Belleville Shanghai Express, Philippe LAFITTE, Editions Grasset
« Il y eut un bruit sec. L’autre
type avait déplié une matraque télescopique et il dansait lentement sur ses
jambes. Au volant du 4x4, Yan eut un petit rire et alluma les phares. Dans le
faisceau, deux silhouettes se faisaient face, la troisième remuait sur le sol
en vociférant. […] La tige d’acier siffla sous le nez de Vincent, il recula,
tenta un coup de pied, le sifflement redoubla et la douleur éclata sur sa
cuisse. Il s’effondra. Derrière le pare-brise, Yan actionnait les pleins phares,
volume de la sono à fond. La Chevauchée des Walkyries résonna dans toute la
rue, vacarme infernal rebondissant sur les façades. Le premier sbire regarda
dans les phares et leva sa matraque. Un long hurlement couvrit un instant la
musique. » Extrait du livre
Après une (longue) absence, nous retrouvons Philippe LAFITTE sans la
moindre déception avec cet ouvrage. Pour rappel, dans « Étranger au paradis » (chronique, ici) nous avions découvert un livre qui « se lit vite tant nous sommes pris entre le désir de comprendre le sens
et celui de simplement en découvrir la suite. » Puis, dans « Vies d’Andy », nous trouvions que « L’idée même de ce roman est pour le moins osée,
mais tellement réussie qu’on se laisse happer volontiers pour vivre un
véritable plaisir de lecture. » (chronique, ici)
Avec « Belleville Shanghai Express », l’auteur nous plonge au
cœur de Belleville et plus particulièrement du quartier chinois. Belleville, un
quartier parisien hétéroclite et populaire qui se trouve réparti sur quatre
arrondissements. D’ailleurs ce quartier a souvent été à l’honneur dans les
œuvres, et pas seulement littéraires. Romain Gray et Daniel Pennac s’en
emparèrent. D’autres y vécurent comme Georges Perec, Maurice Chevalier, Édith
Piaf, ces deux derniers y sont même nés. Eddy Mitchell mit également Belleville
à l’honneur dans certaines de ses chansons.
Au cours de l’histoire, nous échouons à Shanghai en suivant Line pour
revenir à Belleville, en passant par la porte de la Chapelle et Aubervilliers. Dans
ce roman, nous découvrons deux destins qui n’auraient pas dû se croiser. La
rencontre sera volcanique et torrentueuse, violente aussi, mettant à jour des
secrets de familles enfouis, mais pas assez recouverts par les années.
Mafia, trafic et manigances
Vincent, le métis et Line « la
beauté comme une force dans un monde d’images » sont les deux
personnages de ces destins où l’amour mettra son grain de sel pour chercher à
unir ces deux jeunes qui ignorent tout du passé de leurs « anciens »
respectifs. Vincent veut savoir même si « Trop
de visages le renvoyaient à trop d’interrogations personnelles », et
bien qu’« il n’avait pas la tête à se
pencher sur les fragments de la vie des autres », il mène son enquête
malgré la dangerosité des adversaires ancrés dans la mafia chinoise qui se
trouvent sur son chemin. Malgré les douleurs que cela va éveiller au sein même
de ses seules proches, sa mère Marie-Paule et sa grand-mère Dao, il doit faire
face aux menaces.
Dans le même temps, Line disparaît. Elle part à Shanghai pour un stage
où elle se retrouvera finalement prisonnière d’une tourmente qu’elle
n’imaginait pas. Elle en reviendra blessée, mais sans avoir perdu les
sentiments qui l’animent pour Vincent. Et cet amour, d’un côté comme de
l’autre, n’est pas accepté. Vincent est ce que du côté de Line, ils appellent
une « banane », un père vietnamien et une mère française.
Quant au père de Line, il est le plus puissant homme d’affaires du tout
Belleville avec « ce ton péremptoire,
comme si tout devait plier sous ses certitudes ». Personne n’ignore
qui est Monsieur Li ! Et beaucoup le craignent ! À la croisée de
leurs destins, Vincent et Line vont découvrir mensonges, trafic et manigances,
mais aussi l’amour et c’est lui qui va les porter jusqu’à la vérité, vers la
sérénité.
Puis, la disparition de Dao sera un ébranlement de plus : « Line et Vincent fermaient la marche vers la sortie du cimetière. Main dans la main, ils avançaient lentement, essayant d’apprécier ce moment étrange et fragile, fait de tension et de soulagement, d’adieu définitif et de nouveau départ. »
Puis, la disparition de Dao sera un ébranlement de plus : « Line et Vincent fermaient la marche vers la sortie du cimetière. Main dans la main, ils avançaient lentement, essayant d’apprécier ce moment étrange et fragile, fait de tension et de soulagement, d’adieu définitif et de nouveau départ. »
Philippe LAFITTE nous offre un très beau thriller, bien monté, bien
ficelé, prenant à souhait, avec cette plume adroite qu’on lui connaît à
laquelle il ne déroge pas et qui ne laissera pas les lecteurs indifférents. Une
aventure entrainante qui empoigne le lecteur pour l’emmener au cœur d’une
histoire de famille où il n’est pas bon de remuer les souvenirs, mais tellement
nécessaire pour découvrir la vérité et pouvoir chevaucher l’avenir plus tranquillement.
Belleville Shanghai Express : un roman/thriller à lire absolument !
Quelques phrases relevées au cours de
ma lecture :
« Aujourd’hui dans les affaires, il
n’y a pas de puissance sans connaissance. »
« Elle poursuivait son monologue, comme si évoquer des solutions possibles suffisait à les faire advenir. »
« La vie comme une perpétuelle justification, une série d’excuses involontaires. Une succession d’alibis et de bordereaux administratifs. »
« Elle avait retenu ce regard dur et chaviré à la fois, ces accès d’ironie voilés d’une ombre mélancolique. Comme si quelque chose lui manquait. »
« Il faut construire des fondations solides aujourd’hui pour mieux s’élever demain. »
« On ne construit rien avec des souvenirs. Ni avec des regrets. »
« Elle poursuivait son monologue, comme si évoquer des solutions possibles suffisait à les faire advenir. »
« La vie comme une perpétuelle justification, une série d’excuses involontaires. Une succession d’alibis et de bordereaux administratifs. »
« Elle avait retenu ce regard dur et chaviré à la fois, ces accès d’ironie voilés d’une ombre mélancolique. Comme si quelque chose lui manquait. »
« Il faut construire des fondations solides aujourd’hui pour mieux s’élever demain. »
« On ne construit rien avec des souvenirs. Ni avec des regrets. »
Pour terminer, l’hommage que rend l’auteur à la fin de l’ouvrage m’a
particulièrement touchée, suffisamment en tout cas pour que je le cite
ici : « Parce que la naissance
d’un roman est affaire de désirs, d’incertitudes, mais aussi de rencontres, je
tiens à rendre un hommage amical à celles et ceux que j’ai croisés à cette
occasion et qui, par leurs paroles et leurs échos à mes interrogations, ont
permis d’éclairer mon chemin d’écriture. »
Informations sur le livre :
Titre : Belleville Shanghai Express
Auteur : Philippe LAFITTE
Éditeur : Grasset
ISBN : 9782246857150
Prix : 18 €
Auteur : Philippe LAFITTE
Éditeur : Grasset
ISBN : 9782246857150
Prix : 18 €
Excellent j'ai adoré!
RépondreSupprimerOui, enfin peut mieux faire !
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