Nouveau roman : "Elles : le chemin des révélations" à découvrir, ici !

mercredi 28 janvier 2009

On ne s'endort jamais seul, René Frégni

« J’ai essayé d’attendre près de mon téléphone comme me le demandait la police, je suis devenu à moitié fou. Une heure de sommeil c’est une heure de perdue pour ma fille. Si je dors, j’accepte sa mort. »
Extrait du livre

NOUS NE SOMMES A L’ABRI DE RIEN, FINALEMENT…

Antoine est facteur à Marseille. Il est veuf depuis cinq ans déjà. Il élève seul sa fille Marie, qui a sept ans. Elle fait son univers, son soleil, ses joies. Il ne voit qu’elle au jour le jour. Un amour passionnel et passionné les unit l’un à l’autre. Antoine est certain que sa vie ne pourrait plus avancer sans sa petite Marie. Son existence n’a plus d’autres horizons que cette enfant pour qui il ferait l’impossible. Il en oublie même « les femmes, celles que l’on étreint, pas celle avec qui on vit. » Sans sa fille, il ne tient pas en place, alors après sa tournée il va retrouver ses amis pour leurs parties de boules. Et c’est ce qu’il va faire lorsque Marie est kidnappée à la sortie de l’école. Il n’avait pas été en retard un seul jour en cinq ans. Pas un seul, jusqu’à ce 10 mai.

Dans un premier temps, celui où on n’imagine pas encore le pire, il va remuer toute l’école avec la maîtresse. Toutes les salles de classe sont visitées de fond en comble, puis la bibliothèque. Les couloirs passent au crible, jusqu’aux toilettes où chaque porte sera ouverte de la main d’Antoine puis l’intérieur inspecté de son regard. «  Si je ne voyais que son pied je le reconnaîtrais, je reconnaîtrais son souffle. Il y a sept ans que je la regarde vivre et que je l’écoute dormir. »  Mais aucune trace de Marie.

Antoine se jette alors sur le téléphone, appelle les parents de toutes les camarades de sa fille habituées à venir jouer chez lui. Chez eux. Rien, aucun résultat, Marie demeure introuvable.
Alors, il appelle la police. Les patrouilles entament une fouille minutieuse aux abords de l’école, puis aux jardins, aux rues, aux ruelles. Des hommes-grenouille sont dépêchés sur place pour plonger dans le canal non loin de là. Marie est nulle-part.

Marseille n’est pas une petite bourgade de province. C’est une grande ville, pleine de cachettes possibles. Les recherches officielles ne donnent aucun résultat.
Cependant, Antoine apprend que deux autres enfants ont disparus de la même manière en l’espace de quelques mois.

COMMENT PEUT-ON DISPARAITRE SANS LAISSER DE TRACE !


Antoine ne vit plus, c’est à peine s’il survit. Seul l’espoir le porte. Tout à basculé pour lui ce 10 mai. « Tout le monde connaissait cet homme hagard de douleur qui depuis trois jours marchait sans avaler la moindre miette, s’accroupissait entre les roues des camions en stationnement, entrait dans les couloirs, l’église, et repartait sous le silence de midi battre tous les chemins de campagne. » Il n’était pas question qu’il abandonne en se terrant dans l’attente, à végéter sur un hypothétique appel. Mais le téléphone ne sonnait pas.

Lorsque Jacky, l’ami d’enfance d’Antoine, revient à Marseille après dix de prison, il n’est pas encore au courant de ce qui est arrivé. Ils se retrouvent et Antoine lui explique.
Jacky va alors se démener pour aider Antoine.

Une longue enquête commence pour les deux hommes. Antoine va se retrouver dans les bas-fonds de Marseille, et côtoyer ce monde qui n’est pas le sien mais dont il a éperdument besoin de connaître. Il va y pénétrer sans relâche avec toute la hargne dont un homme est capable. Jacky c’est le caïd, il sait où il faut aller, ensemble ils vont quadriller Marseille. Cette ville n’aura plus de secret pour Antoine.

QUAND L’AMOUR NOUS GUIDE, PLUS RIEN N’EST IMPOSSIBLE...

De déguisements en filatures, avec Jacky le caïd et Tania la pute, Antoine va retrouver Marie au prix d’efforts surhumain. Allant jusqu’à perdre la raison, jusqu’à tuer. Jacky en est témoin lorsqu’il « regarda le tas de viande qu’était devenu le gourou. L’autel dégoulinait de son sang. » Il pensa : « Tu n’y vas pas de main morte, Antoine. »

Son enfant de nouveau dans les bras, Antoine il n’aspire plus qu’à une chose : Rentrer chez lui.

L’auteur nous livre la force incalculable que l’Homme est capable de montrer face à la douleur. Les émotions montent au fil des mots.
Un livre poignant face à la douleur d’un père près à tout pour retrouver sa fille.
D’une vie tranquille aux bas-fonds de Marseille, il n’y a qu’un pas que nous n’imaginons pas.

Marie BARRILLON


Informations sur le livre :

Titre : On ne s’endort jamais seul
Auteur : René Frégni
Editions : Editions Denoël
ISBN 13 : 978-2207250952
Prix : 13,57 €

dimanche 25 janvier 2009

Bleus sont les étés, Christian Signol

« Rien n’existait plus que les heures qu’il passait avec l’enfant et qu’il prolongeait le plus possible, comme cette nuit, puisqu’ils allaient réaliser le rêve qu’il poursuivait depuis longtemps : descendre à la rivière avec le troupeau, comme autrefois, au temps du père, au temps où la vie n’avait pas encore basculé de l’autre côté de l’enfance, au temps où l’air qu’il respirait avait le goût de miel, les jours le charme de ce qui ne finira jamais. »
Extrait du livre

LE BERGER SOLITAIRE…

Aurélien est berger dans le causse. Une région magnifique de pierres et de forêts, de terres et de vallées. Un terroir exceptionnel. Il est né dans le hameau familial qu’il n’a jamais quitté. Pas même pour se marier et avoir des enfants. Il aurait pu mais sa mère ne l’entendait pas de la même oreille, disant que « deux femmes dans une maison, c’est toujours une de trop. » Alors, Aurélien en a pris son parti. En grandissant, il a uni ses forces à celles de son père pour l’aider aux bêtes. Les brebis et les agneaux, les poules et les lapins sont tout son univers. Toute sa vie. il ne connaît rien d’autre.

Lorsque son père décède, Aurélien se retrouve complètement seul avec tout son petit monde d’animaux. Depuis chaque jour, il monte avec les brebis sur le plateau des terres hautes. Chaque jour, il se dit encore un jour, « Un jour de plus. Un jour qui s’ajoute à tous ceux d’une vie qui compte quatre-vingts années et qui s’éteint elle aussi, comme cette nuit d’avril bruissante du grand froissement des étoiles dans le ciel épanoui. »

Aurélien est un être solitaire. Il aime cette vie tranquille où rien ne vient perturber son quotidien. Où le soleil et les hivers rythment son existence. Jamais de colère, peu de sourire car on ne sourit pas tout seul, sauf peut-être face aux agréables moments passés. Aurélien a beaucoup de souvenirs pour s’occuper l’esprit, là-haut sur les terres hautes ou au coin du feu. Aucune technologie pour l’encombrer, même le téléviseur ne fonctionne plus depuis longtemps, cela ne le dérange pas, ne lui manque pas non plus. Tout cela, c’est pour les gens d’ailleurs, ceux des villes, toujours à courir. Lui, il n’est pas pressé, il vit au rythme du temps, de la nature et de ses bêtes.

Il aurait pu être comblé de toute cette tranquillité, cette nature partout autour de lui, ce paysage qui l’enivre, l’apaise tour à tour. Mais, il lui manque quelque chose que même les années qui lui restent sur le compteur de sa vie ne pourront pas lui donner. Un fils. Son seul regret en quelque sorte. Une petite bouille qu’il aurait pu choyer, une petite main qu’il aurait pu réchauffer, un petit cœur qu’il aurait pu aimer. Un être dont il aurait eu le plaisir et le plus grand bonheur d’en faire un homme.

QUAND LE DESTIN ENTRE OUVRE LA PORTE DE NOS REVES…


Alors, au fil des années, il s’en était inventé un dans son imaginaire, avec toute une histoire. Il lui parlait sur les hauts plateaux. Il lui racontait le vent et les dessins des nuages. La douceur du soleil et les colères des tempêtes. Les arbres centenaires et les fleurs à la venue du printemps. Il lui parlait tellement souvent à l’enfant de son cœur. Mais, Aurélien n’était pas fou et il souffrait de cette absence.  Il s’inventait une histoire avec ce fils imaginaire, cela lui faisait du bien et ça ne faisait de mal à personne. Il pensait qu’il aurait été le meilleur des pères et aussi bon que le sien. Mais l’enfant n’était pas là.

Jusqu’au jour où une famille de parisiens est arrivée au hameau pour l’été, en vacanciers. Aurélien va tisser des liens plus forts que tout avec le jeune fils, Benjamin. Des liens qu’il n’aurait jamais pu imaginer pouvoir exister. Entre eux va naître un amour tellement grand, passionnel et partagé. Ils se comprennent ces deux-là, parfois même d’un simple regard. Mais Aurélien va aller au-delà de ses sentiments. Il a le garçon dans la tête, dans l’âme, dans le cœur, dans le ventre. Il prend toute la place.

Aurélien emmène Benjamin partout sur les terres de ce causse qu’il aime tant où « rien ne bougeait autour d’eux. La grande chaleur de l’été affermissait sa poigne sur les buissons et les genévriers. Le ciel d’un bleu de lavande pesait de tout son poids sur la terre exténuée. Le causse grésillait et craquait de toutes parts. » Avec les brebis, ils vont, tous deux, partager le silence des hautes terres, respirer la nature qui s’offre à qui sait regarder. Il apprend au petit ce que son père lui a appris, toutes les merveilles des environs. Les liens se tissent de plus en plus forts. Benjamin ne veut plus partir.

QUAND LE REVE DEPASSE LA REALITE...

Cette passion entre eux va trop loin. Cet amour devient trop profond. Benjamin se sent heureux et Aurélien n’en demande pas plus. Il a enfin ce fils désiré durant tant d’années. Les parents du petit sentent le danger. Leurs liens avec lui se distendent. Ils souhaitent que tout cela s’arrête, Aurélien voudrait bien pour le bien de l’enfant mais il ne peut pas. C’est trop lui demander de balayer son dernier bonheur. Alors les parents imposent, comptant sur la sagesse d’Aurélien, mais Aurélien n’a plus de sagesse depuis que Benjamin est entré dans sa vie comme un cadeau. Aurélien refuse d’entendre les menaces des parents, il n’a plus sa raison. Cet enfant est devenu sa raison de vivre, la dernière, l’unique.

La séparation cependant est inévitable. Le vieil homme ne le supporte pas. On ne peut pas raisonner un cœur qui perd le sens. L’amour rend aveugle certes, mais parfois à perpétuité. Il peut nous faire commettre l’irréparable. Plus rien n’a d’importance puisqu’il est là, lui, l’amour pour cet être qui comble tous les vides. Il tient chaud à l’âme. Il repose le cœur. Aurélien n’admet pas de perdre Benjamin « son fils. » Il va commettre le plus fou des actes, jusqu’au bout de l’insensé. L’esprit vide de sa raison, il va aller sur les hauteurs du causse au bout de sa vie parce que plus rien ne le retient. Ses plus belles heures s’appellent Benjamin.

L’auteur nous enivre de ce paysage dans des descriptions magnifiquement détaillées.
Les émotions sont fortes et ont également leur place tout au long des pages.
Le texte est facile pour une lecture sans contrainte, laissant ainsi la place au rêve.
Un roman magnifique comme sait les faire Christian Signol.
Une histoire pleine de sentiments, d’amour et de passion entre un enfant et un vieil homme.
La description des paysages du causse est poétique portant notre imaginaire sur ces terres.
A découvrir sans hésitation !

Marie BARRILLON


Informations sur le livre :

Titre : Bleus sont les étés
Auteur : Christian Signol
Editions : Albin Michel
ISBN 13 : 9782226095664
Prix : 14,90 euros

samedi 17 janvier 2009

Entretien avec Elisabeth Robert

Entretien avec Elisabeth Robert

(« Voyages de toi », Editions Volpilière)


1001 livres : Quelle place tient l’écriture dans votre vie ?

Elisabeth Robert : C’est par l’écriture que j’ai commencé à assumer ce que j’étais. Elle me permet de faire vivre des personnages et de laisser mon imaginaire rêver.
L’écriture c’est ma petite boîte secrète, c’est ma bulle. Un monde personnel où j’adore me plonger mais qui m’enlève aux autres. Alors je tente de faire attention à ne pas délaisser ma famille et de vivre aussi la vie en Vrai.

1001 livres : Quels sont pour vous les moments propices à l’écriture, (s’il y en a) ou au contraire, vous accordez-vous une grande liberté dans ce domaine ?

Elisabeth Robert : Je n’ai aucune contrainte réelle si ce n’est de trouver du temps, entre mon travail, les enfants, la maison, mon mari j’avoue que ce n’est pas toujours évident de caler un moment.
Donc j’écris quand l’envie est là et quand j’ai la chance de pouvoir le faire.
Mon mari m’aide beaucoup à la maison donc je vais dire que c’est le soir et les week-ends que je peux écrire le mieux… Il m’arrive aussi de griffonner des mots lorsque j’attends mon fils à la sortie de l’école ou bien après une discussion avec des amis… j’essaye d’absorber les émotions des autres pour m’en servir ensuite et les traduire à ma façon.

1001 livres : Adoptez-vous une certaine organisation lorsque vous écrivez, un plan de travail par exemple ?

Elisabeth Robert : Autant je n’ai pas de moment précis, je ne m’impose rien, autant je rédige des fiches pour mes personnages.
Je leur donne un âge, un physique, une taille, un poids, un métier mais aussi un passé qui construit leur caractère.
Côté plan, oui je connais toujours le début, la fin et les passages du livre mais fatalement ils évoluent en cours d’écriture et en fonction aussi parfois du regard de mon mari sur les chapitres.
Il est mon premier lecteur et comme il lit beaucoup de son côté je lui fais confiance dans ses conseils.
Bien entendu parfois je vais tout de même à l’encontre, ne serait-ce que pour le surprendre et le convaincre.

1001 livres : Auteur et éditrice… un beau parcours. Continuez-vous à écrire ? Un prochain roman peut-être ?

Elisabeth Robert : J’écris de petits textes parce qu’il m’est tout simplement impossible de vivre sans ma bulle. C’est nécessaire, une façon de me retrouver face à moi… Cependant, pour le moment, je ne peux pas me consacrer à l’écriture d’un autre ouvrage car trop de manuscrits à lire, à corriger, à maquetter… des librairies à rencontrer… Mais c’est avec un grand enthousiasme que je me suis lancée dans cette aventure donc j’assume avec grand plaisir et beaucoup de fatigue.
J’ai tout de même deux projets de livres à quatre mains avec deux écrivains que j’affectionne particulièrement, le tout est de savoir s’ils verront le jour en 2009 ou 2010…
Et pour conclure, je viens de terminer d’écrire la préface du prochain roman de Richard Keller « Orages maléfiques », et je suis très fière qu’il m’ait demandé cela parce que son livre est tout simplement magnifique !

Propos recueillis par Marie BARRILLON


Voyages de toi, Elisabeth Robert

« Ma fuite en avant était certainement l’élément déclencheur d’un nouvel espoir. Je devais d’abord faire le vide dans ma tête et autour de moi, pour mieux survivre à cette douloureuse épreuve. La décision de créer ce blog me paraissait alors si évidente. J’aurai pourtant pu me contenter d’un simple carnet de route, noter les détails en réalisant quelques croquis…mais cela n’aurait pas suffit. »
Extrait du livre

A CHACUN SA "RECETTE"…

On a tous, un jour, perdu un être cher. Personne ne peut se vanter du contraire. Chacun remonte à la surface en se trouvant des stratagèmes pour parvenir à la remontée de cette  pente difficile.
Le temps nécessaire diffère les uns des autres, même si comme on le dit « Le temps guérit de tout. » Souvent après un tel drame, nous agissons par impulsivité. Certains, battants, vont agir, bouger, s’évader, extérioriser leur peine. D’autres, au contraire, resteront prostrés dans leur douleur jusqu’à se laisser noyer par le chagrin sans parvenir à en parler.

Elisa est heureuse avec Benjamin, jusqu’au jour où ils apprennent qu’il est atteint de leucémie. Il se bat autant qu’il le peut mais la maladie gagne du terrain et ne l’épargne pas.
Tout au long de l’évolution de la maladie, Elisa se sent profondément impuissante, elle ne peut rien faire sinon être présente avec tout l’amour qu’elle lui porte. Cet amour là est immense et c’est tout ce qui lui reste : être là et l’aimer. L’aimer de toutes ses forces. Mais l’être humain n’a pas une résistance infinie et tout l’amour du monde ne suffit pas.

On pense tous avoir le temps, pourtant nous ne savons jamais ce que nous réserve la vie. « Notre amour était si fort que nous pensions qu’il serait éternel. Nous avions du temps… »
Mais, le temps peut être éphémère. Il peut être notre ennemi aussi. Il ruse sur la vie, sans aucune possibilité de pouvoir marchander avec lui, quelques jours de plus ou encore quémander quelques heures de gratuités. « C’est incroyable comme on peut se suffire à soi-même tant que l’on a de l’amour à partager »

Benjamin décède après des mois de souffrance. Ses parents, Elisa, ses amis… Tous sont sous le choc. La vingtaine à peine passée pour déjà s’en aller, sans avoir vécu. Elisa voit son monde s’effondrer, son amour disparaître. C’en est trop. Elle décide de s’enfuir.

ELISA CHOISIT DE PARTIR AILLEURS, RESPIRER UN AUTRE AIR, VOIR SI…


Si quoi ? Si cela pourrait aller mieux dans d’autres lieux, vers d’autres horizons ?
Elle quitte tout, emportant avec elle sa souffrance qui ressort par chaque pore de son être. Le premier avion en partance est à destination de Venise. Comme par hasard ! Le hasard, quand il s’y met celui-là, il ne nous épargne pas. Il a ses habitudes. Il aime surprendre même si ce n’est pas dans le sens qu’on aimerait.

Tant pis, va pour Venise. Ce voyage, Elisa va le faire avec benjamin dans l’âme. Elle le fera pour lui.
Submergée par sa douleur et ses pensées incessantes, elle décide d’ouvrir un blog pour informer sa famille de ce qu’elle fait à l’étranger, pour qu’ils ne s’inquiètent pas.
Chaque soir, elle y écrira un billet, mettra des photos, fera part de ses activités, de ses rencontres. Elle découvrira que d’autres blogueurs viennent lire ses billets et les commentent.
Ensemble, au jour le jour, ils tisseront des liens.

A travers ce blog, elle fera vivre à ses visiteurs, sa remontée sur le fil de sa vie. Elle se rendra aussi sur les blogs pour voir ce qui s’y passe, ce qui s’y dit. Elle apprend à aimer cet univers. « Cette découverte de la blogosphère m’amusait, elle m’aidait à regarder autre chose que mon nombril et mon deuil. En allant toquer de porte en porte, je rouvrais de nouvelles fenêtres, je réouvrais mes yeux sur la vie. »

Les commentaires sur ses billets, ses photos, apparaissent de manières régulières. Chaque soir, Elisa est impatiente de lire ce qui s’est dit sur ses pages. Elle remarque qu’un visiteur passe chaque jour lui laisser un message. Elle ne le connaît pas, mais il l’intrigue et elle se raccroche à ce pseudo qui s’adresse à elle chaque jour.
Un véritable lien se tresse entre Elisa et ses visiteurs. Tous la soutiennent, elle ne se sent plus seule face à sa douloureuse épreuve. Elle existe au travers des regards virtuels. Elle revit à travers eux.

MAIS QU’EN SERA-T-IL APRES SON RETOUR ?


Elisa est persuadée que dès son retour les choses seront différentes. Elle a besoin de son blog pour continuer à survivre. Il est son fil conducteur. Elle a peur de se retrouver seule face à elle-même dans son appartement, sans benjamin.

Elle en arrive à penser ne plus rien avoir à offrir à ses visiteurs après son retour. Elle leur en fait part en quelques mots. Les réponses qu’elle reçoit lui ouvrent un peu plus le regard sur une évidence qu’elle n’avait pas cernée jusque là : « Je compris une chose essentielle. Le but de ce blog n’était pas tant de raconter mes voyages comme un guide touristique, mais un moyen de parler dans le silence. Dès lors, je savais que je me laisserai plus souvent aller à des articles plus personnels. »

Elle apprend au travers des commentaires des fidèles blogueurs à reprendre confiance en elle. Durant de longs mois, à travers son périple, de l’Italie à la Grèce, de la Namibie au Pérou, en passant par les Philippines, la Chine, le Japon et tant d’autres lieux, mais sans oublier Benjamin, Elisa continue sa reconstruction pour parvenir à vivre sans lui. Grâce au soutien de ses visiteurs, elle apprivoise sa douleur pour réapprendre à vivre…mais à vivre avec elle sans que celle-ci ne l’enlise. Car la vie c’est cela aussi, se reconstruire après la perte d’un être cher.

Texte sans difficulté, et agréable de fluidité.
L’auteur nous fait partager quelques merveilles au fil des voyages de son personnage.
De magnifiques descriptions sont exposées tout au long de l’ouvrage.
Une préface rédigée par François Alquier  nous trace un portrait de l’auteur.
Sans être mielleux, il nous décrit quelque peu la personnalité d’Elisabeth Robert. Elle apparaît attachante, tout autant que son roman. Mais aussi d’un tempérament volontaire.

Ce livre nous ouvre les portes de l’univers des blogs sous différentes facettes. Ceux-ci ont des origines aussi diverses que variées où chacun saura s’y retrouver, s’y reconnaître.

« Bloguer c’est s’ouvrir aux autres comme on n’aurait jamais pensé le faire…
c’est se livrer et prendre les retours comme des bouts de bonheur. » Extrait

Marie BARRILLON


Informations sur le livre :

Titre : Voyages de toi
Auteur : Elisabeth Robert
Editions : Editions Volpilière
ISBN 13 : 9782917898000
Prix : 14,00 euros

mercredi 14 janvier 2009

Une vie de cochon

"Moi, je crois que pour réfléchir, il faut s’arrêter de bouger et de penser sans cesse aux choses de tous les jours. Je vois bien que, lorsque je réfléchis, je suis immobile, alors que les adultes, ils ne sont jamais immobiles, sauf devant la télé. Mais la télé, je trouve que ce n’est pas fait pour réfléchir, c’est fait pour ne plus penser."
Extrait du livre

UNE PETITE FILLE CURIEUSE…

Solenn est une petite fille curieuse. Elle s’intéresse à tout. Mais surtout, elle cherche des réponses à tout ce qu’elle ne comprend pas, persuadée que tout à un sens. Sa mère tente de la tranquilliser. « Maman m’assure que je ne peux pas comprendre parce que je suis jeune. D’abord, je ne suis pas si jeune. Et puis, je ne suis pas sûre que je comprenne mieux plus tard. Je n’ai pas l’impression que les adultes comprennent. Ce qu’on ne comprend pas quand on est petit, comment pourrait-on le comprendre quand on est grand ? Le comprendre de l’intérieur, je veux dire. » Mais elle cherche aussi des réponses à tout ce qu’elle estime ne pas être normal.

Son monde tourne autour des cochons et rien n’y est simple. Sa mère, sa tante Claire et les amies de sa mère travaillent dans une exploitation de cochons : une porcherie. Ca n’a vraiment rien de drôle parfois. Elles doivent assurer le rendement des porcelets. Plus il y en a, plus il en faut. Tout doit être chiffré, comptabilisé et entré dans l’ordinateur de l’exploitation.

Le rendement est le mot-clé, le maître mot, même si parfois elles pensent agir comme des sauvages. Solenn n’aime pas voir sa mère aussi fatiguée surtout moralement parce que l’exploitation l’use. Parfois, elle laisse échapper des phrases que Solenn tente de comprendre : « Il y a des fois je me demande si on n’est pas des sauvages. » « J’ai vérifié : sauvage, dans le dictionnaire. »

Solenn se passionne amoureusement pour ces cochons et ces truies à la vie difficile, allant jusqu’à leur donner un nom, leur parler. Elle leur voue une véritable affection.
Elle aime les animaux en général, mais les cochons en particulier.

Alors, elle observe pour parvenir à comprendre ce qui est souvent incompréhensible. De surprises en déceptions. De colère en incompréhension, Solenn ne sait plus où donner de la tête.
De son enfance, elle traverse et partage ce monde animal, de l’exploitation que l’on en fait pour garnir les assiettes et remplir les bouches. Mais elle supporte difficilement les souffrances qu’on leur fait subir. « Est-ce qu’on a tous les droits sur les animaux, c’est ce que je me demande. Je pense que non. Je crois qu’on doit leur donner une vie qui leur ressemble à eux. Ou un peu de nous aussi dans ce qu’on a de bien. »
De ces souffrances, elle en demeurera marquée, parfois aussi tranchée dans le vif de son cœur. Les cochons sont gentils alors au nom de l’industrialisation, Solenn est contre toutes ces souffrances qu’on leur afflige. Ils seraient tellement plus heureux en plein air à s’ébattre en toute quiétude. Face à cette forme d’exploitation, son cœur d’enfant est lacéré dans un tourbillon de sensibilité. « Manger de la viande oui, mais pas à n’importe quel prix. »

ET SI ON FAISAIT PREUVE D’UN PEU PLUS D’HUMANITE !


Mangerions-nous moins bien pour autant ?
Même après de bons et loyaux services, si les truies ne produisent plus suffisamment de porcelets, la direction finale pour elles, c’est l’abattoir sans sommation. Dans ce milieu, on n’a pas de temps à perdre.

Elle aimerait profondément que les élevages se passent de manière plus humaine.
Mais, l’industrialisation ne fait pas de sentiments. Seuls les chiffres ont de l’importance. Le rendement doit être toujours supérieur. Et cela pour une petite fille comme Solenn, à la sensibilité à fleur de peau, à la tendresse au bord du cœur, c’est purement insupportable. Et elle se remémore une conversation avec Philippe : Des animaux libres pour des éleveurs libres et réciproquement, comme m’a dit Philippe, l’éleveur de vaches. Parce qu’on peut être libres ensemble, ou prisonniers ensemble, c’est à nous de choisir.

« Une vie de cochons », nous informe de manière simple, à travers le regard et le cœur d’une enfant, sur les conditions d’élevage des cochons dont nous n’imaginons même pas les différents modes utilisés sur la chaîne pour parvenir à un rendement toujours plus important. Des inséminations aux mises-bas, en passant par la nutrition, les conditions d’enfermement… de quoi se sentir révolté en découvrant certaines réalités.

Une belle idée que cet ouvrage pour nous faire découvrir et nous éclairer sur ce type d’exploitation, tant au niveau des conditions de vie des animaux, que des conditions de travail des employés avec toutes les difficultés engendrées, qu’elles soient physiques ou morales pour l’être humain comme pour l’animal lui-même.

Un livre à mettre, à mon sens, entre toutes les mains afin de réaliser tout ce qui précède chaque morceau de viande garnissant nos assiettes et comme le dit Solenn en rêvant à l’idéal : « les animaux comptent. Ils sont importants et précieux. Et même si on les tue finalement, c’est le plus tard possible et ce n’est pas pour rien. C’est pour qu’on mange, qu’on vive et qu’on se souvienne d’eux. »

Le langage est celui d’une petite fille qui raconte sans complaisance, donc nous ne sommes pas surpris de constater que le texte est simple et facile à lire.
Sur la couverture où trône un mignon petit cochon rose.
Ce livre offre le plaisir d’en savoir plus sur l’élevage des cochons.
Les détails sont explicites et même surprenants.

Un glossaire en fin d’ouvrage donnant la définition des termes utilisés afin de ne pas se noyer en mots incompris ou inconnus, permet de comprendre certaines expressions employées dans l’élevage des cochons, et de ne pas perdre la compréhension du livre au fil des pages.

Jocelyne Porcher est chargée de recherches à l’INRA.
Christine Tribondeau a longtemps été salariée en production porcine industrielle.

Cet ouvrage s’inscrit dans un projet de recherche sur le travail en élevage et l’agriculture durable financé par le ministère de la recherche et dirigé par Jocelyne Porcher.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Une vie de cochon
Auteur : Jocelyne Porcher et Christine Tribondeau
Editions : La découverte
ISBN 13 : 9782707154774
Prix : 8,00 euros