"Audrey aurait voulu se réveiller, oublier, ne fut-ce qu’un instant.
Mais le mal avait foré son nid ; le chasser, au-delà de ses forces. Elle
ne pouvait que le jouter inlassablement comme on avance sur un échiquier, le
temps de faire mat un Roi. Remonter à la source des idylles illégitimes, couper
à la racine la mauvaise herbe – une mission dévoreuse de son temps – l’objet de
ses recherches. Sur son carnet, elle annotait les différentes toxicités."
Extrait du livre
Les coucous "roucoulent", mais…
La vengeance… un plat
qui se mange froid ! nous dit le dicton. Ici, "Les coucous" le
confirment si tant est qu’il soit vraiment nécessaire de le faire. Et comme
tout vient à point à qui sait attendre, la vengeance doit se faire patience
pour se réaliser sans faille.
Celle d’Audrey aura
pris tout son temps. La patience n’aime pas les gens pressés ni les situations
d’urgence. C’est la raison pour laquelle Audrey et son mari "étaient désormais deux vieux amants,
leurs silhouettes comme deux lianes entrelacées" lorsqu’elle mit un
point final à sa vengeance, et surtout lorsque "le temps avait fait son œuvre, évinçant les gazelle".
L’infidélité, dont rien
que le mot a quelque chose d’irrespectueux, Audrey l’a subi plus qu’à son tour,
emmagasinant les mensonges de son mari, ayant même "tenté maintes fois de comprendre ses petits crimes conjugaux,
chaque fois se sentant oppressée, laissant le sable enrayer sa raison".
Le sentiment d’amour
n’a pas la même valeur pour tout le monde, peut-être même pas la même définition.
Certain(e)s ferment les yeux refusant ainsi de voir l’évidence tandis que
d’autres fuiront refusant la trahison. D’autres encore s’en moqueront ou
s’effondreront dans une douleur inextricable. Et puis, il y a ceux comme Audrey
qui optent pour la vengeance, calculée, étudiée, pensée, travaillée, car dans
tous les cas en matière d’amour "la
première trahison est celle qui déchire et démontre à quel point le cœur est un
mécanisme brisé" suite à l’infidélité.
…finissent par se taire !
Avec une discrétion
absolue comme une mélodie en sourdine la vengeance d’Audrey se fait de manière
invisible, mais bien réelle et pleine d’efficacité. L’amour n’est pas un jeu,
ce que Maxence a trop souvent oublié. Audrey est là pour le lui rappeler à sa
manière au moment qu’elle a choisi avec quelques plantes vénéneuses qu’elle a
"amoureusement" fait pousser.
Ces dernières ne l’auront pas
empoisonnée, elle, comme si elles savaient à quoi elles étaient destinées. Qui
plus est question empoisonnement, l’amour et Maxence s’en étaient déjà chargés
durant toutes leurs années d’union.
Sa dernière vengeance
pour un dernier voyage, mais cette fois, uniquement à deux ! L’amour
l’aura empêché de quitter son mari volage, alors elle ne fera pas ce dernier
voyage sans lui.
Bien que ce soit une
nouvelle, d’où le peu de pages (46), le texte est scindé en chapitres au début
desquels l’auteur n’a pas manqué de présenter une description de chaque plante
utilisée dans le chapitre qui le suit. La plume de l’auteur est un vrai
plaisir, fluide et parfois poétique. Un bon moment garanti en ouvrant
"Les coucous".
Quant à la couverture,
bien que très agréable et joliment dessinée par Rachel BERGERET, je ne lui
trouve pas vraiment de rapport avec la teneur de l’ouvrage, mais cela reste un
bémol bien minime, et personnel, sans trop d’importance.
Quelques phrases relevées au cours de ma lecture :
"Son amour était de ceux pour qui l’on construit des
palais."
"Elle fermait les yeux comme une suppliciée devant le gibet en
devenant la proie des charognards."
"La vieille dame […] égrenait ses souvenirs comme un chapelet de
crimes."
"Audrey oubliait la chatière menant à son cœur, il l’avait
empruntée comme jadis en se parant de promesses."
"Elle avait pardonné. Pardonner, par peur de mourir
d’aimer."
"Il restait ce parfum perfide qui dénature la situation, aussi
belle soit-elle."
"Le mal avait foré son nid…"
"…avec un sourire mordant comme une provocation naturelle."
Marie BARRILLON
Informations sur le livre :
Titre : Les coucous (Nouvelle)
Auteurs : Eva LUNABA
Editions : Volpilière
ISBN : 9782917898321
format broché d'occasion : 1,77 €
Auteurs : Eva LUNABA
Editions : Volpilière
ISBN : 9782917898321
format broché d'occasion : 1,77 €
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