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vendredi 15 février 2013

Des nouvelles de ma soeur

"Quelque deux ans et demi après son entrée dans le monde, les médecins ont jugé que tout effort supplémentaire pour aider Sylvie était vain. Ils l’ont amenée à un certain stade de confort et ils ne pouvaient pas aller plus loin. Ayant reçu l’avis de sa libération, papa était parti la chercher avec ma tante Blandine pour la ramener au bercail. La « ramener » n’était pas le terme exact à utiliser ici puisqu’elle n’y avait passé à peine quelques heures depuis sa naissance." Extrait du livre 

Sylvie…

Le début de cet ouvrage nous raconte l'enfance insouciante au sein d'une famille à une époque révolue qui n'a plus aucune ressemblance avec la jeunesse d'aujourd'hui. A cet époque, début des années cinquante, les enfants n'avaient ni ordinateurs ni jeux vidéos et de ce fait la vie avait une toute autre saveur. 

Celle où l’on apprenait des « anciens » ce que la vie avait à apporter où offrir sans jamais trouver aucun moment pour s'ennuyer ou encore se plaindre : « Combien d'heures avons-nous passées en folles baignades où, profitant des conseils des plus grands, nous apprivoisions les rudiments de la natation [...] Quelles parties de pêche nous avons faites avec des adultes expérimentés qui nous initiaient patiemment à la répulsive manipulation des vers [...] Que dire des multiples excursions dans la forêt où nous allions escalader une immense falaise... ».

Tant d'activités de nos jours trop rares et que nous jeunes ne savent pas apprécier ni même imaginer, à part quelques exceptions, peut-être.

Notre narrateur a sept ans lorsque sa petit sœur Sylvie voit le jour avec de très grosses difficultés. Une naissance compliquée qui va perturber complètement cette famille aimante et unie.

La rencontre avec Sylvie se fera plus de deux ans après sa naissance. Durant tous ces mois, elle aura subi opérations et soins médicaux divers en tout genre. Mais, elle ne pourra jamais marcher. Qui plus est, diagnostiquée Trisomie 21, elle demeurera toujours différente des autres enfants.

Arrivée en famille… 

Sylvie a deux ans et demi lorsqu’elle intègre enfin sa famille. C’est une enfant différente sur qui la vie s’est acharnée sans rien lui épargner, mais sa force de vivre est plus forte et dépasse même l’entendement. 

Le narrateur, encore tout jeune à ce moment, n’a aucune idée de ce qui l’attend à l’orée de cette rencontre : "Nos cœurs d’enfants ont été lourdement heurtés ce jour-là », tout en essayant de se l’imaginer, car « tant qu’on ne voit pas, on s’imagine des choses plus ou moins graves selon qu’on prend la vie du bon ou du mauvais côté".

Toute cette famille s’unit pour apprendre à vivre ensemble autour de Sylvie, et du mieux qu’il soit possible face à cette tragédie. Cependant, Sylvie, si différente, doit être placée en institution. La réalité de son état ne permettait aucune autre solution, aucun choix. 

C’est un déchirement pour tous, car bien que différente, les sentiments à son égard sont bien présents, réels et sincères : "Comment ne pas aimer un être à ce point sans défense que la nature a fait entrer dans nos vies et la bouleverser à jamais".

Sylvie passera quarante ans de son existence en institution sans (peut-être) aucune notion de la vie et/ou de sa condition. Elle vivra "en conservant son secret, en demeurant retranchée dans son monde infranchissable, complètement isolée. […] Seule avec elle-même toute sa vie, elle n’a jamais rien livré de son intimité".

L’amour sans limite… 

Une fois devenu adulte, le narrateur fera tout son possible pour cette petite sœur qu’il aime par-dessus tout par choix, par vœu, mais aussi pour tenter de soulager ses parents dans cette bataille de tous les instants qui les a  tant blessés, cette injustice sans nom : "Ils ont vécu en essayant d’oublier sans jamais y parvenir. On ne peut pas mettre de côté si facilement son propre enfant. On ne peut pas faire comme s’il n’existait pas. Il est là. Il faut l’endosser"

Des parents qui porteront toute leur vie le poids de la culpabilité, bien qu’ils ne soient aucunement responsables de ce que la nature leur a imposé. Cette dernière fait que nous devons subir ses caprices sans aucune possibilité d’y échapper ou de l’éviter. 

Notre narrateur s’occupera de sa petite sœur, plus que tout autre, jusqu’à son dernier souffle à l’âge de cinquante ans, parce que le cœur a ses raisons et que la sienne c’est elle, Sylvie. Cette "enfant" qu’il accompagnera et verra partir, il l’aura aimé, jusqu’au bout. Et pour toujours, il l’aimera.

Les souvenirs ancrés sont ce que notre mémoire nous accorde pour ne pas oublier les "évènements", même (et peut-être surtout) au travers des pires difficultés, comme des leçons qui resteront inscrites : "Ton passage parmi nous aura été un incessant combat pour la vie".

Bernard PELCHAT nous offre un témoignage poignant et plein de courage où l’émotion intense est à chaque instant d’une présence incontestable. Sans connaître cette petite sœur, cette lecture fait naître une tendresse particulière que l’on aurait envie de lui témoigner.

"Des nouvelles de ma sœur" est un témoignage à lire absolument !

Entretien avec l’auteur à lire, ici : Entretien avec Bernard PELCHAT

Marie BARRILLON
 
Auteur : Bernard PELCHAT
Editions : Éditions Mon petit éditeur
ISBN : 9782748389081
Format broché : 17,61 €
Format Kindle : 7,08 €

La phrase de la fin : "Toi seule assumais ces étincelles éphémères qui surgissaient à l'improviste du fond des ténèbres, parcelles d'infini, du fond de ton âme, intimes étoiles d'espoir qui ne soulevaient et ne soulèvent encore qu'une seule question : pourquoi ?"

Présentation de l'éditeur

Ce touchant récit de Bernard PELCHAT – écrit en s’inspirant de l’arrivée dans sa famille d’une petite sœur lourdement handicapée, tant physiquement qu’intellectuellement, au début des années cinquante, alors qu’il avait sept ans – est bâti à partir de souvenirs personnels abondamment revisités. "Desnouvelles de ma sœur" relate une existence marquée de nombreuses péripéties éprouvantes qui ont imposé à Sylvie un destin peu commun. Elle n’aura laissé aucune trace apparente de son passage sur terre. Elle n’aura été qu’une minuscule goutte d’eau dans l’ensemble de l’univers. Elle ne sera cependant pas passée inaperçue pour ses proches qui l’ont suivie tout au long de ses cinquante années de vie. Une femme anonyme, sans histoire, mais qui en a quand même eu une.

Biographie de l'auteur

Bernard PELCHAT est l’un des cofondateurs du Festival d’été de Québec (1968). Diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Québec, section scénographie, en 1970, il s’implique immédiatement dans la vie théâtrale québécoise comme directeur de production au Théâtre du Trident pour les deux premières saisons de la compagnie. Par la suite et jusqu’en 2001, il passe au service du Grand Théâtre de Québec. À divers titres au cours de ces années tant en production qu’en communication, il participe à la création et à la présentation d’une multitude de concerts et de spectacles de théâtre, d’opéra, de danse, de comédies musicales et de variétés. Il collabore ainsi avec presque toutes les entreprises culturelles de la région de Québec, un grand nombre du Canada et d’un peu partout dans le monde.



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