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dimanche 29 septembre 2013

Où on va, papa ?

Où on va, papa ? de Jean-Louis Fournier, Editions Livre de Poche ou Editions Stock

"Il ne faut pas croire que la mort d'un enfant handicapé est moins triste. C'est aussi triste que la mort d'un enfant normal. Elle est terrible la mort de celui qui n'a jamais été heureux, celui qui est venu faire un petit tour sur Terre seulement pour souffrir. De celui-là, on a du mal à garder le souvenir d'un sourire." Extrait du livre
 
Jean-Louis Fournier nous raconte le parcours avec Mathieu et Thomas, tous deux handicapés à 80%. Difficile d'admettre une première naissance lorsque l'enfant est "différent", alors à la seconde, cela devient très complexe : "Si un enfant qui naît, c'est un miracle, un enfant handicapé, c'est un miracle à l'envers."
 
Au fil des pages, nous nous sentons envahi de compassion, pas seulement pour l'auteur, mais pour l'ensemble des parents confrontés à ce que la nature leur impose. Comme le dit si justement l'auteur ici : "Je ne comprendrais jamais pourquoi ils ont été punis si lourdement. C'est profondément injuste, ils n'ont rien fait. Ça ressemble à une terrible erreur judiciaire."

Néanmoins, à ce "pourquoi", il n'y a malheureusement pas de réponse. La torture des jours suffit, la culpabilité n'a pas sa place, bien que malgré tout elle prend de l'espace... involontairement. Personne ne peut savoir à l’avance ce que la nature va lui imposer de bon comme de désagréable.

L'auteur tente parfois l'humour pour peut-être dédramatiser, mais cela ne marche pas. Sa souffrance veut faire sa place dans les mots : "Avec mes enfants, on ne craint jamais de répéter, ils oublient tout. Avec eux, jamais de lassitude, ni d'habitude, ni d'ennui. Rien ne se démode, tout est nouveau". Cela dit, une interrogation essentielle reste en attente de réponse, ce qui dérange sur le cours de la lecture.

Ses "petits oiseaux", comme il les appelle, il leur a apporté le meilleur, du moins c’est ce que l’on pense au fil des pages, parce que le contraire aurait été inconcevable, inacceptable. Cependant, l’interrogation qui nous taraude est toujours présente. Elle concerne la maman et la sœur qui sont presque totalement évincées du fond comme de la forme, nous faisant croire que l’auteur seul vit ce drame au quotidien.

Pourtant, la mère de Mathieu et Thomas ainsi que leur sœur sont présentes et vivent tout autant la situation au jour le jour, mais à travers les pages, ce qui me laisse un goût amer c’est que seul le silence leur est accordé, comme si elles n’avaient pas de mots à poser sur ce vécu, comme si elle n’en avaient pas le droit, comme si elles n’en avaient cure. De ce fait, nous sommes entrainés bien malgré nous sur un faux chemin. L’histoire est véridique, mais il lui manque quelque chose d’important, à mon sens. Et là s’installe alors le « pourquoi » !

Cet ouvrage, tel une lettre ouverte, mais totalement personnelle, pour Mathieu et Thomas, qu'ils n'auraient, de toute façon, pas pu lire témoigne de l'amour que leur père leur a porté et uniquement celui-là : "Mes petits oiseaux, vous ne saurez jamais conjuguer à la première personne du singulier et à l'indicatif du présent le verbe du premier groupe : aimer."

Pourtant, nous ne savons pas ce que leurs cœurs ressentaient, personne ne le saura jamais, emportant ce secret avec eux. Cependant, ce que l'on peut imaginer c'est qu'ils étaient probablement inondés d'amour pour leur père certes, mais aussi pour leur maman et leur sœur qui faisaient bel et bien partie de leur ciel quotidien, de leur univers... j'aime à le penser !



Informations sur le livre :

Édition : Livre de poche
ISBN : 9782253127840
Prix Livre de poche : 5,60 €
Prix Editions Stock : 15,30 €