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mardi 22 avril 2014

Les coucous

"Audrey aurait voulu se réveiller, oublier, ne fut-ce qu’un instant. Mais le mal avait foré son nid ; le chasser, au-delà de ses forces. Elle ne pouvait que le jouter inlassablement comme on avance sur un échiquier, le temps de faire mat un Roi. Remonter à la source des idylles illégitimes, couper à la racine la mauvaise herbe – une mission dévoreuse de son temps – l’objet de ses recherches. Sur son carnet, elle annotait les différentes toxicités." Extrait du livre 

Les coucous "roucoulent", mais…
La vengeance… un plat qui se mange froid ! nous dit le dicton. Ici, "Les coucous" le confirment si tant est qu’il soit vraiment nécessaire de le faire. Et comme tout vient à point à qui sait attendre, la vengeance doit se faire patience pour se réaliser sans faille. 
Celle d’Audrey aura pris tout son temps. La patience n’aime pas les gens pressés ni les situations d’urgence. C’est la raison pour laquelle Audrey et son mari "étaient désormais deux vieux amants, leurs silhouettes comme deux lianes entrelacées" lorsqu’elle mit un point final à sa vengeance, et surtout lorsque "le temps avait fait son œuvre, évinçant les gazelle".
L’infidélité, dont rien que le mot a quelque chose d’irrespectueux, Audrey l’a subi plus qu’à son tour, emmagasinant les mensonges de son mari, ayant même "tenté maintes fois de comprendre ses petits crimes conjugaux, chaque fois se sentant oppressée, laissant le sable enrayer sa raison".
Le sentiment d’amour n’a pas la même valeur pour tout le monde, peut-être même pas la même définition. Certain(e)s ferment les yeux refusant ainsi de voir l’évidence tandis que d’autres fuiront refusant la trahison. D’autres encore s’en moqueront ou s’effondreront dans une douleur inextricable. Et puis, il y a ceux comme Audrey qui optent pour la vengeance, calculée, étudiée, pensée, travaillée, car dans tous les cas en matière d’amour "la première trahison est celle qui déchire et démontre à quel point le cœur est un mécanisme brisé" suite à l’infidélité.
…finissent par se taire !
Avec une discrétion absolue comme une mélodie en sourdine la vengeance d’Audrey se fait de manière invisible, mais bien réelle et pleine d’efficacité. L’amour n’est pas un jeu, ce que Maxence a trop souvent oublié. Audrey est là pour le lui rappeler à sa manière au moment qu’elle a choisi avec quelques plantes vénéneuses qu’elle a "amoureusement" fait pousser. 
Ces dernières ne l’auront pas empoisonnée, elle, comme si elles savaient à quoi elles étaient destinées. Qui plus est question empoisonnement, l’amour et Maxence s’en étaient déjà chargés durant toutes leurs années d’union.
Sa dernière vengeance pour un dernier voyage, mais cette fois, uniquement à deux ! L’amour l’aura empêché de quitter son mari volage, alors elle ne fera pas ce dernier voyage sans lui.
Bien que ce soit une nouvelle, d’où le peu de pages (46), le texte est scindé en chapitres au début desquels l’auteur n’a pas manqué de présenter une description de chaque plante utilisée dans le chapitre qui le suit. La plume de l’auteur est un vrai plaisir, fluide et parfois poétique. Un bon moment garanti en ouvrant "Les coucous".
Quant à la couverture, bien que très agréable et joliment dessinée par Rachel BERGERET, je ne lui trouve pas vraiment de rapport avec la teneur de l’ouvrage, mais cela reste un bémol bien minime, et personnel, sans trop d’importance.
 
Quelques phrases relevées au cours de ma lecture :
"Son amour était de ceux pour qui l’on construit des palais."
"Elle fermait les yeux comme une suppliciée devant le gibet en devenant la proie des charognards."
"La vieille dame […] égrenait ses souvenirs comme un chapelet de crimes."
"Audrey oubliait la chatière menant à son cœur, il l’avait empruntée comme jadis en se parant de promesses."
"Elle avait pardonné. Pardonner, par peur de mourir d’aimer."
"Il restait ce parfum perfide qui dénature la situation, aussi belle soit-elle."
"Le mal avait foré son nid…"
"…avec un sourire mordant comme une provocation naturelle."  
Marie BARRILLON 
Informations sur le livre : 
Titre : Les coucous (Nouvelle)
Auteurs : Eva LUNABA 
Editions : Volpilière
ISBN : 9782917898321
format broché d'occasion : 1,77 € 

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