Entretien avec Bernard PELCHAT suite à la sortie de son roman "Des nouvelles de ma sœur".
100% Auteurs : Les lecteurs aiment découvrir leurs auteurs
autrement qu’à travers leurs livres. D’où vous vient ce goût pour l’écriture ?
Bernard PELCHAT : Déjà dans la jeune vingtaine, j'avais écrit deux
courtes pièces de théâtre. J'ai toujours continué sporadiquement d'écrire en
dilettante, mais aussi pour mon travail de promotion d'artistes dans le monde
du spectacle. Depuis une dizaine d'années par contre, j'en ai fait une activité
régulière qui me stimule énormément.
Je me laisse aller plus librement dans la fiction où je peux exprimer mes
perceptions, mes expériences, mes fantaisies, mes envies, mes élucubrations,
mes émotions, mon approche de la vie en quelque sorte, dans des situations
inventées vraisemblables, invraisemblables, folles, inattendues, convenues,
etc.
100% Auteurs : Quelle part prend l’écriture dans votre quotidien
? Est-ce un passe-temps, telle une occupation de loisir, ou une réelle passion
?
Bernard PELCHAT : Quand je travaille à un projet précis,
normalement, j'écris chaque jour en tentant de conserver en moyenne une page
par jour. En dehors de ça, je peux être des semaines sans écrire, mais il y a
constamment quelque chose qui mijote. Ce n’est que partie remise…
100% Auteurs : Votre vie sans l’écriture, pensez-vous que ce
soit possible pour vous ?
Bernard PELCHAT : Oui, dans le sens où je pourrais vivre sans avoir
de projet d'écriture à long terme comme un roman, un récit, un essai ou quoique
ce soit d'autre. Mais je pense que j'aurai toujours quelques lignes à jeter sur papier ou à l’écran, sous quelque
forme que ce soit.
100% Auteurs : Suivant les uns et les autres, les méthodes de
travail sont assez différentes. Avez-vous l’habitude d’établir un plan de
travail ou écrivez-vous plutôt à l’instinct en suivant les pas que votre
inspiration vous impose ?
Bernard PELCHAT : Habituellement, oui, j’élabore un plan de travail.
Un plan de départ qui peut changer par contre au cours du processus de
création. Mon ouvrage Merde... alors !
a été écrit à l'origine sous forme de théâtre musical – qui n’a d’ailleurs
jamais été joué – et a été mis en ligne par la suite sous la forme d’un roman
numérique.
Avec Hôtel Victoire (titre de
travail) que je termine actuellement, j'ai écrit d'une traite le tout début et
la fin du roman. Ne restait plus qu'à combler l'entre-deux pour en développer
un tout cohérent, mais dès le départ, je savais exactement comment il
commencerait et comment il se terminerait.
100% Auteurs : Une citation que vous affectionnez
particulièrement, ce serait laquelle ? Pourquoi celle-là ?
Bernard PELCHAT : « Tu veux bousculer la nature, mais sois
tranquille, elle ne se laissera pas faire. Un jour tu t’en apercevras ! »
Citation dans l’air du temps tirée de Roy Lewis, The évolution Man, Hutchinson 1960, traduit en français par Vercors
et Rita BARISSE sous le titre Pourquoi
j’ai mangé mon père, Acte Sud 1990. La notion actuelle de « progrès »
transposée dans les déboires d’une tribu préhistorique à l’époque de la
découverte du feu. À lire absolument. Un pur délice ! Totalement hilarant,
mais quelle réflexion !
100% Auteurs : Nombre d’auteurs ont des "petits
trucs", des "petites manies", voire des addictions comme par
exemple un café (ou thé) à portée de main, un stylo plutôt qu’un autre...
Avez-vous également ce genre d’habitudes ?
Bernard PELCHAT : Non, absolument rien... sauf le silence.
Indispensable pour moi à la concentration.
100% Auteurs : J’ai souvent pour habitude de dire qu’on ne donne
pas rendez-vous à l’inspiration, qu’elle est seule décisionnaire. Dans votre
cas, est-elle innée ou au contraire avez-vous besoin de réflexion avant
d’entamer un projet d’écriture ?
Bernard PELCHAT : Dans toute forme de création, à mon avis,
l'inspiration ne compte que pour très peu dans l'élaboration d'un projet. Elle
est le déclic qui met en œuvre un long et laborieux processus. Avoir une idée
est plutôt facile. Le travail pour la réaliser, par contre, est beaucoup plus
ardu. La continuité, l'invention, la persévérance sont beaucoup plus
exigeantes, plus bénéfiques, plus riches, plus stimulantes que l'inspiration.
Une idée d’écrit, ça vient tout seul. J'en ai des dizaines dans mes cartons.
Mais en choisir une, la structurer, l'élaborer chapitre par chapitre,
passer des heures, des jours, des mois à son clavier devant son écran, ça c'est
du travail. Bien sûr que tout au long du processus, les idées doivent surgir,
mais ce qui est magique, la plupart du temps, si on les campe bien, nos
personnages nous les dictent eux-mêmes.
100% Auteurs : La question curieuse, s’il devait y en avoir une,
serait la suivante. Y a-t-il des projets littéraires en cours ? (si oui)
Acceptez-vous de nous en parler ?
Bernard PELCHAT : Comme je l'ai écrit précédemment, ces
semaines-ci, je termine un roman qui
s'appellera probablement Hôtel Victoire.
L'action débute le jour du déménagement, à la suite de la vente d’un hôtel. À
partir du deuxième chapitre, flash-back d'un an – de juin 1949 à 1950 – où l'on découvre pourquoi on a
procédé à cette transaction.
On lira ici un ouvrage que je qualifierais de minimaliste comportant
quelque 75 courts chapitres sur environ 125 à 130 pages, avec une certaine
particularité d'approche dont je ne veux pas dévoiler pour l'instant la teneur,
mais qui, je pense, comportera son poids d'originalité. Je commencerai
d'ailleurs bientôt la recherche d'un éditeur pour sa publication. Des
intéressés?
Aussitôt celui-ci terminé, je m’engage dans quelque chose – on ne peut pas
être plus vague – qui adoptera la même structure et les mêmes ondulations
qu’une œuvre musicale très connue. Titre de travail : BGVG. À suivre.
100% Auteurs : Un mot, une citation qui pourrait qualifier
l’être littéraire que vous êtes, ce serait lequel (laquelle) ?
Bernard PELCHAT : Curiosité. Curiosité pour les arts et la culture
en général avec un intérêt particulier pour tout ce qui concerne les arts de la
scène : théâtre, danse, opéra, concert, chanson, comédie musicale,
spectacles multimédias, etc. En écriture, je ne veux pas non plus me confiner
dans une seule manière, mais plutôt explorer les multiples avenues possibles.
Avec les nouveaux médias maintenant, l’éventail se déploie de plus en plus.
100% Auteurs : Même si ce n’est pas toujours le cas, il n’en
demeure pas moins que souvent les auteurs sont de grands adeptes de lecture.
Donc, en termes de lecture, vers quel genre se porte votre préférence ?
Bernard PELCHAT : J'aime beaucoup les polars. Le dernier que j'ai
lu, L'inaveu de Richard Ste-Marie,
auteur québécois publié aux Editions Alire (http://www.alire.com/). Un inspecteur revient sur un meurtre commis
trente-cinq ans plus tôt et en résout l'énigme à partir de touffus documents
d'archives de son père. Je puise parfois dans les gagnants du Prix du Quai des
Orfèvres et j’affectionne aussi les auteurs scandinaves.
100% Auteurs : Les enfants, adolescents et même nombre d’adultes
lisent de moins en moins. Que pensez-vous de cet état de fait ?
Bernard PELCHAT : La lecture n'est pas une activité obligatoire. Si
je me fie à mes deux petits-fils, l'un lit très peu et l'autre dévore. C'est
donc moitié-moitié. Ils n'en sont pas moins épanouis pour autant. La lecture
est une question de goût, d'intérêt. À chacun de trouver son attirance pour les
formes d'art qui lui conviennent. Je suis autant ravi de rencontrer des jeunes
qui ne lisent pas beaucoup, mais qui s’intéressent aux arts visuels, au cinéma,
au numérique, au théâtre, à la chanson, etc.
Pour ma part, depuis un certain temps, je me suis mis à la lecture sur
tablette et je lis davantage qu'auparavant. J’ai relu Dumas, Gide, Camus et
bien d’autres. Les livres sont moins chers. On peut en trouver des centaines
gratuitement, libres de droits. Et on peut transporter sa bibliothèque au grand
complet partout où l’on va. Avis donc aux détracteurs de l'approche numérique
de la lecture...
100% Auteurs : Pour terminer, par rapport à votre vécu, comment
ressentez-vous le parcours dans le milieu de l’édition actuel ?
Bernard PELCHAT : J'ai publié à mon propre compte tout ce que j'ai
écrit jusqu'à maintenant. Mon récit Des
nouvelles de ma sœur a été refusé par une bonne douzaine d'éditeurs au
Québec avant que je ne le sorte moi-même en 2010. Mon Petit Éditeur a décidé de
l'inclure à son catalogue en 2012. J'en suis ravi, mais si je vais dans un
Salon du livre, je dois acheter le nombre d'exemplaires que je pense écouler.
Je prends donc encore pas mal de risques.
On a accès à Merde... alors ! à
partir de mon site web (www.bernardpelchat.com) que j’entretiens à mes frais. Je recommencerai bientôt la ronde pour Hôtel Victoire. Il faut dire qu’à 67
ans, je suis nouveau dans ce monde. Je me considère comme un jeune auteur. Ma
réputation n'est pas encore établie. J'assume donc de bonne grâce ce processus
qui me fera dénicher un jour, j'espère, l’éditeur qui me prendra sous sa
houlette et me fera évoluer élégamment dans ce milieu.
Merci Bernard PELCHAT d’avoir accepté de répondre à nos questions.
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