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dimanche 29 mars 2015

Elle et Lui


« Si seulement les maux du cœur étaient contagieux, tu m’aimerais autant que je t’aime. Lorsque nos sentiments ne ressemblent à rien, on a l’espoir qu’ils prennent forme en grandissant. Les miens sont devenus adultes, mais ils s’acharnent à ne ressembler à rien. On peut tout faire avec des mots, y compris écrire de belles histoires, pourquoi est-ce si compliqué dans la vie ? […] Quand on espère l’autre, le temps semble vieillir et marcher à pas lents. » Extrait du livre

Paul, Lauren, Arthur...

Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, Marc Levy n’est plus à présenter dans le milieu littéraire tout comme dans notre quotidien, néanmoins mon avis sur ce dernier roman, « Elle et Lui » ne dérogera pas à ma règle habituelle en matière de lecture : rédiger une chronique.

Comme beaucoup, j’ai découvert cet auteur à ses débuts, étant déjà à ce moment-là une lectrice assidue, mais aussi invétérée, dévorant tous les livres qui se trouvaient à ma portée, près de mon regard ou sur mon « chemin ». Marc Levy a donc fait son apparition dans ma PAL (qui ne désemplie plus depuis) où se trouvaient des ouvrages de celui qui avait (et, a toujours) mon affection : Christian Signol. Pour ceux qui me connaissent bien, ils n’ignorent pas que, bien que l’écriture est une passion qui remonte à l’adolescence, c’est ce dernier qui m’a donné envie d’écrire des romans. Marc Levy (comme d’autres auteurs de romans) serait-il l’un de ceux qui m’a poussée sur le chemin de cette continuation ? Possible !

Sans avoir lu tous ses ouvrages, j’avais donc précédemment aimé (dans le désordre) :

« La prochaine fois »
« Les enfants de la liberté »
« Sept jours pour une éternité »
« Et si c’était vrai »
« Où es-tu ? »
« Mes amis, mes amours », dont j’ai aussi vu et aimé le film de Lorraine Levy, adapté d'après le roman, bien sûr.

C’est donc tout naturellement que je me suis penchée sur la lecture de « Elle et Lui », et j’avoue sans l’ombre d’une ambiguïté que j’ai été portée avec passion.
Paul est attachant dans son quotidien d’écrivain où « sous sa plume, tout devenait possible ». Il est seul à Paris, alors que celle qu’il aime se trouve à des milliers de kilomètres. Qu’il aime ou qu’il croit aimer ? Peu importe, le résultat est le même. Il est seul !

Il navigue entre le jour et la nuit au fil des lignes qu’il écrit, des pages qu’il noircit. Lauren et Arthur, des amis comme on aimerait en avoir, s’installent dans un rôle d’entremetteurs maladroits, mais avec, toujours, le désir d’aider leur ami dans le seul et unique but de le sortir de la solitude dans laquelle il est enserré. Ils ne veulent que le voir, et le savoir heureux plutôt que seul et esseulé !
Leur devise, pourrions-nous dire, concernant Paul et son avenir est : « Quand le destin a besoin d’un petit coup de pouce, l’amitié exige qu’on lui tende la main ».


Amour, amitié ? Pour contrer la solitude...

Et puis, Mia, que tout bouscule, apparaît dans la vie de Paul. Ça compte, ça ne compte pas, amitié, amour… L’un peut-il aller sans l’autre ? À mon sens, non, sans l’ombre d’un doute puisque dans toute amitié, il y a de l’amour et dans tout amour, il devrait y avoir une part d’amitié associée parce que sinon, rapidement « on peut aimer quelqu’un et être seul », ce qui rend la relation amoureuse instable entre deux êtres.

Néanmoins, l’auteur pose la question qui a toute son importance dans ce cadre : « Vous croyez qu’une femme et un homme peuvent devenir amis sans qu’il y ait entre eux la moindre ambiguïté ? » Pour ma part, je répondrais affirmativement, par expérience. Toutefois, j’admets l’hypothèse avancée par l’auteur dans l’émission « Sortez du cadre » de Nikos Aliagas, à laquelle j’avais assisté. Il disait : « À force de ne pas vouloir aimer, ça finit par créer des sentiments […] C’est une question d’aveu. Est-ce qu’il est possible d’entretenir des années une relation d’amitié entre un homme et une femme, oui ! Est-ce que, au cours de cette amitié, il n’y aura jamais eu de moments d’ambiguïté, on ne peut le savoir que si les deux l’avouent. » Il termine d’ailleurs son propos avec humour : « J’ai eu de très grandes amitiés avec des femmes, je n’ai jamais avoué ! »

Mia échoue chez son amie Daisy. Toutes deux entretiennent une profonde amitié, « une amitié telle que la leur, qui dure depuis aussi longtemps, est une fraternité qu’on a choisie ».

Marc Levy fait revivre dans « Elle et Lui », Lauren, Paul et Arthur, des personnages présents dans les premiers romans, un peu comme on retrouve avec plaisir des amis perdus de vue depuis trop longtemps. Et, ça marche !

Quelques phrases relevées au cours de ma lecture :

« Je ne veux plus jamais aimer l’idée de quelqu’un, je veux une réalité qui me corresponde… »
« La vraie question, et elle est assez simple, est de savoir si ses qualités rendent ses défauts aimables. »
« Elle voulait des projets impossibles, mais qui vous donnent envie de vous lever le matin… »
« Je n’ai pas besoin d’une explication de texte pour deviner comment tu vas. »
« Je préfèrerais rencontrer un homme qui aura envie d’un enfant de moi, et non d’un enfant tout court. »
« Il faut un bon prétexte pour se voiler la face. »
« Est-ce la liberté que s’accordent les personnages de fiction qui nous fait tant rêver, ou la façon dont cette liberté les transforme ? »
« On ne doit jamais juger un ami, on apprend juste à le connaître de mieux en mieux. »
« C’étaient mes tripes que j’avais couchées sur le papier. »
« Un cauchemar, c’est un rêve qui a mal vieilli. »
« Revenir sur la grève ne fait pas pour autant remonter la marée. »
« C’est la plus belles des récompenses que d’être aimé de son public. Cela donne un sens à notre travail, à notre existence, à tout ce qu’on offre aux autres. »

Marie BARRILLON

Découvrez également la chronique de Atouchofbluemarine 

Informations sur le livre :

Titre : Elle et Lui
Auteur : Marc Levy
Éditions : Robert Laffont
ISBN :  9782221157831
Prix :
Format papier : 21,50 €
Format Kindle : 14,99 €


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vendredi 27 mars 2015

Moins de souffle PLUS DE VIE

Moins de souffle PLUS DE VIE, Jessica MAETZ, Editeur CreateSpace Independent Publishing Platform

Préfacé par Laurence FERRARI et Yves DUTEIL, tous deux parrains de l’association « Vaincre la mucoviscidose ».

« Dans mon malheur, j’avais la chance d’avoir été moins affectée que d’autres par la muco. Cette syntaxe génétique défectueuse m’avait avant tout appris à me battre pour profiter de mes instants de vie, qui n’en avaient que plus de saveur. Je n’avais peut-être plus d’odorat, mais ma soif de vivre, et de vivre intensément, était toujours intacte. J’avais la tête pleine de projets pour l’avenir. Je fis le vœu de continuer à récolter de nouveaux instants d’éternité. » Extrait du livre
Mucoviscidose : toujours un combat !
« Moinsde souffle PLUS DE VIE » retrace l’histoire de Jeanne atteinte de mucoviscidose. Dès sa naissance, Jeanne est destinée à un combat quotidien. Elle grandit avec les « obligations », les inconvénients, les soins permanents que lui impose sa maladie sans se plaindre, ayant pris le parti de faire de ce combat son moteur de vie plutôt qu’un désespoir chaque jour.

Dans cet ouvrage, où nous comprenons vite qu’il est question de l’auteur, Jeanne nous offre une véritable leçon de vie et de courage, quand d’autres se plaignent constamment au moindre petit « bobo ». Cette vaillance est une preuve de cette force intérieure que chacun possède sans pour autant l’exploiter. Elle lui permet d’aller toujours de l’avant malgré la pénibilité de la maladie qui ne lui laisse que peu de répit.

Tour à tour, au fil des pages, s’expriment Jeanne bien sûr, mais aussi Laurent (son père), Patricia (sa mère), Alice (sa sœur), Mélanie… Chacun témoigne à sa manière, toujours avec amour et constance envers Jeanne.

Rendre chaque moment du quotidien positif malgré les difficultés, peut-être est-ce là une des véritables recettes pour vivre pleinement, et du mieux qu’il soit possible, tout en aimant la vie quelles que soient les embûches qu’elle met devant chacun de nos pas.


Tous concernés…

On ne peut qu’être touché par cet ouvrage qui nous rappelle forcément Grégory Lemarchal, ce jeune gamin avec un courage hors norme, et une force intérieure qui allait au-delà de toute imagination, forçant obligatoirement l’admiration.

« Moins de souffle PLUS DE VIE » nous rappelle également combien la mucoviscidose est une maladie dévastatrice, que sans recherches suffisantes la science ne peut avancer, que sans moyens financiers rien n’est possible. Et que c’est en nous unissant, chacun à sa manière, sa portée, ses moyens et/ou ses possibilités, que nous permett(r)ons des avancées considérables dans ce domaine.

Cet ouvrage a été préfacé par Laurence FERRARI qui exprime son ressenti face à cette maladie : « C’est l’histoire d’une révolte silencieuse qui ne fait pas la Une des journaux télévisés mais qui pourtant fait la grandeur des hommes et des femmes. C’est un combat partagés par des milliers d’enfants, d’adolescents et de parents dans notre pays, qui puiseront, dans ces lignes, tout ce qu’il faut d’humanité et de courage pour mener à bien leur bataille personnelle. »

Yves Duteil, quant à lui, écrit que : « Le récit ne manque pas de souffle. Il respire l’authenticité. Et fait passer un vent de fraîcheur qui irradie l’espérance sur un mot étouffé : la mucoviscidose. »

L’auteur précise qu’elle reversera la moitié des droits d’auteur à l’association « Vaincre la mucoviscidose ». En acquérant ce livre, c’est donc une manière parmi d’autres de faire un geste vers cette association tout en s’assurant le plaisir de lire un bel ouvrage.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre : 
Titre : Moins de souffle PLUS DE VIE
Auteur : Jessica Maetz
Editions : CreateSpace Independent Publishing Platform
ISBN : 9781502948243
Prix : 20€


lundi 16 février 2015

Et puis, Paulette...

 « Non, mais vraiment, c’est trop marrant ! Il fait genre celui qui n’attend plus rien, le vieux sage rangé des voitures. Mais putain, il n’a que soixante-dix ans ! Il n’a pas les yeux en face des trous, ce gars-là ! Muriel pense que s’il était moins con, il les ouvrirait en grand, et il verrait qu’elle n’est pas encore finie, sa vie. Il verrait... » Extrait du livre
La solitude...

À l’heure où les enfants quittent le foyer familial, quel que soit leur âge, nombreux nous sommes à avoir du mal à négocier le virage qui mène au silence et à la solitude, passant d’un « tout » vivant, voire turbulent à un « rien » dans un quotidien subitement (trop) calme !
La solitude s’installe sans avoir besoin d’invitation. D’abord doucement, on l’apprécie, car sur le moment ce changement fait beaucoup de bien. Puis, les jours passants, nous nous apercevons que, finalement, cette solitude est trop pesante. Elle envahit tout l’espace, imprègne chaque instant jusqu’à devenir parfois insupportable.
C’est exactement ce que va ressentir Ferdinand, veuf, lorsque son fils quitte le domicile avec femme et enfants : « Il est monté à l’étage. À la vue des jouets qui traînaient par terre et du lit défait […] il a eu un petit pincement au cœur… » se retrouvant « le cerveau en ébullition et les émotions emmêlées… »
Alors, au fil des jours, et des aléas de la vie, il va judicieusement (re)peupler sa maison, sans omettre de s’interroger « juste avant de se laisser glisser dans le sommeil, par habitude, il s’est demandé ce que feue son Henriette aurait pensé de cette histoire. »
Tout commence par Marceline, sa voisine, dont le toit de la maison s’écroule. Puis, ce sera au tour de Guy qui se retrouve veuf à son tour. Ferdinand ne supporte pas de voir son ami d’enfance s’effondrer et se laisser aller. Il connaît cela, Ferdinand. Difficile de reprendre pied lorsqu’on perd la personne avec qui l'on a partagé tant d’années.
Ils sont désormais trois comparses sous le toit de Ferdinand à braver le quotidien en le remplissant de petites choses qui font tant de bien à chacun sans faire le moindre mal à personne. De petits moments qui apaisent leurs cœurs ravagés, chacun par ses propres douleurs.

Tant qu'il y a de la place...

Mais voilà, la maison est grande, il y a encore beaucoup de place ! Elle peut bien abriter quelques âmes supplémentaires. Alors, lorsque les sœurs Lumière, Hortense et Simone, se retrouvent dans une situation complexe, et en tout cas compliquée pour elles au vu de leur grand âge, Ferdinand n’hésite pas une seconde ! La solution… il l’a, spontanément !
Et de cinq ! Puis, comme la vie s’évertue à nous tarauder, d’autres âmes viendront combler le reste de la maison. Comme Kim et la jeune Muriel, des étudiants, et puis, Paulette…
La cohabitation de tout ce petit monde se fait presque naturellement. Une certaine tendresse s’installe avec eux et uni tous ces personnages dans un quotidien au demeurant agréable et bien réglé, bien que quelques tensions empoisonnent Ferdinand dans ses relations avec son fils, Roland.
Il leur faudra du temps à ces deux-là pour parvenir à se comprendre et surmonter les imperfections de l’un comme de l’autre. Ferdinand finira par réaliser « qu’il n’y avait pas à tortiller. C’était tout simplement triste d’avoir perdu autant de temps. Pour lui, Ferdinand, de se rendre compte seulement maintenant que son fiston n’était pas juste un p’tit con. Et pour Roland, que son père n’était pas qu’un vieux naze. »
Et puis, Paulette… c’est une bien belle histoire pleine de fraîcheur, de tendresse, d’amour de l’autre. Et comme l’indique Claire Ageneau (sur la quatrième de couverture), c’est « Un récit hors du temps, tout à fait rafraîchissant. »
Pour ma part, la fin m’a quelque peu laissée sur ma faim. Néanmoins, j’ai tout de même passé un très beau moment, presque trop court, avec tout ce petit monde très attachant !
Informations sur le livre :
Titre : Et puis Paulette
Auteur : Barbara Constantine
Editeur :
Calmann-Lévy
ISBN : 9782702142783
Prix : 15,50€
Le livre de poche
ISBN : 9782253168638
Prix : 6,60€

jeudi 5 février 2015

Elles

Elles : le chemin des révélations

Extraits des chapitres XIII et XIV de mon prochain roman... "Elles : le chemin des révélations" 

Jayny était secouée par tout ce qu’elle venait d’apprendre. Et surtout écœurée de ce que certains êtres étaient capables de faire pour l’argent, par amour ou simplement par méchanceté. Elle ne regrettait pas de ne pas connaître son père biologique. Par contre, elle regrettait que sa mère soit partie après toutes ces années de souffrance. Elle se trouvait affreusement bête et indigne. Elle aurait dû lutter au lieu de fuir lorsqu’elle pouvait encore le faire. 

Elle réalisait combien la douleur de sa mère avait dû être lourde depuis son départ. Elle s’en voulait, mais elle ne savait pas tout cela. Elle admettait que parfois elle était extrêmement butée, trop butée, là en était la plus grande preuve. La vie est peuplée d’épreuves dont il faut tirer les leçons à bon escient afin de ne pas reproduire ces mêmes erreurs. Certes, l’erreur est humaine, mais lorsqu’on la reproduit sans en avoir tiré les leçons, elle n’est autre que de la bêtise !
[...]
- J’ai voulu aller à l’appartement de mes parents…, lâcha Jayny à travers ses sanglots.
- Et ? interrogea Jessy constatant que son amie s’arrêtait là.
- Et je n’ai pas vu l’appartement parce que j’ai rencontré la meilleure amie de ma mère, Gaby. J’ai passé un long moment avec elle. J’ai souhaité qu’elle me parle d’eux. J’avais besoin de comprendre pour reconstituer certains éléments de mon passé. Comprendre pourquoi ils m’avaient tout laissé alors que les ponts étaient coupés entre nous depuis quelques années déjà. Comprendre pourquoi l’entente avait été impossible entre nous. Savoir qui ils étaient dans le regard de quelqu’un d’autre. Eclaircir les zones d’ombres de mes années avec eux. Mettre des mots sur nos difficultés. Des mots pour finalement parvenir à accepter les maux qui m’incisent toujours.

Gaby m’a alors tout raconté. C’est la pire histoire qu’il m’est été donné d’entendre, et je me trouve au centre. Quelque part, j’en suis même responsable… involontairement… mais, responsable quand même !

- Comment ça responsable ? Je ne peux pas le croire ! Raconte-moi… enfin… si seulement tu le souhaites. Mes oreilles sont "à toi", elles sauront faire preuve de secret et de discrétion au nom de notre amitié.

- Je sais, Jessy, mais c’est… terrible !

- J’imagine, oui, pour que cela te mette dans cet état sans dessus dessous !

Jayny commença à raconter toute l’histoire que lui avait rapportée Gaby. Régulièrement elle s’arrêtait, pleurait, puis reprenait son récit. Jessy restait attentive, mais silencieuse de peur que son amie n’aille pas au bout de l’histoire. Aller au bout était, à son avis, une nécessité indispensable.

Elle était consciente que son amie avait besoin de se vider de ce trop-plein dévastateur. Parler n'efface rien, néanmoins cela apaise parfois les brûlures immédiates. Un peu comme un baume que l'on appliquerait sur une plaie. Quand Jayny eut achevé son récit, Jessy respecta quelques instants le silence qui prenait place. À vrai dire, elle ne savait pas vraiment que dire. Elle avait conscience de l'immense peine que ressentait son amie, mais ne trouvait pas les mots. Y en avait-il au moins ?

Jayny gardait le regard planté au sol. Elle avait honte de ce père. Elle releva la tête et tout en fixant son regard dans celui de Jessy, lui dit :

- Je ne suis pas comme lui, je te le jure !

- Jayny, bien sûr que tu n'es pas comme lui. Tu n'as pas à te justifier.

- Oui, mais quand même ! Il était horrible !

- C'est vrai... Je ne te dirai pas le contraire.

- Je ne veux pas devenir comme ça ! lâcha la jeune femme.

- Tu ne le deviendras pas ! affirma Jessy.

- Ah oui ! Et qu'est-ce qui te fait dire ça ? Comment peux-tu en être sûre ? Et si c'était héréditaire, hein !

- Quand bien même ce serait héréditaire, tu ne risques rien puisqu'il n'était finalement pas ton père biologique.

- C'est vrai. Je ne suis même plus capable de penser intelligemment ni rationnellement. Remarque, l'autre ne vaut pas mieux ! conclut-elle laissant une nouvelle fois ses larmes inonder son visage.

Dans un élan de tendresse, Jessy la prit dans ses bras pour la réconforter. La douleur de son amie lui déchirait les entrailles. Elle supportait difficilement de voir les gens pleurer, et lorsqu'il s'agissait de personnes qu'elle affectionnait particulièrement, c'était pire encore.

En cet instant où elle se savait d'une grande vulnérabilité, Jayny se laissait porter par la force de Jessy. 

© Marie BARRILLON


La bande annonce se trouve ici :



mardi 6 janvier 2015

Rose Tatiana de Rosnay

"Quand je rêve de Baptiste, je le vois faisant la sieste, en haut, dans la chambre des enfants. Je m’émerveille de ses paupières de nacre, du battement de ses cils. La douce rondeur de ses joues. Ses lèvres entrouvertes, son souffle lent, paisible. Je contemplais cet enfant pendant des heures… […] Quand je rêve de lui, comme je le fais depuis vingt ans, je me réveille les larmes aux yeux. Mon cœur n’est plus que douleur. C’était plus facile quand vous étiez avec moi, car dans la nuit, je pouvais tendre la main et sentir votre épaule rassurante. Aujourd’hui, plus personne n’est là pour moi. Que le silence, froid et mortel. Je pleure seule. Voilà une chose que je sais fort bien faire." Extrait du livre
Paris à l'heure du changement
 
Rose vit rue Childebert depuis son mariage avec Armand Bazelet, elle est née et a grandi tout près, Place Gozlin. Cette maison de la rue Childebert appartient à la famille Bazelet depuis deux siècles et à l’heure où Paris change sous le second empire, Rose à promis à son mari, avant qu’il ne quitte ce monde, de ne jamais abandonner cette maison qu’il aimait tant et qu’elle a appris à aimer avec la même constance. 

Mais, le Baron Haussmann veut moderniser la capitale en la dotant de grands boulevards au nom de son embellissement : "Le préfet et l'empereur rêvaient d'une cité moderne. Une très grande cité. Et nous le peuple de Paris, n'étions que des pions dans cette gigantesque partie d'échecs".
Comme toujours dans ces cas-là, l’expropriation est inévitable et la population doit abdiquer et s’en aller. Seulement, Rose ne le voit pas du même œil et ne veut pas céder, malgré le dédommagement pécuniaire. Des peines et des douleurs, Rose en a vécu quelques-unes dans cette bâtisse, y compris la pire de toute, alors que le choléra avait fait des ravages : "Non, pas mon fils […] Cette nuit-là, j’ai vu mourir mon fils chéri et j’ai senti ma vie perdre tout son sens."
Elle voit les rues se vider, les amis et voisins partir, jusqu’à se retrouver presque seule : "Je vis une époque d’isolement et de lutte, et me surprends à en supporter les rigueurs".
Comment quitter des lieux sans ombrage, lorsqu’on y est né, qu’on y a vécu toute une vie et que tout s’y trouve, souvenirs, joies, bonheurs, peines aussi ? Comment renier une promesse faite à l’être aimé disparu sans ressentir culpabilité et douleur ?
Mais, quand partir est impossible

Rose décide de prendre la plume pour écrire une longue lettre à Armand pour lui conter l’avancement des travaux qu’elle exècre : "Oui, je la voyais, cette progression inexorable de la rue de Rennes jaillissant droit dans notre direction depuis la gare de chemin de fer de Montparnasse, et le boulevard Saint-Germain, ce monstre affamé, rampant vers l’ouest depuis le fleuve". 
Mais aussi, parce qu’il est temps pour elle de lui faire un aveu. Un aveu pour lequel elle n’a jamais trouvé le courage suffisant pour le partager lorsqu’il était encore en vie. Aujourd’hui, elle veut le faire, il le faut : "La seule chose que je redoute est de ne pas réussir à vous dire ce que je dois vous révéler tant qu’il en est temps"
Cependant, avant d’y parvenir, elle se laisse emporter par ses souvenirs qu’elle relate avec douceur, même lorsqu’ils sont tristes ou douleur, c’est selon. C’est ainsi que je la ressens Rose au cours de ma lecture : une femme douce que l’on aurait envie de choyer.
Un très beau roman où l’on appréciera les détails apportés quant aux descriptions des travaux, des destructions des maisons à la construction des grands boulevards, les souvenirs et les sentiments de Rose, la douceur qui émane d’elle, l’amour indéfectible qui l’aura uni à son mari dès le premier instant. Bien que le tragique de la situation ne soit pas gai, on ne peut s’empêcher d’éprouver une véritable tendresse pour cette femme de cœur.
À l’heure où notre société est secouée de-ci delà, dans cet ouvrage nous (re)découvrons ce qu’ont été certains moments tragiques, pour peut-être nous faire prendre conscience que, finalement, nous ne sommes pas tant à plaindre que cela à l’époque actuelle que nous traversons avec mécontentement trop souvent !

Marie BARRILLON
Informations sur le livre :

Titre : Rose
Auteur : Tatiana de Rosnay
Editeur : Editions Héloïse d'Ormesson (Eho)
ISBN : 9782350871608
Format Kindle : 11,99 €
Format poche : 8,00 € 

lundi 15 décembre 2014

On ne peut pas être heureux tout le temps

"C’est absurde de croire que l’on est heureux parce qu’on est jeune. L’élan vital, c’est superbe. Ça ne suffit pas à vous dire ce que l’on fait sur terre. L’idée d’écrire ce livre m’est venue un jour où je pestais contre de petites infirmités de vieillesse et où j’ai laissé tomber un carton plein de photos. J’en ai accumulé en tous genres… […] Une Polaroïd m’a accroché l’œil. Elle fixait un moment que j’avais complètement oublié et qui résonnait avec le présent. J’ai pensé que j’allais m’en emparer et, à partir de là, voyager dans le passé en zigzags, au gré des photos qui me tomberaient sous la main. C’est une façon peu orthodoxe de construire un livre, mais elle est plus proche de la mémoire que ne le sont… les mémoires !" Extrait du livre
Un récit autobiographique
Cet ouvrage est un récit autobiographique qui, comme le montre l’extrait ci-dessus, prend sa source à partir de vieilles photographies sur le point d’être jetées. L’auteur se remémore les rencontres qui ont jalonné son existence, en grande partie des personnalités, mais pas seulement...
De toutes ses rencontres qu’elles narrent, l’auteur passe rapidement de l’une à l’autre, ne s’attardant que très peu sur elles finalement. De l’après-guerre à l’environnement politique en passant par les journalistes ou encore ses amis, ses amants et l’homme de sa vie, elle décrit ce qui s’extrait de sa mémoire photo après photo sans aucune chronologie. D’ailleurs, ce n’est pas le but de l’ouvrage.
Ce carton de vieilles photographies fait émerger des sentiments que l’auteur n’aime pas particulièrement à côté d’autres qu’elle chérit. Elle n’a pas peur de mourir, ce n’est pas cela qui la dérange, mais plutôt le fait de vieillir qui lui est "pur scandale […] C’est la vieillesse que je déteste, la mienne et celle des autres, la dégradation physique, le sentiment d’être devenue superflue, le regard que certains vous jettent comme à des objets mis de côté à l’intention d’un brocanteur - ça ne
vaut plus grand-chose, mais on ne peut tout de même pas les jeter."
Dans ce récit, on sent le temps, non pas qui passe, mais celui qui est passé, révolu et qui ne refait surface que parce qu’il est titillé, que ce soit à partir d’une photo ou de toute autre chose comme un souvenir qui en appelle un autre. 
Est-ce que l’auteur revit chaque moment en oubliant momentanément le présent, la vieillesse, le temps perdu ? Peut-être, néanmoins elle partage "bons et mauvais jours mêlés". Le titre est explicite et d’une terrible véracité. Parce qu’il nous faut trouver le bonheur, le chercher, le provoquer et lorsqu’il est là, ne surtout pas négliger de l’apprécier à sa juste valeur : "On ne peut pas être heureux tout le temps. On peut seulement décrocher sa part de soleil et ne pas oublier de la savourer".
Les chances ne sont certes pas très bien réparties, toutefois il est à chacun possible de contrer les inégalités, les combattre. Françoise GIROUD l’exprime en ces mots : "C’est dur de vivre, mais c’est toujours moins dur quand on a l’impression de se gouverner plutôt que d’être l’objet des autres", et c’est tellement vrai !
Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : On ne peut pas être heureux tout le temps
Auteur : Françoise GIROUD
Editions : Fayard , puis Livre de poche (4,55€)
ISBN : 978225315390
Format broché : 20,90 €
Format Kindle : 10,99 €


vendredi 5 décembre 2014

J'irai cracher sur vos tombes

Lee a vingt-six ans lorsqu’il décide de changer de vie et quitte sa ville natale. Il devient libraire à Buckton, une ville au sud des États-Unis. Lee est aisément sociable, ce qui l’amène à faire quelques connaissances des jeunes aux mœurs légères. Avec sa guitare, Il joue des airs de blues et fredonne des chansons.
Il rencontre Dexter, fils d’une famille pour le moins aisée. Il passe une soirée chez lui et fait la connaissance des sœurs Asquith, deux jeunes bourgeoises qu’il n’hésitera pas à faire boire pour les séduire de manière plus aisée. Mais, tout cela a un but bien précis !
Dans cet ouvrage se côtoient la débauche, la luxure et la dépravation dans une écriture aiguisée et mordante, frôlant souvent la brutalité dans les mots ou les actes narrés, mais qui au final sait se faire captivante, bien qu’elle jette parfois le trouble chez le lecteur.
Rapidement, on décèle un esprit de vengeance avec pour moteur une montée en puissant de la haine du jeune homme à une époque où la ségrégation raciale était monnaie courante : "Il était trop honnête, Tom, c'est ce qui le perdait. Il croyait qu'en faisant le bien, on récoltait le bien, or, quand ça arrive, ce n'est qu'un hasard. Il n'y a qu'une chose qui compte, c'est de se venger et se venger de la manière la plus complète qui soit".
Ségrégation raciale, parce que Lee est un "nègre" blanc : "Avec ces cheveux blonds, cette peau rose et blanche, vraiment, je ne risquais rien. Je les aurai…"
Une particularité qui va lui permettre de s’intégrer dans la communauté blanche pour y appliquer sa vengeance sans jamais renier son sang : "je sentais le sang de la colère, mon bon sang noir, déferler dans mes veines et chanter à mes oreilles…". De blanc, Lee n’en a que l’apparence.
"J’irai cracher sur vos tombes" est un roman démoniaque, brutal ! N’y cherchez pas de scènes angéliques ni d’amour éthéré, il n’y en a pas ! C’est un Boris Vian à l’opposé de l’auteur que l’on connait habituellement que l’on trouve ici et le lecteur qui ne le sait pas d’avance pourrait en être surpris, voire choqué. 
Dans sa préface, Boris Vian évoque "un réalisme un peu poussé" pour minimiser la réalité de l’ouvrage. Mais, peut-être était-ce ironique !
Finalement, ce livre n’est pas, à mon sens, à mettre entre toutes les mains, surtout pour qui n’aurait jamais lu d’autres œuvres de Boris Vian, car ce serait prendre le risque de porter un jugement erroné sur l’auteur. Je parle du style d’écriture brusque et dérangeant, cruel et dépravé,  hard sexe et haineux de ce livre.
Marie BARRILLON
 
Informations sur le livre :
Titre : J’iraicracher sur vos tombes
Auteur :
Boris VIAN
Editions : Le livre de poche
ISBN : 9782253141433
Format broché : 19,90 €
Format poche : 6,40 €
Format Kindle : 5,99 €

mercredi 26 novembre 2014

Au nom de mon frère

"Des séances de chimiothérapie et radiothérapie seront mises en place prochainement. Seulement, les effets secondaires seront nombreux et pas des plus agréables. La fatigue commence, puis viennent les nausées. Après cela les cheveux tombent, c’est l’alopécie. C’est l’effet secondaire le plus redouté par les patients, le plus visible, le plus choquant. Beaucoup vivent ce symptôme comme un stigmate de leur maladie, une perte de leur identité, une baisse d’estime de soi." Extrait du livre
Une leçon à apprendre...
Il ne faut pas attendre de ce livre qu’il vous apporte la plume remarquable d’un écrivain chevronné, au verbe éprouvé, parce que ce n’est pas son but. Une correction et une mise en page professionnelle auraient été un plus. Il est rédigé dans un langage simple, presque enfantin parfois pour exprimer la souffrance face à la perte d’un être cher et la lutte qui lui a précédé.
Alors que nombreux sont ceux à se plaindre du moindre petit bobo, du plus petit souci sans grande conséquence, mais juste un peu désagréable, de la petite guéguerre entre amis ou voisins, ou à se mirer constamment le nombril sans jamais ôter les œillères qui obstruent leur champ de vision sur le monde extérieur à leur petite personne, autour d’eux s’en trouvent d’autres qui endurent l’inacceptable, l’insoutenable, l’invivable dans un courage empreint d’exemplarité sans s’apitoyer sur eux-mêmes ou geindre devant les difficultés qui s’accumulent devant eux. 
Les premiers se croient peut-être à l’abri alors que "contrairement aux idées reçues, les mauvaises choses n’arrivent pas qu’aux autres".
Clément a 7 ans lorsqu’il tombe malade. Il est atteint d’une "Tumeur rhabdoïde tératoïde atypique", une maladie grave, rare et fulgurante qui aura raison de son combat. Celui de vouloir vivre à tout prix malgré l’absence totale de traitement pour l’enrayer. C’est Tifany, sa sœur, qui témoigne avec toute la peine que l’on peut imaginer, car « rien ne remplace l’irremplaçable ».
Il n’est jamais simple de voir souffrir un proche, a fortiori un proche fusionnel avec soi-même. Tifany le décrit sous ces mots : "Ton sourire fait le mien, ton bonheur aussi. Ta tristesse fait ma peine et ta joie fait la mienne". Et il n’est pas pire douleur que celle que l’on subit et lorsqu’on y est confronté, nous ne voyons plus qu’elle. 
Tifany est dévastée par ce qui arrive à son petit frère et même si "l’espoir ne meurt jamais certes, mais ici il se fait vite oublier", la maladie n’en a pas fini de faire des siennes parce qu’elle veut s’imposer en « maîtresse des lieux » en s’accaparant le moindre espace de l’être qu’elle investit et de tous les proches qui l’entourent : la famille.
...dans l'espoir de ne jamais la vivre !
Et comme il n’y a pas de maladie sans souffrance, tous les jours elle se montre un peu plus cruelle. Dévastatrice et dévoreuse, elle engloutit l’espace, le temps, la patience que l’on peut avoir, les forces que l’on déploie, pour mener le patient et son entourage sur le chemin de l’impuissance.
Ce livre montre, avant tout, la force qu’ont les enfants, mais cela vaut pour l’être humain en général, face à la maladie, leur détermination dans un combat injuste, leur acceptation des soins indispensables, et néanmoins si douloureux, leur résignation face à un état qu’ils ne peuvent contrôler dans une résistance inimaginable.
Je conseille ce livre dans une solidarité affective et pour que l’on garde à l’esprit que Clément n’est qu’un enfant parmi tant d’autres à avoir combattu de toutes ses forces dans une lutte sans merci, mais dans laquelle il n’aura pas eu la chance d’avoir le dernier mot. Et comme tant d’autres personnes qui se battent tous les jours, parfois dans le silence pour épargner leurs proches, tout en étant dans l’incertitude de ce que sera leur lendemain.
Que tous ces êtres de courage reposent en paix dans la douceur des cieux parce qu’ils le méritent amplement. Et c’est à Tifany que je laisserai le mot de la fin, ici, avec ceux destinés à son frère : "Tu es semblable à une étoile, on ne te voit que quelques instants mais ta beauté est si intense que l’on s’en souvient toute notre existence".
Marie BARRILLON
Informations sur le livre :
Titre : Au nom de mon frère
Auteur : Tifany CAPLIEZ
Editions : TheBookEdition
ISBN : 9782746661509
Prix format papier : 12,00 €
Prix format PDF : 7,00 €

samedi 22 novembre 2014

Le clodo

"Non Rêveur, c’est comme tu l’as dit : ta vie. Si tu veux nous la raconter, c’est parce que tu as confiance en nous. Alors je ne veux pas salir notre amitié. Je ne veux pas que des centaines de gens sachent ton histoire. Ils ne la comprendraient certainement pas. Un jour ou l’autre, je le ferai ce reportage sur les clochards. Je ne sais pas où tu seras à ce moment-là, mais sois certain que j’aurai une pensée pour toi. En souvenir de toi, je parlerai de ces gens non pas comme s’ils étaient des pestiférés, mais des êtres humains. Je t’en donne aujourd’hui ma parole." Extrait du livre
Le reportage
Philippe, journaliste, doit faire un reportage à la demande de son patron, "un reportage sur les clochards de la ville de Lyon". Alors que Philippe aurait plutôt souhaité faire "un reportage sur les anciennes, et nouvelles Halles qui se trouvent à la Part-Dieu maintenant".
Le patron lui suggère donc d’associer les deux sujets puisque "dans les années soixante, les halles des Cordeliers regorgeaient de clochards qui se nourrissaient des restes de cette énorme concentration de bouffe qu’étaient les halles à cette époque". Le sujet n’est pas banal, le patron y voit donc un double intérêt.
Quant à Philippe, il va devoir se surpasser, redoubler d’efforts et de patience pour parvenir à dégoter LE personnage à même de lui permettre d’alimenter son reportage. Ses recherches vont l’amener à faire la connaissance de Benjamin, patron d’un bistrot faisant face aux halles.
Le journaliste apprend qu’il y a bien un clochard qui vient dans le coin. Il s’installe parfois dans le bistrot, toujours à la même table, laissant couler le temps en observant les halles durant des heures sans jamais dévier le regard.
Qui est cet homme ? Quel passé renferme-t-il ? Pourquoi est-il devenu un errant de la rue ? Tant d’interrogations auxquelles Philippe aimerait bien avoir les réponses ! Mais, comme les choses se passent rarement comme on le voudrait, le "clodo" n’apparaît pas. Philippe perd espoir de le trouver, abandonnant même l’idée de réaliser le reportage. Toutefois, le journaliste sera récompensé
pour avoir fait preuve de patience et de persévérance.
La patience, une alliée
Et la patience paie toujours ses dettes d’autant plus si elle est associée à la persévérance. Bien que le reportage ne sera pas celui attendu par son patron, Philippe et ses nouveaux amis découvrent un homme d’exception dans ce "clodo" que tous appellent le « Rêveur ».
Le reportage ne sera plus qu’un souvenir pour laisser place à une amitié intègre. Une amitié véritable et sans aucun calcul. De celle qu’on ne cumule pas dans une vie, comme le dit le dicton, les véritables amis se comptent sur les doigts d’une main.
Le "Rêveur" racontera son histoire à ses amis parce qu’il n’y a qu’à eux qu’il peut parler de son passé, dévoiler l’inavouable, en laissant son cœur s’épancher librement. Le cœur a besoin d’intimité et de sincérité pour parvenir à ouvrir ses persiennes et laisser échapper les souvenirs, surtout lorsqu’ils sont douloureux.
"Le clodo" est une belle histoire d’amitié, de solidarité, de partage, sous couvert de souvenirs tragiques. Une belle histoire qui finit bien, comme devrait s’achever toutes les histoires, c’est-à-dire dans la joie, le bonheur, l’amour quel qu’en soit le degré !
Marie BARRILLON
Informations sur le livre :
Titre : Le clodo
Auteur : Jean-Pierre BRINET
Editions : TheBookEdition
ISBN : 9782953898972
Prix : 12 €

mardi 18 novembre 2014

Ce que j'aimerais te dire

"Ce que j’aimerais te dire ma fille, c’est qu’il n’y a pas de mal à être ambitieux pour sa vie, pour soi et les siens, à condition de ne pas s’emballer et de ne jamais oublier d’où l’on vient. L’ambition peut être positive, si l’on veille à se préserver de la cupidité et de l’arrogance qui te fait mépriser l’autre. Il ne faut pas oublier qu’avoir pour avoir n’a pas le moindre sens. « Tout ceci restera sur terre », disait ton arrière-grand-père Nikos dont je porte le prénom. « Tout ceci appartient à la terre, poussière il redeviendra. » Et l’éphémère de nos vies fait que rien, en effet, ne nous appartient jamais définitivement, à part notre dignité. Privilégie toujours l’équilibre entre action et modération : si l’une ne doit pas mener au sentiment de toute-puissance, il ne faut pas non plus laisser l’autre nous conduire à tout accepter. Sache rester relax et faire preuve de mètis." Extrait du livre
Préface
La préface de cet ouvrage est signée Jean-Christophe RUFIN de l’académie française, dont il est le membre le plus jeune depuis son entrée en 2008. Plusieurs fois décoré, comme Chevalier des Arts et des Lettres, Officier puis Chevalier de la Légion d’honneur entre autres et pour ne citer que ceux-là (source Wikipédia). Il a plusieurs facettes ; médecin, historien, écrivain, diplomate, et sa notoriété est pour le moins incontestable.
Jean-Christophe RUFIN entame cette préface en déclarant que l’auteur, Nikos ALIAGAS, est "comme Diogène, il conçoit la sagesse comme la force de résister au monde". Il nous décrit la vision qu’il a de l’auteur dont il réalise la préface de l’ouvrage, son ressenti face à l’homme qu’il connaît en exprimant qu’"il faut connaître Nikos pour savoir qu’en la matière, l’essentiel pour lui est la générosité. Ce qu’il a reçu de la tradition grecque, il veut en faire profiter tous ceux qu’il croise".
D’après Jean-Christophe RUFIN, en rédigeant ce livre pour sa fille, dans un premier temps, il n’en demeure pas moins que "c’est à une génération de jeunes sans repères qu’’il s’adresse". Tout en continuant à révéler son ressenti, il nous informe que Nikos "parle d’une voix douce, avec humilité mais ses paroles sont fortes et elles peuvent épargner bien des souffrances"
Pour achever cette préface, Jean-Christophe RUFIN nous dévoile que « ce livre offre la chance de découvrir l’autre face de cet être infiniment attachant, sa profondeur, sa fragilité qui est toute humaine ».
L’introduction
Dans l’introduction du livre, Nikos ALIAGAS précise : "Cet ouvrage ne se veut en aucun cas moralisateur, ou donneur de leçons. Mon propos est par nature subjectif", cela sera effectivement le cas tout au long des pages.
Ce livre s’adresse en premier lieu à Agathe(*), sa fille, mais pas seulement… nous l’avons vu. Les mots sont ceux d’un homme qui se découvre soudain dans le regard de cet enfant qu’il a conçu, ce trésor qu’il a lui-même créé. 
Il s’adresse également à tous ceux qui en comprendront les préceptes ou qui y trouveront des réponses à leurs interrogations. Nikos ALIAGAS formule son idée ainsi : "En vérité, je n’ai pas écrit ce livre pour ma fille ou pour moi, mais pour nous, pour ce que nous sommes et ce que nous allons devenir. Comme une bouteille lancée à la mer de notre avenir".
Cet ouvrage nous fait voyager à travers la mythologie et la philosophie dont toutes les citations renvoient à des notes de bas de pages, permettant d’en savoir plus, si tant est que ce soit nécessaire, et pour les avides de savoir. Mais, il nous fait voyager également au cœur de l’histoire familiale, proche et plus lointaine, de l’auteur
Un héritage familial se doit d’être partagé, plus encore avec nos enfants, parce qu’il apporte, mieux que les livres d’histoire, et transmet ce fil par lequel nous sommes venus, tenus, et qui perdurera après nous.
Au fil des pages, nous découvrons un père qui parle humblement et tout en sagesse, laissant loin derrière lui l’homme de télévision que l’on connaît. D’ailleurs, au cours de la lecture on oublie ce dernier pour ne plus voir que l’homme, le père avec toute sa sensibilité et sa simplicité. Il partage les valeurs qu’il a reçues et qui le régissent, dans lesquelles on se retrouve, même si trop souvent la société actuelle les perd de vue.
L’auteur parle de son enfance, de ses parents, de ses ancêtres, de ses origines dont il se sent, se sait, habité en citant des bribes de la mythologie pour mieux imager ces valeurs qu’il souhaite offrir à sa fille, mais aussi, par ricochet, à nous lecteurs en nous offrant le pouvoir de nous identifier au sein de ces mêmes valeurs.
Les valeurs primordiales
De l’amour, sentiment dans sa globalité, il dit que : "Aimer les autres sans rien attendre en retour est évidemment bien plus fort que d’attendre coûte que coûte d’être aimé, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons". De l’amitié, il nous explique qu’elle "se construit, avec, pour alliés, la sincérité et le temps", entre autres. 
Il expose aussi son sentiment sur l’apparence dont l’importance ne se trouve pas dans le visuel ou le paraître qui en dénature la substance véritable, mais plutôt en ces termes : "Chez les Grecs, on ne sacralise pas le corps pour la plastique, on le respecte comme une entité sacrée"
Il explique à sa fille de ne pas "craindre l’affrontement, crains surtout de ne pouvoir te battre", tout comme l’importance de se détacher des regrets, car "les regrets n’engendrent qu’amertume et frustrations", (ce que je dis, d’ailleurs, dans mon dernier roman) ou encore : "Ne regrette que ce que tu n’as pas encore entrepris".
Il n’oublie pas qui il est et d’où il vient, ce que chacun devrait garder en soi pour savoir apprécier ce que la vie nous donne, car rien n’est jamais acquis : "Chez nous, on avait peu mais on était heureux… […] Dans notre famille, on ne regrette jamais nos décisions. On avance comme on peut, mais on avance"
Quant à la notion de père, elle ne s’acquière que lorsqu’on devient père, l’auteur le montre parfaitement par sa lucidité à travers cette phrase forte : "Depuis que je suis père, je suis obligé de me projeter pour la chair de ma chair ! Et mon exigence est décuplée : je me découvre critique, méfiant, prêt à bondir, comme je ne l’ai jamais été auparavant".
Toutes ces notions, et celles présentes dans l’ouvrage, ne pouvant toutes les citer, je les ai moi-même reçues de mes parents et grands-parents, et j’ai tenté de les inculquer à mes enfants. Elles m’apparaissent comme une évidence quand pour d’autres c’est une hérésie, mais pour autant elles sont criantes de vérités.
Nikos ALIAGAS nous offre ici une plume légère, malgré le sérieux de la démarche et des propos, mais aussi constructive. La lecture est aisée, car le verbe est authentique. Le style reste simple comme s’il était tout simplement, là, en train de nous parler, tel un huis clos entre le lecteur et lui-même.
Un ouvrage à lire absolument !
Quelques phrases relevées au cours de ma lecture parmi tant d’autres :

- "Nous sommes tous porteurs d’une histoire, d’un héritage connu ou méconnu, conscient ou inconscient, qui régit nos vies et nos envies."
- "Le Kairos, c’est l’instant fugace que l’on est appelé à reconnaître ou non, tel Orphée, un rendez-vous entre le visible de notre vie et l’invisible des Dieux, le moment décisif qui active notre libre-arbitre."

- "Ce qui compte, c’est moins le résultat final que le dépassement de soi."

- "La perception qu’on a du temps qu’il nous reste à vivre n’est plus la même quand on a un enfant."

- "Le "toujours plus", c’est ne pas respecter la part qui revient à chacun, outrepasser ses droits et faire preuve de déraison."

- "La reconnaissance véritable sanctionne nos actes, et certainement pas le paraître."

- "L’ambition peut être positive, si l’on veille à se préserver de la cupidité et de l’arrogance qui te fait mépriser l’autre."

- "La meilleure façon de se débarrasser d’une étiquette, c’est d’en coller plein d’autres dessus !"

- "L’idée n’est pas de tromper l’autre à tout prix, mais de pouvoir continuer son chemin face à un supérieur."

- "Si on ne peut atteindre la perfection, on peut aspirer à devenir meilleur, en phase avec les autres et soi-même."

- "Si ce que tu éprouves pour l’autre n’est pas teinté de la certitude du cœur, alors passe ton chemin et garde une distance pour te protéger. Tu as le droit de te tromper, mais essaie de ne jamais te mentir."

- "Au terme du chemin, il ne restera rien de nos vanités humaines, juste le souvenir d’avoir un jour essayé d’être meilleurs et d’avoir aimé." 

Marie BARRILLON
* Signification du prénom Agathe : Agathe possède une nature sensible, même si elle ne montre pas toujours ses émotions. Éprise d'équilibre et d'harmonie, c'est une esthète. Souvent marquée par la famille, elle peut vivre cette empreinte familiale dans le bon sens comme dans le mauvais. Elle n'est pas dépourvue d'une certaine force intérieure qui la rend efficace face aux dures réalités de la vie. Ne manquant pas de sens pratique, friande d'indépendance et capable de prendre des responsabilités, elle est ambitieuse et montre une grande confiance en elle-même. 
Enfant, elle n'est pas forcément docile, notamment lorsque les parents font preuve d'un autoritarisme auquel elle est allergique : c'est un « caractère » ! Son sentiment de justice est exacerbé. Aussi, à la moindre attaque inique à ses yeux, se révoltera-t-elle, se dévoilant ainsi agressive et ingouvernable. 
En revanche, en favorisant son sens des responsabilités et en considérant son individualité, ses parents sentiront son besoin d'être valorisée et son souci de bien faire, qui est certain. C'est ainsi qu'on peut la voir tour à tour conciliante, sensible, active, disciplinée, perfectionniste, même, lorsque l'harmonie règne au sein de sa famille. Puis rebelle, révoltée, agressive, prenant facilement le chemin de l'inactivité, de l'indolence ou de la paresse lorsqu'elle manque de motivations affectives. Lire la suite…
Informations sur le livre :
Titre : Ce que j’aimerais te dire
Auteur : Nikos ALIAGAS
Editions : Nil
ISBN : 9782841116874
Format broché : 17,50 €