"Dire qu’ils sont le fruit
du seul véritable amour de ma vie ! Malgré cela, je n’ai rien fait pour
les revoir. […] Je ne voulais, ni ne pouvais faire irruption dans leur vie…
J’ai le sentiment aujourd’hui qu’une partie de moi n’a jamais existé. […]
Aujourd’hui, je suis vieux et malade. Les excès de ma vie. Un peu comme un lent
suicide. […] Je sens les regrets me gagner. Les remords aussi. […] Je sais que
je ne reverrai jamais mes enfants." Extrait du livre
Lorsque l’on est happé par une
passion, le plus difficile est de trouver le juste dosage entre elle et tout le
reste qui fonde notre vie. il arrive cependant qu’une passion prenne tant de
place qu’on en oublie quelque peu, voire trop, ce qui est notre véritable
quotidien, qu’on le fasse passer au second plan, involontairement ou par
obsession.
Car lorsqu’on est vraiment dévoré par la passion, chaque instant
ailleurs est "presque" une perte de temps. On y pense et cette pensée
est dévorante.
Alors, entre quotidien
et passion, à défaut de trouver une juste mesure, certains prennent la décision
d’abandonner le premier pour vivre le second pleinement.
C’est ce que va faire Louis.
Mais, est-ce possible sans se retourner. Est-il possible de vivre sereinement
sans culpabilité aucune ?
Il est de même évidence qu’on se
croit parfois en sécurité dans la vie sous prétexte que l’on est marié, que
l’on a une bonne situation professionnelle, que l’on est posé, néanmoins, nous
en oublions parfois de regarder la personne qui partage notre vie ; notre
moitié.
Les jours, les mois, les années
passent en laissant libre tout l’espace pour que la platitude s’installe sans
se faire remarquer. Puis, un jour, l’œil s’ouvre sur notre univers trop
longtemps ignoré, montrant la vie hypocrite que nous menons.
Louis n’échappe donc pas à la
règle et se voit projeté face à sa réalité lorsque sa femme se vide l’esprit et
le cœur de toute sa peine emmagasinée : "Comme un coupable entend prononcer sa sentence, je sentis un
poids énorme s’abattre sur mes épaules. […] La pauvreté de mon existence me
sautait à la face".
Prenant en considération, dans un
premier temps, les mots prononcés par sa femme, soudain un autre aspect se fait
jour pour Louis ; sa condition personnelle. Il réalise que le bonheur ne
peut se satisfaire de faire semblant et que vivre de convenances ou de
situations d’arrangements peut encore moins se substituer, là aussi, au
bonheur.
Puis, par un pur hasard, Jeanne,
son premier amour, réapparaît dans sa vie. A ce moment, comme une évidence,
tout bascule. C’est le début d’un changement radical pour Louis : fuite de
la bourgeoisie encombrante, naissance de nouveaux et difficiles conflits, tout
en étant enfin couronné par ce bonheur tant souhaité.
Mais, est-ce vraiment cela le
bonheur ? Durant quelque temps peut-être ! Cependant, qu’est-ce
quelques temps sur le fil de toute une vie ? Rien qu’une goutte d’eau dans
l’océan !
Une fois encore, tout va
s’écrouler pour l’entrejambe d’une secrétaire. Abandonnant, sans un regard,
femme et enfants ; mais, le remords rattrape toujours le fautif à un
moment ou à un autre ; pour certains parfois plus vite que pour d’autres. Louis sombre !
Tout au long de ces années, Louis
aura fait les mauvais choix en cherchant ce qu’il croyait être son bonheur,
alors que celui-là même il le possédait déjà sans savoir le regarder, le
reconnaître.
Seulement, le plus grand des
remords est celui qu’on ressent face à des actes qu’on n’a pas su réparer en
temps opportuns : "Je connais
l’issue de ma maladie… […] Le rire des enfants sur la plage. La pensée des
miens me hante chaque jour davantage".
Alors, arrivé au seuil de ce
qui reste à vivre dans le vide, chercher réparation : "Si je n’ai pas eu le courage de leur dire au cours de ma vie, je
ne veux pas partir sans qu’ils sachent. Ces quelques lignes comme une dernière
volonté. Ce testament comme un acte de naissance".
Et lorsque les regrets prennent
place, ils envahissent l’être de leur petite rengaine lancinante qui n’accorde
que très rarement du répit : "Je
m’éveillais terrorisé par le remords comme si le diable s’était penché sur mon
lit".
Marie BARRILLON
Informations sur le
livre :
Titres : Ressacs
Auteur : Yann
DUPONT
Editions : Kirographaires
ISBN : 9782917680506
Format broché d'occasion : 10,00 €
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