"Quand je rêve de
Baptiste, je le vois faisant la sieste, en haut, dans la chambre des enfants. Je
m’émerveille de ses paupières de nacre, du battement de ses cils. La douce
rondeur de ses joues. Ses lèvres entrouvertes, son souffle lent, paisible. Je contemplais
cet enfant pendant des heures… […] Quand je rêve de lui, comme je le fais
depuis vingt ans, je me réveille les larmes aux yeux. Mon cœur n’est plus que
douleur. C’était plus facile quand vous étiez avec moi, car dans la nuit, je
pouvais tendre la main et sentir votre épaule rassurante. Aujourd’hui, plus
personne n’est là pour moi. Que le silence, froid et mortel. Je pleure seule. Voilà
une chose que je sais fort bien faire." Extrait du livre
Paris à l'heure du changement
Rose vit rue Childebert
depuis son mariage avec Armand Bazelet, elle est née et a grandi tout près,
Place Gozlin. Cette maison de la rue Childebert appartient à la famille Bazelet
depuis deux siècles et à l’heure où Paris change sous le second empire, Rose à
promis à son mari, avant qu’il ne quitte ce monde, de ne jamais abandonner
cette maison qu’il aimait tant et qu’elle a appris à aimer avec la même
constance.
Mais, le Baron Haussmann veut moderniser la capitale en la dotant de
grands boulevards au nom de son embellissement : "Le préfet et l'empereur rêvaient d'une cité moderne. Une très
grande cité. Et nous le peuple de Paris, n'étions que des pions dans cette
gigantesque partie d'échecs".
Comme toujours dans ces
cas-là, l’expropriation est inévitable et la population doit abdiquer et s’en
aller. Seulement, Rose ne le voit pas du même œil et ne veut pas céder, malgré
le dédommagement pécuniaire. Des peines et des douleurs, Rose en a vécu
quelques-unes dans cette bâtisse, y compris la pire de toute, alors que le
choléra avait fait des ravages : "Non,
pas mon fils […] Cette nuit-là, j’ai vu mourir mon fils chéri et j’ai senti ma
vie perdre tout son sens."
Elle voit les rues se
vider, les amis et voisins partir, jusqu’à se retrouver presque seule : "Je vis une époque d’isolement et de
lutte, et me surprends à en supporter les rigueurs".
Comment quitter
des lieux sans ombrage, lorsqu’on y est né, qu’on y a vécu toute une vie et que
tout s’y trouve, souvenirs, joies, bonheurs, peines aussi ? Comment renier
une promesse faite à l’être aimé disparu sans ressentir culpabilité et
douleur ?
Mais, quand partir est impossible
Rose décide de prendre la plume pour écrire une longue lettre à Armand pour lui conter l’avancement des travaux qu’elle exècre : "Oui, je la voyais, cette progression inexorable de la rue de Rennes jaillissant droit dans notre direction depuis la gare de chemin de fer de Montparnasse, et le boulevard Saint-Germain, ce monstre affamé, rampant vers l’ouest depuis le fleuve".
Rose décide de prendre la plume pour écrire une longue lettre à Armand pour lui conter l’avancement des travaux qu’elle exècre : "Oui, je la voyais, cette progression inexorable de la rue de Rennes jaillissant droit dans notre direction depuis la gare de chemin de fer de Montparnasse, et le boulevard Saint-Germain, ce monstre affamé, rampant vers l’ouest depuis le fleuve".
Mais aussi, parce qu’il est temps pour elle de lui faire un
aveu. Un aveu pour lequel elle n’a jamais trouvé le courage suffisant pour le
partager lorsqu’il était encore en vie. Aujourd’hui, elle veut le faire, il le
faut : "La seule chose que je
redoute est de ne pas réussir à vous dire ce que je dois vous révéler tant
qu’il en est temps".
Cependant, avant d’y parvenir, elle se laisse
emporter par ses souvenirs qu’elle relate avec douceur, même lorsqu’ils sont
tristes ou douleur, c’est selon. C’est ainsi que je la ressens Rose au cours de
ma lecture : une femme douce que l’on aurait envie de choyer.
Un très beau roman où
l’on appréciera les détails apportés quant aux descriptions des travaux, des
destructions des maisons à la construction des grands boulevards, les souvenirs
et les sentiments de Rose, la douceur qui émane d’elle, l’amour indéfectible
qui l’aura uni à son mari dès le premier instant. Bien que le tragique de la
situation ne soit pas gai, on ne peut s’empêcher d’éprouver une véritable
tendresse pour cette femme de cœur.
À l’heure où notre
société est secouée de-ci delà, dans cet ouvrage nous (re)découvrons ce qu’ont
été certains moments tragiques, pour peut-être nous faire prendre conscience
que, finalement, nous ne sommes pas tant à plaindre que cela à l’époque
actuelle que nous traversons avec mécontentement trop souvent !
Marie BARRILLON
Marie BARRILLON
Informations
sur le livre :
Titre : Rose
Auteur : Tatiana de Rosnay
Editeur : Editions Héloïse d'Ormesson (Eho)
ISBN : 9782350871608
Format Kindle : 11,99 €
Format poche : 8,00 €
Titre : Rose
Auteur : Tatiana de Rosnay
Editeur : Editions Héloïse d'Ormesson (Eho)
ISBN : 9782350871608
Format Kindle : 11,99 €
Format poche : 8,00 €
Pas mal mais je m'attendais à mieux. Par contre les descriptions de Paris de l'époque, super!
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