Éric REVEL, d’aucuns le connaissent comme journaliste aujourd’hui pour ses interventions à la télévision et à la radio. Mais, avant cela il a œuvré pour TF1, RTL, ancien directeur de LCI, Le Parisien, les Échos, la Tribune, et plus encore. Il a reçu la distinction de Chevalier de la Légion d'honneur en février 2008 des mains de la ministre des Finances de l’époque Christine Lagarde.
Outre le côté journalistique, Éric REVEL est auteur d’ouvrages entre essais, documents et romans, dont « Le tirailleur inconnu » est son dernier né publié, en décembre 2023. Il n’est pas « nouveau », mais il mérite qu’on en parle.
Cette chronique n’est pas
pour étaler le pédigrée de l’auteur, mais pour parler de son second roman « Le
Tirailleur inconnu », tiré d’une histoire vraie dont on saluera l’authenticité.
Après avoir lu cet ouvrage, que peut-on en dire ?
Je tiens à attirer votre
attention sur le fait qu’en ouvrant cet ouvrage, vous serez happé comme je l’ai
été dès le début. Et, si je peux vous donner un conseil, n’hésitez pas à passer
à l’acte en vous laissant couler dans cette lecture !
Ce témoignage tout aussi
émouvant que touchant, prenant et captivant, rend hommage aux tirailleurs
africains qui au cours de la Première Guerre mondiale y ont laissé leur vie. Je
note avec délectation la dédicace tirée de « L’écume des jours » de
Boris Vian (un titre à relire), « L’histoire
est entièrement vraie puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre ».
Puis, nous apprécierons
l’hommage accordé à Roger BONIN qui nous est offert avec le poème « Le
lierre » avant d’entrer dans le vif du sujet.
Illibouda surnommé
« Ilboudo » raconte comment des hommes blancs sont venus les
chercher, lui, Sako et d’autres, dans leur village de Tambago. Le jeune homme
pense à sa terre natale dans la cale d’un navire, le Sequana, dans laquelle il
est entassé avec les autres. C’est alors que le navire est torpillé au large de
l’île d’Yeu par un sous-marin allemand. Cette attaque entraine sa mort tout
comme celle de nombreux autres et le fait s’échouer en 1917 sur les plages des
prises à la Couarde.
L’auteur nous fait vivre,
entre autres, les derniers instants d’Illibouda à travers ses
mots : « Le matin de mon
dernier jour, on a entendu un énorme bruit comme un coup de tonnerre. L’eau est
vite arrivée. Mais pas le ciel. D’ailleurs, le ciel on ne l’avait jamais vu
depuis le départ du bateau. Dans la cale immense du Sequana, avec les autres. »
Dans le fond de cette cale avec son ami Sako, ils rêvaient des « rayons du soleil et aux couleurs »,
de leurs villages, de leurs familles, des métiers des uns et des autres alors
que l’eau montait jusqu’à atteindre leurs genoux.
Et la peur, ce méchant
ressenti qui conduit à l’effroi, s’incrustant dans chacun des hommes présents
provoquant hurlements des uns, colère des autres ou alors la rage la plus
élémentaire. Pour tenter de dépasser cette peur grandissante, Illibouda et Sako
se parlaient avec des mots comme par des gestes.
Dans ce grand bateau en partance pour la France se trouvaient 400 noirs (des soldats indigènes) dans la cale. Illibouda se souvient de ces derniers instants et des mots dans une autre langue qui le percutèrent « Île d’Yeu, corbeau, corbeau, pointe des corbeaux... torpille, tor pille... [...] J’ai répété ces mots comme une prière, comme une supplique. »
À peine 30 minutes avaient suffi pour que le navire coule après avoir été « torpillé par tribord par un sous-marin allemand » emportant 665 victimes, dont 400 Sénégalais, des femmes, des enfants, nonobstant toute la cargaison contenue dans les soutes : sucre, café, blé, balle de tabac, etc. Face au tragique et effroyable incident, la commission d’enquête se réunit.
Sans spoiler ni tout
révéler préférant laisser votre regard faire sa propre analyse, l’auteur
exprime dans un style clair et poignant comme tristement dramatique ce que la
guerre a d’absurde, mais aussi le sacrifice de certains, nombreux, trop
nombreux. Il met l’accent sur l’importance que nous devrions tous avoir pour
tous ces êtres, ces âmes qui ont sacrifié leur vie même pour des pays qui leur
étaient inconnus.
Je vous invite à lire cet
ouvrage historique tiré de faits véridiques qui incite à ne pas oublier et à
faire honneur à tous ses tirailleurs africains disparus injustement, mais qui ont
fait preuve d’un dévouement hors norme au détriment de leur vie. Ils ont marqué
l’histoire, notre histoire, il faut leur laisser cette place qu’ils méritent. Plus
qu’un hommage, c’est un devoir de mémoire que nous leur devons !
Marie BARRILLON
Détails sur le livre :
Titre : le tirailleur inconnu
Auteur : Éric Revel
Édition : Éditions du Lizay
ISBN : 978-2487112001
Prix : 15 €
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