Nouveau roman : "Elles : le chemin des révélations" à découvrir, ici !

dimanche 26 juillet 2009

Mélancolie d'un instant

« Existe-t-elle, la merveille de mes rêves ?
Qui d’un amour sans pareil,
Pourra servir mon âme sensuelle,
Tout en me susurrant aux creux de l’oreille,
Ma belle depuis, et pour toujours je t’aime. »
Extrait du livre

A VOIX HAUTE OU A VOIX BASSE…


Jolies rimes qui dansent devant nos yeux, chantonnent à nos oreilles si nous en faisons une lecture à voix haute.

Jolies rimes qui nous parlent d’amour, d’amitié, d’adieu, de déception ou d’absence, ces sentiments que nous côtoyons tous au fil de la vie.
A lire au gré de l’humeur, au détour de l’amour ou en tenant la main de l’amitié. A lire avec le cœur mais aussi beaucoup de douceur pour en apprécier la teneur.

Ouvrez vos persiennes pour parcourir ces poèmes avec le goût du plaisir au bord des lèvres et les sentiments au bord du cœur. En parcourant ces instants poétiques, vous en trouverez bien quelques-uns, sinon certains, que vous auriez envie de partager avec un être cher. Il y en aura sûrement un que vous destineriez à l’être aimé.

« Osez se laisser envahir…
Etre là, se tenir debout,
Regarder à l’horizon,
Lever le regard enfin,
Aimer c’est oser frémir,
Ne plus penser à ses rêves mais les vivre. »

De ces mots si joliment posés, parcourons cet « Hymne à la vie » avec finesse et délicatesse en passant par « Amor de vie » tout en souplesse,

« Dans un monde où tout se dit,
Sans jamais l’être,
Le tien envolé m’inspire cette lettre.
Amor, ma vie…
Ce mot que je ne t’ai jamais dit,
Pas effleuré mais pensé à l’infini,
Je te le susurre à bout de voix,
Je te l’envoie,
Au paradis… »

CHACUN TROUVERA SA PLACE...


Et, « Mine de rien » tout peut se dire à travers la poésie. Tout peut être dévoilé pour aérer le cœur emprisonné. Tout peut être chanté pour redonner douceur et gaieté. Même « L’adieu » y trouve sa place avec justesse.

« Quand confiance rime avec méfiance
Il y a là une évidence,
Pas de violence, pas d’espérance,
Mais une roue à contre sens.
Mon cœur rythme la cadence,
Virtuelle toujours Ô beau parleur,
Un œil, un souffle, une lueur,
Cette magie intempestive
Nourrit mes rêves inaccessibles
Elle foudroie, me noie d’effroi,
Car la perte je sens est bien là.»

 

Vous l’aurez compris, ce petit recueil est un plaisir à parcourir au gré de l’humeur ou de tous les sentiments qui vous envahissent. Mais qui se lit aussi sans plaisanterie et se laisse aimer volontiers.


Un prix un peu élevé pour ce recueil qu’on aurait aimé plus fournit, mais on a tout de même beaucoup de plaisir à le lire.
Belle plume qui s’arrête sur tous les sentiments que nous connaissons et nous offre de très beaux mots.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Mélancolie d’un instant
Auteur : Sonia Gaulard
Editions : Editions Praelego
ISBN 13 : 9782813100016
Prix : 12,00 euros

samedi 25 juillet 2009

Les Mange-Rêve : Tome 2 : La route du Nord

« Le thermomètre entame son plongeon vers la nuit polaire et je ne sens plus mon nez. Nous remontons les écharpes avant de refermer les capuches de nos anoraks. Geste qui, à cette température, permet de sauver des vies. Jack et Yvon ne vont sans doute pas tarder à nous rappeler afin de fermer derrière nous le sas qui empêchera, ce soir plus qu’à l’habitude, l’air glacial de s’engouffrer dans notre igloo. »
Extrait du livre

SUR LA ROUTE DE TOUS LES DANGERS...


Dans cette Europe prisonnière d’un mur électromagnétique, mis en place par Bogdich, nous retrouvons Iwan, Mélanie et Thibault pour la suite de leurs mésaventures, accompagnée d’Yvon le grand-père d’Iwan et de Jack son fidèle ami.

Ils sont en route pour tenter de retrouver les parents d’Iwan, kidnappés et fait prisonniers, comme d’autres, par la milice des BMR, entendons bien sur Brigade des Mange-Rêve. Ses parents ont été emportés suite à leur visite à une exposition de peintures.

Rappelons que dans cette Europe muselée, tout ce qui est en rapport aux plaisirs est strictement interdit et banni sous peine d’être constitué prisonnier et envoyé au camp des « Tombmor ». Musiciens, peintres, écrivains, photographes, etc. Mais également tous ceux qui les soutiennent et les admirent. Si on nous supprimait le droit à tous nos plaisirs, nous nous rebellerions sans l’ombre d’un doute car la vie serait franchement invivable.

Avec Yvon et Jack, qui avait appartenu au GIAT auparavant, les enfants traversent l’effroyable faille ouest. Cette faille dangereuse, longue de 4000 kilomètres qui est apparue après un terrible tremblement de terre peu avant le grand dérèglement en 2019 et manigancé par Bogdich. Encore lui !

Tous les cinq partent à toute allure à bord de deux énormes cataskis, tentant de semer les BMR qui les poursuivent sur leur moto-neige et bien décidés à les rattraper. Mais c’est sans compter avec la finesse de nos deux anciens du GIAT et de nos trois petits pirates plein de ressources.

Comment se sortir d’une folle course poursuite dans un paysage qui n’a de cela que le nom, couvert d’une neige abondante et de glace, et dont la température chute parfois jusqu’à moins cinquante degrés et que les dangers se trouvent partout ?

Ne cherchons pas, lisons ! Suivons nos amis de près pour ne pas nous perdre et frissonnons avec eux de cette peur au ventre. Cette petite peur grandissante à chaque danger rencontré.

ET L’INATTENDU QUI S’EN MELE…


Jack, suite à une mauvaise manœuvre se retrouve en panne avec son cataski qui de surcroît est irréparable. Nos amis vont désormais continuer ensemble sur le cataski restant.

De villes fantômes en étendues enneigées et désertes, ils affrontent courageusement tous les dangers, toutes les catastrophes qui se trouvent sur leur chemin. Une situation loin d’être de tout repos.

Jack et Yvon ont conservé des ressources de leurs années d’expérience au GIAT. Déjouant les pièges tendus sur leur route, bravant BMR et Longs Manteaux. Bravant également cette neige qui ne cesse de s’éparpiller partout et sur des épaisseurs monstrueuses. Frôlant la mort de près, nos amis parviennent à maintenir le cap ainsi que notre peur au ventre. Leurs vies en jeu leur donnent des ailes et multiplient leurs forces pour parvenir à se sortir de toutes les mésaventures qu’ils traversent.

Ces enfants nous offrent tout de même de belles leçons de courage, car dans les mêmes conditions, serions-nous capable de telles capacités de réflexion et d’une telle rage de vaincre ? Pas sur !


Pour les enfants à partir de douze mais aussi pour les grands.
Tout comme le tome 1, le format est passe partout, facile à emporter.
Son prix demeure attractif pour cette excellente série.
Comme sur le Tome 1, des astérisques renvoient à l’explication d’un mot en bas de page, ce qui permet aux enfants de ne pas perdre le fil de l’histoire en ayant la définition à portée des yeux.
Nous trouvons la même aisance de lecture adaptée aux enfants que sur le précédent.
Le premier tome de cette histoire était déjà un véritable petit bijou, ce Tome 2 est sur la même lignée.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Les mange-rêve Tome 2 : La route du Nord
Auteur : Jean-Luc Le Pogam
Editions : Palémon
ISBN 13 : 9782907572972
Prix : 8,00 euros

jeudi 16 juillet 2009

Bonjour ma douce vie

« Depuis que je suis chauve, le masque de la maladie est sur moi, je suis devenue une révélatrice des peurs humaines, celle qui porte la poisse, celle qui est contagieuse, celle qui n’a pas d’avenir. Où sont passés les gens du quartier qui me saluaient autrefois ? Je suis transparente, je suis un monstre. Est-ce la pudeur, la peur d’être maladroit de ne pas savoir quoi me dire ? Je ne suis pas blessée, je les comprends, je ne ressens rien, je constate simplement que ma vie devient moins riche humainement mais que je gagne en lucidité sur les comportements sociaux. »
Extrait du livre

GENTILLE LEUCÉMIE ?


Sibylle a tout pour être heureuse. Elle est belle. Un homme avec lequel elle partage un véritable amour. Du moins c’est ce qu’elle croit. Elle est actrice et rien ne lui permet de présager des jours sombres… pourtant.

Sa vie est presque une réussite. Presque, parce que souvent un point noir vient obscurcir le joli tableau. Un grain de poussière vient salir les belles couleurs de notre joli paysage pour finalement le couvrir d’une nappe opaque.

Sibylle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer, comme ça, un jour pas comme les autres. Généralement, c’est toujours un jour où tout va bien où le bonheur est en terrain conquis, où on regarde les êtres avec tendresse et les alentours avec plaisir.
Généralement, c’est un jour où la caresse du soleil nous fait tout aimer. Et c’est à ce moment précis que le bonheur décide d’aller faire un tour ailleurs en vous oubliant derrière lui.

Sibylle prend cette annonce de plein fouet : « Tu as la maladie d’Hodgkin, maladie du sang, dans le jargon de la médecine, c’est une gentille Leucémie. »  Mais, y a-t-il vraiment de gentilles Leucémies ? Impossible d’imaginer qu’une maladie puisse être gentille, et encore moins un cancer.

MERCI BEATRICE...


Sibylle se raccroche au rôle qu’elle doit retenir, celui de Béatrice dans « Beaucoup de bruit pour rien » de Shakespeare. Une comédie datant de 1598 mais dont la première publication remonterait à 1600. Cette comédie fut jouée à la cour lors des festivités pour le mariage de la princesse Elizabeth avec Frédéric V. Cette comédie reste l’une des comédies de Shakespeare les plus populaires.

Ce livre va la suivre partout mais surtout dans les couloirs de l’hôpital. Elle le gardera contre elle pendant les séances de chimiothérapie durant lesquelles elle fera de Béatrice une invasion en elle, pour tenir, pour ne pas ressentir ce qu’on lui fait.
Dans ces moments, elle n’est plus Sibylle, elle est Béatrice : « Mon cœur est si bien employé à vous aimer qu’il ne m’en reste pas pour protester. »

Mais la maladie détruit. La maladie dévore tout, et pas seulement le corps qu’elle envahit. Elle anéantit aussi trop souvent ce qui se trouve à l’extérieur, tout autour. Elle balaie l’amour. Comme si la maladie ne suffisait pas à blesser les êtres qu’elle investit, elle leur enlève aussi cette part de sentiment tellement indispensable.

Jean-Charles, l’homme qu’elle aime se détache puis s’en va. La laissant à ses douleurs, ses frayeurs, son malheur. Mais, Sibylle se bat, même dans les pires moments. Le combat devient sa raison d’être aux côtés de Béatrice dont elle ne se sépare plus. Le combat comme une ultime force qu’elle réclame à son corps et elle endure tous les sévices de la maladie : « toute la nuit je vomis une bave verte et amère, au rythme des spasmes. Je vide mon vide : la fatigue, les piqûres, la défonce chimique, le nucléaire, l’angoisse, la vie, la mort. »

LA VICTOIRE EST-ELLE AU BOUT DU CHEMIN ?


Sibylle va au bout de ses forces, au bout d’elle-même, au bout de sa résistance qu’elle n’imaginait pas si grande. Ses amis sont là, l’entourent alors que la boulangère n’ose même plus lui déposer sa monnaie dans la main ou le facteur qui désormais se sauve la tête dans le guidon de son vélo sans plus lever son regard vers elle.

Elle encaisse les chocs comme une paria face à cette « gentille Leucémie », mais Sibylle se « blinde » de ces comportements extérieurs. Elle se sait « repoussante » dans sa maigreur et sans plus de cheveux. Certes, il y a bien les perruques, mais comme elle le dit : « Moi dans ma vie de comédienne, les perruques me servent à me déguiser, pas à me cacher. » Elle assume.
Son combat, elle le gagnera ! A quel prix ? Mais, elle le gagnera, là est l’important face à ceux qui n’ont pas cette « chance ».

Dans ce livre témoignage, Sibylle Claudel nous pousse sur les traces de sa force intérieure. Elle nous explose au visage son combat difficile. Mais surtout, ce livre remet en place certains dont les comportements sont cruels, indécents, inhumains en nous ouvrant une fenêtre sur le quotidien de ces personnes qui ont surtout besoin qu’on leur tende la main ou tout au moins qu’on les traite normalement. Ils ne demandent rien mais n’ont pas demandé non plus à être investi par la maladie.

Parce que finalement, n’oublions pas que cela n’arrive pas toujours qu’aux autres !


Un format confortable, un témoignage criant, une belle qualité.
La photo de couverture est magnifique.
Une véritable descente aux enfers à lire avec le cœur grand ouvert.
Ce témoignage nous ouvre une porte sur l’invivable chemin que l’auteur a dû parcourir pour revivre tout simplement, et cela donne à réfléchir.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Bonjour ma douce vie
Auteur : Sibylle Claudel
Editions : Grasset et Fasquelle
ISBN 13 : 9782246746317
Prix : 11,90 euros

lundi 13 juillet 2009

Le rendez-vous de Nazca

« Se parler peut avoir plusieurs sens, mais en amour le plus souvent le langage cache l’angoisse inconsciente de n’être plus aimé, ou trompé, ou une infamie plus grande encore que seuls ceux qui s’aimaient et ne s’aiment plus au moment où ils parlent savent dissimuler dans le flot du quotidien. "Comment vas-tu ?" est une question médicale et pas une expression d’inquiétude chez les amoureux qui le savent en se regardant vivre.»
Extrait du livre

AU BOUT DU MONDE


C’est au Pérou, pour ainsi dire au bout du monde que Paul découvre Nazca entouré de mystère et Manon jeune archéologue Allemande.
Manon, une jeune femme sortant tout juste du rôle d’adolescence, entrant à peine dans celui de femme, mais la tête résolument posée sur les épaules et nulle part ailleurs, en tout cas loin d’être dans les nuages.

A Nazca, ils sont là aussi pour y découvrir les géoglyphes, des lignes tracées sur le sol représentant des figures dans le désert et s’étendant sur plusieurs kilomètres. Elles se trouvent au sud du Pérou et fait partie de la culture pré-incaïque qui prit naissance en 300 av.Jc et perdura jusqu’en 800 de notre ère. Les lignes de Nazca sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Paul, la regarde, l’observe, jouant à faire avec « l’ombre portée sur le chemisier blanc de cette belle inconnue des dessins sur ses seins. » Mais, Manon n’est pas dupe. Malgré son jeune âge, n’est pas pour autant ingénue ou naïve et ne se gêne pas pour lui dire ce qu’elle pense : « Dites-moi simplement ce que vous voulez au lieu de continuer sur la piste de ce mauvais scénario […] ne me draguez pas comme un adolescent. »

Y A-T-IL UN AGE POUR AIMER ?


Le fait est que Paul est incontestablement du côté des sexagénaires et « déjà seulement avec ce mot il faut faire l’effort de compter. »
Il est parti vers le Pérou pour y découvrir autre chose que ce qu’il y a en France où « les gens ne sont plus les Gaulois d’Astérix mais des "bobos" de Renaud. » Il a besoin de prendre l’exil pour ne plus penser à la peur de vieillir aussi. Cette petite angoisse qui prend naissance à un moment de la vie pour ne plus nous quitter mais au contraire grandir en prenant ses aisances.

Manon s’y est envolée pour ses études ainsi que l’apprentissage de la langue. Mais aussi pour oublier l’amour qui avait déserté sa vie en la plongeant dans la souffrance.

La rencontre est fortuite, comme souvent l’est une rencontre. Entre ces deux personnages de trente cinq ans d’écart vont naître des discussions, des découvertes, du désir, de l’amour aussi.
L’amour a tant de tournures différentes qu’on ne sait jamais laquelle va nous happer, nous envelopper ou nous déchirer.

Finalement, Paul et Manon « se sont aimés vite pour de mystérieuses raisons. » Les ont-ils seulement cernées ?
Ensemble, ils continuent leur périple à Nazca, « le désert, l’océan, les montagnes immenses, les gorges profondes. »  Puis un peu plus loin. Avançant dans leurs découvertes comme dans leurs sentiments respectifs. Mais, la différence d’âge ne s’ignore pas et « le problème est de mettre en accord l’âge de la tête avec celui du corps. »

« Le rendez-vous de Nazca » est un roman sympathique qui nous emmène en voyage pour y faire des découvertes et nous parle d’amour comme nous ne le connaissons pas forcément.


Un prix sans abus pour ce roman sympathique.
Une bonne qualité de papier également, par contre la couverture se salit assez vite.
On découvre le Pérou et un peu de sa culture.
Un beau roman.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Le rendez-vous de Nazca
Auteur : Francis Baux
Editions : Editions Baudelaire
ISBN 13 : 9782355081903
Prix : 13,50 euros

jeudi 9 juillet 2009

Entretien avec Emmanuel Parmentier

Entretien avec Emmanuel Parmentier

(Solitudes, éditions Les Nouveaux Auteurs)

1001 Livres : Comment a commencé, pour toi, cette passion pour l’écriture ?

Emmanuel Parmentier : En fait, depuis tout petit, je suis un passionné de littérature et de cinéma. Ceci m’a donné à mon tour envie de raconter des histoires… Avant d’écrire mes premiers livres, je souhaitais devenir réalisateur de cinéma. C’est déjà difficile de faire éditer un livre, mais c’est encore plus compliqué de parvenir à réaliser un film ! Et un scénario, s’il n’est pas tourné, ne reste qu’un scénario, un embryon de film. Tandis qu’un roman, ou une histoire, même non édité, est un objet « fini ». C’est pour cela que j’ai privilégié la littérature…

1001 Livres : D’où t’es venue l’idée d’écrire Solitudes qui comme son titre l’indique est axé sur la solitude ?

Emmanuel Parmentier : Solitudes est un peu la conséquence des livres que j’avais écrits précédemment. Juste avant, j’avais écrit, entre autres, un roman jeunesse, Mon copain Antoine (publié en 2008 aux éditions Edilivre-Aparis dans leur collection Coup de cœur), et un roman « tout public », Mon frère (roman qui paraîtra en septembre 2009 aux éditions Pietra Liuzzo, c’est-à-dire très prochainement…). J’avais envie d’aborder d’autres formes littéraires, je me suis donc attelé à la nouvelle. Et là, j’ai repensé au film « choral » de Robert Altman, Short Cuts, constitué de petites tranches de vie, et où les personnages se croisent à un moment ou à un autre du film. Des histoires qui n’ont a priori pas grand-chose en commun, mais qui sont en fait toutes reliées entre elles. J’ai essayé d’appliquer ce principe de « choralité » dans la littérature. Ce n’est sans doute pas une première, mais l’idée me paraissait originale. Et le thème de la solitude particulièrement opportun… Solitudes met donc aux prises neuf personnages qui sont confrontés à leur propre solitude, mais qui en réalité ne sont pas si seuls…

1001 Livres : Pour la suite, as-tu d’autres projets, un roman peut-être ?

Emmanuel Parmentier : Alors, comme je le disais, mon roman Mon frère sort en septembre aux éditions Pietra Liuzzo. J’ai d’autres projets d’édition avec cette maison. En 2010 sortiront trois livres illustrés pour les enfants : C’est quoi un bon livre ? T’as pas le droit, papa ! et L’arbre qui ne tenait pas ses promesses. Je ne suis que l’auteur des histoires, les illustrations sont de Alain Mathiot, un ami d’enfance devenu depuis dessinateur professionnel et que j’ai spécialement retrouvé pour l’occasion…
Actuellement, je travaille sur un roman noir, à l’humour… très noir. Un roman très « frères Coen »… Mais je n’aime pas trop parler de mes projets…

1001 Livres : Il semble que tu écris aussi pour les enfants, n’est-ce pas compliqué de passer d’un genre (comme « Solitudes ») à l’autre (les enfants) ?

Emmanuel Parmentier : Pour moi, c’est plutôt une bouffée d’oxygène ! Ainsi, l’écriture de Solitudes a-t-elle pris plus de deux ans. Comme je voulais des nouvelles très différentes dans le ton et l’énergie, entre chaque nouvelle, j’ai fait d’autres choses… comme écrire pour les enfants. Ca m’a permis de me ressourcer.
En fait, quand je sature avec l’univers des adultes, j’écris pour les enfants, et inversement. Ce qui fait que je suis toujours motivé !

1001 Livres : Au quotidien, t’imposes-tu des moments pour l’écriture ou au contraire t’accordes-tu une pleine liberté dans ce domaine ?

Emmanuel Parmentier : J’essaie de m’astreindre à une certaine discipline, écrire un peu tous les jours. Je dis bien « essaie », car il y a des périodes « fastes », où les idées viennent toutes seules, et des périodes de « disette », assez difficiles à gérer. Je pense que quand ça ne vient pas, mieux vaut aller s’aérer l’esprit : faire un tennis, aller au ciné, lire… Plus facile à dire qu’à faire…

1001 Livres : Et au-delà de cela, as-tu des moments particulièrement propices à l’écriture ?

Emmanuel Parmentier : Paradoxalement, c’est quand tout se bouscule dans ma vie que ça vient le plus facilement. Plus je suis « oisif », moins je suis productif…
Sinon, j’aime écrire le matin, tranquillement, en prenant mon temps…

1001 Livres : Dans le même registre, as-tu tendance à écrire à l’instinct ou adoptes-tu une certaine organisation, un plan de travail ?

Emmanuel Parmentier : Ca dépend des livres et des moments de la vie… J’essaie d’aborder chaque livre différemment, je n’aime pas les « recettes ». Il y a des livres, comme Solitudes, où j’ai beaucoup travaillé la structure en amont (les interactions entre nouvelles étaient pensées dès le départ), d’autres où je suis parti d’une simple idée… Disons que je suis un intuitif très organisé.

1001 Livres : En matière de lecture, quelles sont tes préférées ? Dans leur genre sont-elles proches de ton propre style ?

Emmanuel Parmentier : Les livres que je lis et que j’apprécie sont parfois très éloignés de mon univers d’auteur. En fait, je lis à peu près de tout. Et ce que je n’aime pas actuellement me parlera peut-être plus tard… J’ai une prédilection pour la littérature américaine, qui a « l’art » de raconter des histoires. J’aime aussi énormément la littérature pour les enfants, on fait d’ailleurs des choses très bien en France…

Propos recueillis par Marie BARRILLON


Solitudes

« Et voilà, José, pile dans le temps ! Comme tu peux le constater, ton Agathe, malgré son âge avancé, elle tient encore pas trop mal la route…"
Il n’y avait personne d’autre dans la cuisine. Elle parlait à un pot en gré, posé dans le renfoncement du mur, à la gauche de l’évier. N’allez surtout pas imaginer qu’elle était un peu timbrée. Non, pas du tout. Elle avait une bonne raison de s’adresser à ce pot en gré… »
Extrait du livre

UN SENTIMENT PARFOIS NECESSAIRE...


Le petit Larousse nous dit : Solitude, état d’une personne seule.
Ce qui ne signifie pas forcément que la solitude soit un état de tristesse. Par contre, elle apporte bien souvent de la réflexion.

"Solitudes" est un recueil de nouvelles où l’auteur nous emporte de vies en vies dans les profondeurs de la solitude qui habite les différents personnages. Et comme tous sentiments, la solitude a différents aspects, tantôt amusants ou cocasses, tantôt tristes voir rudes ou touchants ou encore bouleversants.

Nous y croisons Sandrine qui s’interroge sur le fait qu’elle n’a pas fait de rêves érotiques depuis des lustres, suite à la lecture d’un magazine et qui se laisse emporter par la rêverie dans le métro, aux yeux de tous. Puis, lorsqu’elle ouvre les yeux, remarque les regards suspects des voyageurs et « elle n’a pas  besoin d’explication, elle comprit tout de suite. Elle retira la main de son slip, comme si de rien n’était, et l’enfouit dans la poche de son imperméable. »
Situation pour la moins cocasse.

Puis, nous faisons connaissance avec Gwen. Actrice de film porno qui se rend à l’évidence que son métier n’est pas compatible avec une vraie relation amoureuse. Car comment faire comprendre aux hommes « qu’après une journée de tournage, elle avait surtout besoin d’attention, de câlins, eux qui ne pensaient qu’à une chose : Baiser. »

LA SOLITUDE N’A PAS D’AGE...


Nous découvrons également Agathe, une mamie adorable comme on aimerait en avoir une près de nous. Agathe se fait une joie immense de recevoir ses enfants. Pensez donc ! Tous réunis, pour une fois à la table familiale : « Aujourd’hui, je suis avec tous mes enfants, alors comment ça pourrait ne pas aller… »
Mais, Agathe est si heureuse de sortir de sa solitude quotidienne qu’elle en perd un peu le Nord, oubliant de justesse les petits-fours qui commencent à roussir ou encore se trompant de pot au moment de saupoudrer le sucre sur sa jolie tarte aux quetsches. Et là, c’est une sacrée surprise !

Là ne sont que des exemples sommaires, car je ne vais pas tout vous conter les nouvelles qui jalonnent ce joli recueil. De bien belles histoires où pour certaines nous pourrions nous reconnaître un jour. Pourquoi pas !

Toutes ces histoires se rejoignent d’une manière ou d’une autre. Joliment racontées, même si parfois le timbre peut apparaître rustique. Parfois seulement, mais cela n’en fait pas un défaut et ne les dénature pas. Elles sont pleines de sentiments, de tendresse, d’émotions.

Emmanuel Parmentier nous emporte avec lui au bout de sa plume avec brio et on se laisse guider avec plaisir.


Un prix mérité pour ce recueil plein de justesse où la solitude y est exposée à différentes étapes de la vie car tous les âges y sont représentés.
La solitude tout le monde la connaît, au moins un peu, ici elle nous est présentée de la jeunesse à la vieillesse sans faire de différence.
Les sentiments s’entremêlent au même titre que les nouvelles.
Savamment orchestré, ce recueil peut se lire au hasard des nouvelles, mais le mieux étant que la lecture se fasse dans la continuité les unes des autres afin d’en saisir le fil qui les unit.
Aucun point négatif sinon qu’on arrive à la fin trop vite, ce qui est un plus finalement !

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Solitudes
Auteur : Emmanuel Parmentier
Editions : Editions les nouveaux auteurs
ISBN 13 : 9782917144039
Prix : 17,00 euros

mardi 7 juillet 2009

Entretien avec Jean-Luc Le Pogam

Entretien avec Jean-Luc Le Pogam

(Les mange-rêve , Edition Palémon)


100% Auteurs : Comment as-tu attrapé le virus de l'écriture ?

Jean-Luc LE POGAM : Le virus de l’écriture ?! Je l’ai toujours eu ! Même si j’ai longtemps travaillé dans le milieu de la radio, J’ai toujours eu une préférence pour ce mode d’expression qui permet de retourner au moins sept fois la pointe de son stylo pour exprimer les mots et les maux tels qu’on peut les ressentir.

Déjà ado j’adorais écrire. Je demande humblement pardon aujourd’hui à celles qui ont dû se taper mes lettres d’amour pour tout le temps que ça leur a pris !
J’aimais aussi la poésie et sa chanson de ses vers. J’aimais les mots de Cat Stevens autant que ceux plus décousus de Neil Young. Aujourd’hui, j’aime autant les textes de Cabrel que ceux de Rammstein, d’Yves Simon, d’Arno ou de Rage Against The Machine .

100% Auteurs : D’où te vient ton genre littéraire ?

Jean-Luc LE POGAM : Je ne suis pas sûr qu’on puisse parler de « mon genre littéraire ». J’écris comme je pense, comme je travaille, (c'est-à-dire sans cesse) et comme on parle aujourd'hui. Il y a dans mon écriture autant de mes influences musicales, littéraires et artistiques que de ma façon de vivre au quotidien. Je pense en fait que lorsque que l’on dit que mon style « se fiche des balises frustratrices trop souvent infligées à la littérature jeunesse par les grands penseurs, et que j’y impose une plume incisive, une écriture actuelle, directe et sans compromis tout en partageant une sensibilité exacerbée avec le lecteur… », c’est tout à fait exact : j’avoue être un écorché vif dont le stylo utilise la sensibilité comme encre et la peau comme papier. Je ne cherche pas à entrer à l’Académie Française, pas plus que je ne me positionnerai en moralisateur face au lecteur.

J’écris simplement pour des habitants de la planète terre, enfants, ados, adultes de tous âges d’aujourd’hui… et peut-être de demain.

100% Auteurs : Comment te vient une telle inspiration ?

Jean-Luc LE POGAM : De l’actualité et de tout ce qui m’effraie du futur en ce moment. Les gens qui sont dans la merde, écœurés de la politique et qui répondent au vote, unique possibilité de tout changer, par l’abstention ou en disant que « les politiciens sont tous les mêmes ». Même si ce n’est pas tout à fait faux, on peut toujours voter contre quelqu’un ou pour le moins pire ! Ceux qu’on licencie à tour de bras alors que d’autres s’en mettent plein les poches, l’éducation, la santé, la culture et tous ces décideurs qui passent leur vie à compter. Compter le temps, compter l’argent, mettre la pression, tous me fascinent.

Je suis père de deux enfants et je me pose souvent la question de savoir quelle terre on va leur laisser… mais aussi quels enfants nous allons lui laisser.
Ensuite, il y a l’inspiration par l’inconscient. Les lecteurs me le font remarquer chaque jour dans leurs courriels : l’influence constante de l’image dans mes lignes. Images de spectacles comme ceux de Royale de Luxe, Von Magnet, La Fura dels Baus mais aussi et surtout l’influence inconsciente de l’impact qu’a eu sur moi une vingtaine d’années de critique de la bande dessinée. Je n’en étais pas vraiment conscient avant qu’on me le fasse remarquer, mais je suis assez fier d’entendre dire des Mange-Rêve que c’est une bd sans images ou que certains les lisent comme on regarde un film ou on lit une bande dessinée.

Et enfin, il y l’influence de mon vécu… seul mes proches savent le retrouver dans mes livres !

100% Auteurs : Quels sont les écrivains qui ont ta préférence ?

Jean-Luc LE POGAM : Yves Simon, musicien-parolier comme écrivain. Virgil Gheorghui, André Malraux, Albert Camus, Jack Kerouac.

Par contre, il y a des livres qui m’ont vraiment marqué comme Baba sur les fesses du bon dieu de Christian Décamps, Le parfum de Patrick Süskind, Neige de Didier Convard, La mort peut danser de Jean-Marc Ligny, Juste un regard d’Harlan Coben…

100% Auteurs : Lorsque tu écris, t'imposes-tu une certaine organisation comme un plan de travail ou au contraire, t’accordes-tu une totale liberté c’est-à-dire l’écriture à l’instinct ?

Jean-Luc LE POGAM : Je suis un instinctif. Définitivement. Je ne supporte pas les figures imposées. Ça me pose parfois des problèmes d’organisation ce qui fait qu’avec le temps, j’ai appris !

Par exemple, moi qui avais le besoin permanent de travailler dans l’urgence, j’ai découvert, grâce à Jean Failler avec qui j’ai écrit Monnaie de singe, qu’on pouvait opérer autrement en matière d’écriture. Je prends maintenant le temps de coucher les mots, les laisser reposer pour les retourner et laisser reposer encore avant de les lisser enfin… C’est un peu la recette d’une bonne pâte à crêpes… On ne renie pas ses racines !

Le scénario des Mange-Rêve était écrit depuis le début de l’aventure. Il ne l’est pas jusqu’à la fin, je n’ai pu m’en séparer durant toute l’écriture de la trilogie. La fin est écrite, en désordre, certes, mais, à l’heure qu’il est, je l’ai en tête… enfin presque !

Pour répondre à ta question, je suis donc en liberté auto surveillée !!
Comme quoi, on peut être désordonné et accepter de se soigner !!!

100% Auteurs : Et au-delà de cela, as-tu des moments plus particulièrement propices à l’écriture ?

Jean-Luc LE POGAM : Oui, la nuit, sous mon grand velux quand il pleut, vente, grêle... Dans le train... Mais je peux aussi m'isoler lors d'un week-end entre amis et disparaître pendant une ou deux heures. Ils comprennent.

100% Auteurs : Après « Les mange-rêve » y aura-t-il un autre roman ? Si oui, sera-t-il dans le même registre ?

Jean-Luc LE POGAM : Mon éditeur aimerait vraiment qu’il y ait une suite aux Mange-Rêve. Je n’y avais pas pensé, mais j’y réfléchis. Pour le reste, plein d’idées sont déposées sur des morceaux de papier. Mais, encore une fois, je laisserai faire l’instinct.

100% Auteurs : L’auteur que tu es, a-t-il conservé une âme d’enfant ?

Jean-Luc LE POGAM : J’explose de rire ! Je ne m’imagine pas vivre sans ! Mes yeux, (plutôt que mon âme) d’enfant sont partout et à chaque instant pour me faire rire ou pleurer devant un film, une pièce de théâtre, un livre, les mots que j’écris, pour délirer avec les amis et la famille.
La seule différence, c’est qu’ils sont commandés par un cerveau de 51 ans avec toutes ses blessures, ses faiblesses et ses cicatrices mais aussi ses merveilleux moments passés.

Ah ! Et j’oubliais : ils sont aussi trompés par des cheveux qui grisonnent allègrement !
Ce qui veut dire que si je peux être d’une tendresse absolue, les propos ou les actes d’un con, l’injustice, peuvent me faire sortir de mes gonds très rapidement. J’en ai été trop victime étant enfant. Je suis un trauma de l’école... que j’ai tenté un temps de réinventer.

100% Auteurs : Peux-tu nous en apprendre un peu plus sur ton parcours ?

Jean-Luc LE POGAM : La question qui tue !
Tiens commençons par l’école : Si j’ai adulé certains de mes profs qui me l’ont bien rendu, j’ai été bête noire, le monstre empêcheur de tourner en rond de certains autres… qui me l’ont bien rendu aussi !

Ils ne supportaient pas qu’un élève discute et propose une interprétation différente de la leur à propos du sentiment implicite de l’auteur d’un poème. Ça se terminait souvent par un « Vous avez une imagination trop débordante, Le Pogam ! » bourré de mépris.
Et comme je ne pouvais entendre qu’ils ne le supportent pas, je ne le supportais pas non plus ! Alors, s’engageait une guerre où je n’abdiquais jamais.

Et je m’en suis toujours sorti haut la main aux examens, noté par des profs qui jugeaient non pas la personne, mais le travail fourni par un numéro.
Je détestais les math. Normal : 1+1=2. Quel ennui, il n’y aurait jamais rien à y redire !

Donc, pour résumer rapidement : Viré en sixième (accusé à tort d’avoir cassé une rallonge de table en cours de sciences nat), viré par les curés en quatrième (pour avoir refusé de donner mon âme à la maison), remercié en troisième, remercié en 1ère (voir ci-dessus la longue période dite de la « bête noire » !). Parents discrets face à leur désespoir.

Etudes en fac de droit, première bifurcation en milieu bancaire (l’horreur totale !) Puis une autre, en tant qu’attaché commercial, journalisme radios et presse écrite, attaché de presse de festivals de rock, membre du festival Quai des bulles de St Malo, enseignant, metteur en scène théâtre Jeunesse, auteur de dossiers pédagogiques, écrivain…
Chaotique mais formateur. On en rit après coup, car, comme disait Gabin, « aujourd’hui, je sais » que de toutes nos expériences, c’est le meilleur qu’il faut garder pour s’en bâtir un présent … et un futur !

Propos recueillis par Marie BARRILLON
pour la revue 100% Auteurs N°4

Les Mange-Rêve : Tome 1 : Le grand dérèglement

« Yvon devait bien avoir passé la soixantaine d’années, mais, même si ses cheveux coupés en brosse et sa courte barbe avaient revêtu une couleur d’un gris poivre et sel depuis peu, il était très difficile de lui donner un âge exact tant il paraissait jeune pour un "vieux". En effet, sa bonne humeur légendaire et ses bonnes blagues faisaient de lui une personne sans âge que j’avais bien du mal à appeler "grand-père". Par ailleurs,  je m’étais en tous les cas interdit de l’appeler "Pépé" avant qu’il n’ait atteint les 279 ans ! »
Extrait du livre

LA FUITE


Iwan et Mélanie courent dans la nuit froide à travers les marécages. Ils sont poursuivis par la milice et leurs chiens aux aboies. Ils sont à bout de souffle et seule la lune zèbre l’immensité sombre par instants.

Leur monde est devenu celui des ténèbres où leur sont déjà interdit « le rire et le bonheur. »
Le grand-père d’Iwan lui a raconté comment tout a commencé. Il y a eu tout d’abord le grand dérèglement où les hivers se sont allongés, passant de quatre ou cinq mois à neuf mois consécutifs au moins. Neuf mois de pluie, de neige et d’un froid pouvant atteindre les moins cinquante degrés.

Puis, l’arrivée de Bogdich, élu « à cause de ceux qui ne se sont pas donné la peine d’aller voter contre lui » en juin 2020. cela fait quatre ans que les choses empirent de mois en mois pour ne pas dire de jour en jour. Ce Bogdich a fait mettre en place un mur électromagnétique tout autour de l’Europe pour tenir le continent à sa merci et cela jusqu’au temps qu’il ferait chaque jour. Iwan avait appris de son père que « pour couronner le tout, les scientifiques pourris qui sont à la botte de Bogdich ont mis en place un nouveau programme météorologique. »

BOGDICH


La fin du bon temps et du bonheur prend naissance pour tout le monde. Tous les métiers qui apportaient de la joie, du plaisir, du bonheur sont désormais interdits sous peine d’être visité puis constitué prisonnier par la milice. Car Bogdich part du principe que ce ne sont pas des métiers mais de l’amusement et que « quand on les admire, on pense et quand on pense, on perd son temps car on oublie de travailler. »

Plus de musiciens, plus de photographes, plus de peintres ni de danseurs et encore moins d’écrivains. Les métiers d’artistes n’étant pas considérés comme des métiers pour ce gouvernement qui allait désormais « régner en tyrans sur toute l’europe. »

LA REBELLION


Yvon, le grand-père d’Iwan, accompagné de son ami Jack, avaient tous deux appartenu au GIAT. Ensemble ils ont décidé de partir à la recherche des parents d’Iwan, emportés par la milice suite à leur visite d’une exposition.
Yvon, Jack et les enfants étaient donc partis, bravant la milice. Le danger était présent partout, à chaque instant car la milice des BMR ne pardonnait rien et ne passait sur rien.

Où cette traque allait-elle les conduire ? L’Europe se sortirait-elle du chaos dans lequel les avait enfermés Bogdich ?

Nous voilà transporté dans une saga pleine de suspense. Dans une folle course poursuite, les enfants, Iwan, Mélanie et Thibaut, nous emmènent avec eux en nous faisant parfois perdre haleine mais où le désir de connaître la suite des événements nous emprisonne, et on se laisse faire de bonne grâce.

Initialement destiné aux enfants ce livre est également à mettre dans les mains des plus vieux.
On « s’éclate » au bras d’Iwan et de ses amis. On vibre aussi et on a peur avec eux. On ne veut pas grandir subitement mais au fil des pages on grandit tout de même.


Pour les enfants à partir de 11 ans, mais aussi pour les grands qui ont gardé une part enfantine.
Un format passe partout, facile à emporter.
Un prix dérisoire pour cet excellent livre.
Sur certaines pages, des astérisques renvoient à l’explication d’un mot en bas de page, ce qui permet aux enfants de ne pas perdre le fil de l’histoire en ayant la définition à portée des yeux.
La lecture se fait avec une telle aisance qu’on en redemande, ça tombe bien le tome 2 fait suite.
Un vrai petit bonheur « Le grand dérèglement » on redevient des enfants par pur plaisir.
Le premier tome de cette histoire est un véritable petit bijou qui devrait plaire aux enfants mais aussi aux plus grands.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Les mange-rêve Tome 1 : Le grand dérèglement
Auteur : Jean-Luc Le Pogam
Editions : Palémon
ISBN 13 : 9782907572903
Prix : 8,00 euros

mercredi 1 juillet 2009

Les cinq personnes que j'ai rencontrées là-haut

« Et dans cette queue il y avait maintenant un vieil homme à favoris, avec une casquette en toile et un nez tordu, qui patientait aux Poussières d’étoile pour lui apporter sa part du céleste secret : qui est qu’aucune vie ne se déroule en vase clos, elles se chevauchent toutes et le monde est tout plein d’histoires qui, au bout du conte, finissent par n’en plus former qu’une seule. »
Extrait du livre

RUBY PIER


Eddie est un vieil homme de 83 ans. Il a travaillé toute sa vie au parc d’attraction de Ruby Pier près de l’océan gris. Sans se poser de questions, des années durant il a parcouru les allées du parc et veillé au bon fonctionnement des manèges. Jusqu’au jour où une nacelle du « grand plongeon » tombe. De plein fouet elle s’écroule sur Eddie qui tente de sauver une petite fille qui se trouvait là. Eddie s’effondre.

Arrivé dans l’au-delà, il se retrouve dans un espace irréel. Il va rencontrer des personnes ayant traversé sa vie sur terre. Des gens qui ont compté à un moment ou un autre sans qu’il s’en soit forcément rendu compte.

Mais avant même de réaliser vraiment qu’il avait changé de monde, il se réveille et contre toute attente s’aperçoit que plus aucune douleur ne lui parcourt l’échine. Pas même cette jambe qui le faisait tant souffrir. Plus besoin de sa canne dont pourtant il ne se séparait jamais pour marcher. Il se sent parfaitement bien et d’une souplesse oubliée depuis si longtemps. Un peu perdu au début, il cherche à comprendre où il se trouve, ce qu’il fait là. Puis il se laisse emporter.

Mais à bien regarder autour de lui, il ne comprend pas ce qu’il fait là, dans le parc d’attraction qui ressemble à celui de son enfance. Les manèges sont anciens mais paraissent tout ce qu’il y a de plus neuf, et personne ne s’y trouve. Il est tout seul.

LES RENCONTRES…


Puis, il rencontre les personnes une à une et c’est tout un pan de sa vie qui lui revient en mémoire à chacune d’elle. Il se revoit à tous les âges, se souvient de toutes ses épopées terrestres.

Toutes ces personnes ont un message qu’il va devoir déceler, analyser, comprendre. Elles vont l’éclairer sur ce qu’était sa vie et sur ce qu’il n’en avait pas saisi. De ce temps passé aux bras des personnes, il en trouvera la paix éternelle.

Il va retrouver Marguerite, sa femme. Il y croit difficilement. Il revoit le jour de leur mariage, les bons moments qui ont fait leur vie avant qu’elle ne disparaisse. Eddie avait continué sa vie comme ça, sans y penser. Mais à présent qu’il revoyait Marguerite, il réalisait à quel point elle lui avait manqué, terriblement manqué. Admettre qu’un être nous manque, c’est accepter l’amour qu’on lui porte. C’est le faire exister encore, tout au moins au fond de notre cœur.

Ce roman original et plein de surprises est une idée comme une autre sur l’après vie. Mais une belle idée. Et pourquoi pas ? Un excellent moment de lecture si on se laisse prendre au jeu.
Par contre, si on y pose trop de réflexion, on ne l’appréciera pas à sa juste valeur. Il ne faut pas y chercher des réponses sur l’après mort tout simplement parce que ce n’est pas son but.

Même s’il parle de la mort, ce roman est plein de vie, de réflexions sur nos actes et ceux de ceux qui nous entourent, sur l’amour et bien sur sur la vie.


Un prix justifié pour cette belle histoire tout en originalité. Il fallait y penser !
Justifié aussi par la qualité de l'ouvrage (papier, couverture...)
Un bon moment de lecture si on ne cherche pas de réponse sur « l’après » la mort.
Un roman sympathique qui renferme sentiments et morale dans un mélange bien dosé.

« Les cinq personnes que j'ai rencontrées là-haut » existe en CD audio
Traduit de l'anglais (Etat-Unis) par Edith Soonckindt.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Les cinq personnes que j’ai rencontrées là-haut
Auteur : Mitch Albom
Editions : Oh ! éditions
ISBN 13 : 9782915056471
Prix : 18,90 euros