Nouveau roman : "Elles : le chemin des révélations" à découvrir, ici !

jeudi 16 décembre 2010

La Gazette de la Lucarne

LA GAZETTE DE LA LUCARNE.

"Le livre est devenu un produit dans ce qu’on appelle majestueusement l’industrie du livre", mais pas à La Lucarne Des Ecrivains.

A l’origine de La Gazette de la Lucarne, une librairie pas comme les autres : La Lucarne des Ecrivains. Et à l’origine de cette librairie étonnante, les membres fondateurs et…Armel Louis, principal "tenancier" de la librairie.

Claude Duneton dit en Février 2008 : "Nous avons décidé de réagir, de ne pas nous laisser écraser sans rien dire par le rouleau compresseur de la grande diffusion du livre qui oblige les libraires à des rotations tellement folles que de plus en plus d’ouvrages de qualité demeurent dans des cartons sans jamais atteindre les rayonnages des librairies[…] En créant l’association La Lucarne Des Ecrivains, nous nous sommes cotisés pour permettre l’ouverture de la librairie […]Armel Louis y entretient des échanges permanents, sous la forme de soirées où les auteurs viennent présenter leurs nouveautés […] Dans un même élan, nous avons décidé de publier une petite gazette modeste dans sa forme mais qui peut grandir."

Pour en revenir à La Gazette de la Lucarne, c’est une découverte tout à fait fortuite et heureuse qui m’a été présentée par une connaissance. J’achète donc le numéro en cours, le 31, pour la modeste somme de 1,50€. Elle ressemble à un petit journal, façon photocop’.

Ce numéro 31, vous le commencez par une petite nouvelle intitulée  "Les papillons" d’Isabelle Buisson. Une jolie petite histoire d’enfance comme on les aime et qui soudain vous ramène dans vos propres souvenirs.

DES DECOUVERTES INTERESSANTES…

Nous poursuivons notre lecture-découverte avec "Trois femmes, trois romancières, trois visions du monde qui s’expriment." La dernière question qui leur est posée est une question tranchante pour un auteur : "Quand vous arrêterez-vous d’écrire ?" En tant qu’auteur, je me retrouve dans les réponses de ces trois femmes.

Dominique Barbéris nous dit : "C’est une question que je n’aime pas me poser."

Marie Sizun répond tout d’abord que c’est une question perfide puis s’exprime : "Je n’écrirais plus quand je serai si vieille que cela aura cessé de m’amuser…"

Agnès Olive, quant à elle, nous dit simplement : "Impossible d’arrêter d’écrire, c’est vital […] Je ne sais pas comment est la vie sans l’écriture !" Et il est évident que tout auteur passionné tiendra le même type de réponse avec d’autres mots.

Nous découvrons ensuite un article très bien réalisé sur le poète portugais Mario De Sa-Carneiro, qui s’est suicidé au matin du 26 avril 1916, à l’âge de vingt-six ans. Quelques références littéraires nous sont proposées afin d’en apprendre un peu plus sur ce poète parti trop tôt, trop jeune.

Puis, nous découvrons le programme des "Soirées de la Lucarne" : spectacles, vernissages, poésies, expositions…
Tout y est pour le mois en cours.

DE JOLIS TEXTES…

 Après cela, nous pouvons lire un très joli texte intitulé "Jours de l’ange" de Pierre-Marc Levergeois : "Sans relâche, sur leur tabouret, les anges étudient la voûte du ciel avec les astrolabes, les théodolites, les azimuts, les routes des saisons. […] Ils ont conscience qu’il est une planète échevelée, entourée d’eau, défendant avec force ses fragiles surfaces, ses moindres états d’âmes…" (Extrait de "Jours de l’ange")

L’agenda qui suit cette lecture bien sympathique nous propose quelques publications récentes à commencer par le fameux "Dictionnaire des injures littéraires" de Pierre Chalmin, "Ligne d’erre" de Daniel Flamant, "D’ailleurs le désir" de Jacques Lacomblez ou encore "Comment se débarrasser d’un ado d’appartement" d’Anne de Rancourt qui vient à la librairie pour présenter son livre aux lecteurs qui auront fait le déplacement jusqu’à la Lucarne Des Ecrivains.

En continuant notre lecture, nous sont offertes des poésies de Julie Legrand : "Un marché de saison" et "Chant des Hommes intègres". Sur la page "M’éditons, M’éditons…", on nous parle de sujets un peu plus sérieux. Non, que la littérature ne le soit pas, bien au contraire, mais on nous propose des articles d’un autre registre, bien qu’ils demeurent "littéraires" : "Chaque mois, Paul Desalmand vous fait découvrir un point particulier concernant l’édition."

Et avant de terminer sur un bel article concernant Proust, histoire de conserver un peu d’humour, il nous est présenté des petites devinettes : "Quel est le comble pour une sirène ?" ou encore "Quel est le comble pour un toréador ?" Bien sûr, je ne vous dévoilerais pas ici les réponses, ce ne serait pas drôle. Pour les connaitre, il vous faudra acquérir le numéro 31 de "La Gazette de la Lucarne".

LIRE, S’ABONNER, SE RENDRE A LA LUCARNE DES ECRIVAINS…

Il va sans dire que vous avez la possibilité de vous abonner pour ne manquer aucun numéro de cette très charmante gazette, grâce au coupon d’abonnement présent à la fin du petit journal.

Le site internet de la Lucarne est également à découvrir. Il est certes extrêmement sobre mais très intéressant. Pour ceux qui le souhaitent et qui aiment partager leurs écrits, ils peuvent transmettre leurs textes, poèmes, nouvelles…pour une éventuelle parution dans les colonnes de la gazette.

Et pour les curieux, passionné, découvreurs de nouveautés…vous trouverez la librairie au 115 rue de l’Ourcq, 75019 Paris (Métro Crimée, ligne 7). Elle est ouverte le lundi de 14h à 19h ainsi que tous les autres jours de 10h30 à 19h sauf le dimanche.
L’adresse du site : http://lalucarnedesecrivains.free.fr

Et n’oubliez pas que : "La Lucarne des Ecrivains vous ouvre ses portes et vous propose des soirées littéraires pour mettre en lumière et découvrir des auteurs et des éditeurs rares."

Tout est dit !


Marie BARRILLON
13/12/2010
(Pour 1001 livres magazine)

lundi 13 décembre 2010

Entretien avec Jacques Guyonnet

 Entretien avec Jacques Guyonnet,
auteur du roman "Le douzième évangile", édition La Margelle

100% Auteurs : On ne compte plus les livres dont tu es l’auteur et les autres activités à ton actif. Cependant, comment sont nées tes premières phrases ? D’ailleurs, est-ce dans une période particulière ?

Jacques Guyonnet : J'ai écrit depuis ma jeunesse. Je me suis fait remarquer à Genève par un critique littéraire très sympathique qui m'a consacré un petit article intitulé "l'âge catastrophique". Je me prenais en effet pour un grand phare solitaire au bord du monde et ça se terminait par quelque chose du genre "la mer en me frappant m'a appris le ressac!" Tu auras plus de réponses sous 4).

100% Auteurs : On te dit souvent (je te cite) que tes livres sont touffus. A ton avis, pourquoi tes lecteurs le disent et/ou le pensent ?

Jacques Guyonnet : Les lecteurs sont habitués à des récits linéaires. Je suis une équation non-linéaire du nème degré Marie, donc probablement déconcertant par instants. Je suis attiré par la dynamique des flux mais, au cœur de ceux-ci, on trouve une pensée globale. Cela dit je m'en étonne souvent et dans la plupart de mes préfaces je dis au lecteur "lisez-le" au niveau que vous voulez. Ce peut être un polar ou une réflexion philosophique. Je crois qu'il est bien de sauter les notes de bas de page, elles m'amusent mais elles coupent le récit.

A part ça tu trouveras aussi des textes très simples et épurés dans ma production. Par exemple Les îles ne sont à personne, dans lequel chapitre j'entreprends de geler le monde et de descendre dans le froid pour… ramener celle que j'aime du royaume des morts.

100% Auteurs : Il est vrai qu’au premier abord, ton style est surprenant, bien qu’on se laisse malgré tout rapidement emporter. As-tu toujours écrit dans le même style ?

Jacques Guyonnet : J'écris comme je parle, Marie, si on se rencontre un jour tu le constateras. Il y deux choses que j'aime bien souligner : l'une est que je suis un homme libre, je ne m'impose aucune contrainte artificielle de style ou de forme et prends assez naturellement le langage de mes personnages; l'autre c'est que pratiquement tout ce que je mets en scène est réel, est arrivé, vécu. Je n'ai pas beaucoup d'imagination, je compose, j'arrange c'est tout.

100% Auteurs : Il semble que tu aies un vrai besoin de te diversifier en matière artistique et ce dans des domaines différents. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?

Jacques Guyonnet : Ne sommes-nous pas tous polyvalents aujourd'hui ? A 11 ans je suis tombé dans la lumière, au bord du lac d'Annecy, mon cousin jouait la Ballade en sol mineur de Chopin. J'ai été envoûté. Dès cet instant je savais ce que je voulais être. Une foutue chance! J'ai fait la carrière que tu peux suivre sur le Net, comme compositeur, chef et "homme d'action du monde de la musique". Mais… pour mes parents,  j'ai accepté d'entrer à la Faculté des lettres et je lisais beaucoup très jeune.

Ecrire un livre me paraissait impensable, hors de ma portée. J'ai pondu des nouvelles qui ont été publiées ça et là mais j'avais une sainte trouille de la grande forme, je me sentais sans qualités. J'ai surpris tout le monde à Genève en déclarant que, vers les années 1985, il fallait arrêter notre centre de musique contemporaine qui avait 25 ans d'activité et avait réellement animé cette cité genevoise. Ne pas tomber dans le musée. Passer à autre chose.

En 1993, j'ai perdu mon épouse et ces années-là je suis devenu père et mère pour mes enfants. En même temps, je créais des studios d'enregistrement et de musique électronique. Dans ces années-là une voie s'ouvrait en moi pour dire, rendre compte, écrire. J'ai publié mon premier roman en 1998. Après? Je suis devenu un pommier. Je donne une pomme par an, plus ou moins.

100% Auteurs : Si on revient sur ton dernier livre, "Le douzième" comme tu l’appelles, comment est "né" le personnage de Mélissa et surtout pourquoi en avoir fait une "obsédée sexuelle" ?

Jacques Guyonnet : Mélissa c'est La Vie! Au début son personnage m'amuse et j'espère que je suis arrivé à me mettre dans sa peau. Mais rapidement mon adorable folle de sexe s'aperçoit de l'horreur du monde autour d'elle. Elle n'est que générosité, joie de vivre, elle dit qu'elle veut baiser tout ce qui vit mais en réalité on pourrait substituer le verbe aimer.

Je me suis beaucoup amusé de ses frasques et de ses déconnades. J'adore les chapitres "Romance" qui sont les échos de mes années 60/70. Toutefois Mélissa dérange le Pouvoir. Le Sarkodile ne l'aime pas ni les maîtres du monde. Il faut alors parler d'elle non plus comme une obsédée sexuelle mais comme la fontaine de la vie. Tu connais la fin…

100% Auteurs : En te lisant, et pas seulement dans "Le douzième", on s’aperçoit que la femme tient une place particulière. Quelle est cette place ?

Jacques Guyonnet : Centrale ! Dans beaucoup de mes livres j'ai écrit que sans "elles" je ne serais rien. Je me limite à cette déclaration avec ta permission car je serais intarissable !

100% Auteurs : Peux-tu expliquer aux lecteurs ce que tu entends lorsque tu dis : "C’est vrai que j’écris comme un compositeur avec une polyphonie d’idées"

Jacques Guyonnet : Je traite naturellement plusieurs sujets en contrepoint, comme en musique dans la polyphonie. Quand je dirige un orchestre je dois suivre beaucoup de choses simultanées mais pour l'auditeur il n'est qu'un seul résultat.

En littérature nous ne disposons pas de cette possibilité de parler à plusieurs voix simultanées (à part sur les plateaux de la tévé française…) donc il faut créer une sorte de champ de signes et passer de l'un à l'autre avec passion ou en s'amusant. Cela peut déranger le lecteur ou lui plaire. J'adore suivre un thème fort et, sans lâcher prise, me permettre des incises, des coupures qui peuvent être très étrangères au sujet traité mais qui finalement apportent quelque chose.

Parfois j'écris des chapitres de trois lignes (c'est d'Ormesson qui m'a appris ça) et quelquefois j'ai l'ambition d'écrire un chapitre difficile, interminable, aride comme un pierrier, démesuré, comme "La compassion" dans La Tempête et "La musique le dit" dans L'été Jolene. Je sais que je perds des lecteurs mais je dois dire ce qui est en moi.

100% Auteurs : Et si on parlait de tes projets à venir, parce que forcément il y en a, on n’en doute pas. Quels sont-ils ?

Jacques Guyonnet : Dans le simple il y a deux livres que je n'ai pas publiés. La Tempête, fini en Arizona en 2001. Les tours jumelles tombent et, à une Amérique Clintonienne, se substitue celle de l'infâme Bush. Je ne puis me résoudre à publier ce livre (dernier de ma première trilogie) car je ne reconnais plus ce pays qui est le décor de la narration. Avec le recul je vais le faire en m'adaptant à l'histoire récente. Et aussi L'Origine Elle, qui, toujours sous la forme d'un roman  a l'ambition de proposer un structuralisme de la sexualité humaine. Je crois que je n'y parviendrai jamais car je me refuse à écrire des textes ennuyeux et, traiter de manière vivante de Nature et Culture dans nos rapports sexués, est un foutu défi.

Le livre est écrit, je m'y attaquerai après La Tempête. Ça pour l'écrire.  Pour le vivre, j'aime rencontrer des gens simples et aider mes amis ou des gens que je croise, ce qui compte c'est donner, c'est de ne jamais accepter l'existence de l'effroyable ploutocratie actuelle qui se s'exhibe avec une indécence sans égale.

100% Auteurs : Concernant l’écriture, t’imposes-tu des règles (gestion de temps, rituels…) ?

Jacques Guyonnet : Non. Rien. Pour mes partitions comme pour mes livres ça a toujours été la même chose. Une longue giclée. Une image, une voix, une musique, quelque chose fait office de catalyseur. Je vois alors l'œuvre devant moi, sous la forme d'une petite sphère lumineuse dont je dois m'approcher et dont je dois exprimer le contenu. Tout à fait comme à la fin du 12ème Evangile… Je me mets alors en état de création heureuse.  Je suis capable de continuer à écrire même si on parle à côté de moi, même si le téléphone me sollicite, même si le monde alentours se comporte comme une branloire pérenne, il devient secondaire, il devient une parenthèse.

Je n'ai pas d'heure particulière pour déchiffrer la vision initiale et, en général, à part le premier livre que j'ai failli abandonner, je rédige mon livre en un ou deux mois, souvent en été. Après… c'est une autre histoire, ce n'est plus le même état de grâce. Je sais très bien que la petite explosion originelle provient d'une longue et lente maturation mais ça se passe comme ça, n'en déplaise à des planificateurs comme Eco.

100% Auteurs : Quels sont tes "maîtres" littéraires, ceux chez qui tu puises peut-être ton imagination ou bien ceux qui t’ont amené sur le chemin de l’écriture ?

Jacques Guyonnet : Ah! (Dans un ordre très approximatif d'entrée en scène) Molière, Homère, Cyrano (…), Hugo, Balzac, Rimbaud l'éternel, San Antonio, Nerval, Baudelaire, Borgès, Roger Caillois (un seul livre suffit, L'écriture des pierres), Abraham Moles l'un des grands méconnus de la culture française, Valéry pour quelques éclats. son cimetière marin et son mépris des philosophes langue de bois, Eco qui se montre plus sublime dans ses essais que dans ses romans, Carlos Castaneda (quand j'étais au Mexique, l'un de ses textes m'a sauvé la vie),  Muriel Cerf pour Une pâle beauté, Christian Bobin pour Le très bas, ce banlieusard du Creusot qu'il était de bon ton de tourner en dérision dans les milieux littéraires pharisiens , Rushdie pour Fury, beaucoup d'Américains dont Silverberg et Scheckley, d'Ormesson jusqu'au 11 septembre, François Solesmes dont une page m'a mis au bord des larmes, Jean-Luc Hennig ce Suisse incompris mais qui a donné des livres étincelants, Clarissa Pincola Estes pour Femmes qui courent avec les loups (elle a dit sur les femmes, en quelques lignes,  ce que je n'approche que maladroitement en 13 livres…), toute une catégorie de la littérature française que l'on ne cite jamais et qui est celle de la chanson, ensemencée de textes sublimes,  et… jamais tenté par Proust, Flaubert ennuyeux, Rousseau à petites doses, une rêverie surtout  (on la retrouve modulée dans quasiment tous mes bouquins), les post modernes qui me font mourir de rire mais ils n'ont rien à nous dire (lis le sinthome de Lacan (mais à petites doses), voici donc mes like et mes dislike et… tous ceux que je ne puis te citer ici et que j'ai coutume de nommer Mesdames et Messieurs les titres oubliés!

100% Auteurs : Que penses-tu de la littérature actuelle, et surtout du monde de l’édition tel que nous le voyons de nos jours ?

Jacques Guyonnet : Là tu es dure avec moi! Je vais faire l'impossible pour ne pas être grossier. Je n'utiliserai pas les verbes du type chier et le terme générique de cons (un mot purement intraduisible en d'autres langues).

Je pense trois choses. L'une est relative au mainstream. On a beaucoup parlé de malbouffe on doit se mettre au mal-lire. Mainstream a plus de sens que "populaire". Ça signifie obligation de consommer tel ou tel produit. On dit beaucoup que le Goncourt est attribué d'avance à Huèle Bec. Si c'est vrai c'est sinistre.

On dit aussi que ça permettra de tirer d'office 200'000 ex de plus sans risque. No comment! L'orgueilleuse littérature serrait ainsi totalement aux mains des marchands. Oui, mais ces marchands ont changé, ils ne sont plus les mêmes. Instruits par les techniques américaines ils planifient ce que nous devrons lire, voir, manger et aimer. Même la dénonciation leur profite sous forme de pub. Je pense que l'avidité s'est totalement emparée du monde de l'édition et je pense que les éditeurs ont des problèmes d'argent. Donc il n'est aucune raison pour que ça s'améliore.

A New York (il faudrait retrouver l'info dans les inrock) il y avait environ 7'000 librairies. Il en reste aujourd'hui une dizaine. C'est ce qui se passera chez nous aussi dans la mesure où nous suivons la pente du néo-libéral.

Donc pour 1) je pense que le monde du mainstream est irrespirable, vénéneux et… quasi inévitable.

Pour 2) Je pense que nous vivons assez mal une révolution du type tsunami : Internet fait au livre ce qu'il a fait à la musique depuis environ 15 ans. Tuer les majors. Je ne crois pas tant que ça que le livre numérique remplacera le livre papier. Pas d'ici longtemps. Par contre le monde de l'édition a explosé. Je connais des imprimeurs de grande qualité et ils me disent tous que les éditeurs (qui se multiplient) impriment à la demande. C'est à la fois bien et mal : pour l'aspect négatif j'en reviens à ma réflexion, à Lyon, je dirigeais à l'Opéra dans les années 60, je suis entré dans une librairie et, pour la première fois j'ai été dépassé par la quantité de titres disponibles.

Je n'arrivais pas à m'orienter. Je me suis dit "le jour où il y aura autant d'émetteurs que de récepteurs nous serons dans le chaos absolu". Tu connais la suite, chaque rentrée 700 romans dont un dixième iront jusqu'à l'étal des libraires et un centième fera carrière. En réalité c'est beaucoup plus que ça! Je connais le chiffre des livres envoyés aux journaux, je ne te le dis pas, c'est du rêve. L'aspect positif est que beaucoup de talents qui seraient barrés par les grands éditeurs trouvent des maisons jeunes et une chance de trouver des lecteurs.

Propos recueillis par Marie BARRILLON
pour la revue 100% Auteurs N°2


Le douzième évangile

"Chaudement, sournoisement, le désir me reprenait. Dieu était hyperbaisable ! J’avais envie de lui. Avouez que je ne suis pas possible. Ce sont les mâles qui vivent en état de rut perpétuel. , nous les filles, une fois par mois quand tout va bien. Mais rien à faire, je bandais (les filles bandent, évidemment vous n’étiez pas au courant) et ne pensez surtout pas que j’avais envie d’entrer dans un quelconque livre des records. Mélissa, la fille qui a baisé Dieu ? Quelle sottise, j’éprouvais de l’amour pour lui, il était super-mignon et attirant, il avait ce quelque chose qui manque aux hommes de mon temps, c’était peut-être un mec féminin après tout. Le fait qu’IL m’ait abordée sur Denfert après mon altercation avec BMW me restait inexplicable."
Extrait du livre

LA MISSION…

Mélissa, jeune journaliste vedette et talentueuse de "PodSex" se voit confier pour mission de découvrir "ce que les femmes préfèrent", par sa rédactrice en chef, "petite bonne femme qui règne du haut de la pyramide éditoriale". L’échange entre les deux femmes apparaît difficile.

L’une, glaçante et qui "élimine toute concurrence avec une efficacité sans pareil". La seconde, talentueuse, courageuse, téméraire, un brin révoltée. Ce que Mélissa ne supporte pas, entre autre, c’est que cette petite bonne femme utilise son prénom à tout va : "Je détestais qu’elle me balance mon blaze à tout bout de champ. Dans sa petite bouche de mesquine pédégée, ça sonnait comme "Mélasse", "réglisse" ou encore "boue dégueulasse sans avenir" du débité, du pas frais." Nul doute que dans ces conditions là, Mélissa voit sa directrice en chef d’un mauvais œil.

Mélissa n’a de toute façon pas le choix. La voilà donc partie pour un reportage pour le moins insolite. Mais, il en faut plus à la jeune fille pour la décourager. Elle va devoir remonter le temps. Celui d’"avant Evène (avant les événements)". Son papier devra être le meilleur, elle n’en attendait pas moins que ça sa chef. La directrice justement, dont le surnom est BMW, est intransigeante sur la question : "Vous me ferez le meilleur papier là-dessus".

Bien évidemment quant au délai exigé pour rendre son article, la réponse ne se fait pas attendre : "Pour hier, vous partez dans le passé, vous aviez déjà oublié." Rude patronne !
Au sortir du bureau de cette "charmante" directrice, Mélissa rencontre un homme. Mais…pas un homme comme les autres, nous nous en doutons bien, puisqu’il s’agit de Dieu lui-même, "un mec vieux qui a entre deux mille ans et quinze milliards d’années (à la louche), ça ne se trouve pas sous une merde de canasson".

LE VOYAGE VERS L’AVANT EVENE…

Et puis, Dieu n’avait plus cette popularité que nous lui connaissons. Parce que si vous suivez bien, vous aurez compris que nous, nous faisons partie du monde "d’avant Evène". Concernant sa popularité antérieure, Dieu explique à Mélissa ce à quoi il fallait s’attendre : "Je ne dispose plus des pouvoirs qu’on me prêtait dans la bible".

En entamant cette lecture, on se demande dans quel monde (parallèle ?) nous mettons les pieds. De Denfert à Acapulco, il n’y a presque qu’un pas dans le monde de Mélissa, alors que dans le nôtre c'est-à-dire "avant Evène"… Et puis Dieu détrôné de son nuage intergalactique et qui disserte avec Mélissa sur terre, n’est pas dans nos habitudes quotidiennes !

Des mots d’ailleurs, dotés d’une définition nouvelle, si, si, vous pouvez me croire. Mais rassurez-vous, vous ne serez pas perdus bien au contraire. L’auteur a veillé à nous faciliter la tache en nous offrant les définitions nécessaires à notre compréhension. Et ce n’est pas tout ! Sexe and the sexe pourrait être une devise pour notre charmante journaliste bien décidée à ne pas "lâcher la grappe" à Dieu. Pardonner mon expression, mais ici elle a tout son sens, sans être aucunement déplacée.

Le monde de Mellissa étant celui d’après "les Evènements", il est forcément très différent de celui que nous connaissons et dans lequel nous évoluons. Revenons-en à Mélissa et la mission journalistique en question.

Alors, Melissa part pour son voyage dans le temps en "chrono-dégueuleur", direction le vingtième siècle. De quoi faire sourire, surtout lorsqu’on découvre qu’elle quitte Denfert pour…Denfert. A la bonne heure ! Et retrouve en ce même lieu : Dieu, son guide. On n'en espérait pas moins.

QUE PREFERENT DONC LES FEMMES ?

Précisons tout de même que Mélissa est pour le moins obsédée sexuelle et que retrouver son "ami" n’est pas sans intérêt puisque, même si c’est Dieu en personne, cela n’empêche pas à Mélissa d’avoir des idées qui lui traversent la tête et soyons honnêtes, pas que la tête : "Ce type je l’aimais, je le voulais […] C’est pas tous les jours qu’une fille va tenter de sauter son créateur ! […] Dieu était hyper baisable !" Sacrée Mélissa, si attachée à la ficèle de son string sans pour autant oublier l’objectif pour lequel elle a été envoyée là ! Mais si attachante également dans ce rôle que l’auteur lui a confié pour notre plaisir.

Toujours dans l’avant "Evène", la jeune femme nous emmène dans les sexes-parties auxquelles elle participe avec joie, plaisir et sans aucune équivoque possible, nous nous en doutons bien. A mesure qu’avance les choses et à travers ses divertissements sexuels, Mélissa se rend compte que "les femmes préfèrent nettement les femmes".

Mélissa est toujours en phase avec Dieu, qu’elle apprécie de plus en plus. Il l’aide à sa manière. N’est-il pas le numéro un dans son panel. Quant au numéro deux, c’est Des Ombres. Un homme dont elle a lu les livres et dont elle est sortie fascinée. Il est présent, là, quelque part. Nous le croisons au fil des pages, lorsque nous ne nous y attendons pas.

Qui est Des Ombres ? Nous le découvrirons, tout comme le lien qui uni ces deux personnages. Mais, en dehors de Dieu et de Des Ombres, les hommes sont quasi absents, voire inexistants. Diverses raisons sur cet état de fait nous sont proposées. Chacun y fera sa sélection en fonction de sa propre perception. Cependant, cela nous amène à quelques interrogations.

L’EFFET MELISSA !

Au fil de la lecture, nous noterons que Mélissa parle au lecteur (trice), s’adressant à lui (elle) comme si elle contait son histoire, sans artifice, même si parfois les propos sont crus : "Pas nécessaire que je vous raconte comment Safran m’avait (des)habillée, vous avez de l’imagination sinon vous ne seriez pas là en train de prendre votre pied à me lire et à vous pogner comme des malades". On aurait presque le sentiment de partager quelque chose avec elle. Une amitié ? Ce pourrait, pourquoi pas ?

En tout cas, nous avons plaisir à la suivre tout en lui tenant "virtuellement" la main. On se laisse doucement emporter, transporter dans son univers, avec quelques hésitations au début mais des hésitations très vite abandonnées. Car Mélissa nous les fait admirablement bien oublier, "ça, c’est l’effet Mélissa".

L’auteur serait-il féministe ? On peut l’imaginer : "Un homme est-il éternellement coupable devant une femme, c’est élémentaire. Mais de quoi ? Oh ! Pas grand-chose, cinq mille ans de patriarcat ? Une pomme volée chez Eden ? Ou peut-être simplement ces codes naturels qui la rendent supérieure sans qu’il soit besoin de l’expliquer."

LES FEMMES…

De bout en bout, Mélissa n’est en rien épargnée mais rassurez-vous, elle ne vous épargnera pas non plus : "Il me semble que Dieu, ou le joueur masqué qui me manipule, m’accorde au moins une liberté dans cette histoire. Celle de venir vous casser régulièrement les couilles avec mes réflexions de fille agitée."

Dans ce livre, vous n’y trouverez rien d’ordinaire car rien n’y est ordinaire, tant sur le style d’écriture que sur l’ensemble de l’histoire. Vous y ferez des bonds dans le temps entre futur et passé mais toujours en compagnie de la charmante Mélissa qui sait se montrer attachante et de Dieu son ami qui lui procure toutes les envies. Il vous faut juste ne pas perdre le fil. Vous aurez en main, une exception ! Déroutant certes, au premier abord, un peu délirant soit dit en passant mais belle construction irréelle tout en étant bien pensée.

Les femmes y ont la part belle, l’auteur s’en donne à cœur joie pour les "surélever" largement au-dessus des hommes. Alors, à la question, les femmes préfèrent-elles les femmes, il vous faudra vous jeter à corps perdu dans les pages du "Douzième évangile" pour le savoir. Un livre à ranger sur votre étagère sciences fictions car sur celle des romances amoureuses modernes c’est un peu plus risqué, voire même déplacé !

Un petit mot de l’auteur extrait de la préface : "Ce livre n’est pas un cinq cents pages, il dépasse à peine trois cents. J’aurai adoré vous en coller mille ! Un rêve ! Mais c’est au-dessus de mes forces, il doit partir, faire voile vers vous […] Dans mille autres maisons que La Margelle vous ne trouverez une telle fantaisie créatrice (débridée) […] L’intérêt de ce bouquin est – entre autre – que je refile la patate chaude à Mélissa car pour la première fois ce n’est plus moi l’obsédé sexuel de service, c’est elle. Une omnivore…" Après lecture, nous nous rendrons compte que l’auteur nous dit là une vérité.

La qualité de l’ensemble est de bonne facture.
Le prix est celui normalement rencontré.
Je serais tentée de dire que c’est un ouvrage "pour tous", mais, ce livre est plus particulièrement réservé aux lecteurs adeptes de ce type de roman, et si malgré cela vous vous laissez tenter, vous ne le regretterez pas, assurément.
La photo de couverture est une magnifique composition de l’auteur lui-même.
L’auteur signe son quatorzième ouvrage avec "Le douzième évangile".

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Le douzième évangile
Sous-titre : Les femmes préfèrent les femmes
Auteur : Jacques Guyonnet
Editions : La Margelle
ISBN 13 : 9782940296095
Prix : 22,00 euros



mercredi 8 décembre 2010

Les aventures de Johny Jane

"Johny Jane voulut dire quelque chose. Croiser des individus moitiés animaux moitiés humains avait été déjà étrange, mais ces êtres mi-dinosaures étaient encore plus invraisemblables. C’est pour cela qu’on les appelle "préhistorique" ? se questionna ensuite le garçon. La curiosité aiguisée, il se retourna sur la pièce remplie de costumes et décida de trouver le sien. […] Entre deux robes d’impératrices chinoises, il tomba sur ce qu’il cherchait : un pantalon, une redingote aux manches très larges, des bas et des chaussures à bout carré."
Extrait du livre

LA BETISE…

Lorsqu’un gamin a dans l’idée de faire une bêtise, quelle soit petite ou énorme, il s’assure de ne pas se faire prendre. C’est exactement ce que va faire le jeune Johny Parker alors que ses parents sont endormis sur la plage de leurs vacances en Espagne. Il prend quelques pièces dans le porte-monnaie de sa mère, "en évitant que les pièces ne tintent les unes contre les autres". De son air coquin, il tourne "ses pupilles dans toutes les directions avec une expression que sa mère connaissait bien, puisqu’elle signifiait immanquablement que son fils allait faire une bêtise".

Le voilà parti à la découverte de la ville à la recherche d’une glace mais en ce lieu inconnu, difficile pour le petit Parker de deviner que l’après-midi tout est fermé. A croire que la ville vit au rythme de la sieste sacrée. Il se fait bousculer par un autre gamin sans allure et vêtu de guenilles, laissant échapper ses pièces. Le garçon de la rue les ramasse à vive allure et se sauve sans demander son reste.

S’engage alors une course-poursuite dans le dédale des rues désertes et des ruelles minuscules. L’autre gamin est plus rapide, cependant il semble attendre Johny à certains coins de rues.

QUEL EST CET UNIVERS ?

Contre toutes attentes, Johny "reçut un coup violent au crâne et tomba net inconscient". Le jeune Parker va s’en vouloir d’avoir voulu jouer au malin en désobéissant à ses parents. Lorsqu’il se réveille, Johny découvre un univers qui dépasse l’entendement. Rêve ou réalité ? Il se trouve sur un bateau-village déserté de ses habitants et de tout équipage, à l’exception d’une "personne" : "la figure de proue".

Cette "personne" lui révèle qu’elle a besoin de lui pour retrouver son équipage. L’aventure ne  fait là que commencer. Johny découvre avec stupeur "un troupeau de vaches migratrices […] Ces vaches sont voilivores" ou encore "des dizaines et des dizaines de petits animaux rose vif jaillir de l’eau", des poilivores : "Les voilivores ont été vaincues par des poilivores". Dans quel monde avait-il donc échoué ?

Pourtant, il se surprend à s’investir dans cette aventure pour le moins incongrue, mais plus encore lorsqu’il se rend compte soudain qu’il "ne pensait pas plus à ses parents". Visiblement, ils ne lui manquent pas.

LA MISSION…

Johny va découvrir un univers qu’il n’aurait même pas osé imaginer ou alors seulement en rêve puisque seuls les rêves offrent une multitude de possibilités d’évasions, incongrues parfois et même burlesques.

Son défi est donc de retrouver un équipage, participer à une formidable chasse aux trésors sans merci tout en faisant la connaissance d’êtres aussi surprenants les uns que les autres, côtoyer toutes sortes de bateaux tel que celui sur lequel il se trouve : Le bateau-village.
Le petit capitaine Johny Parker mènera sa mission de main de maître, malgré toutes les difficultés qu’il va rencontrer.

Une formidable histoire d’aventures que les enfants vont adorer, écrite dans une belle aisance où ils n’auront aucune difficulté de compréhension. Peut-être même rêveront-ils de se retrouver à la place de Johny Parker
L’auteur sait emporter ses lecteurs sur le chemin de ces aventures.
L’histoire est savamment imaginée.
Très bien écrite où les détails ne manquent pas.
Pour les enfants à partir de 9 ans, mais les plus grands ainsi que les adultes peuvent se laisser tenter par cette découverte s’ils ont l’esprit aventureux.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Les aventures de Johny Jane
Auteur : Cyril Deydier
Editions : Editions de la Lune
Collection : Mots et Merveilles
ISBN 13 : 9782916735597
Prix : 19,00 euros

lundi 6 décembre 2010

Vies d'Andy

"Les deux femmes se retrouvèrent le lendemain aux Tuileries, et encore d’autres jours. Comme un rituel annonçant cette nouvelle amitié, elles avaient convenu de se retrouver près du grand bassin, en fin d’après-midi. Ces rendez-vous approximatifs continuaient de nouer une relation confiante et fragile à la fois, dont elles sentaient confusément qu’il ne fallait surtout pas briser le fil par des questions trop indiscrètes."
Extrait du livre

LA FIN D’UNE VIE…

Qui n’a pas un jour imaginé changer de vie ? De cette personne que nous sommes pour en être une autre, différente. En changeant radicalement de mode de vie au passage. C’est le pari d’Andy.

Un type plutôt étrange monte dans un taxi. La circulation est difficile à Manhattan, le taxi demeure bloqué à un carrefour. Mais, le client étrange reste impassible même lorsqu’un rouquin frappe au carreau arrière de la voiture, croyant reconnaître la personne assise sur le siège malgré son accoutrement : "Un homme mince vêtu d’un col roulé noir et d’une veste en cuir […] épaules d’adolescent, jambes maigres, bottines et pantalon noir […] sa chevelure, une énorme perruque argentée aux épis ébouriffés en plumeaux ; près de l’oreille dépassait une mèche de cheveux blond foncé." Le rouquin n’en démord pas, persuadé de voir dans le client du taxi la personne d’Andy Warhol. Comme tout droit sorti d’un autre monde.

Le taxi fini par se dégager de cette impasse, regrettant de n’avoir pas pu empêcher l’opportun de déranger son client bien silencieux. Le rouquin ne s’était pas trompé. Dans le taxi c’était bien Andy Warhol, mais plus pour très longtemps. Quelque temps plus tard, la nouvelle de la mort d’Andy se répand comme une trainée de poudre.

POUR LE DEBUT D’UNE AUTRE…

Andy avait décidé de changer d’apparence, et de vie, par la chirurgie esthétique. Sans aucune demi-mesure. De la vaginoplastie à la mammoplastie, du lifting du cou à celle du front en passant par la liposuccion de la taille et de l’abdomen ainsi qu’une diminution du nez ou encore une épilation définitive du visage et des bras. Durant les différentes interventions chirurgicales, "on entrevit un instant les cicatrices boursouflées zébrant son corps, anciennes séquelles d’une agression par arme à feu."  Un passeport transformé lui aussi complétait le tout.

Andy Warhol devenait ainsi Sandy Vazhoda. Suite à toute cette métamorphose, la convalescence se déroulait correctement, sans problème majeur et "lentement mais sûrement, Sandy Vazhora faisait le deuil d’Andy Warhol."

Tout avait été prémédité, calculé et minutieusement élaboré jusqu’à la fortune même d’Andy, "avec la complicité d’avocats d’affaires discrets, des meilleurs psychiatres et des meilleurs chirurgiens aussi,  pour la partie la plus délicate de l’entreprise. Changement d’identité et tour de passe-passe financier : un authentique coup de maitre."

Julian ami de longue date d’Andy était donc devenu celui de Sandy tout en étant une sorte de bras droit indispensable. Il s’occupait de tout pour que l’anonymat de Sandy soit des plus préservé. Sandy avait confiance en lui certes, mais ne pouvait s’empêcher de lui dire : "Ne me trahis pas." Car la confiance s’étiole parfois.
Sandy avait décidé de partir en exile. Julian comme à l’accoutumé s’était occupé de tout : passeport, carte de crédit, billets d’avion, hôtel, etc.

DESAGREABLE SURPRISE…

Contre toute attente, Julian va faire la connaissance de Valérie, de manière tout à fait inattendue mais pour le moins désagréable. Car la responsable des fameuses cicatrices sur le corps d’Andy, séquelles provenant d’une agression par arme à feu, c’était elle. Valérie n’en avait visiblement pas terminé et cherchait activement Andy. Croire en la mort de ce dernier lui était totalement impossible.

Julian avait-il gardé le secret ? En avait-il été capable ? Ou au contraire avait-il trahit Sandy ? Sous une menace trop forte ou trop violente, peut-on tenir sa parole ? L’amitié est-elle assez solide pour garder au fond de soi une promesse de la plus grande importance ?

Toujours est-il que Valérie se retrouve à Paris. Elle cherche, fouine, observe… Des cauchemars la hantent depuis de nombreuses années. Cauchemars dans lesquels immanquablement Andy est présent. Lorsque la vengeance tenaille un être, elle pousse parfois à des actes d’une extrême violence, mais également à des agissements totalement incohérents. Elle devient l’élément le plus important à régler, quel que soit le temps que cela prendra. Plus rien n’a d’intérêt, seule la vengeance règne.

Mais les choses ne se passent pas toujours comme nous l’espérons, constamment tributaires des aléas qui jalonnent nos vies. Et parfois, il arrive que la vengeance se lasse d’attendre que son heure sonne son glas. Elle s’exile, se disperse, s’apaise aussi. C’est ce que Valérie constate, mais cet état est-il définitif ou seulement passager ? Nous le découvrirons au fil de la lecture.

UNE AMITIE INATTENDUE…

Toujours à la recherche d’Andy, Valérie croise Sandy : "Sandy continuait de voyager. […] Valérie continua de surveiller les allées et venues devant l’hôtel. Mais le cœur et la rage n’y étaient plus. La présence de la femme et son absence tout aussi régulière l’intriguaient. La silhouette flottante, le visage étrange entraperçu l’obsédaient. Sans même se l’avouer, elle négligeait sa mission initiale." Pourquoi cette obsession soudaine ?

De fil en aiguille, de filature en observation, Sandy et Valérie se retrouve à faire connaissance. Aussi discrète l’une que l’autre. Cette "amitié" naissante se construisait sur un équilibre fragile. Chacune ayant tant de secrets enfouis à conserver à cette place.
Arrivé à ce stade de la lecture, on ne peut que désirer connaitre la suite de l’histoire, tout en nous demandant où vont les mener leurs pérégrinations. Car pérégrinations il y aura et pas des moindres.

Est-ce sur des routes "fleuries" ou sur des chemins au travers dangereux ? L’auteur nous emporte aussi agréablement que lors de son ouvrage précédent "Etranger au paradis". L’idée même de ce roman est pour le moins osée mais tellement réussie qu’on se laisse happer volontiers pour vivre un véritable plaisir de lecture.

Un prix usuellement rencontré pour ce roman qui nous fait passer un excellent moment.
L’auteur parvient à nous emmener dans cette vie pas comme les autres avec une plume qu’on lui connaît déjà. Un style chez cet auteur qu’on ne peut pas oublier lorsqu’on y a goûté.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Vies d’Andy
Auteur : Philippe Lafitte
Collection : Serpent à plumes
Editions : Editions du Rocher
ISBN 13 : 9782268069791
Prix : 17,50 euros



samedi 4 décembre 2010

Le carillon du monde

"Tout à coup, la lucarne se mit à vibrer doucement. A l’inverse du cristal sous le chant d’une cantatrice, le verre n’éclata pas. Les molécules de la matière se décollèrent simplement les unes des autres et se répandirent dans les airs comme un essaim d’abeilles, pour finalement atterrir sur le sol et se dissoudre dans le carrelage. Néron se leva aussi vite qu’il le put, passa ses bras par le trou béant de la lucarne, remercia Mère Nature de l’avoir fait si fin et se souleva sans problème."
Extrait du livre

LES GORGES MAUDITES…

Céleste et Jono sont deux adolescents de quinze ans qui se connaissent depuis toujours. Leurs parents respectifs sont amis depuis de très longues années, alors les deux enfants ont quasiment grandi ensemble, se connaissant l’un l’autre sur le bout des doigts. Pour l’heure, ils sont en randonnée dans les gorges du Verdon, pendant que leurs parents vaquent à d’autres occupations vacancières.

Les rumeurs du village ont amené les deux adolescents dans ces gorges : "Un mystère dans la région, ça vaut le coup d’enquêter." Et qui plus est cela leur procure une occupation pour le moins intéressante. Des bruits intriguant les surprennent, poussant ainsi un peu plus leur curiosité. Ils découvrent au cœur des gorges, "une bâtisse […] ceinturée de pierres opalines de deux mètres cinquante de haut placées en formation de fer à cheval […] Un jardin de style japonais." Ils décident d’entrer un peu plus dans la propriété, bien que cela soit interdit. Mais, nous connaissons les jeunes, c’est toujours un de leur plaisir que de braver les interdits, surtout lorsque cela les amuse. Nous-mêmes, nous mentirions si nous affirmions ne pas être passés par les mêmes désirs.

Nos deux amis se retrouvent non loin d’un homme étrange muni d’une flute. Cette flute était-elle magique ? Toujours est-il que l’homme "la porta à sa bouche et plusieurs notes harmonieuses s’en échappèrent […] Céleste et Jono, cachés par les arbres, ressentirent quelque chose d’étrange : leurs jambes se ramollissaient. Une seconde plus tard, ils s’affalèrent sur le sol, incapable de se relever." Surpris et quelque peu effrayés, les deux gamins décidèrent de rentrer à leur location de vacances retrouver leurs parents.

DANS LES GORGES ET AILLEURS…

Mais avant cela, lorsqu’ils redescendent au village, ils n’ont qu’un but : trouver la vieille Amandine, l’ancienne du village, pour lui soutirer quelques informations sur les rumeurs et cette dernière ne se fait pas prier, allant même jusqu’à avouer : "Cette partie du monde est maudite." De quoi donner froid dans le dos. Mais, nos deux adolescents ne sont pas apeurés par cette révélation pour autant, ni par les propos de la vieille Amandine.

De ce fait, ils n’hésitent pas une seconde pour rendre visite à une autre femme, Sarah, habitant le village depuis sa naissance, afin d’obtenir d’autres renseignements sur la prétendue malédiction du village pouvant corroborer les précédents. Sur toutes ces rumeurs, les deux jeunes gens ont des avis pour le moins très différents : "La jeune fille pensait être sur la voie d’un mystère qui se devait d’être élucidé. Jono, quant à lui, pensait qu’il s’agissait d’un mythe."

Dans le même temps, en Inde, Annabelle dérobe, pour le compte de son patron, des parchemins qui auraient été écrits par Michel de Nostredame, c'est-à-dire : Nostradamus. Ces parchemins été détenus et conservés par une femme, Anya, "Une sorte de prêtresse […] qui connaissait les secrets du monde et que le temps ne semblait avoir d’emprise ni sur son corps ni sur son esprit. Une femme qui restait cachée dans les profondeurs de l’Inde." Anya, outre ses parchemins dérobés par cette inconnues, se retrouve enfermée dans une cellule.

MIEUX VAUT COMPRENDRE LE SAVOIR QUE SAVOIR SANS COMPRENDRE…

De leur côté, Céleste et Jono continuent plus que jamais leurs recherches. La collecte des informations y va bon train, ce qui ne fait qu’attiser leur curiosité toujours plus grande et exacerbée d’adolescents assoiffés de l’assouvir. Ils comprennent aussi que notre planète est en danger, mais pourront-ils changer cet état ? Entre planète en souffrance et monde parallèle, le pas n’est peut-être pas si grand que cela.

En tout état de cause, ce qu’ils vont découvrirent va non seulement les surprendre mais également les emporter quelque part où ils n’auraient jamais osé l’imaginer. Les deux adolescents ne se posent pas seulement des questions sur ce qu’ils découvrent et apprennent au fil des jours, ils vont à la recherche des réponses afin de satisfaire leur incompréhension. Car c’est là également que c’est important : rien ne sert de connaitre les réponses aux questions, encore faut-il les comprendre.

Nous sommes en présence d’un magnifique roman pour adolescents mais pas seulement car cet ouvrage aura également tout son intérêt pour les adultes.
Nous découvrons tout au long des pages un mystère à élucider ainsi qu’une formidable leçon d’histoire et de science qui porteront les lecteurs, jeunes ou moins jeunes, à se poser des questions et peut-être qu’eux aussi chercheront finalement des réponses à la naissance de leurs propres questions.

Initialement pour adolescents mais, à mon sens également pour les adultes. Belle présentation, de la couverture à l’ensemble de l’ouvrage. La lecture est aisée, le style fluide, l’histoire passionnante.
Mon coup de cœur en ce début d’automne.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Le carillon du monde
Auteur : Anne Chevallier Maho
Editions : ACM
ISBN 13 : 9780955886232
Prix : 12,90 euros



dimanche 28 novembre 2010

Mon frère

"Charlène a pris les commandes. Décidément, cette fille, elle n’a pas fini de me surprendre. Elle est à la fois si tendre et…si battante. Napoléon n’a qu’à rester couché. La mort d’un être cher, il y en a pour qui c’est le couperet : la vie continue à défiler, malgré elle, mais elle a perdu toute sa consistance, elle n’a plus aucun sens. Et puis il y en a pour qui c’est comme un détonateur : ça leur donne la hargne, la rage de vivre. Charlène en est un bel exemple. Cette fille ne se contente pas de vivre, elle croque la vie à pleines dents. Je me cramponne à son bras, je me laisse guider. J’ai confiance. 120…122…124…126. Nous y voilà. Un baiser pour me donner du courage."
Extrait du livre

ILS ETAIENT DEUX…

Théo et Léo étaient deux frères qui s’adoraient. L’un, Léo, faisait des études et ne rentrait que certains week-ends. Le second, Théo, vivait auprès de leurs parents. Trop jeune encore pour quitter la maison. Lorsque Théo implore son grand-frère de rentrer pour le week-end de son anniversaire, tout bascule.

Léo ne souhaitait pas rentrer ce week-end là, il voulait réviser ses cours car il avait des examens qui devaient se dérouler la semaine suivante. Mais, devant l’insistance de son petit frère, Léo décida finalement de faire la route jusqu’à la demeure familiale : "Allez, Léo, arrête de jouer les intello ! Ça te réussit pas ! Je te rappelle que dimanche, c’est mon anni… Et un anni sans toi, c’est pas cool…"

Sur la route du retour à la maison pour ce fameux week-end, contre toute attente, c’est l’accident. Léo est mort sur le coup, le véhicule "encastré dans la glissière de sécurité." Evidemment, Théo commence par culpabiliser car, comme nous l’avons vu, c’est lui qui avait tant insisté pour que rentre son frère : "Je me sens coupable d’avoir tant insisté, d’avoir trop écouté mes désirs. Quelque part c’est de ma faute si Léo est mort, c’est moi qui l’ai tué."

Vu sous cet angle, bien sûr que l’on a toutes les raisons de se sentir coupable. Et ne le serait-on pas à moins, d’ailleurs ? Mais, lorsqu’on aime ce sont les désirs qui l’emportent. Nous ne pouvons pas savoir à l’avance ce que l’avenir, proche ou lointain, nous réserve, sinon il y a bien des choses que nous ne ferions pas.

UN PEU DE L’UN AVEC L’AUTRE…

Au funérarium, avant la fermeture du cercueil, Théo profite qu’aucun regard ne soit posé sur lui pour intervertir sa gourmette avec celle de Léo : "Léo et moi, on a des gourmettes identiques ; seuls les prénoms gravés dessus diffèrent. Et encore, si peu. Jamais personne ne verra la supercherie." Alors, c’est chose faite. Un peu de chacun avec l’autre. Les sentiments l’emportent. On ne peut que le comprendre. Il n’existe pas une personne qui n’ait pas souhaité à un moment conserver quelque objet d’un être aimé et disparu. Théo n’est pas à blâmer.

Soudain, Théo se souvient qu’à l’heure de l’accident, il était en cours de français. Il a subitement ressenti une "déchirure". Il a eu le sentiment qu’on lui "triturait le cœur". Le souffle court, il se sentait mal puis, "la douleur s’est dissipée". Il réalise que quelque chose en lui s’est déclenché au moment précis de l’accident : "C’est peut-être ça, aussi, le lien qui unit deux frères : quand l’un s’en va, l’autre le devine aussitôt". Une sorte de télépathie.

Nous ne connaissons pas toute la complexité de l’être humain mais en tout cas de telles situations se sont déjà vues. Il nous arrive de ressentir des choses que nous ne comprenons pas toujours et en analysant la situation, les rapprochements sont parfois tellement évidents que nous ne pouvons pas les nier.

L’ANNIVERSAIRE…

Pour Théo, cet anniversaire à un goût amer. Il "fête" ses quatorze ans mais ses : "quatorze ans seront marqués au fer rouge". Et puis, "la mort, ça n’empêche pas les traditions". La mémoire est là pour nous éviter d’oublier. Elle est sélective de surcroit et laisse en évidence ce que parfois nous souhaiterions laisser un peu de côté.

Cet anniversaire est probablement un des seuls, sinon le seul, que Théo n’oubliera jamais. Il est ancré dans ses profondeurs intérieures et fera partie de son fardeau de souvenirs. Parce que le mot "Souvenir" ne désigne pas que les bonnes choses malgré la beauté du mot dans sa résonnance.

A mon sens, il devrait y avoir deux mots bien distincts pour désigner ce que l’on ne peut oublier. "Souvenir" pour les bons moments retenus, les beautés qu’ils nous laissent, les sourires qui perdurent. Puis, un autre mot, moins joli pour définir le reste. Ce qui est plus laid, qui laisse des rancœurs et fait jaillir les larmes lorsqu’on y repense. Mais, comme "Souvenir" englobe le tout, il faut bien s’y faire !

L’IRONIE N’EST JAMAIS BIEN LOIN…

Une chanson de Dutronc à la radio joue son ironie, ce n’est pas le bon moment bien sûr ! : "L’ironie ces temps-ci, je ne suis pas fan. Tu m’étonnes que dans notre vie, il y a un cactus. Et pas des moindres. Un qui fait vraiment mal. Un qui nous piquera le cul pendant très longtemps." Mais, un cactus comme celui-ci, on s’en passerait bien, même si on ne le souhaiterait pas à d’autres.

La maman ne s’en remet pas. La douleur est trop imposante pour être effacée et comme rien ne s’oublie, cela mettra longtemps avant de s’apaiser. Cette perte et la douleur qu’elle provoque prennent tout l’espace pour elle : "Des torrents de larmes dévalent le long de ses joues. […] Depuis la mort de Léo, le cœur de ma mère est comme un pneu crevé, il a une fuite de vitalité."

Théo n’apprécie pas ces visites au cimetière, mais il ne veut pas laisser sa mère sans compagnie et affronter seule ces instants. Les pleurs de sa mère rythment les visites, amplifiant du même coup sa propre douleur d’adolescent. Pour lui, ces visites au cimetière ne servent pas à grand-chose sinon à retourner le couteau dans la plaie : "A mon bras, j’ai une vieille femme ratatinée. […] Les sanglots redoublent, ça me fout les glandes. […] deux miséreux dans un paysage lugubre. […] Plus tard, quand je mourrai, je voudrais qu’on m’incinère et qu’on jette mes cendres à la mer. Comme ça, personne ne pourra venir me pleurer. Je hais les cimetières."

Ce genre de réaction est tout à fait compréhensible dans la mesure où déjà adulte le deuil est difficilement supportable, alors adolescent ça l’est encore moins. Tout en sachant qui plus est que personne ne gère ce genre de situation de la même manière.

Malgré cela Théo fait preuve de beaucoup de force intérieure afin de soutenir sa maman au mieux. C’est une réaction admirable de sa part, bien que cela ne soit pas une évidence. Mais, comme tout être humain, il a ses limites.

L’AMOUR, PEUT-ETRE L’ANTIDOTE A LA DOULEUR…

L’ambiance à la maison est de moins en moins supportable. Il n’y a désormais pratiquement plus d’échange, ni de conversation. Chacun s’enferme dans sa propre douleur laissant le silence régner en maître des lieux et attiser les souffrances. Théo ne le supporte plus. Lorsqu’un jour son meilleur ami Yohann lui propose de se rendre à une boum, il accepte avec empressement. Il a besoin de respirer et de laisser derrière lui cet accablement constant qui règne chez lui.

Lorsqu’une fille à cette soirée lui déclare qu’il ressemble à son frère Léo, Théo bascule : "Je dégueule comme je n’ai jamais dégueulé. Ensuite, je m’assois sur le trône et je pleure tout mon saoul. Toutes les larmes emmagasinées ces dernières semaines s’écoulent d’un seul coup. Je suis une fontaine à chagrin." Il craque. Comme tout le monde, à un moment ou à un autre, il fallait que cela se produise. On ne surmonte pas la douleur en la gardant au fond de soi sans jamais l’évacuer de quelle que manière que ce soit. On peut être ou se montrer fort et solide, on reste des êtres humains et comme pour tout rien n’est éternel.

Dans toute cette douleur, les parents sombrent chacun de leur côté. Théo a le sentiment de ne plus exister : "Léo est peut-être mort, mais moi, je suis toujours vivant, j’existe !" Et quoi qu’il fasse, pas une réflexion ne fuse. Pas même une dispute qui serait méritée lorsqu’il sèche les cours sans aucune raison valable. Pourtant, comme il le dit : "Je suis vexé de ne pas m’être fait engueuler, j’aurais préféré me la prendre, cette raclée ! Au moins, ça aurait prouvé que mes parents tiennent un tout petit peu à moi."

Pour l’instant, plus rien ne semble avoir plus d’importance pour eux que l’absence irréversible de Léo. Théo en souffre deux fois plus, d’une part par la disparition tragique de son frère aîné et d’autre part par ce sentiment d’être devenu invisible pour ces parents.

Théo va tenter de se frayer un chemin dans ce dédale de douleur. La rencontre de l’amour sous le nom de Charlène va l’y aider. Il fera également des découvertes sur Léo comme des traces laissées avant de partir. Mais, pas n’importe quelles traces. Celles qui vont le porter loin avec une immense fierté au cœur, mais aussi celles qui permettront de remettre de l’ordre dans cette famille au bord du gouffre laissé par la perte d’un enfant.

Par sa main assidue, l’auteur parvient une fois de plus à nous emmener sur la route de l’émotion.
Un prix raisonnable pour ce joli roman qui saura toucher notre sensibilité.
Nous aurons plaisir à découvrir des poésies au fil des pages.
Ce roman fait également l’objet d’un feuilleton radiophonique en Angleterre et en Nouvelle-Zélande (4° de couverture).

Pour achever cette chronique, je ne résiste pas au plaisir de partager quelques petites phrases relevées au cours de ma lecture :

"Si le temps recouvre les souvenirs, il ne les efface pas."
"Mieux vaut un nouveau départ qu’une existence morne et vide de sens."
"Alors que les vieux s’accrochent comme des fous à la vie, les jeunes prennent leur pied à se détruire…"
"C’est important de récolter l’avis des autres, c’est ce qui permet d’avancer…"
"En réfléchissant bien, la vie, c’est un peu ça : un vaste chantier. Un perpétuel remue-ménage. On construit, on démolit et on reconstruit par-dessus."
"L’amour, c’est du genre vorace, ça a tendance à empiéter sur tout le reste."
"Pour le parisien, le métro, c’est comme le stylo chez l’écrivain, ça fait partie du quotidien."

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Mon frère
Auteur : Emmanuel Parmentier
Editions : Grrr…Art
ISBN 13 : 9782913574946
Prix : 15,00 euros