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mardi 15 mai 2012

MOP


"Madame La Mort, passez votre chemin ou alors faites la queue. J’ai un rendez-vous important avec la vie…"
Mouna : "Oui, j’avais une grosse réserve de tendresse en moi pour l’enfant que Sarah n’avait jamais voulu me donner et cette tendresse, je la lui offrais, les yeux fermés, le cœur content. Je prenais aussi son affection, car elle me tenait debout"
 "Les beaux quartiers n’ont finalement que des inconvénients. […] Quel joli pied-de-nez tout de même : Plus un quartier est riche, plus il est mort. A croire qu’ici, la pierre taillée des immeubles est la même que celle utilisée pour les monuments funéraires." Extrait du livre

PIERRE-ANDRÉ, L’ACTEUR DÉCHU…

Pierre-André Tanguy n’était plus l’acteur connu et reconnu d’antan, "son nom avait glissé de l’affiche comme une bave descendant en rappel un mur de lamentations. Ce mur c’était la douce pente de sa vie".

Les années étaient passées, le laissant sur le bord du chemin à l’arrivée des plus jeunes. D’acteur, il n’en avait plus que les souvenirs. Pourtant, "longtemps, il avait été une de ces étoiles qui brille un peu plus que les autres". Et à présent, il "était le témoin d’une histoire qui dorénavant s’écrivait sans lui".

Marié à Sarah que trente ans séparaient, ils suivaient ensemble le bout de chemin qui restait à parcourir. Sarah aimait sortir et être belle, mais c’était aussi une femme de douceur et d’attention envers l’homme qu’elle avait épousé.

Cependant, rien ne l’empêchait de tromper son époux avec l’agent de celui-ci. D’ailleurs, Pierre-André, loin d’être dupe, connaissait ce secret qui n’en était plus vraiment un, mais dont Sarah savait avec élégance faire preuve de la plus grande discrétion. 

Et si Pierre-André gardait malgré tout cet agent sans succès, c’était uniquement pour ces "choses" qui unissait celui-ci à sa femme : "Si je le gardais, c’était par amour : Daniel Jouville était le plat préféré de mon épouse et je ne trouvais aucune raison objective de la priver de ces petites parties de jambes en l’air qu’elle affectionnait tant."

Cela dit, Pierre-André affublait son agent d’un quolibet évocateur sans s’en gêner : "C’est d’ailleurs parce qu’il n’hésitait pas à culbuter ma femme dès que j’avais le dos tourné que je le qualifiais d’agent "double".

MOUNA…

Lorsque Mouna, une belle jeune fille, fait son apparition sur le quai du métro, c’est un peu comme un rayon de soleil pour Pierre-André. Leur discussion tourne autour de l’art. Le métro, Pierre-André ne l’avait pas emprunté durant quarante ans, mais après sa rencontre avec la belle Mouna, il s’était mis à le redécouvrir. 

Ou plutôt le découvrir car tout y avait réellement changé : "Les dernières semaines, je les avais passées là, dans ce métro, changeant de ligne au gré de mes humeur et de mon inspiration… […] Ces vieux wagons poussifs ont charrié pas mal de souvenirs que j’avais totalement occultés."

Et c’est en parcourant le métro de long en large que Pierre-André a la sensation de revivre, réalisant non pas qu’il n’est plus rien aux yeux du monde, mais plutôt qu’il passe à côté d’une vie qu’il n’a jamais observée : celle des autres, des inconnus qui vivent, vivotent ou survivent : "Des idiots de mon genre qui, sous prétexte d’être connus, se croient l’objet permanent de toutes les attentions".

C’est alors que Pierre-André a une idée, non pas derrière la tête, mais bien précise. Accompagné de Mouna, il souhaite réunir un certain nombre de musiciens, tous issus du métro pour monter un orchestre. Assez hétéroclite comme idée. Cependant, le nom de cet orchestre est déjà trouvé, ce sera MOP (Métro Orchestra of Paris).

Le vieil homme n’en démord pas. Tout ce fait à l’insu de Sarah car il en est persuadé Pierre-André, sa femme ne prendra pas ce projet de la meilleure manière qui soit.

LE TEMPS DES REGRETS…

Bonne ou mauvaise idée, arrivera-t-il à réaliser ce qu’il souhaite ?

Mais, le vieil homme est rongé par l’absence de son meilleur ami, décédé quelques années auparavant. Rien ne lui permet d’oublier cette perte tragique : "En perdant Didou, j’avais presque tout perdu."

Néanmoins ses regrets ne s’arrêtent pas là. Il déplore également de ne pas avoir eu d’enfant, causant de ce fait un vide dans son existence. 

Un vide que rien ne remplira jamais : "J’aurai bien aimé couvrir d’un regard paternel une petite pétasse ou un bobo trentenaire. […] J’aurai renié ce rejeton chaque soir avant de me coucher et l’aurais aimé davantage le lendemain, au réveil. On aurait été en conflit permanent. […] Ah, ce que j’aurais aimé m’engueuler avec ce petit bout de moi-même."

Les jours passants apportent leur lot de surprises, parfois des plus étonnantes. Pierre-André en fait la découverte, tantôt heureuse, tantôt triste ou encore le projetant à mille lieux dans son passé, ses souvenirs.

En parcourant les rues avec Mouna, il découvre la vie ; la vie telle qu’il ne la connait pas.

De remise en question en élan de lucidité, il va comprendre que sa vie d’homme aisé à l’abri de tout besoin ne lui aura pas épargné certaines lacunes, probablement les plus importantes.

Il se détourne de toutes les festivités mondaines pour regarder de l’autre côté, là où se trouve le reste du monde, y compris et surtout la misère. Il ne s’en détachera plus. De Mouna non plus d’ailleurs ! 

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : MOP
Auteur : Mikaël Herviaux
Editions : Editions Kyklos
ISBN 13 : 9782918406099
Format broché d'occasion : 5,98 €

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