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mercredi 15 janvier 2014

Le 36ème dessous

Le 36ème dessous, Daninos, Le livre de poche (Éditions du 1er trimestre 1975)
 
« Pour éviter de livrer au monde ma mine sinistre, je mets le masque : j'essaie devant la glace un rictus qui plisse mon faciès cartonné comme si on l'avait plongé dans un bain d'amidon. Avant d'aller dans le beau monde, je vais éprouver mon masque chez le pharmacien. J'entre, la mort dans l'âme, avec mon rictus, et m'efforce de paraître l'homme le plus gai du monde... [...] Dès les premiers pas dans le salon-cocktail, je me sens malheureux, empêtré, incapable de me mettre au diapason. Mais mon rictus tient bon... » Extrait du livre
 
La dépression, loin d'être une coquetterie !
 
« Le 36ème dessous » commence par une dédicace qui devrait donner à réfléchir ainsi que remettre en place les idées reçues de certains bien pensants imaginant tout savoir : « À tout ceux qui n'ont jamais connu la dépression et qui vous disent : « secouez-vous ». » Cette dédicace est bien évidemment à lire absolument avant d'entamer la lecture de l'ouvrage. Mais, surtout à ne pas perdre de vue tout au long des pages. 
 
Le personnage, Pierre, est aux prises à un début de dépression dans laquelle, il nage à contre courant pour maintenir une apparence, mais une apparence seulement : « Quand au lit lui-même, il m'est d'autant plus difficile de m'en arracher le matin que je n'ai plus à en tirer un seul homme mais deux... » À savoir : « Petit a, ex-prix d'excellence, tout entier dans ma tête... [...] Grand B, fainéant des morceaux choisis, qui fait l'école buissonnière, tord le bras des élèves modèles et finira à l'hôpital dévoré par le jeu, le vice, l'alcool, occupe en squatter le reste de mon corps... » 
 
Deux êtres en un dans un même espace, un même corps ne peuvent que provoquer des conflits. Entre petit a et grand B c'est une lutte sans merci, engagée sans aucune égalité et la bataille s'annonce des plus ardues.
 
Petit a et grand B en sont conscients, mais celui qui « les porte », Pierre, ne sait plus sur quel pieds danser, car avancer et reculer semblent avoir échangé leur définition respective.
Le corps avance, néanmoins dans ce moment critique n'est-ce pas à reculons ? 
 
À tel point que même lorsque le téléphone sonne, la peur affirme sa place autant que sa présence : « J'ai peur en saisissant le récepteur d'être automatiquement happé par la vie que je fuis ». 
 
 
La dépression, déjà une longue existence !
 
L'ouvrage révèle qu'à cette époque déjà (1975) : « L'angoisse étreignant [...] sept individus sur dix, C'EST LE MAL DE NOTRE TEMPS, un corollaire de la vie moderne, saturée de contraintes, d'interdits, d'obligations ». Ce n’est donc pas un mal nouveau. 
 
Nous constatons donc qu'à notre époque actuelle le mal est encore plus profond et qu'au fil des décennies ce fameux mal s'est amplifié. La dépression n'a à aucun moment cessé de gagner du terrain dans toutes les couches sociales et la course continuelle contre le temps ne fait que l'alimenter plus encore. 
 
De mal en pis et de pis en mal, en route vers le meilleur, Daninos décrit avec un brin d'humour et une bonne dose d'autodérision ce mal qui prend subitement toute la place et contre lequel il ne parvient pas à lutter, au point d'en arriver à l'entretenir presque volontairement : « La lecture des journaux me permet, comme je l'espère secrètement, de broyer du noir à loisir en me livrant sans cesse du combustible [...] Je trouve dans la presse tout ce qu'il faut pour m'inquiéter davantage ».
 
L'auteur retrace sa descente aux enfers, lente, mais insidieuse et prenante. Cette torpeur qui entraîne des difficultés même dans les gestes les plus simples. Cette brume qui le sépare du reste du monde, l'inertie devenant si imposante rendant la moindre action incertaine : « Il y a des moments où il faut beaucoup plus de courage pour quitter le troupeau que pour le suivre.  [...] Chaque jour qui vient est le triste frère de ceux qui ont fui ».
 
Cet ouvrage confirme que la dépression est loin d'être une banalité, plus encore près de quarante ans plus tard. Au point que l'on se sent souvent, dans une telle traversée, déshabillé au moindre regard : « J'ai l'impression de me déplacer avec un écriteau sur le front ». Comme si tout ce chamboulement intérieur rayonnait à l'extérieur. Et puis, après un parcours parfois du combattant, accompagné de quelques doses de prescriptions médicales le bleu du ciel réapparaît, mais pas celui de l'âme, pour avoir enfin « la tête comme un point sur un i, et non prise dans l'o [...] J'ai l'impression d'avoir retourné ma conscience comme un gant ».
 
« Nous avons tous, dans le crâne une espèce de violon qui s'accorde et se désaccorde » et dont les périodes peuvent durer plus ou moins longtemps suivant les individus.
 
Daninos le dit : « N'empêchez pas le monde de tourner, vous risqueriez de vous arrêter avant lui ! »
 
À bon entendeur ! 
 
 
Quelques phrases relevées au cours de ma lecture :
- « Me voilà donc prêt à vivre normalement et à mourir comme tout le monde. » 
- « Si Dieu me prête vie, sans du moins se montrer trop pressé que je la lui rende, j'ai du travail sur la planche. »
- « Si le succès ne m'a pas tourné la tête, c'est précisément parce que je garde vivace le souvenir de mes apprentissages. » 
- « Je me demande s'il faut crever pour vivre ou vivre pour crever. »
- « C'est fou, j'y pense maintenant, ce qu'il peut y avoir de moment dans la vie où l'on veut en avoir « le cœur net ». »
- « On n'a pas le droit de tromper le lecteur sur la marchandise, et, si j'ose dire, à plus d'un titre. »
- « Les gens paraissent bizarres pour peu qu'ils soient seulement aussi curieux de nous. »
- « Parfois mon impatience a bousculé les délais prescrits. »
- « Notre tort, toujours, pour tout, c'est de croire que nous sommes une exception, un cas. »
- « TON OEUVRE, si l'on réussit, TES PETITS GRIBOUILLAGES si l'on rate... »
- « Il y a peut-être des maux qu'il vaut mieux ne pas prononcer. »
- « Je suis dans le paradoxe comme d'autres dans le textile. »
- « On prétend que de nos jours on n'écrit plus. C'est peut-être vrai dans le sens Sévigné du terme, mais pour le reste, quel déluge ! »
- « L'erreur est de croire que nous sommes "un cas". Lorsqu'il nous arrive quelque chose d'exceptionnel,  y a gros à parier qu'au même instant des milliers de nos semblables connaissent le même sort. » 
- « Jouer le jeu, à notre époque, ce n'est pas seulement, hélas ! laisser voguer son livre une fois qu'il est terminé. Non. Il faut lui faire un petit bout d'escorte, l'accompagner vers la haute mer du public sous peine de le voir noyé dans l'océan des publications. »
 

Informations sur le livre :  

Auteur : Daninos
Editions : Le livre de poche
Prix : Suivant les vendeurs d’occasions
 

jeudi 9 janvier 2014

Parents

Maman, ce petit mot... (juste pour elle)

 
Maman, on le dit pendant l'enfance,
On le répète la vie durant
On le chuchotte même dans l'absence
Chaque jour, c'est comme un chant.

Ce petit mot qui n'a qu'un sens
Est grand dans notre coeur enfant
Que nous restons malgré les occurrences
Maman, c'est notre sang.

Maman, c'est l'antidote à nos chagrins
C'est la force qui nous manque
C'est la tendresse qui nous soutient
C'est la seule qui nous entend.

Maman, quoi qu'il arrive, il n'y en a qu'une
Elle est là, même dans l'absence
Nos larmes sont pour elle, une à une
Comment vivre sans sa présence ?

Maman, sans toi, c'est le coeur qui hurle
Plus de sourire, trop de distance
Le froid est là, il nous envahit
Sans toi, c'est la vie sans espérance.

 © Marie BARRILLON
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La mère
 
La voix de la mère
Comme unique repère
Aux premières couleurs de la vie
Comme un conte bien écrit.

Le cœur de la mère qui sourit
Et notre regard s’en nourrit.

Elle partira sans rien, un jour
Nous laissant là sans détour
Avec nos bagages pleins d’amour
Qu’elle aura façonné chaque jour.

On se déchire le cœur
A l’aimer en douceur

On tricote dans notre esprit
Des chemins pleins de vie.
La mère c’est cette femme
A qui on donnerait notre âme.

© Marie Barrillon
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L’homme fatigué

Du haut de ta forme,
Tu fais le brave homme.
Ton cœur fatigué
Expire avec difficulté.

Mais toi, tu vois la vie
Comme si c’était ton amie.
De la vie à la mort,
Là demeure notre sort.

Tu te vois éternel,
Pourtant, la vie est infidèle.
Gageant sur notre fin
Quand on monte dans son train.

Tu ne connais pas ton arrivée,
Mais, elle, elle le sait.
Elle ne te dira pas de descendre.
Elle te jettera sans être tendre.

Je voudrais du fond de mon être,
Que tu te poses avant d’être
Celui qu’elle aura choisit
D’éteindre sans bruit.

(A mes parents)

© Marie Barrillon