip Roth (sa fantastique trilogie de la « Pastorale américaine »), l’intensité des livres de Cormac Mac Carthy.
En plus contemporain, j’aime beaucoup ce que fait Emmanuel Carrère, sa manière de s’éloigner du roman classique tout en restant profondément romanesque. Marc Dugain aussi, sa grande force d’évocation, sa capacité à raconter des histoires aux destinées fortes. Dans un autre registre, j’admire ce qu’a fait Edouard Levé (mort récemment) : en très peu de livres, il a su développer un ton personnel, très singulier. J’aime son approche conceptuelle plus que véritablement romanesque. Régis Jauffret, je l’apprécie plutôt dans le registre court (encore que « Clémence Picot » soit un de mes préférés). J’apprécie la singularité de Jean-Philippe Toussaint, la poésie délirante de Novarina, la force désespérée de Gary. De manière générale, je cherche à être bouleversé par un livre, plus qu’attiré par un auteur. J’aime les sensations ou les idées fortes. J’ai découvert à ses débuts Pavel Hak et son fantastique « Sniper », suivi de « Trans ». Agota Kristof et son « Grand cahier »… En général, je finis par lire à peu près tout de l’auteur découvert, le bon et le moins bon, ce qui me montre aussi son parcours, ses doutes, sa progression, ses évolutions artistiques, et qui fait écho à mes propres interrogations.
J’ai également un faible pour pas mal d’auteurs anglo-saxons, leur capacité à exprimer à la fois la sauvagerie et la soif de liberté inhérente à l’homme : Carver, John Fante, Philip Roth (sa fantastique trilogie de la « Pastorale américaine »), l’intensité des livres de Cormac Mac Carthy.
En arrière-plan, je reste attaché à des « premières lectures » qui ont en partie forgé et entretenu mon envie d’écrire : « Les mots » de Sartre, « L’étranger » de Camus, « Molloy » de Beckett, « Les choses » de Perec, les premiers Houellebecq….Il me reste à découvrir les littératures d’Europe centrale, d’Amérique du sud, d’Asie, d’autres encore : de quoi remplir plusieurs vies !
Propos recueillis par Marie BARRILLON
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