Ruse d’Éric NAULLEAU aux Éditions Albin Michel
Éric NAULLEAU est un critique littéraire français,
chroniqueur sportif, animateur de radio et de télévision, mais aussi éditeur,
traducteur, essayiste, entre autres… Multi casquettes en quelque sorte.
Alors qu'Éric NALLEAU est régulièrement attaqué
ou malmené sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, et loin d’être du
genre à me faire un avis sur ces dires, parfois abjectes, j'ai souhaité lire
son roman « Ruse ».
Je tiens à préciser avant toute chose que je ne
parlerai ici que de ce roman, et que les relations personnelles, même si elles
font débats et indisposent nombre de personnes, ne me regardent pas. Et qui
plus est, elles ne sont pas l’objet de cette chronique que je souhaite la plus objective
possible quant au contenu de l’ouvrage.
Éric NALLEAU ayant lui-même été chroniqueur à la base, en
l’occurrence dans « On n’est pas
couché », l’émission de Laurent RUQUIER, il se positionne ici en « chroniqué ». Chacun son tour,
dirons-nous !
Après quelques recherches sur l’auteur, comme je le fais en général, je lis que Europe 1 révèle que ce roman « semble avoir été plutôt apprécié de la critique », c’est déjà un bon point avant de commencer ma lecture. Et Éric NAULLEAU reconnaît, avec une petite pointe de surprise que « le livre a été très bien reçu » selon ses dires, second bon point pour moi.
J’entre dans le vif avec la première question que
je me pose : pourquoi « Ruse » ?
D’une part, cela colle à l’histoire, et d’autre part, je découvre que Ruse est une des cinq plus importantes
villes de Bulgarie, appelée également Roussé, et précédemment Roustchouk jusqu’en
1878, date à laquelle la Bulgarie a acquis son indépendance. Wikipédia nous
informe à ce propos, entre autres choses, que cette « ville a émergé comme un site néolithique du troisième au deuxième
millénaire avant notre ère », c’est dire qu’elle n’a rien de nouveau,
mais qu’elle n’est pour ainsi dire pas (particulièrement) connue du public.
L’auteur nous fait de bien belles descriptions,
dans de jolies tournures comme « des
montagnes parlaient d’ailleurs et de pureté dans une langue secrète »,
de cette région du monde. Ou encore « La
montagne avait pris ses distances, elle viendrait bientôt resserrer son
étreinte minérale autour des humains ».
Dans ce roman, on y rencontre Deliana qui préfère
jouer les stripteaseuses après avoir cessé ses études. Plus par rentabilité
financière, visiblement. Malgré une scolarité des plus excellentes où elle
« ne demeurait dans une classe que
le temps de s’ennuyer avant de bondir sur l’échelon supérieur » et en
parallèle « faisant un sort à tous
les livres qui lui tombaient sous l’œil », elle coupe court à ses
études où elle excellait pourtant. Deliana est instruite et intelligente,
maniant et maîtrisant autant le bulgare que le français grâce à l’apprentissage
prodigué par « une vieille voisine »,
mais aussi pour l’avoir largement pratiqué au cours de son union avec son ex-mari
français.
Après dix années au club de striptease, elle est
mise au rebut, à la retraite parce que les clients n’en pincent que pour les
jeunettes de vingt ans. Deliana n’en est plus là, elle est donc remerciée, mais
elle n’en reste pas là. Elle quitte Sofia pour Ruse… après avoir dérobé quelque
chose qu’elle n’aurait jamais dû détenir.
Je découvre Serge, je ne peux m’empêcher de
penser à (mon) Serge dans mon roman « La vie est parfois une surprise », bien que tous deux n’aient semble-t-il
rien de commun. Le Serge de Ruse était
écrivain fantôme, ou comme le dit l’auteur « nègre de Narcisse » avant de devenir correspondant pour les
Balkans pour un hebdomadaire français et pigiste pour une publication locale. Et,
il est l’ex-mari de Deliana. Alors qu’il croyait ne plus avoir de sentiments
pour son ex-femme, il la suit tout de même dans une fuite éperdue plus par
obligation que par choix pour échapper aux sbires qui les poursuivent. Il
réalise qu’il est autant en danger que peut l’être Deliana : « Avant, notre problème, c’était de vivre
ensemble. Maintenant, c’est de ne pas mourir ensemble » !
Dans le style et le vocabulaire, je crains que ce
roman ne s’ouvre pas à tous, non qu’il ne soit pas agréable à lire, bien au
contraire, mais plus parce qu’il ne peut être à la portée de tous pour en
saisir et apprécier le style véritablement particulier. Il peut donc déranger
certains lecteurs qui de fait pourraient avoir un ressenti négatif, plus par
manque de compréhension tant en termes de mots que de tournures de phrases.
Donc, comme je le disais, la lecture étant moins
aisée qu’avec un roman de Christian SIGNOL, mon auteur préféré pour qui me
connaît, ou de Marc LEVY plus ancré lecture détente, entrer dans Ruse est un petit défi, mais en la
matière, rien ne me fait peur.
Mon
ressenti final :
Sans dévoiler ou spoiler la teneur de l’histoire,
ce qui vous empêcherait de vous jeter à corps perdu dans les pages, j’ai trouvé
que dès le début je me sentais à l’aise dans la lecture. Oui, parfois j’ai dû
faire preuve de réflexion, mais si peu finalement, toujours en ce qui concerne
le style particulier dont je parlais plus haut, mais rien de rébarbatif, c’est
une évidence. Les neurones travaillent un peu plus que la normale, ce qui n’est
pas pour me déplaire.
J’ai beaucoup apprécié les descriptions des
paysages et des environnements. Là aussi, pour ceux qui me connaissent, c’est
une des qualités que j’aime chez Christian SIGNOL qui excelle sur ce point. Je
ne pouvais donc pas ne pas l’apprécier dans ce roman d’Éric NAULLEAU.
J’ai trouvé dans Ruse un roman passionnant, si, si, n’en déplaise à certains, même si parfois il faut réfléchir un peu. Après tout, nous avons un cerveau autant qu’il serve à quelque chose, dixit feu ma maman. J’ai apprécié cette ambiance parfois glaçante et cette atmosphère particulière, même si je suis moins adepte de l’environnement que représentent les boîtes de striptease.
J’ai également
ressenti de l’affection pour les deux personnages, Serge et Deliana. J’émettrais
juste un petit bémol quant à l’intrigue qui aurait peut-être mérité un peu plus
d'énergie et de force à mon goût, mais cela ne dévalorise pas l’ouvrage pour
autant et ce n’est qu’un ressenti personnel qui ne cadrera peut-être pas avec
ceux des autres lecteurs. J’ai en tout cas passé un excellent moment de lecture
avec ce roman.
Je vous souhaite une bonne lecture à toutes et à
tous pour vous faire votre propre avis !
N’hésitez pas à partager votre ressenti, votre
opinion ou votre sentiment en commentaire, si le cœur vous en dit.
Quatrième
de couverture :
« En retrait de la route surgit un motel, seule bâtisse visible à des kilomètres à la ronde. Des tubes au néon d'un rouge vibrant soulignaient en plein jour le contour de ses fenêtres, comme une femme qui trainerait encore dans sa robe de soirée un lendemain de fête. Tout disparut avec le reste du paysage. Le soleil cognait toujours plus fort à la vire. Deliana tira le rideau comme une dérisoire protection contre la chaleur et les complots ourdis au plus hait des cieux vierges de tout nuage ».
Quelques phrases relevées au cours de ma lecture :
- « La
dureté de son regard s’atténuait parfois d’une fugitive expression de
bienveillance… »
- « À
la manière d’un homme qui s’éclaircit la gorge avant de prendre la parole et
décide pour finir de retourner au silence, une enseigne clignota brièvement,
puis s’éteignit de nouveau. »
- « Rien
de plus simple pour rompre le charme que d’emprunter un autre chemin… »
- « Je
me demande toujours si elles croient un peu à ce qu’elles racontent, toutes ces
chanteuses dont le prénom finit en « a ». Ou si c’est comme dire
bonjour et bonsoir pour le reste de l’humanité. »
- « Le
cri d’amour se fit chuchotement, le chuchotement expira dans un murmure… »
- « Kornelia
répétait souvent qu’il en allait des romances comme des œufs à la coque,
passées trois minutes de cuisson dans l’eau de rose, elles perdaient leur
saveur. »
- « Il
s’en fallait d’une légère inclinaison du buste pour que les unes contemplent
leur passé et les autres leur avenir. »
- « Un
peu de magie perdue ne se retrouvait que dans certains livres, surtout des
recueils de poésie. »
- « Renoncer
à parler et choisir de se taire chaque fois que possible contribuait du moins
selon lui à ralentir l’usure des mots, à retarder l’échéance. »
Marie BARRILLON
Titre :
Ruse
Auteur : Éric NAULLEAU
Éditions
Albin Michel : https://www.albin-michel.fr/ruse-9782226449320
Amazon format
Kindle, 12,99 € : Ruse Format Kindle
Amazon
format broché, 208 pages, 18,00 € : Ruse Format papier
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre lecture et pour votre commentaire. N'hésitez pas à partager cet article.