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lundi 19 août 2019

On ne voyait que le bonheur

"On ne voyait que le bonheur" de Grégoire Delacourt 

C'est avec ce titre que j'ai découvert Grégoire Delacourt, et je ne le regrette pas. Dans cet ouvrage, nous allons à la rencontre de l'improbable, de l'inimaginable, mais surtout de l'inacceptable. 

Après un début qui me semblait se traîner un peu en longueur, j'ai tenu grâce au style de l'auteur, mais aussi parce qu'il est rare que j’abandonne un livre. Le fait est, qu'après plus de 35 ans de lecture, je n'en ai abandonné qu'un seul, que j'ai retenté de lire plusieurs fois avec toujours le même résultat. 

Je disais donc que ce qui m'a fait tenir, c'est le style de l'auteur qui a su m'engloutir dans les mots, les phrases pleines de sens qui parfois vous pousse à la réflexion : « La douleur, c'est comme un corps étranger. On finit par fabriquer une coque, pour ne plus la sentir. », « On n’échappe pas à la souffrance des autres, elle vous saute au visage. Elle a besoin de vous. Malgré vous. » 

Antoine porte les stigmates et les souffrances de son enfance, de son passé, celui dont on n'imagine pas à quel point les douleurs sourdes subies demeurent indélébiles pour un jour, souvent de manière inattendue, faire éclater leur trop-plein. 

L'enfance laisse des traces à perpétuité. C'est par elle que nous sommes tous amenés à nous construire, tout au moins au début de notre existence. C'est elle qui nous donne les premières bases, pas toujours les meilleures, de notre vie. Ce vécu s'incruste sur nos murs intérieurs, que l'on aura beau tenter de recouvrir, mais qui, même avec le temps ne sera jamais vraiment effacé pour un jour refaire surface.


Une petite sœur disparue, la jumelle d'Anna, une mère en désertion, un père qui ne sait pas aimer ou n'a pas appris à le montrer, puis la descente après un bonheur qu’il croyait acquis, sa femme qui le quitte, un licenciement pour couronner le tout. 

Jusqu'où peut- on accepter les « brutalités » de l'existence sans éclater, sans perdre pied, sans « péter les plombs » ? Est-on capable, ne serait-ce que de percevoir le moment où les limites sont atteintes ? De nous imaginer dans la possibilité de commettre un acte irréparable ? À quel moment en arrive-t-on à faire le constat de notre existence ? 

Antoine fait ce constat, triste, amer, douloureux, trop souvent en retrait, à ne jamais oser, à n'avoir jamais souhaité ni voulu ressembler à ce père effacé, presque lâche, plus homme à l'extérieur dans sa vie professionnelle que père pour ses enfants, époux, au sein de son foyer. Antoine n'a jamais désiré être absent pour ses enfants, pour ne surtout pas reproduire l'abandon inguérissable de sa mère. 

Et puis toute la suite, tout le reste, tout intérioriser, « Le grand mot […] l'intériorisation, le refus de laisser jaillir ses émotions, la peur de perdre le contrôle. » L'amour et le besoin d'être aimé, mais aussi le cruel manque d'amour dès l'enfance, tragique, amertume, drame, silence et non-dit. 

Entre passages forts et phrases puissantes, d'autres passages un peu longs (à mon goût), mais rédigés de manière à vous emballer malgré tout, malgré vous. 

Outre l'aspect tragique, ce roman poussé, ou du moins incite, à la réflexion, à l'introspection, à s'interroger sur ce que l'avenir peut nous réserver et comment nous serons en mesure de l'aborder sans perdre pied en cas d’aléas difficiles, parce que personne, non, personne n'est à l'abri des caprices du destin. 

Ce roman m'a beaucoup touchée, surtout sur la troisième partie, en faisant passer mes émotions par toutes les couleurs aussi bien dans la gaîté que dans la peine, dans la colère ou la tristesse. 

Quelques phrases relevées au cours de ma lecture : 

- « Il ne reste de ceux qui nous manquent que le manque justement que nous avons d'eux. » 
- « Il faut être deux blessés pour se rencontrer […] être deux errances, deux âmes perdues. Si l'une est forte, elle écrase l'autre, elle finit par l'achever. » 
- « Il n'y a pas d'amour là où il y a la colère. » 
- « Les mots, il faut qu’ils sortent. Il faut les dégueuler si on veut guérir. » 
- « Le bonheur, on ne le sait qu'après ; on ne sait jamais qu'on est en train de le vivre, contrairement à la douleur. » 
- « La connerie, ça ne se soigne pas d'une réplique. D'ailleurs, ça ne se soigne pas. » 
- « Le voyage compte plus que la destination. » 

Titre : On ne voyait que le bonheur

Auteur : Grégoire Delacourt

Éditions : Le livre de poche

ISBN : 9782253182863

jeudi 1 août 2019

Les vieilles

Les vieilles de Pascale Gautier

J’ai été particulièrement séduite par la couverture, le titre et la quatrième de couverture qui promettaient fraîcheur et humour, moi qui voue en général une véritable tendresse pour les personnes âgées. 

Je pensais alors trouver dans cet ouvrage, un bon moment de lecture. Ce ne fut le cas que concernant la première partie. 

J’ai trouvé l’aspect trop caricatural des personnages mettant à mal l’humour voulu, la fraîcheur annoncée, l’impertinence attendue. 

L’empathie y est au début, puis s'étiole au fil des pages. Ces mamies qui promettaient un roman frais sont si caricaturées qu’elles en perdent toute crédibilité. C'est dommage, car question drôleries, « les vieux » ne sont souvent pas en reste. Nombreux sont ceux qui loin d'être grabataires souvent savent vous embarquer dans des situations vraiment cocasses, presque à mourir de rire. Si, si, je vous l'assure, j'en connais d'ailleurs quelques un(e)s !


L’astéroïde qui annoncerait la fin du monde est quelque peu tiré par les cheveux, drôle d’idée pour créer la panique. Et puis, il y a également toutes ces mamies qui se suicident en se jetant dans le vide du haut d'un immeuble et qui restent sur le trottoir parce qu'à cause de l'astéroïde « l'apocalypse est pour demain et ramasser les vieilles n'intéresse plus personne », difficile d'acter une telle éventualité, même au second degré. 

Au final, je n’ai pas été emballée plus que cela ! Ravie au début, puis la déception prenant place doucement n'a fait que se confirmer pour ensuite me laisser un goût amer parce que je n'ai pas du tout cette image des personnes âgées. J'en connais des drôles, des caustiques, des impertinentes, des râleuses, des agaçantes, des sages discrètes et des moins sages affrontées, des timides qui n'osent pas et des frivoles qui osent tout. 

À lire tout de même parce que chacun perçoit les choses à sa manière avec son ressenti propre et que ce qui déplaît aux uns peut plaire aux autres, et inversement. 

Titre : les vieilles

Auteur : Pascale Gautier

Éditions : Folio

ISBN : 9782070443338

lundi 15 juillet 2019

Le chef de rang désenchanté

Le chef de rang désenchanté de James Barbier

Bien que j'aie pu ressentir un certain attachement pour Jason, le personnage principal de ce roman, j'ai malgré tout eu un peu de mal à m'attacher vraiment à l'histoire dont le thème met en lumière le harcèlement au travail. 

De page en page, nous sommes face aux plaintes et aux complaintes du jeune homme. Il entasse les griefs qu'il a envers ses collègues ainsi que contre ses chefs en général et sa hiérarchie en particulier. Néanmoins, sur une grande partie de l'ouvrage, on ne peut s'empêcher de penser que Jason n'agit pas pour que sa vie change. Pourtant, au cœur de la vingtaine tout est possible encore pour lui. 

Les griefs sont nombreux, parfois pesants et répétitifs, allant des horaires atypiques à la polyvalence de son poste, sans jamais aucune contrepartie pas même financière, en passant par le comportement même des clients qui n'hésitent pas à être tour à tour méprisants et arrogants. 

Jason peste chaque jour, car il souhaite évoluer au sein de l'établissement, estime être bien placé, sinon mieux, que les autres pour obtenir une évolution de poste, la promotion dont il rêve. Alors, quand le poste qu'il convoite tant est attribué à deux de ses collègues, c'est la colère, la déprime pour Jason avec la furieuse sensation d'injustice qu'il va ressasser de manière continue.

Un peu d'action aurait été nécessaire, et même souhaitable, pour rendre la lecture plus emballante. 

Cela dit, au fil des pages, quelques impressions peuvent donner comme des alertes pour nous pousser nous-mêmes à une introspection concernant notre propre vie, nos désirs profonds professionnels et personnels, nos choix, les personnes qui oscillent autour de nous et qui ne sont pas toujours de bon augure ni même sincères. 

Suite à l'attribution de ces postes à des personnes dont Jason estime qu'elles n'ont ni le potentiel ni les capacités et, qui plus est, ont moins d'ancienneté que lui, il le prend, ou du moins le perçoit comme une atteinte à son professionnalisme, un affront émanant de sa hiérarchie, une trahison personnelle de la part de ses collègues. 

La déception est grande, la désillusion insupportable, ce qui amènera à rendre invivable l'ambiance au quotidien au sein de l'hôtel, et poussera Jason à ressentir une certaine haine sous couvert d'une réelle envie de vengeance surgissant du fond de sa profonde colère.

La fin n'était pas du tout attendue et m'a quelque peu surprise, agréablement au demeurant. 

Au final, à part quelques bémols, Jason est attachant, par moment agaçant, car parfois on aurait vraiment envie de le secouer pour qu'il réagisse. 

L'ensemble est agréable à lire, avec quelques pauses, pour ne pas se laisser gagner par la lassitude, car c'est tout de même bien écrit, n'enlevons pas ce bon point à l'auteur. 

Titre : Le chef de rang désenchanté

Auteur : James Barbier

Éditions : Verone Editions

ISBN : 9791028405052

Prix : 19,50 €