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vendredi 21 novembre 2008

Je n'ai pas peur

« Arrivé dans la vallée, je suis resté quelques minutes à reprendre mon souffle, affalé contre un tronc. Puis je suis passé d’un arbre à l’autre, comme une ombre sioux. Les oreilles dressées vers toute voix ou bruit suspect. Mais je n’entendais que mon sang battre à mes tympans.»
Extrait du livre

LES JOIES DE L’ENFANCE…

Un été d’une chaleur excessive et sans égal à Acqua Traverse, petit hameau d’Italie cerné de collines. Elles se succèdent à perte de vue « …comme les vagues d’un océan doré. Jusqu’au bout de l’horizon, du blé, du ciel, des grillons, du soleil et de la chaleur. »
Le jour, les adultes restent confinés dans les maisons, les volets clos jusqu’au soir et la venue d’une pointe de fraîcheur même infime.

Seuls les enfants sont assez téméraires pour sortir dans la campagne malgré le soleil de plomb et la chaleur étouffante. Les gamins ont toujours besoin d’occupations pour passer le temps et éviter l’ennui même si cela doit passer par des bêtises en tout genre.

Michele, Maria, Rackman, Salvatore, Barbara et Remo sont de ceux-là.
Et puis, qu’y a-t-il à faire dans un hameau perdu entre ciel et terre ? Un hameau de quatre maisons dispersées parmi les champs de blé, une route à perte de vue et les collines pour paysage. « Quatre maisons en tout. Quatre malheureuses maisons en pierre et en mortier, au toit en tuiles et aux petites fenêtres… Deux d’un côté, deux de l’autre. Et une rue en terre battue et défoncée, au centre. Il n’y avait pas une place, pas de ruelles. »

Ces enfants font les quatre-cent coups. Tout est source à rigoler ou à faire le malin.
Sur le flanc arrière d’une colline, les gamins en recherche d’occupation découvre une maison abandonnée, effondrée en plusieurs endroits. Elle sentait bien l’abandon.

Sur l’ordre de Rackam, après un gage, Michele explore la maison délabrée. Escalade ce qui peut l’être, jouant au magicien sur les poutres rongées, espérant de tout son cœur qu’elles ne lâchent pas sous son poids. Ses camarades l’attendent à l’entrée de la maison.
Michele continue son exploration jusqu’au moment où il tombe côté jardin. Une chute lourde. La chance a souhaité qu’il ne se blesse pas, bien qu’il croit un instant s’être rompu les os. Il découvre qu’il est tombé sur une plaque de taule recouverte de feuillages, ce qui a permis d’amortir sa chute. Il pousse sa curiosité à explorer ce qui se trouve sous cette plaque.

Parfois la curiosité nous apporte plus que de la surprise !

Sous la plaque de taule, Michele découvre un trou profond, mais il ne parvient pas à distinguer ce qui se trouve au fond. Tout est noir. Soudain, il s’aperçoit que ce qu’il discerne ne peut-être qu’une jambe. Une jambe ! Ce qui provoque chez lui un mouvement de recul et de terreur. « Je me suis assis, j’ai fermé les yeux, appuyé mon front sur la main, respiré. J’avais envie de m’enfuir, de courir vers les autres. Mais je ne pouvais pas. Je devais d’abord regarder une autre fois. » Le regard s’habituant à l’obscurité, il réalisa que ce qu’il voyait là, en bas, était un corps. Un corps d’enfant.

D’où pouvait-il bien venir ? Que faisait-il ici ? Et pourquoi était-il enfermé dans le noir, caché, à moitié nu ? Lorsque Michele entendit les autres l’appeler, il décréta qu’il ne leur dirait rien sur sa découverte. Il replaça la plaque de taule et la camoufla avec les feuilles et la terre comme il l’avait découverte. Il rejoignit les autres. Tous regagnèrent le chemin du retour.

Mais Michele se posait beaucoup de questions. Ce qu’il avait vu l’envahissait. Et si cet enfant était mort ! Il fallait qu’il en ai le cœur net. Il retournerait là-bas, à la maison délabrée, derrière la colline, seul. Son père, routier, était rentré à la maison durant son escapade mais la vraie joie des retrouvailles n’y était pas. Michele était à présent trop absorbé et perturbé par sa découverte.

Et la réalité amène de grandes désillusions !

Durant des jours, Michele se rend auprès de l’enfant, le soigne, l’alimente mais ne sait pas quoi faire pour le sortir de là. Il se prend d’amitié pour ce petit de son âge, prisonnier. Il a peur qu’on apprenne ce qu’il sait. Il prend des risques et descend dans le trou avec parfois l’angoisse au ventre de le trouver mort. Mais, cela ne l’effraie pas. Il se dit : « Les chats et les chiens morts ne m’avait jamais impressionné. Le poil cache la mort ». Et puis, « Les morts ne font rien, je me suis dis, j’ai fait le signe de croix et je suis descendu ».

Jour après jour Michele feinte son petit monde pour continuer à rendre visite au garçon. Il lui parle, le soigne, l’abreuve puis le lave.

Jusqu’au jour où il apprend par les informations télévisées que c’est un enfant kidnappé qui se trouve dans le trou. De découverte en découverte, il réalise que les kidnappeurs ne sont autre que son père et ses amis. Lorsque Felice, un ami de son père, le surprend avec le garçon, c’est une catastrophe qui s’abat sur Michele.
Son père lui fait jurer de ne rien dire à personne. Sinon, ils le tueront. Michele jure.

Neuf ans, est-ce un âge pour faire jurer un enfant de garder le silence sur une telle situation ?
Michele jure de peur. Peur que les autres le supprime, le garçon et lui. C’est ce que son père lui a dit. Il jure aussi par amour. L’amour et la peur font bon ménage parfois.

Michele s’entête. Le garçon a besoin d’aide et il sait que lui seul peut encore le sauver. Il va tout tenter. Le tout pour le tout et tant pis pour la promesse faite à son père. L’amour peut parfois être plus fort que la peur. Et dans ce cas, il sait que tout peut être possible !

Dans ce roman on y trouve tous les sentiments. De l’innocence de l’enfance à la monstruosité de certains adultes. De l’amour à la colère. De la douceur à la brutalité. Bref, toutes les émotions sont réunies pour nous faire vibrer tout au long des pages.
Style facile et limpide pour ce bon thriller qui garde le lecteur en haleine jusqu’au bout.


Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Je n’ai pas peur
(Traduit de l’italien par Myriem Bouzaher)
Auteur : Niccolò Ammaniti
Editions : Grasset & Fasquelle
ISBN 13 : 9782246628514
Prix : 19,80 euros
Editions : Le Livre de Poche
ISBN 13 : 9782253072713
Prix : 5,50 euros