"Ce que j’aimerais te dire ma
fille, c’est qu’il n’y a pas de mal à être ambitieux pour sa vie, pour soi et
les siens, à condition de ne pas s’emballer et de ne jamais oublier d’où l’on
vient. L’ambition peut être positive, si l’on veille à se préserver de la
cupidité et de l’arrogance qui te fait mépriser l’autre. Il ne faut pas oublier
qu’avoir pour avoir n’a pas le moindre sens. « Tout ceci restera sur terre »,
disait ton arrière-grand-père Nikos dont je porte le prénom. « Tout ceci appartient
à la terre, poussière il redeviendra. » Et l’éphémère de nos vies fait que
rien, en effet, ne nous appartient jamais définitivement, à part notre dignité.
Privilégie toujours l’équilibre entre action et modération : si l’une ne
doit pas mener au sentiment de toute-puissance, il ne faut pas non plus laisser
l’autre nous conduire à tout accepter. Sache rester relax et faire preuve de
mètis." Extrait du livre
Préface
La préface de cet ouvrage est signée Jean-Christophe RUFIN
de l’académie française, dont il est le membre le plus jeune depuis son entrée
en 2008. Plusieurs fois décoré, comme Chevalier des Arts et des Lettres,
Officier puis Chevalier de la Légion d’honneur entre autres et pour ne citer
que ceux-là (source Wikipédia).
Il a plusieurs facettes ; médecin, historien, écrivain, diplomate, et sa
notoriété est pour le moins incontestable.
Jean-Christophe
RUFIN entame cette préface en déclarant que l’auteur, Nikos ALIAGAS, est "comme Diogène, il conçoit la sagesse
comme la force de résister au monde". Il nous décrit la vision qu’il
a de l’auteur dont il réalise la préface de l’ouvrage, son ressenti face à
l’homme qu’il connaît en exprimant qu’"il
faut connaître Nikos
pour savoir qu’en la matière, l’essentiel pour lui est la générosité. Ce qu’il
a reçu de la tradition grecque, il veut en faire profiter tous ceux qu’il
croise".
D’après Jean-Christophe
RUFIN, en rédigeant ce livre pour sa fille, dans un premier temps, il n’en
demeure pas moins que "c’est à une
génération de jeunes sans repères qu’’il s’adresse". Tout en
continuant à révéler son ressenti, il nous informe que Nikos "parle d’une voix douce, avec humilité
mais ses paroles sont fortes et elles peuvent épargner bien des
souffrances".
Pour achever cette préface, Jean-Christophe RUFIN
nous dévoile que « ce livre offre la
chance de découvrir l’autre face de cet être infiniment attachant, sa
profondeur, sa fragilité qui est toute humaine ».
L’introduction
Dans l’introduction du livre, Nikos ALIAGAS
précise : "Cet ouvrage ne se
veut en aucun cas moralisateur, ou donneur de leçons. Mon propos est par nature
subjectif", cela sera effectivement le cas tout au long des pages.
Ce livre s’adresse en premier lieu à Agathe(*), sa
fille, mais pas seulement… nous l’avons vu. Les mots sont ceux d’un homme qui
se découvre soudain dans le regard de cet enfant qu’il a conçu, ce trésor qu’il
a lui-même créé.
Il s’adresse également à tous ceux qui en comprendront les
préceptes ou qui y trouveront des réponses à leurs interrogations. Nikos ALIAGAS formule son
idée ainsi : "En vérité, je
n’ai pas écrit ce livre pour ma fille ou pour moi, mais pour nous, pour ce que
nous sommes et ce que nous allons devenir. Comme une bouteille lancée à la mer
de notre avenir".
Cet ouvrage nous fait voyager à travers la mythologie et la philosophie
dont toutes les citations renvoient à des notes de bas de pages, permettant
d’en savoir plus, si tant est que ce soit nécessaire, et pour les avides de
savoir. Mais, il nous fait voyager également au cœur de l’histoire familiale,
proche et plus lointaine, de l’auteur.
Un héritage
familial se doit d’être partagé, plus encore avec nos enfants, parce qu’il
apporte, mieux que les livres d’histoire, et transmet ce fil par lequel nous
sommes venus, tenus, et qui perdurera après nous.
Au fil des pages, nous découvrons un père qui parle humblement et tout
en sagesse, laissant loin derrière lui l’homme de télévision que l’on connaît.
D’ailleurs, au cours de la lecture on oublie ce dernier pour ne plus voir que
l’homme, le père avec toute sa sensibilité et sa simplicité. Il partage les
valeurs qu’il a reçues et qui le régissent, dans lesquelles on se retrouve,
même si trop souvent la société actuelle les perd de vue.
L’auteur parle
de son enfance, de ses parents, de ses ancêtres, de ses origines dont il se
sent, se sait, habité en citant des bribes de la mythologie pour mieux imager
ces valeurs qu’il souhaite offrir à sa fille, mais aussi, par ricochet, à nous
lecteurs en nous offrant le pouvoir de nous identifier au sein de ces mêmes
valeurs.
Les valeurs primordiales
De l’amour, sentiment dans sa globalité, il dit que : "Aimer les autres sans rien attendre
en retour est évidemment bien plus fort que d’attendre coûte que coûte d’être
aimé, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons". De
l’amitié, il nous explique qu’elle "se
construit, avec, pour alliés, la sincérité et le temps", entre autres.
Il expose aussi son sentiment sur l’apparence dont l’importance ne se trouve
pas dans le visuel ou le paraître qui en dénature la substance véritable, mais
plutôt en ces termes : "Chez
les Grecs, on ne sacralise pas le corps pour la plastique, on le respecte comme
une entité sacrée".
Il explique à sa fille de ne pas "craindre l’affrontement, crains
surtout de ne pouvoir te battre", tout comme l’importance de se
détacher des regrets, car "les
regrets n’engendrent qu’amertume et frustrations", (ce que je dis,
d’ailleurs, dans mon dernier roman) ou encore : "Ne regrette que ce que tu n’as pas encore entrepris".
Il n’oublie pas qui il est et d’où il vient, ce que chacun devrait
garder en soi pour savoir apprécier ce que la vie nous donne, car rien n’est
jamais acquis : "Chez nous, on
avait peu mais on était heureux… […] Dans notre famille, on ne regrette jamais
nos décisions. On avance comme on peut, mais on avance".
Quant à la
notion de père, elle ne s’acquière que lorsqu’on devient père, l’auteur le montre parfaitement
par sa lucidité à travers cette phrase forte : "Depuis que je suis père, je suis obligé de me projeter pour la
chair de ma chair ! Et mon exigence est décuplée : je me découvre
critique, méfiant, prêt à bondir, comme je ne l’ai jamais été auparavant".
Toutes ces notions, et celles présentes dans l’ouvrage, ne pouvant
toutes les citer, je les ai moi-même reçues de mes parents et grands-parents,
et j’ai tenté de les inculquer à mes enfants. Elles m’apparaissent comme une
évidence quand pour d’autres c’est une hérésie, mais pour autant elles sont
criantes de vérités.
Nikos ALIAGAS
nous offre ici une plume légère, malgré le sérieux de la démarche et des
propos, mais aussi constructive. La lecture est aisée, car le verbe est
authentique. Le style reste simple comme s’il était tout simplement, là, en
train de nous parler, tel un huis clos entre le lecteur et lui-même.
Un ouvrage à lire
absolument !
Quelques phrases relevées au cours de
ma lecture parmi tant d’autres :
- "Nous sommes tous porteurs d’une histoire, d’un héritage connu
ou méconnu, conscient ou inconscient, qui régit nos vies et nos envies."
- "Le Kairos,
c’est l’instant fugace que l’on est appelé à reconnaître ou non, tel Orphée, un
rendez-vous entre le visible de notre vie et l’invisible des Dieux, le moment
décisif qui active notre libre-arbitre."
- "Ce qui compte, c’est moins le résultat final que le
dépassement de soi."
- "La perception qu’on a du temps qu’il nous reste à vivre n’est
plus la même quand on a un enfant."
- "Le "toujours plus", c’est ne pas respecter la part
qui revient à chacun, outrepasser ses droits et faire preuve de
déraison."
- "La reconnaissance véritable sanctionne nos actes, et
certainement pas le paraître."
- "L’ambition peut être positive, si l’on veille à se préserver
de la cupidité et de l’arrogance qui te fait mépriser l’autre."
- "La meilleure façon de se débarrasser d’une étiquette, c’est
d’en coller plein d’autres dessus !"
- "L’idée n’est pas de tromper l’autre à tout prix, mais de
pouvoir continuer son chemin face à un supérieur."
- "Si on ne peut atteindre la perfection, on peut aspirer à
devenir meilleur, en phase avec les autres et soi-même."
- "Si ce que tu éprouves pour l’autre n’est pas teinté de la
certitude du cœur, alors passe ton chemin et garde une distance pour te
protéger. Tu as le droit de te tromper, mais essaie de ne jamais te
mentir."
- "Au terme du chemin, il ne restera rien de nos vanités
humaines, juste le souvenir d’avoir un jour essayé d’être meilleurs et d’avoir
aimé."
Marie BARRILLON
* Signification du prénom Agathe : Agathe possède une nature sensible, même si elle ne montre pas
toujours ses émotions. Éprise d'équilibre et d'harmonie, c'est une esthète.
Souvent marquée par la famille, elle peut vivre cette empreinte familiale dans
le bon sens comme dans le mauvais. Elle n'est pas dépourvue d'une certaine
force intérieure qui la rend efficace face aux dures réalités de la vie. Ne
manquant pas de sens pratique, friande d'indépendance et capable de prendre des
responsabilités, elle est ambitieuse et montre une grande confiance en
elle-même.
Enfant, elle n'est pas forcément docile, notamment lorsque les
parents font preuve d'un autoritarisme auquel elle est allergique : c'est un «
caractère » ! Son sentiment de justice est exacerbé. Aussi, à la moindre
attaque inique à ses yeux, se révoltera-t-elle, se dévoilant ainsi agressive et
ingouvernable.
En revanche, en favorisant son sens des responsabilités et en
considérant son individualité, ses parents sentiront son besoin d'être
valorisée et son souci de bien faire, qui est certain. C'est ainsi qu'on peut
la voir tour à tour conciliante, sensible, active, disciplinée,
perfectionniste, même, lorsque l'harmonie règne au sein de sa famille. Puis
rebelle, révoltée, agressive, prenant facilement le chemin de l'inactivité, de
l'indolence ou de la paresse lorsqu'elle manque de motivations affectives.
Lire la
suite…
Informations sur le livre :
Titre :
Ce
que j’aimerais te dire
Auteur : Nikos ALIAGAS
Editions : Nil
ISBN : 9782841116874
Format broché : 17,50 €
Auteur : Nikos ALIAGAS
Editions : Nil
ISBN : 9782841116874
Format broché : 17,50 €
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