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jeudi 26 janvier 2012

Trouble miroir

« Comment veux-tu que l’on ne développe pas des qualités de dissimulation ? poursuivit Yann en se rasseyant. Certains patients ont leur méthode pour gruger ou amadouer les soignants. Ah, ces chères infirmières ! dit-il d’un ton dédaigneux. Il y a les naïves comme Sarah, l’orgueil en plus. Je lui ai rendu un fier service à celle-là ! Et pour me remercier, dit-il le regard étréci, elle m’a lâchement abandonné. Les rigides, intraitables, sont tombées dans le règlement étant petites. Quant aux gentilles, sous leurs airs affables, elles vous extorquent des confidences pour les répéter aux toubibs. »
Extrait du livre

Yann ARMAN

Et si, il y avait un ou des mondes parallèles où nous nous trouverions parfois à la limite, presque dans l’entre-deux. C’est ce qui pourrait parfois nous être amené à penser face à certaines situations mais plus encore en côtoyant certaines personnes.

C’est ce qu’aurait pu penser Sarah au tout début de cette histoire, sauf que là précisément il s’agit bien d’une réalité. Réalité qu’elle vit au jour le jour alors qu’elle est infirmière dans un "centre hospitalier spécialisé", communément appelé "Asile" il n’y a encore pas si longtemps : "Des changements de dénomination dans le but de masquer la dure réalité de ceux qui résidaient en ce lieu, sans l’avoir choisi."

Confrontée chaque jour aux "patients atteints de troubles psychique" est le choix de vie professionnel qu’avait fait Sarah, tout en sachant que rien n’y serait facile.

Cependant certains patients se démarquent des autres. Ce fut notamment le cas de Yann Arman. Ce patient avait le don de mettre la jeune femme mal à l’aise, entre autre chose.
Elle avait eu bien du mal à garder son esprit clair tout en ne se laissant pas dissiper, allant parfois jusqu’à le remettre en place face à ce qu’elle jugeait être des débordements inconvenants : "Mr Arman, je vous rappelle que je suis une infirmière. Rien de plus. M’intéresser à vous est purement professionnel et cela ne vous autorise pas à en tirer d’autres conclusions. […] Vous dépassez les bornes ! Cessez ce petit jeu !"
Décidément, ce Mr Arman parvenait parfois à la faire sortir de ses gongs, ébranlant son calme habituel.

Le souvenir de cet homme n’est pas des meilleurs dans l’esprit de Sarah. Yann Arman fini par quitter le centre, tandis que Sarah change de section.
Tout rentre dans l’ordre dans le quotidien de la jeune femme, jusqu’au jour où…

Docteur KLEBER…

Jusqu’au jour où… le docteur Daniel Kléber arrive.
Qui est-il ? La ressemblance flagrante avec Yann Arman, jusqu’à la voix, déstabilise Sarah, faisant du même coup ressurgir ses souvenirs enfouit accompagnés de questions, de suspicions, d’angoisse… Et si ces deux hommes n’en étaient qu’un ?

Le trouble perturbateur s’installe dans l’esprit de l’infirmière, provoquant presque de la paranoïa.
Cependant, elle ne parvient pas à partager ses doutes avec qui que ce soit. Ces collègues pourraient l’accuser "de projection mentale, de persécution, voire même de vengeance" au vu de la situation passée et le comportement de Yann Arman à l’époque et dont tout le monde ou presque avait eu connaissance.

Rien ne pouvait être dévoilé pour Sarah car "proférer une telle accusation devait s’étayer de preuves irréfutables".

Tenace Sarah ira jusqu’au bout de son intuition quitte à mettre ce médecin en position indélicate. Finalement, ce qu’elle découvre est très loin de ce qu’elle avait pu imaginer. Comment parviendra-t-elle à se faire entendre ? Arrivera-t-elle à démêler le passé et le présent ?

Cette histoire très bien "montée" ne cesse de porter le lecteur, le tenant en haleine de bout en bout, dont l’issue est loin de notre pensée.
Un suspense bien tenu jusqu’à la dernière page, ce qui n’est pas forcément chose aisée.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Trouble miroir
Auteur : Anita BANOS-DUDOUIT
Editions : Edition du bout de la rue
Collection : Rue Poétique
ISBN : 9782916620800
Prix : 15,00€

dimanche 15 janvier 2012

Petites morts en plein jour

"J’ai peur de ne pas vivre la vie que je voudrais, de ne pas réussir à construire le pont qui me mènera d’hier à demain."
"…me laissant de nouveau goûter à la solitude de sa présence."
"Mais ses pensées restaient accrochées aux rêves de la nuit."
"La nuit, silencieuse et légère comme un félin sournois, s’est étendue près d’elle et la regarde sans bouger."
"…Vouloir, pouvoir, des mots qui se mélangeaient, dépassant parfois la simple volonté humaine."
"La nuit s’avançait, masquant pour quelques heures aux yeux des dieux les folies des hommes."
"…Se résigner et se sentir en paix, protégé, à l’abri dans le giron des heures qui se sont écoulées doucement en signe d’un respect poli."
Extrait du livre

NOUVELLE 1…

Dans ce recueil de nouvelles sont abordés plusieurs sujets dont le principal est la solitude. Les promesses du temps, et celles de la vie qu’on espère tant. Mais, ces promesses en sont-elles vraiment ? "Nathalie contemple la lumineuse éclaboussure du printemps" dans l’espoir évident qu’un changement va se produire à l’annonce de cette saison dans laquelle toutes ces fameuses promesses de par les couleurs dont elle nous gratifie et où la ville "est ensorceleuse, diaboliquement séduisante".
Au fil de la journée, Nathalie "est de plus en plus persuadée d’avoir enfin la volonté, l’énergie nécessaire pour transformer son existence".
Elle va tout mettre en œuvre au cours de ces heures pour "tuer la Nathalie d’avant pour en faire naître une autre."

Cependant, à la fin de la journée, quelque soit la saison et ses "promesses", la solitude de la jeune femme reprendra possession de sa vie après avoir offert "cette belle journée au parfum trompeur de bonheur."

NOUVELLE 2…

A l’heure où le temps commence à compter, ne plus vivre en mode accéléré, prendre son temps et laisser couler les heures en acceptant de "ne pas aller trop vite. Apprendre à se contenter des frêles rayons du soleil" et à apprécier ce qui a toujours été détesté à une époque ancienne et révolue, lorsque le temps d’observer nous manquait parfois cruellement.

Et puis, à présent, être conscient du temps passé et se poser "une question sans cesse renouvelée : verrai-je encore un autre matin ?"

LES SUIVANTES…


Nous rencontrons dans ce recueil des personnages parfois tristes, mais souvent solitaires comme Pierre-Yves qui espère le retour de sa belle et où ensemble "ils pourraient défier le temps, voler à la vie des moments de bonheur intenses et retrouver un peu de cette folie juvénile au goût d’éternité."

Comme également, Marc, esseulé après la perte de l’être cher et qui perçoit "par la fenêtre ouverte, une brise de fin septembre", celle-ci "apporte dans la pièce une atmosphère figée, qui semble porter le deuil de la journée".

Mais, quand le ciel s’assombrit, le soir venu, lui qui n’avait rien promis, lorsque Marc "allume une lampe posée sur le bureau de bois sombre et brillant la lumière étend son halo vers une photo accrochée au mur : un portrait de femme. Une déchirure dans le mur gris", c’est toute la peine du pauvre homme qui revient brusquement.

D’histoires en histoires, on ne se lasse pas de lire les mots de cet auteur qui parvient à nous emporter, nous lecteurs, comme des spectateurs de ces vies marquées de solitude, même si parfois la douleur ou la tristesse sont si présentes, presque palpables.
Cependant, c’est bien là que se manifestent nos émotions durant la lecture !

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Petites morts en plein jour
Auteur : Anita BERCHENKO
Microcosme éditions
ISBN 13 : 9782362880049
Prix : 15,00€