"Quelque deux ans et demi
après son entrée dans le monde, les médecins ont jugé que tout effort
supplémentaire pour aider Sylvie était vain. Ils l’ont amenée à un certain
stade de confort et ils ne pouvaient pas aller plus loin. Ayant reçu l’avis de
sa libération, papa était parti la chercher avec ma tante Blandine pour la
ramener au bercail. La « ramener » n’était pas le terme exact à
utiliser ici puisqu’elle n’y avait passé à peine quelques heures depuis sa
naissance." Extrait du livre
Sylvie…
Le début de cet ouvrage nous raconte l'enfance insouciante au sein d'une
famille à une époque révolue qui n'a plus aucune ressemblance avec la jeunesse
d'aujourd'hui. A cet époque, début des années cinquante, les enfants n'avaient
ni ordinateurs ni jeux vidéos et de ce fait la vie avait une toute autre
saveur.
Celle où l’on apprenait des « anciens » ce que la vie avait à apporter
où offrir sans jamais trouver aucun moment pour s'ennuyer ou encore se plaindre
: « Combien d'heures avons-nous passées en folles baignades où, profitant des
conseils des plus grands, nous apprivoisions les rudiments de la natation [...]
Quelles parties de pêche nous avons faites avec des adultes expérimentés qui
nous initiaient patiemment à la répulsive manipulation des vers [...] Que dire
des multiples excursions dans la forêt où nous allions escalader une immense
falaise... ».
Tant d'activités de nos jours trop rares et que nous jeunes ne savent pas
apprécier ni même imaginer, à part quelques exceptions, peut-être.
Notre narrateur a sept ans lorsque sa petit sœur Sylvie voit le jour avec
de très grosses difficultés. Une naissance compliquée qui va perturber
complètement cette famille aimante et unie.
La rencontre avec Sylvie se fera plus de deux ans après sa naissance.
Durant tous ces mois, elle aura subi opérations et soins médicaux divers en
tout genre. Mais, elle ne pourra jamais marcher. Qui plus est, diagnostiquée
Trisomie 21, elle demeurera toujours différente des autres enfants.
Arrivée en famille…
Sylvie a deux ans et demi lorsqu’elle intègre enfin sa famille. C’est une
enfant différente sur qui la vie s’est acharnée sans rien lui épargner, mais sa
force de vivre est plus forte et dépasse même l’entendement.
Le narrateur,
encore tout jeune à ce moment, n’a aucune idée de ce qui l’attend à l’orée de
cette rencontre : "Nos cœurs
d’enfants ont été lourdement heurtés ce jour-là », tout en essayant de
se l’imaginer, car « tant qu’on ne
voit pas, on s’imagine des choses plus ou moins graves selon qu’on prend la vie
du bon ou du mauvais côté".
Toute cette famille s’unit pour apprendre à vivre ensemble autour de
Sylvie, et du mieux qu’il soit possible face à cette tragédie. Cependant,
Sylvie, si différente, doit être placée en institution. La réalité de son état
ne permettait aucune autre solution, aucun choix.
C’est un déchirement pour
tous, car bien que différente, les sentiments à son égard sont bien présents,
réels et sincères : "Comment
ne pas aimer un être à ce point sans défense que la nature a fait entrer dans
nos vies et la bouleverser à jamais".
Sylvie passera quarante ans de son existence en institution sans
(peut-être) aucune notion de la vie et/ou de sa condition. Elle vivra "en conservant son secret, en
demeurant retranchée dans son monde infranchissable, complètement isolée. […]
Seule avec elle-même toute sa vie, elle n’a jamais rien livré de son
intimité".
L’amour sans limite…
Une fois devenu adulte, le narrateur fera tout son possible pour cette
petite sœur qu’il aime par-dessus tout par choix, par vœu, mais aussi pour
tenter de soulager ses parents dans cette bataille de tous les instants qui les
a tant blessés, cette injustice sans
nom : "Ils ont vécu en
essayant d’oublier sans jamais y parvenir. On ne peut pas mettre de côté si
facilement son propre enfant. On ne peut pas faire comme s’il n’existait pas.
Il est là. Il faut l’endosser".
Des parents qui porteront toute leur
vie le poids de la culpabilité, bien qu’ils ne soient aucunement responsables
de ce que la nature leur a imposé. Cette dernière fait que nous devons subir
ses caprices sans aucune possibilité d’y échapper ou de l’éviter.
Notre narrateur s’occupera de sa petite sœur, plus que tout autre, jusqu’à
son dernier souffle à l’âge de cinquante ans, parce que le cœur a ses raisons
et que la sienne c’est elle, Sylvie. Cette "enfant" qu’il
accompagnera et verra partir, il l’aura aimé, jusqu’au bout. Et pour toujours,
il l’aimera.
Les souvenirs ancrés sont ce que notre mémoire nous accorde pour ne pas
oublier les "évènements", même (et peut-être surtout) au travers
des pires difficultés, comme des leçons qui resteront inscrites : "Ton passage parmi nous aura été un
incessant combat pour la vie".
Bernard PELCHAT nous offre un témoignage poignant et plein de courage où
l’émotion intense est à chaque instant d’une présence incontestable. Sans
connaître cette petite sœur, cette lecture fait naître une tendresse
particulière que l’on aurait envie de lui témoigner.
"Des nouvelles de ma sœur" est un témoignage à lire
absolument !
Entretien avec l’auteur à lire, ici : Entretien avec Bernard PELCHAT
Marie BARRILLON
Titre : Des nouvelles de ma sœur
Auteur : Bernard PELCHAT
Editions : Éditions Mon petit éditeur
ISBN : 9782748389081
Format broché : 17,61 €
Format Kindle : 7,08 €
La phrase de la fin : "Toi seule assumais
ces étincelles éphémères qui surgissaient à l'improviste du fond des ténèbres,
parcelles d'infini, du fond de ton âme, intimes étoiles d'espoir qui ne
soulevaient et ne soulèvent encore qu'une seule question : pourquoi ?"
Présentation de l'éditeur
Ce touchant récit de Bernard PELCHAT – écrit en s’inspirant de l’arrivée
dans sa famille d’une petite sœur lourdement handicapée, tant physiquement
qu’intellectuellement, au début des années cinquante, alors qu’il avait sept
ans – est bâti à partir de souvenirs personnels abondamment revisités. "Desnouvelles de ma sœur" relate une existence marquée de nombreuses péripéties
éprouvantes qui ont imposé à Sylvie un destin peu commun. Elle n’aura laissé
aucune trace apparente de son passage sur terre. Elle n’aura été qu’une
minuscule goutte d’eau dans l’ensemble de l’univers. Elle ne sera cependant pas
passée inaperçue pour ses proches qui l’ont suivie tout au long de ses
cinquante années de vie. Une femme anonyme, sans histoire, mais qui en a quand
même eu une.
Biographie de l'auteur
Bernard PELCHAT est l’un des cofondateurs du Festival d’été de Québec
(1968). Diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Québec, section
scénographie, en 1970, il s’implique immédiatement dans la vie théâtrale
québécoise comme directeur de production au Théâtre du Trident pour les deux
premières saisons de la compagnie. Par la suite et jusqu’en 2001, il passe au
service du Grand Théâtre de Québec. À divers titres au cours de ces années tant
en production qu’en communication, il participe à la création et à la présentation
d’une multitude de concerts et de spectacles de théâtre, d’opéra, de danse, de
comédies musicales et de variétés. Il collabore ainsi avec presque toutes les
entreprises culturelles de la région de Québec, un grand nombre du Canada et
d’un peu partout dans le monde.
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