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lundi 27 avril 2009

Prenez l'avion

« La vie a pris un goût bizarre depuis la forêt. Je suis de l’autre côté d’un miroir, il me semble, tout est comme avant et pourtant la saveur des choses s’est légèrement altérée, j’ai perdu en lourdeur, en légèreté. Ce que j’ai gagné, je l’ai dans la bouche mais je ne sais pas le formuler. Je le dirai en français quand j’aurai appris à parler. Ou bien je ne le dirai jamais. » Extrait du livre

LA CATASTROPHE...

Lindsay émerge, l’avion dans lequel elle est, s’est écrasé. Il ne reste que des débris, des corps parfois sans tête et même des morceaux de corps épars. La carlingue est éventrée et des bouts de taules froissées sont éparpillés, çà et là. Elle parvient à s’extraire de cette chose qui ne ressemble plus du tout à un avion. Blessée à la hanche et au mollet, elle ne sent même pas la douleur tant la violence de l’accident était extrême. Tout ce qu’elle voit lui paraît si irréel. Pourtant…

Un homme rescapé, lui aussi, lui vient en aide malgré ses propres blessures. C’est Emmanuel. Ils se soutiennent accrochés l’un à l’autre, marchant droit devant eux « sur trois jambes », dans l’espoir de trouver des secours. Après une très longue marche, enfin les secours arrivent. En les apercevant, Emmanuel s’écroule et sombre dans le coma après avoir soutenu, presque porté Lindsay.

Lindsay et Emmanuel sont transportés à l’hôpital. Ils sont dans la même chambre, côte à côte. Puis, chacun est rapatrié dans son pays d’origine. L’Angleterre pour Lindsay, la France pour Emmanuel. Mais, Lindsay ne supporte pas cette séparation. Pas maintenant, pas après ce qu’ils ont vécu et partagé. Alors, elle n’a plus qu’un seul désir, celui de retrouver « l’homme de la forêt » comme elle le nomme. Pourtant, ils n’ont pas échangé un mot, même lorsque Emmanuel lui faisait un garrot à la jambe pour qu’elle ne se vide pas de tout son sang. Ils ne se connaissent pas. Mais, ils ont vécu ce tragique accident en même temps, pas ensemble, mais en même temps, dans le même avion.

Ils en garderont les mêmes images de corps disloqués, décapités, de taules déchirées comme de vulgaires morceaux de papier, cette carlingue en lambeau. Avant même de décoller, l’avion avait déjà son compte de victimes. Trois cent quarante neuf personnes en sursit avait pris possession de leur siège confortable pour leur dernier voyage.

REAPPRENDRE A VIVRE DANS UNE NORMALITE LOGIQUE...


Lindsay sort de l’hôpital et décide de partir. Se rendre à Paris est plus qu’une évidence. Retrouver Emmanuel c’est sa survie, peut-être même leur survie, il est toujours dans le coma.

Il lui faut combattre ses démons mais elle n’y parvient pas. Sa seule idée c’est Emmanuel. Lorsqu’il sort du coma, elle est là. Au début, il ne se souvient pas vraiment. Mais petit à petit, l’accident lui revient à la mémoire. Ils s’acceptent l’un l’autre, un peu comme s’ils étaient chacun devenu la béquille de l’autre.

Au cœur de leur tourmente « tout est bon pour échapper à l’intolérable. »

Dans pareille situation, chacun d’entre nous déploiera ses propres moyens de défense face à la terreur des images enregistrées par notre conscient et même notre inconscient. Personne n’est en mesure de prévoir à l’avance ses réactions lors d’un tel accident et les conséquences qui auront greffé leurs empruntes en nous tant que nous n’y sommes pas confrontés.

Généralement, nous sommes surpris après une catastrophe d’une telle ampleur, nous touchant de si près, de constater que nos réactions et nos agissements sont loin de ce que nous aurions pu imaginer. Car en tout état de cause, on ne peut pas s’y préparer car l’instinct de survie de tout être humain se déclenche au moment précis du danger ou du drame. Le mode « préparation » n’existe pas pour l’instinct de survie. C’est un état à déclenchement spontané qui ne laisse aucune place aux hypothèses, ni aux suggestions.

Emmanuel s’en aperçoit lorsque Lindsay lui raconte « son comportement dans la forêt, cette énergie héroïque qui l’a poussé à marcher plus de cinq heures […] avant de se laisser aller à sa propre fatigue, sa propre lassitude. Il ignorait en avoir le potentiel. »

A DEUX, LES PEURS ET LES ANGOISSES SONT MOINS EFFRAYANTES...

Lindsay est auprès d’Emmanuel, et c’est ensemble qu’ils vont devoir apprendre à remonter à la surface de leur vie. C’est ensemble encore qu’ils vont apprendre à vivre avec les morts de l’accident, ces mêmes morts qui viennent visiter leurs nuits et parfois aussi leurs jours. Et c’est ensemble aussi qu’ils vont monter de nouveau dans un avion, comme on remonte sur une bicyclette après une chute, et combattre tous les démons de la peur qui les envahissent, rodant autour d’eux comme des amis abandonnés pour devenir de vrais amis dont ils n’auront plus peur et ainsi apaiser leur avenir parce que « la vie est une aventure, il suffit de la vivre. ».

On n’oublie pas les images d’une catastrophe qui s’est déroulée dans un périmètre si proche, ni la terreur qui s’immisce partout. On apprend juste à apprivoiser l’ensemble pour pouvoir vivre de nouveau sans s’engoncer sous un carcan de culpabilité pour quelque chose dont nous ne sommes pas responsables. La peur, c’est cette ennemie qui paralyse empêchant toute vie pour ne laisser qu’une survie. C’est main dans la main que Lindsay et Emmanuel vont combattre cette peur car « il est inutile de subir ce qu’on peut s’épargner, la peur en premier. »

L’auteur nous emporte dans le cahot d’une histoire tragique où deux êtres finiront par se retrouver plus proche encore dans le cocon de l’amour.

Le texte se trouve être parfois répétitif. Un roman agréable qui se laisse lire sans s’ennuyer.

Marie BARRILLON


Informations sur le livre :

Titre : Prenez l’avion
Auteur : Denis Lachaud
Editions : Actes Sud
ISBN 13 : 9782742781072
Format broché : 18,30 €
Format Kindle : 13,99 €  


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